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Histoire de la médecine en Egypte ancienne

NÉO-EMBRYOLOGIE OSIRIENNE - II

Article complet du lundi 15 septembre 2014 :

LA NÉO-EMBRYOLOGIE OSIRIENNE - II - Le scarbée

 

Fig

 

  • Richard-Alain Jean, « Néo-embryologie osirienne – II , La naissance du scarabée », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 15 septembre 2014.

 

 


 

 

 

 

 

 

NÉO-EMBRYOLOGIE OSIRIENNE - II

LA NAISSANCE DU SCARABÉE

 

 

Richard-Alain JEAN

 

 

 

            En prélude à encore une importante série d’articles et de travaux à venir sur la mère et l’enfant écrits avec Anne-Marie Loyrette, dont les exposés de la suite obstétricale de nos recherches, je voulais en proposer déjà ici même une forme d’introduction théo-physiologique avec le modèle horien de la naissance et osirien de la renaissance [1], tant la survivance de cette dernière divinité, puis de son fils posthume dans la royauté, vont influencer l’esprit solaire du temps et imprimer aux penseurs pharaoniques un standard de maïeutique qui deviendra finalement commun aux rois et aux hommes, et qui doit donc compter dans l’histoire de la pensée médicale.

            Il faudra très rapidement souligner avant, que l’aventure égyptienne débute dès la préhistoire, elle-même quelque peu bouleversée par des changements climatiques importants, mais desquels subsisteront plusieurs fondements de la très brillante civilisation qui va éclore dans la vallée du Nil. Ainsi, j’aurai l’occasion d’en reparler, vont cohabiter aux premiers âges et entres autres animaux, éléphants, vaches et scarabées. Cette écologie va durablement influencer l’ontologie.

 

 


 

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          1. L’éléphant, la vache et le scarabée

  

p[3][4][5], [6][7].

Après émission, une selle totale, en moins trente minutes, attire en effet quasi magnétiquement à elle environ quarante-huit mille de ces coléoptères capables de la visiter en deux heures. Un seul de ces tas peut abriter simultanément quinze à dix-sept mille bousiers [8]. Un éléphant étant capable d’émettre cent trente kilos d’excréments par jour, on devine l’importance de ce phénomène visible aux yeux de tous et le potentiel symbolique de vie devant être suscité par de tels épandages rapidement animés émis à la suite de ces grands pachydermes terrestres. Il suffit d’avoir assisté au spectacle d’une telle étendue mordorée et grouillante de vie pour le comprendre. Le passage d’un troupeau de bêtes à cornes sauvages, puis de bovins accompagnés de pasteurs peut donner lieu à des rassemblements certes intéressants mais de moins grande amplitude tout en continuant à marquer les esprits. Le scarabée est-il susceptible de représenter un trait d’union entre la notion de la transmission de la vie délivrée par l’éléphante relayée après sa disparition par la vache à l’occasion de ces offres opportunes ? L’immédiate fertilité apparente de leurs déjections respectives augurant bien de celle, propre, de l’animal à considérer. Par exemple, ayant pris la forme de la vache Ihet, Neith annonce à Esna qu’elle mettra Rê au monde prenant également les noms de Khepri le matin et d’Atoum le soir. Ce lien créationnel peut partir du fait biologique montrant les scarabées disparaissant sous terre avec leur boule pour resurgir brusquement du sol en nombre ce qui montre une forte analogie avec les besoins théologiques solaires, doublés de l’observation naturaliste dont étaient capables les Égyptiens à propos ici de la maturation de l’œuf dans sa gangue. Au tout début en effet, la formation de la nymphe, d’apparence momiforme, devait faire croire à une « génération spontanée » et peut-être aussi contribuer à favoriser une considération strictement masculine de l’animal aux époques tardives.

         À Basse Époque, le dieu Ptah sur des cippes d’Horus est représenté sous sa forme de scarabée fécondant avec son phallus l’œuf matriciel par lui-même modelé (cf. infra).

         Pline (HN. 30. 30, 99) rapporte la symbolique solaire du scarabée en Égypte décrite par le grammairien Apion d’Alexandrie. D’après Plutarque (de Is., 74, 381 A ; 10, 355 A) « les scarabées n’ont pas de femelle : ils sont tous mâles ». Pour Horapollon encore (Hieroglyphica, I, 10) « Tous les individus de ce scarabée sont du sexe masculin » (voir encore : Aristote, HN, 5, 19 ; Élien, NA, 10, 15 ; Clément d’Alexandrie, Strom., 5, 4 ; Eusèbe, PE, 3, 4 ; Origène, C. Cels., 4, 57).

         En fait, nous allons le voir plus loin, la femelle pond dans sa « calebasse matricielle » (en forme de poire) rougeâtre par elle-même confectionnée. Durant ces opérations, l’animal travaille bien tête et pattes avant à la surface de l’objet qu’elle « modèle » ainsi une deuxième fois et semble le faire tournoyer sur lui-même dans son nid. Il suffit d’ouvrir un nid occupé pour le constater. En le représentant ainsi, les anciens Égyptiens avaient-ils privilégié ce moment « créatif » au lieu de lui faire rouler le soleil par l’arrière à l’image d’une boule non habitée, et donc « stérile » ? La tradition initiale devait reposer sur des observations montrant un couple s’afférant autour, comme cela est visible in situ, ces attentions étant suivies de l’apparition du jeune scarabée. Toujours est-il que Khépri sous sa forme de scarabée est plus anciennement censé se survivre en se recréant non pas seul, mais dans un véritable « concert » théologique.

 

 


 

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         Ainsi, une scène du Livre de la Nuit (douzième heure) des salles supérieures de la tombe de Ramsès VI (Fig. 2 et 3 a et b) [9] résume bien l’ensemble en montrant un traîneau (Atoum) supportant une table d’offrande (tour de potier) où se trouve le scarabée (Khépri) de la tête duquel s’échappe un liquide (sang /hémolymphe/salive) [10] retombant sur un ciel (pt/Nwt) supporté par un scarabée (Khépri). Un enfant est assis (fd) sur l’avant du traîneau (Atoum) qu’il touche de la main gauche, les pieds pausés sur les mollets de Hehet (féminin éternel). Le scarabée semble s’immoler en délivrant sa puissance créatrice afin de mourir pour mieux renaître de sa propre substance, façonnée au sein caché (matrice interne / nuit) de Nout, éternellement délivrée de manière à laisser sans cesse paraître l’enfant solaire (Atoum régénéré en Khépri) s’élevant (fd) vers le ciel du Jour au matin de Rê (Khépri / Rê / Atoum). Ainsi le scarabée semble garant de la continuité solaire. À sa source, l’image d’énormes quantités de bouses génératrices de ce phénomène biologique est d’autant plus frappante que l’animal en délivre davantage. Bien que les textes qui nous sont conservés ne le souligne formellement, l’antériorité de cette manifestation engageant le plus sa rémanence doit pouvoir être attribué, pour des raisons écologiques évolutives évidentes, d’abord aux éléphants et ensuite aux bovins, pour la plus grande gloire … du scarabée.  

 

 

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         2. Le scarabée, sa calebasse matricielle et l’œuf

 

         L’archéologie nous enseigne que les habitants de la vallée du Nil avaient remarqué certains coléoptères depuis les temps les plus reculés [11]. L’un d’entre eux sera l’animal sacré de Neith du protodynastique à la IVe dynastie [12]. Les Textes des Pyramides donnent le mot ʿnḫ (Pyr. 1301c, 1633c, 2107c) [13] et le mot prr (Pyr. 366a et b, 1210a) [14]. Or il se trouve que les représentants des genres Kheper et Scarabeus semblaient plus particulièrement intéresser les Anciens. Cependant le premier, Kheper aegyptiorum (Latreille 1827), d’un beau vert métallique à reflets dorés, s’est retiré peu à peu vers le Sud en suivant … les éléphants, tandis que le deuxième, celui qui restera le vrai scarabée sacré, Scarabeus sacer (Linné 1758) [15], noir ébène, absorbera finalement toute l’attention naturaliste, puis par suite, théologique, jusqu’à devenir un des grands symboles de la course du soleil et de sa puissance autogénératrice en perpétuel renouvellement [16].

 

         2.1. Biologie des scarabées

  

p[18], [19], [20].

La pelote est ensuite charriée à reculons, c’est-à-dire l’animal situé à l’arrière, tête en bas, et les pattes postérieures placées en haut poussant sa charge. D’où l’image classique que nous connaissons.

         Le scarabée est parfois accompagné d’un congénère, qui à l’inverse, tête en haut, utilisera ses pattes de devant pour tracter vers lui tournant ainsi le dos au chemin. Cet aide n’est pas toujours une femelle, parfois, un voleur opportuniste prend sa place ! Cette compétition, quand elle s’exerce jusqu’à l’occupation du terrier a-t-elle été anciennement comparée aux mauvaises intentions des ennemis du soleil ? Finalement le vainqueur dégustera seul ou en couple son déjeuner.

 

 


  

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p[21], [22], [23]).

 

         2.2. Biologie de la reproduction des scarabées sacrés

 

         Sans doute le sexe attribué au soleil prédisposait-il les théologiens à considérer son aspect autoreproducteur par un geste mâle, mais aussi très tôt s’y joindra celui d’un Osiris en couple, tous deux renaissant au sein maternel nocturne de Nout en tant que ciel féminin sous la terre. La gestation utérine de Nout et d’Isis (voire d’une Nout-Isis) est donc également à considérer, ne serait-ce que pour assurer la descendance royale (cf. infra). Les traces de cette première impression dureront pourtant très tard, nous l’avons vu, et jusque dans les écrits gnostiques. Cependant, les Égyptiens avaient peut-être déjà, et depuis fort longtemps, mieux interprété certains phénomènes naturels que les Grecs et réservé la part maternelle. En effet, la très rapide pullulation des scarabées soudainement attroupés sur le sol a pu susciter bien des réflexions ontologiques et entraîner des observations naturalistes ne nécessitant rien d’autre qu’un faible matériel d’exploration, comme une simple herminette. Les curieux ont dû alors, de visu, faire la différence entre la « boule » alimentaire et la « petite calebasse » de reproduction (les Égyptiens ne connaissaient pas les « poires », terme utilisé par les entomologistes). En effet, une sculpture en forme de « poire » et donc de « petite calebasse » pour les Anciens capable d’atteindre la taille d’un poing est confectionnée par la femelle dans une salle spéciale creusée dans la terre. Ce lieu est généralement situé à une profondeur de dix à vingt centimètres. Il communique avec l’extérieur par une galerie horizontale, droite ou sinueuse, plus ou moins étroite et s’ouvrant sur un puits vertical. La pelote ou des morceaux y sont acheminés en un ou plusieurs temps. Je précise bien « les morceaux », car parfois la femelle épluche sa pelote à la lumière et la réduit en miettes afin de la débarrasser des impuretés issues du roulage et des hôtes indésirables comme les petits Onthophages et des Aphodies qui concurrenceraient la nutrition de l’héritier légitime. Cependant, le plus souvent, le travail a été fait pendant la constitution de la boule et dans ce cas elle restera rugueuse à sa surface. Rapidement, il s’agit dans un premier temps d’un objet ayant en gros la forme d’une sphère et la taille d’une pomme. La « pilule » dédiée à la reproduction est façonnée en deux couches. Une couche interne de produits hydratés, plus fins et nutritifs, puis, une couche externe plus grossière constituant une coque protectrice allant durcir avec le temps.

p[24], [25].

 

 


 

 

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         La « calebasse matricielle », comme je la nommerai ici, se comporte comme un œuf renfermant son germe dans une écorce-coquille où se trouvent la nourriture et l’air renouvelé à la faveur de son extrémité supérieure perméable et accessible à la chaleur. Plus tard, la larve moins fragile colonisera le centre de cette « gourde avec col » pour y poursuivre sa croissance embryonnaire. Elle sera même capable, avec sa propre fiente, de colmater une brèche accidentelle ou due à d’autres petits habitants parasites de façon à empêcher la dessiccation de sa tendre nourriture. Ainsi la larve grossit et au fur et à mesure qu’elle grignote la paroi interne de son habitacle, la panse de la « calebasse » s’excave en une loge ronde dont la capacité augmente avec la croissance tandis que la « chambre d’éclosion » est comblée par la fiente non utilisée (notons qu’ici ce n’est pas la matrice qui grossit extérieurement, mais la cavité au détriment de la paroi qui mincit). À l’extérieur, la mère s’évertue à protéger ce sein nourricier de toute agression due à d’autres coprophages, aux plantes et même aux moisissures. C’est dans ce sein douillet que s’effectue la métamorphose. Jean-Henri Fabre compare la nymphe à une « momie maintenue par ses bandelettes de lin en une pose hiératique » (Série V, Ch. 5).

 

 


  

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Après maturation, la chrysalide se débarrassera de sa « défroque de momie » pour laisser paraître un insecte parfait rouge et blanc au bout de vingt-et-un à trente-trois jours, c’est-à-dire, en moyenne, la durée d’une lunaison de vingt-huit jours comme l’auront remarqué Horapollon et ses devanciers (Hieroglyphica, I, 10) [26] . Mais il lui faudra encore pratiquement un mois pour obtenir un noir d’ébène définitif. Ensuite, pour sa sortie au jour, comme encore Horapollon et ses devanciers l’avaient compris, le nouveau-né à besoin d’eau. En effet, sans l’humidité nécessaire, la coque résiste aux assauts internes. Alors l’insecte reste prisonnier et meurt. Ainsi l’auteur égyptien savait, soit à partir d’une tradition antérieure, soit à partir d’une observation renouvelée, que l’eau permettait la délivrance de l’animal. Les « calebasses-matrices » occupées peuvent également être amollies par les urines des bêtes isolées, ou mieux, celles délivrées au passage de grands troupeaux de bêtes à cornes, ou primitivement, d’éléphants, dont j’ai indiqué l’ancienne mais très probable importance (cf. supra : chapitres précédents). La dépendance et la génération de très grandes populations de scarabées liées au pachyderme sont biologiquement évidentes pour la nourriture, et sûrement aussi pour la brusque libération de liquide, en tout cas de libérations ammoniacales comme le montrent les expériences scientifiques [27]. Le nouveau scarabée peut alors sembler naître de cette enceinte à la faveur des eaux. Il doit ensuite se réchauffer au soleil avant de se restaurer de bouses fraîches. Les conditions expérimentales semblent confirmer cette exposition solaire préalable. Ceci aussi a certainement été constaté par les Anciens. Après ce qui peut faire penser à une « adoration », et sans autre apprentissage, le scarabée modèlera sa boule avant de la rouler à son tour jusqu’à l’endroit par lui choisi afin d’y creuser son terrier et s’y enfermer pour son premier repas d’individu enfin sevré de la préparation maternelle.

 

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         3. Gestations et accouchements divins parallèles

  

p[28], [29], [30][31].

Ainsi, quelques scènes du Livre de la Terre [32] montrent bien cette sortie du dieu de la matrice divine, à l’image du scarabée naissant de sa « calebasse matricielle ». L’organe gravide est représenté sous la forme d’une sphère rougeâtre surmontée d’une tête de déesse à oreilles de vache et portant une perruque lui imprimant l’aspect d’un « col » et délimitant de cette façon tout à fait les contours d’une calebasse [33].

 

 


 

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Au cours de l’accouchement, ce col est destiné à s’effacer pour laisser passer le dieu naissant [34]. Ceci permet ensuite dans les autres scènes, et pour des raisons évidentes de théologie solaire, de représenter le « travail » à partir d’une structure globulaire rouge. L’utérus de Nout est bien représenté sous la forme d’une calebasse en trois couches dans une des cases des décans peints sur le plafond de la salle des piliers de la tombe de Ramsès VI (KV 9) [35]. Les deux solutions coïncident, de plus, avec la forme idéale du fond utérin. Les sphères sanglantes d’où naît le scarabée poussant le soleil (LdT), et plus tardivement, la forme d’œuf fécondé (la calebasse matricielle) comme celle du dieu Ptah de certaines stèles d’Horus rappelleront bien toujours un objet « rhomboïdal  » utérin, et donc une matrice de femme.    

 

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p[36], [37]

 

 


 

9

  

p[38], [39],[40].

  

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          Nous rejoignons maintenant la représentation symbolique de la renaissance d’Osiris et la fécondation de « la (déesse) Mystérieuse » c’est-à-dire un des aspects d’Isis (LdC, Ramsès VI - KV 9, de part et d’autre de la partie supérieure de la cinquième division) [41]. Nous avons donc pour les deux nourrissons-sḏty les rapports Rê/Nout (pour Khépri) et Osiris/Isis (pour le roi, Horus régnant) ainsi que l’organe commun matriciel de Nout figuré d’une façon ovalaire comme la cuve-sarcophage-mwt utérine maternelle assimilée au ventre de la déesse [42] (LdC cinquième division) [43]. Sur une scène du Livre de la Terre de la salle du sarcophage de la même tombe (paroi gauche), Osiris figure à l’état larvaire dans son espace ovalaire [44], c’est-à-dire recourbé et sans bras, comme l’état préludant à une nymphe de scarabée « dans toutes ses enveloppes ». Dans une scène du Livre des Cavernes (quatrième division) et semblant suspendu (en surveillance) entre les mains d’Isis et de Nephthys, Osiris figure bien complet, cette fois avec ses bras, mais encore recourbé donc à l’état embryonnaire, lors de la visite du soleil en sa caverne régénératrice [45]. Durant sa croissance fœtale, le dieu est présenté sans barbe et les bras le long d’un corps rectiligne (sixième division, premier registre, troisième tableau - pilier) [46].

p[47][48].  

          Comme nous l’avons déjà vu, le scarabée est enclin à désigner une certaine puissance masculine ; il peut aussi parfois souhaiter ou représenter la maternité comme nous l’indique une variante cananéenne montrant une déesse nue [49] sur le plat et un lotus avec une branche sur la face dorsale de l’amulette (Palestine, 1650 av. J.-C., Collection Privée, SK 1996.29) [50]

  

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11 

 

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         4. Biothéologie de l’œuf matriciel

  

p[51],  [52], [53][54], [55], [56], [57].

Du cinquième au quinzième jour après fécondation (de un à deux jours de plus pour l’œuf de cane ou d’oie), l’intérieur d’un œuf de cane ressemble bien à ce qui se passe dans un véritable utérus féminin, mais en accéléré et hors la mère puisque tout se déroule dans une « enceinte extérieure », cependant, toujours au contact (couvaison pour un oiseau, maternage pour le scarabée). Le cordon ombilical semble manquer mais nous remarquerons que les Égyptiens l’avait restitué à la divinité durant sa gestation dans le ventre nocturne de Nout.

 

 


 

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L’œuf peut donc d’une certaine manière être considéré ainsi, les ovipares dont les oiseaux n’ayant pas de matrice en tant que telle mais un appareil reproductif consistant, pour la femelle, en un ovaire abdominal gauche actif qui émet des ovules traversant l’oviducte gauche jusque dans sa partie inférieure, avant d’être fécondé par l’intermédiaire du cloaque commun aux voies intestinales urinaires et génitales [58]. Par exemple, à l’ouverture d’une poule, ou encore d’une cane d’une pintade ou d’une oie en période d’activité sexuelle, cet ovaire gauche ressemble à une grappe de raisins dont deux à cinq volumineux follicules arrondis, jaunes et vascularisés semblent déjà pendre dans la cavité abdominale. Des sortes de matrices paraissent donc se détacher avant maturation interne.

p[59], [60], [61][62]), [63][64],[65][66][67].

 

 

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[1] Richard-Alain Jean, « La déesse Séchât, le bois silicifié, et la “ résurrection de la chair ” », dans Hommages à Madame Christiane Desroches Noblecourt - Memnonia, XXII, Christian Leblanc (éd.), Le Caire - Paris, 2011, p. 199-214 ; Richard-Alain Jean, « Le pharaon pétrifié du Louvre, ou une médecine théologique politique et royale », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 4 décembre 2013 ; Richard-Alain Jean, « Néo-embryologie osirienne - I , La chair du dieu », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 2 septembre 2014.

[2] Y. Cambefort, « Le scarabée dans l’Égypte ancienne. Origine et signification du symbole », RHR, CCIV (1), 1987, p. 3-46 ; id., Le scarabée et les dieux, Paris, 1994. Voir aussi notre sous-chapitre suivant et ses notes.

[3] Wb. III, 267, 5-9 ; Alex. 77.3054, 78.2993 « le scarabée » ; Hannig-Wb. I & II,2 - 23286 « Scarabäus-Käfer, Mistkäfer » (scarabée, bousier) ; PtoLex. p. 721 ; Cauville 1997, III, p. 420-421.

[4] P. Vernus, J. Yoyotte, Bestiaire des pharaons, 2ème édition révisée et augmentée, Paris, 2005, p. 441- 448.

[5][6]

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[7] Le Quellec 1993, fig. 90, 1 et montrant un personnage les bras levés devant un éléphant et une grosse bouse.

[8] M. Coe, « Unforeseen effects of control », Nature, 327, 04 jun 1987, p. 367.

[9] G. Roulin 1996, I, p. 349, II, pl. XX ; Theban Mapping Project, KV 9, ref. 15073 : Burial chamber J, ceiling (right part), Book of the Night, hours 9-12. Ramsès VI, KV9, LdN, 12e Heure, plafond du corridor D ; Theban Mapping Project, KV 9, ref. 16320 : Corridor D, ceiling (left part), Book of the Night, conclusion. Voir aussi les leçons de CG 29305, JE 484446 et JE 48447.

[10][11]

p

[12] L. Keimer, op.cit. 1931, p. 151-159 (147-159 pour Agrypnus notodonta Latr.). R. El-Sayed, La déesse Neith de Saïs, BIFAO - 583A, Le Caire, 1982, I, p. 18 et p. 23-24 ; BIFAO - 583B, Le Caire, 1982, II, doc. 74, p. 226 et pl. II, doc. 75 p. 226-227, doc. 191, p. 266 et pl. IV, doc 154 p. 252, doc. 1054, p. 644.

[13] Pyr. 1301c : Sethe 1908-1922, II, Sp. 537, 1301c (P) p. 226. Spelleers 1923, I, p. 85 « scarabée ». Faulkner 1969, p. 206 « scarabaeus ». López, Thode 2003, p. 162 « escarabajo ». Pyr. 1633c : Sethe 1908-1922, II, Sp. 593, 1633c (M & N) p. 364. Spelleers 1923, I, p. 101 « scarabée ». Faulkner 1969, p. 244 « beetle ». López, Thode 2003, p. 187 « escarabajo ». Pyr. 2107c. Sethe 1908-1922, II, Sp. 690, 2107c p. 513 (N). Spelleers 1923, I, p. 121 « scarabée ». Faulkner 1969, p. 299 « Beetle ». López, Thode 2003, p. 223 « escarabajo ».

 

 


 

14

 

[14] Pyr. 366 a et b : Sethe 1908-1922, I, Sp. 267, 366a p. 191 (W) et b (W & N). Spelleers 1923, I, p. 28 « scarabée » (x 2). Faulkner 1969, p. 76, « beetle » (x 2). Bertrand 2004, p. 103 (f. 267) « bousier » (x 2). López, Thode 2003, p. 69 « escarabajo » (x 2). Pyr. 1210a : Sethe 1908-1922, II, Sp. 519, 1210a p. 178 (P, M, N). Spelleers 1923, I, p. 80 « scarabée ». Faulkner 1969, p. 193 « Beetle ». López, Thode 2003, p. 154 « escarabajo ».

[15] NCBI Taxonomy ID : 166335. J. P. Lumaret, Les bousiers, Paris, 1980. G. Dellacasa, P. Bordat, M. Dellacasa, A revisional essay of world genus-group taxa of Aphodiinae (Coleoptera Aphodiidae), Memorie della Societa Entomologica Italiana, Torino, 2000, 79, p. 482.

[16] P. Vernus, J. Yoyotte, op.cit. 2005, p. 441- 448. Y. Cambefort, op.cit. 1987, p. 3-46 ; id., op.cit 1994.

[17] E. Marsch, Experimentelle Analyse der Verhaltens von Scarabeus sacer L. beim Nahrungserwerb, Bonn. Zol. Monogr., Bonn, 17, 1982. P. Walter, « La part de la nécrophagie dans le régime alimentaire des Scarabéides coprophages afro-tropicaux », BSZF, Paris, 1983, 108, (3), p. 397-402. I.Hanski, Y. Cambefort, Dung Beetle Ecology, Princeton, 1991.

[18][19]

p

[20] Rappelons que les autres coprophages, Géotrupes, Copris, Onitis et autres Onthophages œuvrent à l’abri, dans les ténèbres et restent donc invisibles. Leurs amas sont informes.

[21] Soit un pain stercoral ayant la consistance de la boue séchée, ou, une matrice de sable au sein de Nout. Cette forme est compatible avec celle de certains rouleaux de proches familles.

[22] Bucher 1932, pl. 9. Theban Mapping Project, KV 34, ref. 12099 : Burial chamber J, left wall (right part), rear wall (left part). Kheker frieze ; Imydwat, ninth and tenth hours. Bucher 1932, pl. 21. Theban Mapping Project, KV 9, ref. 10647 : Pillared chambre F, front wall. Imydwat, tenth and eleventh hours, list of deities.

[23] Bucher 1932, pl. 37. Theban Mapping Project, KV 35, ref. 12179 : Burial chamber J, upper level, left wall. Imydwat, tenth hour.

[24] J.-H. Fabre, Souvenirs entomologiques, Paris, Série V (1897), Ch. Intro, Série I (1879), Ch. 1-2, Série V (1897), Ch. 1-5. Édition définitive, Paris 1989, t. I (Série I-V).

[25] C’est-à-dire au moment de la naissance se déroulant en présence d’Isis et de Nephtys qui « soulèvent le soleil », ce dernier pouvant être jaune (Ramssès VI - salle du sarcophage ; Ramssès IX - autre sale), ou rouge (Ramssès VI - salles supérieures ; Tanis - Osorkon II).

[26] Horapollon (Horus Apollon / Orus Apollo), Hieroglyphica : Edt. Aldo Manuzio, texte grec d’après le manuscrit Marciano greco 391, Venise, 1505, p. 112 (pdf., p. 196) ; Edt. Filippo Fasanini, texte grec et trad. latine, chez Conrad Resch, Paris, 1521, p. 7 (pdf., p. 13-15) & VII (pdf., p. 80-82) ; Edt. Jean Mercier, chez Kerver, trad. françoise et illustrations, Paris, 1543, p. 14-15 (pdf.) ; Edt. Pietro Vasolli, trad. italienne, chez Gabriele Giolito, Venise, 1547, I, 10 (pour le vieil italien « scarauággio », cf. le Florio’s 1611, col. 471). B. Van de Walle, J. Vergote, « Traduction des Hieroglyphica d’Horapollon », CdÉ, 35, janvier 1943, p. 39-89 (p. 48-50). Horapollon et ses devanciers égyptiens proches d’Alexandrie comme les commentateurs avaient peut-être aussi compris que « l’enfant serait unique ».

[27] Or l’urine d’éléphant est très riche en urée : L.-J. Thénard, Traité de chimie élémentaire théorique et pratique, Paris, 1836, n° 2841, p. 184.

[28] A. Piankoff, « Le Livre des Quererts », BIFAO, 42, 1944, p. 21 et pl. XXXI, IV ; pl. XXVII. Theban Mapping Project, KV 9, ref. 16325 : Corridor D, right wall, Book of Caverns, third division.

[29] A. Piankoff, « Le Livre des Quererts », BIFAO, 43, 1945, pl. CXXI (second pilier à droite) et p. 3.

[30] R.A. Parker, J. Leclan, J.-C. Goyon, The Edifice of Taharqa by the Sacred Lake of Karnak, Providence - London, 1979, pl. XXXI.

[31] J. Assmann, « Der König als Sonnenpriester », ADAIK, 7,1970, p. 23-25, avec les parallèles.

[32] A. Piankoff, La Création du disque solaire, BdE 19, IFAO 175, Le Caire, 1953, p. 3-70.

 

 


 

15

 

[33] Theban Mapping Project, KV 9, ref. 10954 : Burial chamber J, Book of the Eart, part D, scene 8, detail. Il s’agit bien de la représentation de la matrice gravide de la déesse et non d’une déesse « tronquée » c’est-à-dire réduite à une tête et un ventre rond. La déesse parturiente est ailleurs représentée de face, certes avec un ventre globulaire, mais avec son thorax, ses épaules et ses bras, comme par exemple sur les plafonds des tombes de Ramsès VI (Theban Mapping Project, KV9 ; ref. 15072 : Burial chamber J ; ref. 15149 : Corridor D), ou de Ramsès IX (Theban Mapping Project, KV6 ; ref. 15592, Burial chamber J ).

[34] Deux divinités tiennent un serpent semblant traverser la base du cou de la déesse formant « col », comme pour le déligaturer (le « décapsuler »), c’est-à-dire « ouvrir » les entrailles divines, l’utérus de Nout, au bon moment, la totalité du « sable », s’étendant le long du corps de Nout, étant passée (le temps écoulé).

[35] Theban Mapping Project, KV9 ; ref. 16309, Pillared chamber F, ceiling (left part), Decans, including Orion and « Womb of Nut », planets and circumpolar constellations.

[36] Theban Mapping Project, KV 9, ref. 10994 : Burial chamber J, Book of the Eart, part A, scene 9.

[37] P. Barguet, « Remarque sur quelques scènes de la salle du sarcophage de Ramsès VI », RdE, 30, 1978, p. 55. Theban Mapping Project, KV 9, ref. 10988 : Burial chamber J, Book of the Eart, part D, scene 11, detail.

[38] Bucher 1932, pl. 13. Theban Mapping Project, KV 34, ref. 12122 : Burial chamber J, right wall (center part).

[39] Bucher 1932, pl. 32. Theban Mapping Project, KV 35, ref. 12168 : Burial chamber J, upper level, right wall (right  part).

[40] A. Schweitzer, C. Traunecker, C. Heinrich, Cat. : Entre Égypte et Alsace. La collection égyptienne du Muséum d’Histoire Naturelle de Colmar et la collection égyptienne de la Société Industrielle de Mulhouse, Colmar, 2007, p. 43-49, pl. 9 (à droite) et 9a.

[41] B.H. Stricker, De Geboorte van Hrorus, EOL 17, Leiden, 1963-1968, I, p. 12-60. P. Barguet, « Le Livre des Cavernes et la reconstitution du corps divin », RdE, 28, 1976, p. 32 et 37. Cependant, de la même façon que Rê et Osiris semblent se confondre dans cette tradition, les utérus divins doivent finalement former la même matrice délivrant Osiris dans sa destinée d’en bas, et, Khéper dans son lever vers le haut, réservant à l’Horus régnant, propriétaire de l’hypogée, sa part de double appartenance maternelle Isis/Nout, garantes de l’efficacité de son éternité. Theban Mapping Project, KV 9, ref. 15153 : Chambre E, right wall, Book of Caverns, fifth division.

[42] Jean, Loyrette, 2001, p. 560.

[43] A. Piankoff, op.cit. 1942, pl. LI : tombe de Ramsès VI (KV 9), LdC cinquième division, premier registre, en haut à gauche.

[44] A. Piankoff, op.cit. 1953, p. 3-70. Theban Mapping Project, KV 9, ref. 16283 : Burial chamber J, Book of the Eart, part D, scene 6.

[45] Piankoff, op.cit 1944, pl. XXXVIII, deuxième registre, premier tableau (p. 31 et 36). Notons ici la leçon utilisant le signe  (H8) de Pédéménopet (P.). Theban Mapping Project, KV 9, ref. 16322 : Corridor D, right wall, Book of Caverns, fourth division, Nephthys and Isis raising Osiris.

[46] A. Piankoff, « Le Livre des Quererts », BIFAO, 43, 1945, pl. CXXI (second pilier à droite) et p. 3.

[47] P. Barguet, op.cit. 1976, p. 33-34. Hannig 1995, p. 1248 : Götter / « Tjeri, im Höhlenbuch » (section des dieux : Tjeri, dans le Livre des Cavernes).

[48] A. Piankoff, Le Livre des Quererts, Le Caire, 1946 (BIFAO, 41, 1942, p. 1-11 ; 42, 1944, p. 1-62 ; 43, 1945, p. 1-50 ; 45, 1947, p. 1-42). P. Barguet, « Le Livre des Cavernes et la reconstruction du corps divin », RdE, 28, 1976, p. 33-34 (p. 25-37). Theban Mapping Project, KV 9, ref. 15153 : Chambre E, right wall, Book of Caverns, fifth division.

[49] Cette déesse cananéenne flanquée de deux branches est en fait une sorte de « terre-mère » (il reste dans la Bible : Job 1, 20d-e - 21a-b ; Ps. 139,15 ; Sir. 40,1c-d « mère commune » / la terre mère est assimilée au sein maternel).

[50] O. Keel, T. Staubli, Cat. : Les animaux du 6ème jour, Fribourg, 2003, fig. IVa, p. 58.

[51] E. Graefe, « Phallus und Ei : Ptah als Urgot. Das Fragment einer magischen Stele der Bibliothèque Humaniste et Municipale de Sélestat », in : Egyptian Religion. The last thousand years. Part. I. Studies Dedicated to the Memory of Jan Quaegebeur, Lovaniensa Analecta, 84, Louvain, 1998, p. 117-124. Nous remercions Monsieur Hubert Meyer, Conservateur en Chef de la Bibliothèque Humaniste et Municipale de Sélestat pour sa collaboration.

[52] S. Hodjash, O. Berlev, The Egyptian Reliefs and Stelae in  the Pushkin Museum of Fine Arts, Moscow, Leningrad, 1982, n° 181 p. 246-249.

[53] P.E. Dorman, Cat. : The Metropolitan Museum of Art, New York, 1987, p. n°56 p. 80-81. Voir aussi : W. Golenischeff, Die Metternichstele in der Originalgrösse zum ersten Mal herausgegeben, Leipzig, 1877, p. 19.

 

 


 

16

 

[54] Sur d’autres stèles d’Horus, comme par exemple la stèle E 20013 du Louvre, le dieu est représenté plus simplement, mais avec la même signification (A. Gasse, Les Stèles d’Horus sur les crocodiles, Paris, 2004, p. 127-134).

[55] Sethe 1908-1922, Sp. 587, 1587 p. 344. Spelleers 1923, I, p. 99. Faulkner 1969, p. 238. López, Thode 2003, p. 183.

[56][57]

p

[60] H. Goedicke, Nofretari. Eine Dokumentation der Wandgemälde Ihres Grabes, Graz, 1971, fig. 57, 2e col. droite, fig. 154.

[61] C. Leblanc, Nefertari, « L’aimée-de-Mout », Paris, 1999, p. 243 : représentation de la déesse Isis, fig. 66 a, pour la tombe de Henouttaouy, et 66 b, pour la tombe de Nefertari.

[62] A. Piankoff, The Tomb of Ramesses VI, II. Plates, Egyptian Religious Texts and Representations I, BoollSer XL, New York, 1954, II, pl. 137 haut.

[63] Voir par exemple : Malaise, Winand, 1999, p. 713 ; Cauville 2001, p. 123.

[64] Cauville 1997, III, p. 125 « la grande » comme épithète de déesse.

[65] PtoLex. p. 246 « Great One » epithet of Hathor.

[66],[67]

p

 

 

 


 

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