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Histoire de la médecine en Egypte ancienne

INFECTIOLOGIE XI - PARASITOLOGIE XII - L'ankylostomiase

Article complet du mercredi 1er septembre 2021 :

Parasitologie XII - L'ankylostomiase

 

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• Richard-Alain JEAN, « Infectiologie XI. Parasitologie XII. L’ankylostomiase et autres parasitoses », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 1er septembre 2021.  

 

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INFECTIOLOGIE XI

PARASITOLOGIE XII

L’ANKYLOSTOMIASE

ET AUTRES PARASITOSES

 

 

Richard-Alain JEAN

 

 

          Nous allons aborder maintenant le sujet des ankylostomiases en Égypte Ancienne, à la lumière des éléments puisés dans les textes pharaoniques, ainsi que dans les impressions des anciens cliniciens [1], dans les travaux des auteurs modernes [2], et au besoin dans mon expérience clinique personnelle.

         Je commencerai par décrire cette parasitose, en tâchant de la comparer tout au long de sa description avec ce que pouvaient en percevoir les médecins de l’époque, qui étaient certes dépourvus des moyens modernes d’investigations biologiques, et autres moyens de diagnostic (radiologie …) dont je ne parlerai pas plus ici.

         Nous étudierons ensuite en détail plusieurs passages du pEbers (227. 45,6c-8 ; pEbers 226. 45,6b+c ; 855 u. 102, 4b-5 ; 855 v. 102, 6-9a), du pHearst (83. 6,16-7,2 ; 84. 7,2d-4b), et du pBerlin 3038 (3038 58. 5,9-11 ; 59. 5,11-12 ; 60. 5,12-6,1).

         En ce qui concerne ces derniers textes, nous allons voir qu’un ensemble de modules, plus ou moins proches les uns des autres dans leur ordonnancement, seront utiles à la compréhension de plusieurs situations cliniques et physiopathologiques âaâ, selon les causes, infectieuses, et organiques (anémie). Les gloses nous aideront à démêler tous ces éléments à condition de bien les interpréter. Puis, les orientations thérapeutiques proposées à l’époque seront screenées à l’aune des utilisations historiques, dont celles encore utilisées en Afrique, et en s’appuyant sur la pharmacognosie [3].

 

 


 

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          1. L’ankylostomiase 

 

         Selon les travaux publiés par l’OMS, l’ankylostomiase constitue l’une des helminthiases les plus fréquentes parmi celles qui sont transmises par le sol, et elle reste très répandue en zone tropicale et intertropicale où la contamination fécale est courante [4]. Cette maladie est encore connue sous le nom de « Chlorose d’Égypte », « d’anémie intertropicale », ou encore, « d’anémie des mineurs ».

 

         1.1. Épidémiologie

 

         Cette maladie correspond à des affections parasitaires dues à deux nématodes, vers ronds, à sexes séparés, hématophages, vivant au stade adulte dans le duodénum et le jéjunum. La transmission est fécale. La symptomatologie reflète les lésions provoquées par ces vers adultes.

 

 

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         1.1.1. Géographie 

 

         Les aires de distribution des deux espèces d’ankylostomes parasitant l’homme peuvent se chevaucher selon les conditions biologiques définissant les biotopes. Ainsi, la prévalence de l’infestation varie selon l’altitude, le climat, plusieurs facteurs écologiques, et peut dépasser 80% dans certaines régions. Par exemple actuellement en Afrique subsaharienne, la prévalence moyenne de l’ankylostomose est de 16,5 % [5].

 

 


 

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         Les deux espèces d’ankylostomes coexistent, mais N. americanus domine en zone tropicale et intertropicale alors que A. duodenale réclame un climat plus sec et frais. Elles sont donc sensibles aux variations climatiques dans le temps. 

         Ainsi de nos jours, Aduodenale prédomine plutôt au nord du tropique du cancer (région méditerranéenne, Inde, Chine, sud-est asiatique, Japon, Amérique du Sud, îles du Pacifique, Australie), et, N. americanus, d’origine africaine, est surtout présent au sud de ce tropique (Afrique tropicale, Asie méridionale, Inde et îles du Pacifique, Amérique). Seul Aduodenale est retrouvé pour le moment en Europe (région méditerranéenne) – sauf chez les voyageurs et les mineurs de fond. 

         Ces parasites peuvent être implantés par les fèces abandonnés dans certains microclimats (oasis [6] ; briqueteries ; mines, tunnels, chantiers souterrains).

 

         1.1.2. Les agents pathogènes

 

         Les agents pathogènes de l’ankylostomiase humaine correspondent à deux nématodes :

 

         Necator americanus : Afrique subsaharienne, Oubangui et Congo-Nil (Brumpt), Afrique Centrale (Loos), Cameroun (Fülleborn), Guinée (Ch. Joyeux), océan Indien, Inde, Chine, Asie du sud-est, Amérique centrale et du sud. Sa longévité est de 10 ans environ.

 

         Ankylostoma duodenale : en gros les mêmes régions tropicales, ainsi que des régions tempérées, avec l’Afrique du Nord, Europe méridionale, nord de l’Inde et de la Chine. Sa longévité est de 4 à 5 ans.

 

         • Les œufs d’Ankylostoma duodenale mesurent 60 microns / 40 microns. La coque est mince, symétrique, et les pôles sont arrondis. Ils sont non embryonnés à la ponte mais contiennent 2 à 4 blastomères au moment de l’émission, et qui se multiplient ensuite rapidement. 

         • Les œufs de Necator americanus mesurent 70 microns / 40 microns. Ils sont plus allongés que ceux d’Ankylostoma duodenale. Leur coque est très mince, lisse et transparente. Les pôles sont arrondis. Ils contiennent 8 blastomères au moment de la ponte. 

         • Les ankylostomes adultes sont des vers ronds de couleur blanc nacré ou rosé, qui mesurent environ entre 5 et 11 mm de long pour le mâle, et, entre 9 et 18 mm de long pour la femelle [7]N. americanus est plus fin que A. duodenale.

         Il est tout à fait possible de repérer des vers adultes à l’œil nu dans des selles préalablement lavées ou dans le duodéno-jejunum (Fig. 6), mais leur différenciation macroscopique entre les deux espèces est difficile. Cependant les anciens égyptiens ne pouvaient certes pas discerner les œufs dans les selles dont l’examen nécessite un microscope (Fig. 3-5).

 

         Il faut ajouter que Necator americanus, infectant l’homme, a parfois été rencontrer chez des primates africains comme Troglodytes gorillaCercopithecus patas, et qu’une espèce voisine, Necator exilidens, a été trouvée chez le Chimpanzé, et encore une autre voisine, Necator suillus, chez le porc [8].

 

         D’autres espèces d’ankylostome peuvent aussi parasiter occasionnellement l’homme et s’y développer jusqu’à divers stades que nous verrons rapidement. Or nous savons que les Égyptiens aimaient s’entourer d’animaux familiers :

         Akylostoma caninum : chien, chat.

         Akylostoma braziliense : chien, chat, signalé chez le lion et le léopard en Afrique, et chez le tigre en Asie.

         Akylostoma ceylanicum : chien, chat, hamster doré.

 

 


  

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         1.1.5. Cycle parasitaire

 

         Necator americanus et Ankylostoma duodenale se trouvent être des parasites exclusivement humains, sans la participation d’hôte intermédiaire. La femelle mature pond de 5000 à 25 000 œufs par jour. Les œufs rejetés dans les selles sont non embryonnés et donc non infestants. Ils iront cependant s’embryonner dans le milieu extérieur en fonction de certaines conditions de température : soit, 22 à 26 ° C pour Ankylostoma duodenale, et, 27 à 30 ° C pour Necator americanus, ce qui explique la répartition géographique et les cas découverts dans les mines et les tunnels en régions tempérées. 

         Les embryons se transforment dans un milieu extérieur compatible (chaleur et humidité) en larves rhabditoïdes (pourvues d’un double renflement œsophagien) libres ou du premier stade (L1), puis elles se transforment en larves strongyloïdes (pourvues d’un renflement œsophagien unique) ou du deuxième stade (L2) encore non infestantes, puis elles se transforment dans le troisième stade (L3) en larves filariformes et cette fois au pouvoir invasif. Il faut noter qu’elles sont très résistantes : 2 à 10 mois sur le sol, 18 mois dans l’eau. La contamination se fait au niveau du sol, et donc le plus souvent au niveau des pieds en contact avec la terre, la boue et l’eau douce souillées par des matières fécales. Le passage peut aussi s’effectuer au niveau des jambes et des fesses. De cette façon, les larves strongyloïdes enkystées filariformes sortent de leur gangue (L3 infectantes), pénètrent la peau en s’y fixant et en la traversant en abandonnant leur enveloppe, et, gagnent le cœur droit par voie sanguine ou lymphatique, puis, le poumon, ses alvéoles, migrent par la trachée, avant d’être avalées et ainsi pénétrer dans le tube digestif. Arrivées dans le duodéno-jéjumum, la larve se transforme en larve du quatrième stade (L4), puis en ver adulte vers le 40e jour. Après la reproduction, les œufs sont éliminés avec les fèces.

 

 

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         Ce cycle dure entre 50 et 60 jours. 

         La transmission est exclusivement cutanée pour Necator americanus.

         La transmission reste cutanée, pour Ankylostoma duodenale, mais elle est également possible par voie buccale par l’eau ou les légumes humides souillés consommés crus, par passage transplacentaire, ou encore lors de l’allaitement.

         Il faut aussi rappeler que les larves infestantes très résistantes (L3 = l. strongyloïdes enkystées – durée de vie 2 à 10 mois sans nourriture), peut être retrouvées dans les selles de chiens, de porc, de rats, d’oiseaux de basse-cour qui ont ingéré des selles humaines fraîches renfermant des œufs d’Ankylostomes [9].

         J’ai déjà indiqué plus haut que Necator americanus, infectant l’homme, a parfois été rencontré chez des primates africains comme Troglodytes gorillaCercopithecus patas, et, qu’une espèce voisine, Necator exilidens, a été trouvée chez le Chimpanzé, et encore une autre voisine, Necator suillus, chez le porc [10].

 

 


 

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         1.1.6. Les causes favorisantes autrefois en Égypte

 

         Les causes favorisantes autrefois en Égypte, étaient, tout comme aujourd’hui, fonction du péril fécal, qui pouvait lui-même être différent à la ville ou à la campagne, dépendant des milieux humides favorables aux milieux secs défavorables (désert), ainsi que des températures évoluant en fonction des changements climatiques subis au cours des millénaires qui ont vu s’établir cette civilisation, et enfin, des habitudes des habitants en fonction des classes en ce qui concerne le port de sandales, ce qui reste encore de nos jours la meilleure prévention individuelle. L’état de nutrition est également important.

         Utilisation comme engrais de selles humaines fraîches autrefois en Égypte ? Or nous savons par exemple qu’un stockage préalable d’excréments mêlés d’urines avant utilisation agraire diminue considérablement les risques jusqu’à les faire disparaître, alors que des émissions in situ dans les champs les augmentent. 

         Paysans nu-pieds dans leurs plantations, les lieux irrigués.

         Les assises sans barrière dans les champs.

         Les femmes sont plus exposées en raison de leurs besoins particuliers en fer.

         Les enfants y sont particulièrement sensibles.

         L’anémie provoquée est progressive, souvent bien supportée, mais elle est aggravée par la malnutrition en zone d’endémie. Ainsi, les conditions sociales et alimentaires ont un impact important. 

         L’on peut estimer que 10 à 20% des personnes étaient atteintes dans les régions sèches près du désert, pour 80 à 90% dans les milieux humides : delta, pourtour des lacs, et bord du Nil.

         J’ai déjà dit que les parasites peuvent être implantés par les fèces abandonnées dans certains microclimats (mines, tunnels, chantiers souterrains, briqueteries …). Il n’est pas exclu que les mineurs de l’époque aient été davantage atteints par Necator americanus. La fabrication des briques devait éviter les souillures fécales en Égypte, mais les prélèvements de terre ne sont jamais totalement à l’abri de résidus humains ou animaux en milieux humides (Fig. 11 a-b) comme nous le savons par exemple encore de nos jours pour le Soudan (Fig. 11 c) [11] et dans le reste de l’Afrique (briques en potopote) [12].

 

         La morbidité et la mortalité doivent être appréciées selon les multiparasitismes ambiants comme je l’ai déjà indiqué.

         Abondants en Égypte, on retrouve ces parasites dans presque toutes les autopsies [13], fixés sur la paroi de D3 jusqu’à 2 heures après la mort (Fig. 6a), ou plus tard, libres, et nageant dans les mucosités [14]. Chez l’individu fortement anémié, on peut ainsi en dénombrer 500 à 3000 (!) Noter également l’aspect spécial de la muqueuse en « pomme d’arrosoir » du fait des anciens points de fixation des parasites montrant des pigmentations brunes punctiformes (Lortet). Il existe encore parfois sur la muqueuse des cavités dites « en grain de raisin » remplies de sang, et en fait de la taille d’une noisette. Elles renferment bien visiblement un ou deux vers à leur ouverture. 

         Aujourd’hui, l’endoscopie digestive haute montrera une duodénite œdémateuse, purpurique, et dans certains cas, de nombreux vers adultes bien fichés par la tête sur la muqueuse dans laquelle ils s’insèrent (Fig. 6 b). 

         Ces derniers éléments pouvaient avoir été remarqués lors des procédures de momifications effectuées assez tôt, c’est-à-dire pour les embaumements de qualité, bien avant le temps où la chaleur produit son effet délétère sur les viscères, qui ainsi fraîchement prélevés, soigneusement séparés par le couteau, et lavés, iront rejoindre les vases canopes spécialement dédiés et confiés à Quebesenouf (tractus digestif), ou à Douamoutef (estomac) [15].

 

 


 

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J’ai par ailleurs déjà indiqué qu’au premier temps de l’éviscération pour momification – et après l’ouverture de la cavité péritonéale, puis l’exposition externe par l’incision des portions mobiles intestinales afin de trancher les pédicules vasculaires du mésentère et des mésocolons – le pancréas devait être emmené avec le duodénum (comme une sorte de gros appendice) et le reste du grêle [16]. Tout cela, avant le stade de l’exérèse hépatique. Car il faut aussi savoir, que le « bloc duodéno-pancréatique » ne peut être séparé en plusieurs éléments distincts que par une dissection extrêmement fine et attentive très chronophage, et encore, que très imparfaitement. Et ceci, au point que chirurgicalement encore de nos jours, et en pratique, une exérèse totale de la tête du pancréas entraîne irrémédiablement l’ablation concomitante du duodénum trop difficile à séparer, même dans un bloc opératoire moderne. On réalise donc de fait, une duodéno-pancréatectomie. Cet ensemble viscéral lié, constituait donc bien légitimement pour les premiers dissecteurs égyptiens qui ont transmis une partie de leurs savoirs techniques aux embaumeurs, un très bon paquet candidat homo-canopique [17].

         De plus, des études anatomopathologiques post mortem ont très bien pu être réalisées chez des sujets étrangers ne partageant pas la religion égyptienne, ou, des ennemis amenés en captivité, comme je l’ai déjà dit ailleurs [18], et dont une atteinte clinique parasitaire de cette nature ou associée était patente. C’est ainsi que des parties duodénales ont dû être explorées très tôt après leur mort, et ceci, d’autant plus que nous savons maintenant qu’en ce qui concerne l’anatomie du tube digestif, les médecins pharaoniques avaient très bien repéré l’endroit où le cholédoque se déverse, c’est-à-dire, dans le  š3ryt  « duodénum », lit. le [19](š3(r)yt š3t [20] / š3wt) « le transporteur » ou « le transitaire » (pLouvre E 32847-recto 1, 1-2). Il s’agit bien ici en effet de la description du cadre fixe duodénal comprenant le bloc duodéno-pancréatique avec la grande caroncule (Fig. 10). Suivent à sa suite les deux parties mobiles de l’intestin grêle (jéjunum et iléon). C’est probablement cette spécificité un peu figée et « empaquetée » (étages sus et sous-mésocôliques) qui a aussi attiré l’attention des anatomistes de l’époque [21]

         À l’examen de visu post mortem des viscères, outre un gros foie, l’on notera encore que tous les tissus montrent une pâleur inhabituelle, et que des épanchements liquidiens s’observent dans le péricarde [22], et le péritoine (ascite). On peut aussi trouver du sang presque pur dans l’intestin. 

         Tout ceci était donc bien visible à l’œil nu.

 

 

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         1.2. Physiopathologie

 

         Les ankylostomes adultes vivent dans le duodenum (A. duodenale), ou, le haut jéjunum (N. americanus), de l’homme, où ils s’attachent à la muqueuse intestinale par l’intermédiaire de leur capsule buccale avec laquelle ils attaquent la paroi à l’aide de leurs lames tranchantes (N. americanus) ou des crochets de leur capsule buccale (A. duodenale) (Fig. 7) : l’on dit alors qu’ils la « broute ». Ils se nourrissent alors de sang issu des vaisseaux sectionnés et de fragments tissulaires. Le parasite se déplace ensuite pour se fixer un peu plus loin toutes les 4 à 6 heures. Cependant, la spoliation sanguine qui survient est davantage en rapport avec l’érosion et le saignement des muqueuses digestives qu’avec la consommation de sang par les vers eux-mêmes. Ceux-ci n’assimilent en réalité qu’une petite partie du sang produit. Ils délivrent de plus des sécrétions contenant des molécules aux propriétés anticoagulantes. Mais cette spoliation sanguine totale calculée représente 0,01 à 0,04 ml/ver/jour, soit 30 ml/jour pour Necator americanus et 0,05 à 0,3 ml/ver/jour, soit 140 à 400 ml/ jour pour Ankylostoma duodenale [23]. Cette atteinte chronique qui appauvrit les réserves de fer de l’organisme aboutit à une carence ferriprive souvent grave. La gravité de l’anémie est fonction de la charge parasitaire. Elle peut être importante.

 

         1.3. Essentiel de la clinique

 

         Il faut déjà savoir que le diagnostic clinique est difficile, car cette infection ne présente aucun symptôme spécifique. Tout reposait autrefois sur la présomption et l’identification parasitologique.

         Trois phases cliniques sont en rapport avec le cycle parasitaire : c’est-à-dire, la pénétration cutanée, la migration larvaire, puis, l’action des vers adultes au niveau intestinal.

 

         1.3.1. Phase de pénétration cutanée

 

         La phase de pénétration cutanée correspond dès la 24e heure à une dermatite prurigineuse, un érythème maculo-prurigineux fugace qui se manifeste au cours de la primo-invasion et disparaît en quelques jours (Fig. 11). Cependant, cette phase passe le plus souvent inaperçue dans les régions endémiques, car elle entraînent rapidement un phénomène de désensibilisation. 

 

         Une infection chronique produit la « gourme » caractéristique des mineurs :

         La gourme des mineurs correspond à des éruptions cutanées prurigineuses, papuleuse et pustuleuses, et qui peuvent siéger aux mains ou aux pieds, sur le tronc, au pli du coude, au creux poplité, dans le pli interfessier. Elle s’accompagne d’un état de bronchite catarrhale.

 

         En cas d’infestation par les ankylostomes d’animaux :

 

         La larva migrans cutanée provoque alors un syndrome de Loeffler [24] (une forme de la maladie pulmonaire à éosinophiles), et localement, un prurit intense, un érythème et des papules au point d’entrée qui sont suivis d’une traînée sous-cutanée inflammatoire filiforme, sinueuse et érythémateuse (creeping eruption) (Fig. 12), provoqué par les larves d’ankylostomes fouisseurs (ex : A. braziliense). Ou bien encore, des papules et des vésicules qui ressemblent assez à de la folliculite. La pénétration s’effectue généralement au niveau des pieds, mais aussi sur les jambes, les fesses ou le dos.  Ces lésions peuvent s’étendre sur une grande surface du corps, durer plusieurs mois, et entraîner un amaigrissement et un certain degré d’anémie [25]. Cependant, ces larves ne migrent pas vers l’intestin chez l’homme, sauf parfois celles de A. caninum qui peuvent provoquer des entérocolites éosinophiles, mais sans développer d’anémie spécifique.

 

 


 

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         1.3.2. Phase larvaire d’invasion

 

         Au cours de la phase larvaire d’invasion, les larves provoquent une irritation des voies aériennes supérieures, ou catarrhe des gourmes, ainsi que certaines manifestations allergiques comme dyspnée asthmatiforme, et, un syndrome de Loeffler [26] (qui peut aussi être dû à la larva migrans d’animal : cf. supra), et qui se manifeste le plus souvent cliniquement par une toux sèche, un wheezing (sifflement respiratoire), un prurit nasal, une sialorrhée, une voix rauque, et plus rarement une hémoptysie.

 

         1.3.3. Phase d’état intestinale

 

         La phase d’état intestinale se manifeste par des troubles digestifs, et une anémie microcytaire, hypochrome, hyposidérémique, et arégénérative importante [27] :

 

         Les troubles digestifs . – Les malades se plaignent d’une pesanteur ou bien d’un ballonnement abdominal, d’éructations, de douleurs épigastriques, de sensations de faim douloureuse accompagnées de douleurs pseudo-ulcéreuses avec pyrosis lancinants qui peuvent encore amener de nos jours, malgré une inappétence générale, une géophagie, qui se manifeste par une ingestion de terre, de boue, ou de craie comme j’ai pu le constater en brousse africaine. Le tout est accompagné de diarrhées moussues qui sont constituées de 5 à 10 selles ou plus par jour. La duodénite peut durer deux mois mais ne réapparaît pas normalement après d’autres réinfestations, mais il reste une nette tendance diarrhéique.

         La recherche de sang dans les selles est positive, elle pouvait se remarquer autrefois en Égypte par des taches brunes caractéristiques du sang digéré laissées sur les tissus blancs d’habillement, les couches, ou les draps, et que l’on révèle de nos jours en laboratoire sur du papier filtre. 

         On notera un gros foie de stase à la palpation.

         À ces époques lointaines seuls ces éléments cliniques et observationnels biologiques pouvaient être rapportés dans la mesure où la mise en évidence des œufs dans les selles fraîches étaient impossibles (Fig. 4 et 5)

 

 


 

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         Une anémie importante . – Elle se caractérise par une pâleur cutanéo-muqueuse, et encore des modifications des ongles. Les médecins égyptiens pharaoniques devaient en établir le diagnostic de manière exclusivement clinique en examinant la carnation, la conjonctive (Fig. 13), la décoloration des lèvres, des muqueuses jugale et linguale (pEbers 207. 42,9), et, en exerçant une pression sur les ongles (le taux d’hémoglobine peut être inférieur à 3 g/dl). Assez souvent, des anomalies unguéales témoignent de cette carence en fer : les ongles sont ramollis (onychomalacie), aplatis (platyonychie) et même retournés en cuillère (koïlonychie) (Fig. 14). L’on peut également observer une vasodilatation périphérique.

 

 

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         Cette anémie est accompagnée de dyspnée d’effort, d’hypotension, de tachycardies, de palpitations, de souffles divers dont le souffle systolique, galop (B3), parfois de précordialgies ou de douleurs angineuses, de vertiges, de faiblesse générale, de fatigabilité, et d’asthénie, et quelquefois de vision trouble, de tintement d’oreille, de quelques difficultés à déglutir, de fourmillement au niveau des mains. Nous verrons plus loin dans les textes et au sujet des répercutions cardiaques, que les praticiens égyptiens en avaient déjà une idée assez intéressante et porteuse d’informations utiles.

         Le patient se plaindra également de douleurs aux jambes sans lien avec l’exercice physique. Les hommes peuvent exprimer une certaine impuissance.

         Lorsque l’anémie est sévère, apparaissent alors classiquement en raison de l’insuffisance cardiaque acquise, des œdèmes sous-cutanés mous, indolores, prenant le godet et infiltrant souvent la face, surtout les paupières, les membres inférieurs et les organes génitaux (Fig. 29-30). Ils sont dûs à une hypoprotidémie (perte de protéines sériques) avec hypoalbuminémie. 

         Ces signes étaient également détectables autrefois.

         L’anémie pernicieuse peut être dramatique chez les jeunes enfants qui sont particulièrement vulnérables lors de la croissance et les expose à des séquelles neurologiques psychomotrices définitives. Elle aboutit parfois à la mort dans un tableau d’anasarque (Fig. 16 et 34) et d’asystolie. Chez les femmes enceintes déjà anémiques (multiparasitoses, dénutrition …), l’anémie est responsable de naissances prématurées et de mortalité maternelle, prénatale ou périnatale élevées.

 

 


 

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         Il faut aussi signaler des formes hémorragiques aiguës, intestinales, avec diarrhées et melæna qui peuvent se produire, bien que rarement, chez des enfants sévèrement infestés par A. duodenale avec chute brutale et importante de l’hémoglobine réalisant de cette façon une anémie normochrome régénérative par hémorragies aiguës [28].

         Aduodenale entraîne une spoliation sanguine beaucoup plus importante que Necator americanus.

         Il faut également noter que plusieurs parasitoses anémiantes peuvent coexister (ankylostomose, bilharzioses …) auxquelles peut s’ajouter encore éventuellement l’anémie normochrome, hémolytique, régénérative du paludisme.

 

         Il faut ajouter à tout cela une chute du zinc sérique qui peut modifier les réponses de défense de l’individu. Les médecins égyptiens ont peut-être noté à cette occasion une plus grande susceptibilité à contracter des petites infections plus souvent qu’à l’habitude normalement (abcès …).

 

         Malgré ce tableau, de nos jours une grande partie des sujets atteints semble peu malades en zone tempérée. Mais une minorité d’entre eux éprouveront un réel malaise, en ajoutant selon les cas une bradycardie, un collapsus veineux, une hypothermie (moins de 36 ° C), un œdème important siégeant au niveau de la face, des bras, et des jambes, et, une ascite. 

         Dans les zones plus chaudes, la parasitose reste fréquente et grave par l’anémie qu’elle entraîne chez l’enfant ou tout individu carencé. En effet, en l’absence de traitement, un état cachectique s’installe en quelques mois ou en quelques années, le sujet présente alors des œdèmes généralisés, ou, au contraire, s’émacie, l’abdomen demeurant toujours globuleux. L’ascite peut apparaître (Fig. 16 et 31). Le malade succombe dans le marasme, ou du fait d’une affection intercurrente comme une septicémie d’origine intestinale [29].

         Chez l’enfant, le marasme s’installe avec une maigreur extrême, une atrophie musculaire, une peau flasque et plissée donnant à l’enfant d’un an un masque de vieillard.

 

         1.4. Quelques différents traitements historiques

 

         1.4.1. Les traitements traditionnels au XXe siècle :

 

         Doliarine extraite d’un ficus du Brésil (Ficus doliaria-Mart ) [30]

         Eucalyptol [31] [32], goménol (essence de niaouli) [33], thymol [34] [35].

         Essence de chénopodium [36] [37].

         Extrait éthéré de Fougère mâle [38] [39].

         Essence de térébenthine et huile de ricin [40].

         Chloroforme [41], tétrachlorure de carbone, tétrachloréthylène, 

         Hexylrésorcinol, esters organo-phosphorés,

         Hydroxynaphtoate de béphénium (Alcopar) [42]

         Naphtol b [43].

         Pyrèthre. Ascatox (association d’essence de chénopodium et de pyréthrine).

 

         1.4.2. Les traitements modernes :

 

         Aujourd’hui, après le pyrèthre longtemps utilisé [44], le traitement antiparasitaire fait appel au pyrantel, sous forme d’emboate (Helmintox ®) ou de pamoate de pyrantel (Combantrin ®), ainsi qu’aux benzidimazolés : mébendazole (Vermox ®) ou albendazole (Zentel ®).

         En cas de résistance, les alternatives thérapeutiques peuvent faire appel à des combinaisons telles que mébendazole + lévamisole (Solaskil ®), ou albendazole + ivermectine …

 

 


 

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         1.4.3. Le traitement de l’anémie fait appel au sulfate ou au fumarate ferreux per os et à l’acide folique.

 

         • Éventuellement corriger les désordres hydroélectrolytiques rencontrés (eau, sel, glucose …).

 

         • Une fois l’arrêt des ponctions sanguines par les parasites obtenu, l’anémie régresse spontanément. 

 

         1.4.4. Contre la larva migrans cutanée

 

         • Les traitements locaux traditionnels au XXe siècle :

 

         Essence de chenopodium pure ou mélangée à de l’huile de ricin.

         Teinture d’iode, collodion à l’acétate d’éthyle.

         Chlorure d’éthyle réfrigérante [45].

 

         • Les traitements modernes :

 

         Ivermectine (Stromectol ®), albendazole (Zentel ®), thiabendazole (Mintezol ®) ...

         Traitement antibiotique en cas de surinfection bactérienne.

 

 

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         Par exemple, Chenopodium murale, et Chenopodium album, sont bien attestés en Égypte aux époques pharaoniques (de Vartavan, Asensi Amorós, Codex des restes végétaux de l’Égypte ancienne, Londres, 1997, p. 72-75).

 

 


  

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         2. Les textes

 

         2.1. pEbers 227. 45,6c-8

 

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pbilharziose et autres parasitoses », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 31 mai 2021, note f, p. 28-29, en se rappelant bien que la traduction varie selon le contexte. Il ne s’agit pas ici des symptômes propres d’une hématurie parasitaire, ou si le patient en est atteint, d’une association parasitaire provocant une anémie pernicieuse avec une partie de sa symptomatologie ici axée sur des signes cardiaques. Ont été ajoutés en gloses une symptomatologie qui a été mal définie autrefois. 

 

          (b) Lit. « sur » (ḥr), mais l’on pourrait très bien traduire aussi « qui pèse sur » le cœur. Dans la mesure où nous verrons dans la physiopathologie qu’il s’agit d’un trop plein interne provenant par exemple d’une insuffisance cardiaque, je traduirai par « dans le cœur », car c’est la masse volumique sanguine qui s’exprime en interne (le volume quantitatif, pas le compte des éléments figurés comme les hématies qui sont déficitaires dans une anémie). Le ressenti s’exprimera dans les lignes suivantes.

 

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         Plus de renseignements concernant cette expression technique médicale sont donnés en infra dans la glose (A) écrite en pEbers 855 u. 102, 4b-5 qui doit être lue et comprise en rapport avec la glose (B) notée en 855 v. 102, 6-9a et qui la suit immédiatement, car il s’agit bien du cœur-ḥ3ty viscère, dont il est question ici, malgré sa graphie rapide souvent traduite jb, bien que ce terme ne soit pas vraiment réducteur pour un clinicien expérimenté dans un contexte organique pur, dans la mesure où il peut nombre de fois être également traduit par « myocarde » (muscle cardiaque). Il faut donc lire ḥ3ty.

         Lefebvre 1952, § 4 p. 43 traduit « l’oubli de cœur » et ajoute que cette expression pourrait correspondre à la « perte de mémoire » si le mot jb est employé métaphoriquement (note 9). Ghalioungui 1987, p. 77 donne « forgetfulness of the heart » (oubli du cœur-ib ), ou, « or the mind » (ou de l’esprit) (note b). Bardinet 1995, p. 286 préfère « perte de la mémoire ». Westendorf 1999, 2, p. 590 « Vergesslichkeit des Herzens -jb » (oubli du cœur-jb ). Lalanne, Métra 2017, p. 95 « la perte de mémoire du jb ». Strouhal, 2, 2021, p. 53 « heart weakness » (faiblesse cardiaque), expression rendue différemment par rapport à sa traduction de pBerlin 58. p. 122 = « forgetfulness of the heart (ib) » (oubli du cœur ib), mais sans dire pourquoi.

         Cet « oubli » correspond en fait à une pause cardiaque, par exemple dans les extrasystoles : il s’agit d’un signe à la fois subjectif et objectif. Voir la 1ere glose (pEbers 855 u. 102, 4b-5), p. 19-21.

         • Extrasystole : Une algie précordiale très brève accompagnée d’un « faux-pas » dans le rythme cardiaque (battement « raté »), avec la perception d’une plus ou moins violente contraction cardiaque isolée, en même temps que des « palpitations », constituent le ressenti le plus habituel d’une extrasystole. Il s’agit d’un trouble du rythme. Les extrasystoles ne sont pas exclues en cas d’anémie. Et il faut encore savoir qu’il peut exister une douleur nette qui simule celle de l’angine de poitrine [46].

  

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         Lefebvre 1952, § 4 p. 43 traduit « la fuite du cœur ». Ghalioungui 1987, p. 77 donne « flight of the heart-ib » (vol du cœur), ou, « or the mind » (ou de l’esprit) (note b). Bardinet 1995, p. 286 rend par « fuite de l’intérieur-ib ». Westendorf 1999, 2, p. 590 « Flucht des Herzens -ib )» (fuite du cœur-jb ). Lalanne, Métra 2017, p. 95 « la fuite du jb ». Strouhal, 2, 2021, p. 53 « fainting » (évanouissements).

 

 


 

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         Cette « fuite rapide » de l’organe correspond ici à la perception d’une tachycardie de rattrapage oxygénatif en réponse à une importante anémie : un signe objectif. L’étape suivante correspondra avec un « pouls petit, filant, rapide » témoin de l’hypotension artérielle, puis devenant « imprenable », trahissant alors une insuffisance cardiaque grave avec décompensation et produisant un choc cardio-vasculaire (module du pEbers 855e. 100, 14-16). 

pAlex. 77.5040 « percer », 78.4787 « piquer » ; Hannig-Wb II,2 - 38861 « stechen, beissen (der Schlange) » (piquer, mordre - serpent) ; PtoLex. p. 1194 « to pierce, stab » (percer, poignarder). Il s’agit d’un pluriel désignant une sensation de piqûres, de pointe, à l’endroit du cœur : des « piqûres du cœur ».

         Lefebvre 1952, § 4 p. 43 traduit « la piqûre du cœur ». Ghalioungui 1987, p. 77 donne « stitches of the heart (ib) » (coups d’aiguille dans le cœur-ib), ou, « injury of the mind » (blessure de l’esprit) (note c). Bardinet 1995, p. 286 opte pour « la piqûre de l’intérieur-ib ». Westendorf 1999, 2, p. 590 « Stichen des Herzens (jb) » (point de cœur). Lalanne, Métra 2017, p. 95 « les coups de couteau (ressentis au niveau) du jb ». Strouhal, 2, 2021, p. 53 « shooting pain in the heart » (douleurs lancinantes dans le cœur).

         Cette « sensation de piqûres au niveau cœur » correspond à un signe subjectif. 

         L’on en rencontrera plusieurs sortes :

         • Précordialgie : Il faut savoir qu’une sensation de piqûre, avec une douleur localisée comme une pointe d’aiguille, et qui peut être montrée avec le bout du doigt, et que l’on peut reproduire en palpant la zone douloureuse, ne correspond pas à un signe d’infarctus du myocarde, mais à une vive anxiété.

         • Angor : À cette dernière douleur précordiale décrite ci-dessus, s’oppose la « douleur angineuse » vraie, qui correspond à une douleur thoracique diffuse, à maximum antérieur, rétrosternale, et qui peut exprimer un « cœur anémique aigu » issu de l’insuffisance cardiaque ainsi provoquée. 

         - Cette douleur peut être ressentie comme légère, forte, ou excruciante.

         - Cette douleur est généralement sourde et non aiguë, à type de piqûre ou de coupure continue et non pulsatile.

         - Cette douleur peut être encore qualifiée en clinique comme comparable à un étranglement, à une courroie ou un étau comprimant la poitrine, constrictive, oppressante, creusante, panradiante, voir brûlante, cuisante … ce qui peut entraîner des erreurs de diagnostic [47].

         J’opterai pour ma part ici pour la douleur angineuse qui n’est pas rare dans les tableaux anémiques provoqués par l’ankylostomiase.

         Il est à noter une autre acception de ce terme, avec « ver »  dm : Wb V, 451, 6-7 ; Alex. 77.5044, 78.4790 « ver (qui détruit les cadavres) » ; Hannig 1995, p. 978 « Wurm (frißt Handschriften, Leichen) » (ver - qui mange des manuscrits, des cadavres).

         Bien entendu, un ver « perce » la nourriture qu’il traverse pour s’en repaître. Mais l’on peut aussi se demander, si les médecins pharaoniques, dans ce texte précisément, comme dans leur perception anatomopathologique réaliste, les vers ne sont pas vus de la même façon « manger » l’intérieur d’un malade infesté, ses organes, ici, le cœur, en provoquant de cette façon, des sensations de « piqûres » (dm) au niveau de l’organe atteint, ver devant lequel le cœur tente alors de « s’enfuire » (wʿr), ce qui provoque des « oublis » (mhtw), aboutissant à terme au syndrome ʿ3ʿ « âaâ » décrit plus haut et donné par la maladie ʿ3ʿ « âaâ » de cause parasitaire helminthique (ankylostomiase). Nous savons aussi que la région épigastrique est l’objet de douleurs importantes (Cf. supra, p. 11, et, infra, p. 22). Ces choses sont liées.

 

 


 

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         (f ) jnst « anis » : H. Győry, Év. B. Héthelyi, « Anise and ancient egyptian pharmacopoeia », dans Aegyptus et Pannonia VI. Acta Symposii anno 2019, Budapest, 2020, p. 185-223. 

 

         2.2. pBerlin 3038 58. 5,9-11

 

 

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pdeux traductions reflètent de toutes les façons un organisme très affaibli par l’anémie provoquée par une ankylostomiase ou une pluriparasitose, et qui se traduira, pour le médecin, par la perception d’un pouls rapide (tachycardie), pouvant devenir comme je l’ai déjà dit « petit, filant, rapide ».

 

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          Commentaire. – La symptomatologie, bien que décrite dans un ordre différent, est la même qu’en pEbers 227. 45,6c-8, mais le traitement n’est pas comparable. En effet, ce mode d’application ne peut pas être opérant contre les véritables raisons de la maladie. La fumigation aérienne est ici en fait mise en parallèle avec la cause initiale de la maladie quand elle est censée provenir d’êtres intelligents fluides comme l’air avec « un dieu (ou) une déesse, la semence provenant d’un mort (ou) d’une morte » (9c-d). Dans un certain nombre de formules qui se suivent (58-64, 66-75) le pBerlin 3038 opte donc apparemment pour la magie, mais pas seulement, tout en indiquant très souvent des substances qui pourraient être utiles par voies internes ou locales : ces produits ne sont donc pas systématiquement à écarter. Ainsi dans ce passage, le pyrèthre a déjà été mentionné contre l’hématurie parasitaire (pEbers 62. 19, 11-19a), et dans notre groupe (pEbers 221 bis. 44,13-15a), il est localement insecticide ; la caroube aide à réguler le transit intestinal ; et surtout, le harmel (Peganum harmala) attesté anciennement en Égypte et qu’il ne faut pas confondre avec la « rue des jardins » (Ruta graveolens), diminue la diarrhée ; cette plante, qui est dite aussi « purifier le sang » (nous sommes dans le cadre d’une anémie), contient en outre un psychotrope puissant. Ainsi, ce dernier végétal, qui, bien que difficile à doser, peut donc être également considéré comme un très puissant calmant, il est de cette façon encore parfois utilisé au Moyen-Orient comme antalgique, narcotique, et aussi, comme anthelminthique. La plante-besbes, citée avant dans cette formule, pourrait bien être une sorte de harmel, ou une plante aux propriétés très voisines (une laitue vireuse mature ?). Volontairement captée par le patient si on lit entre les lignes, cette fumée émise est capable d’être inhalée au passage : le malade bénéficie alors des actions calmantes et psychotrope. Nous avons de cette manière une indication compassionnelle de nature palliative, et prescrite afin de « chasser » les tourments ressentis aux plus mauvais moments d’une fin de vie difficile, eu égard à la gravité de la maladie dans des cas bien précis dénoncés par ce syndrome. C’est là l’origine de cette prescription magico-psychique. Pour les autres ingrédients l’effet sera nul, sinon espérer une action laxative magique afin d’expulser mentalement du corps tous les acteurs du mal, y compris des vers que l’on savait être générateurs de syndromes ʿ3ʿ « âaâ » provoquant ici une anémie sévère produisant des « maux de cœur » assez bien décrits dans ces deux derniers textes. 

 

         2.3. pEbers 855 u. 102, 4b-5 (1ère Glose) (A)

 

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pde maladies contagieuses, tels des parasites, des vers, ou des êtres invisibles (Cf. infra : Commentaire). Des traces prisonnières audibles de ce « souffle » (souffle systolique, galop) ont peut-être été entendues à l’auscultation (pEbers 207. 42,10), et comprises comme telles, ainsi que comme symptôme aggravant retenu (Cf. p. 12). 

 

 

pdans ce contexte médical infectieux épidémique au praticien « prêtre-ouâb de Sekhmet ». Lui seul en effet est reconnu capable de diriger et de canaliser les influences néfastes de la Déesse Dangereuse dans son exercice, et donc de les minimiser, et d’essayer de les guérir. Son solide bagage, acquis à l’ombre des temples [48], en fait un médecin religieux, et du fait de son sacerdoce spécial, le plus apte à démêler les processus surnaturels engagés contre les hommes et réputés issus de la Fille du Démiurge. Ce savant pouvait en effet, de par la protection spécifique dont il bénéficiait également, aborder plus sereinement les questions qui se posaient à l’époque au sujet de tous les processus morbides. Les études approfondies qu’il menait se trouvaient moins entravées par la nécessité théologique, dont il devait sans cesse tenir compte pour rester en accord avec la théocratie pharaonique, puisqu’il en maîtrisait mieux les rouages. Non pas que les difficultés étaient toutes levées, nous avons vu que parfois les médecins devaient « avaler leur chapeau » [49], mais du moins, les causes étaient entendues avec discernement, mettant d’un côté sciemment l’observation naturaliste et médical, et de l’autre côté les besoins du pouvoir théologal tout en les respectant point par point. C’est ainsi paradoxalement cette légitimité qui lui permet de dégager avec un certain pragmatisme des idées des plus rationnelles, et de les enseigner avec une certaine finesse à ses confrères laïcs en évitant de trop heurter la hiérarchie. Ceci se fera pourtant encore pour des millénaires sous couvert d’un discours compatible avec les notions divines et politiques du temps. Nous verrons par exemple que les traductions hésiteront avec raison entre des acceptions quasi militaires quand il s’agira de donner un pouvoir négatif au prêtre-ouâb de Sekhmet en lui attribuant la possibilité d’infliger une formule dévastatrice pour une population, ou mortelle pour une personne. Ce qui est logique du fait de la connaissance qu’on lui prête en ce qui concerne les éléments perturbateurs, de la même manière que dans une armée l’on confiera à un officier supérieur les moyens d’affronter l’ennemi avec les renseignements secrets nécessaires qui lui permettront de gagner la bataille. Nous voyons ainsi que cette dichotomie n’est pas contradictoire puisqu’elle donne, de par sa nature, le pouvoir de sauvetage au praticien qui se trouve par ce phénomène dualiste, habilité, à tenter de diriger le mal jusqu’à le « chasser » des corps, et des esprits.

 

p« Notes complémentaires sur le système respiratoire en Égypte ancienne (1) Anatomie », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 21 février 2014 (et suivants pour la physiologie).

 

 


  

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         L’air est naturellement inspiré et expiré plusieurs fois par jour. Un mauvais air chargé de pestilences, trop souvent, ou sur des périodes suffisantes, et qui est censé par expérience véhiculer des raisons d’attraper du mal, soit bénin comme un rhume, impressionnante à grave comme une grippe, encore plus grave comme une pneumonie, est de cette façon compris comme capable d’engendrer d’autres maladies, y compris parasitaires, en particulier ici un syndrome digestif ayant des répercutions cardio-pulmonaires et circulatoires importantes. 

 

         Commentaire. – La 1ere glose indique que ces états pathologiques sont provoqués sur le cœur organe (ḥ3ty) par l’action d’un « souffle » (ṯ3w) inhalé d’une manière assez répétée pour engendrer un effet pathogène, et dont seul un expert possède une connaissance suffisamment étendue de ce phénomène pour éventuellement le prévoir, et tenter d’en limiter les effets. Ce « vent », ici à comprendre « mauvais » (ṯ3w nb ḏw), favorise le pullulement de vecteurs visibles (animaux), ou invisibles (tout petits animaux, esprits maléfiques …) en rapport avec le transport de maladies, actions épidémiques qui croyait-on en ces temps-là en Égypte pouvaient être envoyées par des divinités comme Sekhmet (souffle de la lionne), et que le prêtre-ouâb était amené à soigner (ex : pEbers 855 h. 100,19b …). Il n’est pas très étonnant qu’une déesse fille du soleil soit impliquée dans un tel événement météorologique gouverné par le Démiurge, et que Seth soit également capable de les transformer. Les observateurs égyptiens ont été témoins de tous ces processus naturels, cela allait des saisons, des débordements plus ou moins stables du Nil, de vents du Sud, des aléas météorologiques, aux plus importantes variations climatiques qui entraînaient des modifications notables des ressentis thermiques, hydrologiques, avec leurs cortèges d’agents vecteurs opportunistes se développant alors plus rapidement, et engendrant alors nombre de dégâts physiques, et de maladies importées du Sud pour les parasitoses, et ceci, sur un fond endémique. C’est donc le résultat cumulé de cette expérience qui est ici citée : cet « air » n’est pas foncièrement « mauvais », mais, dans certaines conditions appropriées, il peut devenir porteur de causes provocatrices s’insinuant secondairement d’une façon ou d’une autre dans l’homme, et l’infectant, voir parfois y résidant avec les « souffles » cardiaques, ici causes du « dépérissement » et des extrasystoles. Nous avons vu que le carrefour aérodigestif était souvent le lieu de manifestations évidentes jusqu’à celles cardio-pulmonaires. Cet espace pouvait alors passer comme réceptif aux infestations. Telle est la philosophie de ce petit texte qui nous livre ici un aspect épidémiologique et un autre physiopathologique.

 

         2.4. pEbers 855 v. 102, 6-9a (Glose complémentaire) (B)

 

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pcorde » ; Hannig-Wb II,2 - 26862 « Bausch » (masse), « Band », « kleiner Ballen - aus Stoff od. Fasern, als Polster od. Tampon (petite balle faite de tissu ou de fibres, comme rembourrage ou tampon) ; PtoLex. p. 814 « band or ball of material » (bande ou balle de matériel).

         Ghalioungui 1987, p. 77 donne « A whirl has fallen on his heart » (Un tourbillon est tombé sur son cœur). Bardinet 1995, p. 286 opte pour « un ballot tombe sur le cœur ». Westendorf 1999, 2, p. 590 « Eine Ballung (von Hitze) f ällt auf sein Herz » (Une concentration (de chaleur) tombe sur son cœur). Lalanne, Métra 2017, p. 95 « un paquet tombera sur son cœur ». Strouhal, 2, 2021, p. 53 « it is an impairment of the heart by constriction » (c’est une altération du cœur par constriction).

         Il s’agit ici d’une boule constituée par un corde (zwšt) tressée (zwš), et donc assez dure pour provoquer une douleur très désagréable au point d’être perçue comme constrictive (zwš, tordre (un fil)).

 

         (b) Cette locution imagée désigne la sensation de rebond d’une balle de corde qui retombe assez fortement selon son poids sur la poitrine. Il faut noter que cette expression technique, la « balle (de corde) brûlante » dont il est question, et qui est dite ici « tomber » (ḫr) sur son cœur-ḥ3ty, bénéficie de la même imprécision historique que nos deux expressions égales employées par les médecins en France au XIXe et au début du XXe siècle sur le modèle des sensations perçues par les patients atteints de « mal de cœur », ou, de « mal d’estomac », donnée à l’ankylostomiase aux Antilles. On retrouve encore ces mêmes expressions en Afrique d’où elles proviennent. Cet état correspond en réalité à un pyrosis plus ou moins important, selon, allant d’une gêne à des douleurs épigastrique importantes, et calmées par la géophagie (Cf. supra, p. 11). C’est donc le tube digestif qui se cache ici derrière le cœur, au point de

pau sein de thrombus localisés dans les ventricules (ex : Angiostrongylus vasorum) … Ces éléments ont dû impressionner les observateurs, et ne pas manquer de faire imaginer que ces vers « dévoraient » ainsi le cœur, et participaient de cette façon à son « épuisement » (Cfsupra p. 17). 

[50][51]

 

          (d) Cette « fureur » (ḏnḏ ) dont il est question peut être comparée à la « colère » (3d ) qui provoque nous dit le texte, « un ‘renflement’ (ḫ3sf) (d’un metou) situé à la frontière de la trachée-poumon et du foie » (pEbers 855 d 21b-22c), c’est-à-dire au résultat du « trop plein de sang » dont il est question à la suite (en 7c) et qui indique alors déjà pour les médecins Égyptiens une hypertension portale génératrice d’une ascite (Cf. infra, p. 13) se développant au cours d’une parasitose comme la bilharziose et l’ankylostomiase, surtout quand elles sont associées. Ceci correspond à une notion physiopathologique.

 

 


 

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         (e) Il s’agit de ce qui est considéré comme une surcharge liquidienne. Nous entrons ici dans une clinique dénonçant pour les anciens une insuffisance cardiaque due à un « trop plein » empêchant le cœur de fonctionner normalement – et donc le fatigant, et par répercussion, son possesseur – et qui rejoint le syndrome « âaâ » dont il est question dans les textes précédents, et dont je reparlerai encore plu tard bien à propos, car il s’agit d’une autre notion physiopathologique.

 

         Commentaire. – Cette glose complémentaire indique bien un « poids » tombant sur la poitrine. Soit, un pyrosis pour l’estomac. Puis, la locution orientée cardiaque recouvre ici pour un spécialiste moderne « l’oubli du cœur » et les « piqûres du cœur » également souvent résumées par le vocable « oppression ». En effet, le « poids » et « l’oppression » ressentis dans le thorax sont aussi des sensations souvent données oralement par les patients au cours des insuffisances cardiaques ou d’autres pathologies organiques sévères. Ces ressentis correspondent à des désordres internes que le médecin devra élucider à l’aide de la prise des pouls, de l’auscultation, et puis, d’examens complémentaires auxquels les praticiens de l’époque n’avaient pas accès. 

         Le transfert liquidien qui aboutira à l’ascite peut être imaginé comme « furieux », « liquide en colère », « bouillonnant ». De plus, le volume abdominal résultant, et qui peut devenir important, accompagné d’un gros foie de stase, ou d’une hépato-splénomégalie en cas de bilharziose associée, peut être lui aussi perçu comme une grande lourdeur instable haute, nous disent les patients.

         Ces deux gloses qui se suivent (1ère glose et glose complémentaire) se trouvent incluses dans une autre série dont plusieurs ont déjà été étudiées à propos de la typhoïde [52]. Nous avons vu que la première résume en trois expressions techniques un juste mécanisme physiopathologique. La deuxième glose complète la première en explicitant un ressenti douloureux à forme de pyrosis puis d’angor pour le malade, et, dans un premier temps pour le praticien, une étiologie organique, augmentée dans un deuxième temps d’un essai d’interprétation physiopathologique, puis étiologique par absorption hydrique afin de tenter de justifier une hypervolémie cardio-vasculaire qui provoque l’épuisement du cœur et finalement sa chute, et enfin, l’on suppose une origine infectieuse alimentaire – ce qui semble logique dans une atteinte à composante digestive. Or le pourrissement d’une nourriture peut être apporté par un vent chaud du Sud, la mauvaise haleine de la lionne, un « souffle » « mauvais », comme il en est question dans la glose immédiatement précédente (pEbers 855 u. 102, 4b-5), et qui peut rester résidant. 

 

         2.5. Les composants thérapeutiques proposés 

 

         Nous allons maintenant examiner deux séries de propositions formulaires différentes, avec le groupe pEbers 221. 44,13-15a à pEbers 241. 46,8d-9 + pHearst 83. 6,16-7,2 et 84. 7,2d-4b, pour la thérapeutique médicale étiologique, et, pBerlin 3038 58. 5,9-11 à 60. 5,12-6,1 pour la thérapeutique accompagnatrice.

 

         2.5.1. Tableau des composants du pEbers, du pHearst et du pBerlin 3038

 

         Les composants proposés dans les médications suivantes (pEbers 221. 44,13-15a à pEbers 241. 46,8d-9 + pHearst 83. 6,16-7,2 et 84. 7,2d-4b) contre, ici, la symptomatologie cardio-digestive ʿ3ʿ « âaâ », varient en fait assez peu, ce qui confère à cet ensemble thérapeutique une certaine stabilité. Les médecins devront choisir les formules renouvelables en fonction des besoins. 

         Pour les composants du pBerlin, comme pour la formulation du 58. 5,9-11 (Cf. supra, p. 19) avec « harmel (?)-ḏ3js », je ne retiendrai ici que deux autres plantes dont les produits émis au cours d’une fumigation et absorbé par inhalation peuvent avoir quelques effets sur le patient avec le chanvre-šmšmt (pBerlin 59. 5,11-12), et le lichen (?)-k3t-šw.t. Les autres composants ne seront pas commentés.

 

 


 

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         Commentaire. – Nous voyons que ces prescriptions intéressent le tube digestif, le cœur, contiennent des anthelminthiques, des antiparasitaires, des purgatifs autrefois assimilés à des vermifuges, des calmants, des fortifiants, et des rééquilibrants – y compris du fer indispensable pour traiter une anémie, par exemple présent dans l’ocre, argile qui est également bien utile pour lutter contre le pyrosis. Dans la dernière partie, nous trouvons des médications compassionnelles, et dont les trois dernières pouvaient être administrées en fin de vie comme de nos jours d’autres molécules sont admises en soins palliatifs.

         Parmi les plantes encore non déterminées, je signalerai déjà volontiers la plante-jbw et les fruits de šnj-t3, qui pourraient avoir un effet bénéfique sur le cœur comme un cardiotonique : en le renforçant, en le ralentissant, et en le régulant ?

 

         3. Paléopathologie

 

         J’ai déjà indiqué que l’ankylostomiase, ou « chlorose d’Égypte », qui engendre en gros les mêmes signes cliniques que la bilharziose, sauf l’hématurie, peut être associée à d’autres vers, dans les multi-parasitoses.

         Ainsi, par exemple, les helminthiases humaines les plus courantes ont été retrouvées dans des restes des habitants de l’ancienne vallée du Nil, et ceci, depuis 6000 BP ( Île de Saï, Sédeinga, Deir el-Medineh, Musée de Biella, Saqqara). Elles incluent d’après Stéphanie Harter, les ankylostomes, et, Schistosoma haematobium et Schistosoma mansoni (bilharzioses), Ascaris sp. (ascaridiose), Syphacia obvelata (oxyuridose), Taenia sp. (tæniasis), Trichuris sp. (trichocéphalose), Enterobius vermicularis (enterobiose), Diphyllobothrium sp. (bothriocéphalose), Hymenolepis sp. (hymenolepiase), Fasciola hepaticaFasciola gigantica (distomatose hépatique) et Dicrocoelium sp (dicrocéliose). Et enfin, Pediculus capitis (pédiculose) pour les parasites externes. « Les œufs trouvés dans les corps momifiés conservés pendant des milliers d’années par divers processus, étaient pour la plupart en excellent état. Beaucoup présentent l’embryon parfaitement conservé à l’intérieur des œufs, ce qui peut encore faciliter des études pertinentes avec des techniques de biologie moléculaire » nous dit la chercheuse. Ces études sont donc à poursuivre pour d’autres époques. 

 

 


 

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         En ce qui concerne les œufs de type ankylostomidés, ils ont été retrouvés en contexte de momie naturelle en Haute Nubie, et, en Égypte à Deir el-Medineh (intérieur d’une momie) avec une biparasitose : Ankylostomose, et Trichocéphalose (XXVe-XXXe dyn. / 400-300 av. J.C.).

         Dans l’ile de Saï (coprolithes prélevés dans des momies) : Ankylostomose, multiparasitose, dont Bilharziose (1 adulte / féminin - SAP1-C3-T8.1 - Napatéen 700-300 ans av. J.C.) (2 immatures circa 3 ans - SAP1-C2-T6.1, & 8B17A-T.2.1 en biparasitose avec Ascaridiose - fin IVe- Ve siècle).

         Il faut ici ajouter en Israël, le site de Kasy Yehud (900 ap. J.C.), dans des Fèces de hyène : Toxocara canis (ascaridiose de l’hyène). Ce fut sans doute également le cas en Égypte pharaonique. Et aussi dans l’île de Chypre, site de Shillourokambos (7600-7500 B.C), dans un sédiment sous un chat : Toxocara cati (ascaridiose du chat). Ce fut sans doute également le cas en Égypte pharaonique et plus tard. Il s’agit des ascaridioses du chat et des félins, de l’hyène et du chien – ou de la toxocarose de l’homme qui en est contaminé.

 

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         Je renvoie donc pour tout ceci à : S. Harter, Implication de la Paléoparasitologie dans l’Étude des Populations Anciennes de la Vallée du Nil et du Proche-Orient : études de cas, Thèse, UFR de Pharmacie, Université de Reims Champagne-Ardènne, 2003 ; S. Harter et al., « First paleoparasitological study of an embalming rejects jar found in Saggara, Egypt », Memόrias do Instituto Oswaldo Cruz, 98, supl., 2003, p. 119-122 ; S. Harter-Lailheuge, F. Bouchet, « Paleoparasitological investigation in funerary contexts along the Nile », Paleopathology Newsletter, 128, 2004, p. 5-9 ; — « Paleoparasitological study of atypical elements of the low and high Nile Valley », Bulletin de la Société de Pathologie Exotique, 99, 2006, p. 53-57. 

 

 

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         Bien entendu, dans une autre étude diligentée en 2015 par Benjamin Dufour [53], on retrouvera des schémas comparables à l’époque romaine :

 

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         4. Composition des textes médicaux pharaoniques

 

         J’ai déjà indiqué ailleurs que les textes médicaux pharaoniques qui nous sont parvenus correspondaient pour la plupart à des vade-mecum. Pour composer ces éditions manuelles, et pour un papyrus donné, les savants copistes égyptiens ont assemblé des unités littéraires techniques en autant de modules interconnectés et selon leurs attributions. Ainsi, au sujet de la symptomatologie âaâ, nous avons vu à ce stade qu’elle pouvait être en lien avec la bilharziose et l’ankylostomiase, et aussi, qu’elle pouvait dépendre de plusieurs autres parasitoses associées, joignant ainsi ces deux dernières raisons étiologiques déjà étudiées avec encore d’autres pathologies comme nous le verrons prochainement. À ces modules principaux ont été ajoutés d’autres modules adjoints définissant parfois des précisions étiologiques, et/ou des gloses contenant des informations complémentaires utiles à une compréhension pérenne dans le temps eu égard à l’ancienneté des informations initiales recueillies, et le souci de les transmettre sans entrave. Suivent ensuite les autres médications proposées en autant de modules joints dans le même papyrus. Il faut comprendre que ces prescriptions étaient renouvelables, et au besoin cumulables entre elles. Le traitement pouvait également être complété par d’autres formulations produites plus loin. En effet, la littérature spécialisée égyptienne proposera encore d’autres modules dans d’autres sources pour apporter des éléments de diagnostic, préciser une étiologie, et donner d’autres médications. Le médecin puisera dans tout ceci en fonction des évolutions (Fig. 28).

 

 


 

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         Cet « esprit à l’égyptienne et à tiroir », dû à tant de démarches empiriques mâtinées parfois pour certaines de contrariétés politiques pharaoniques comme nous l’avons vu, ne conviendra pas aux successeurs grecs, qui, en développant leur génie propre, adopteront plutôt une pensée d’emblée plus radicale et méthodique, qui sera pourtant quelque peu ensuite obscurcie par les gangues à nouveau religieuses et magiques rapportées par des auteurs latins qui distingueront assez souvent mal les éléments inutiles à écarter, avant que progressivement les choses tendent à nouveau à s’éclaircir vers la fin du moyen âge et à la renaissance, pour enfin durablement s’exprimer plus justement au siècle des lumières. Il aura donc fallu environ cinq milles années au total, pour que les savants, sur ce terreau bouillonnant ancestral, puissent enfin engager les grandes découvertes qui révolutionneront l’art médical et la thérapeutique. Tout danger n’est cependant pas à écarter si l’on observe quelques réticences, détournements, et autres complotismes, parfois pilotés de loin, ou simplement dûs à de nouvelles croyances, qui viennent à nouveau gâter l’élan scientifique – tel ce que nous vivons aujourd’hui en ces temps d’endémie de la Covid 19.

 

 

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         5. Représentations de signes externes de multiparasitoses

 

         Nous avons déjà aperçu précédemment quelques représentations de signes externes visibles de multiparasitoses avec des ascites et des hypertrophies scrotales. En voici plusieurs autres.

 

 

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         6. Conclusion

 

         En résumé, se trouvent ici définis pour la médecine pharaonique les événements digestifs et cardiaques ʿ3ʿ « âaâ » suivants :

         • Symptomatologie : Pyrosis. Douleurs angineuses, tachycardie, extrasystoles, souffle cardiaque (?). Faiblesse.

         • Physiopathologie : Insuffisance cardiaque. Douleurs angineuses, tachycardie, souffle cardiaque (?). Empoisonnement, surcharge liquidienne, hypertension portale génératrice d’une ascite. 

         J’ai déjà indiqué qu’à ces époques lointaines, le praticien ne pouvait compter que sur la clinique pour élaborer son diagnostic. 

         Ainsi, les patients multiparasités, ou même simplement atteints d’une ankylostomiase au stade d’une anémie sévère, pouvaient bien ressentir des événements cliniques gastro-intestinaux et cardiaques assez bien décrits par eux-mêmes et rapportés dans les textes ci-dessus étudiés décrivant cette forme précise de la maladie âaâ, et comportant une atteinte manifestement bien due cette fois à des ankylostomes. Puis, après l’interrogatoire, le médecin, pouvait vérifier un certain nombre de signes objectifs comme nous l’avons vu : cela fait appel à plusieurs modules spécialisés disséminés dans la littérature médicale de l’époque (Cf. supra, p. 29). 

         Nous avons vu que l’observation générale permettait d’affirmer une pâleur tégumentaire, et au niveau des muqueuses (conjonctives …) – signe d’une anémie qui peut être très importante. Les signes digestifs étaient patents, puis la prise des pouls et l’auscultation cardiaque complétaient l’examen. À propos de ce dernier point, et à force d’observation, il n’est pas impossible que le clinicien se soit forgé en lui-même une certaine représentation mentale des situations de base, un peu à l’image des tracés des pulsations par enregistrements sphygmographiques [54] manuels, mécaniques et physiques, qui étaient en usage à la fin du XIXen occident, et en quelque sorte, les ancêtres de l’électrocardiogramme moderne.

         Il n’est pas très difficile en effet d’avoir en tête les images suivantes simples [55], surtout si elles sont limitées à la normale, à la tachycardie (et donc à la bradycardie par effet contraire), en passant par un trouble basique du rythme, et des extrasystoles :

 

         • Les battements cardiaques normaux.

 

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         • La tachycardie.

 

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         • Les troubles du rythme.

 

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         En effet, les Égyptiens employaient assez souvent des expressions imagées, comme par exemple en médecine, et concernant le cœur, le clinicien indique dans un texte, que l’organe « danse » (rw.t), afin de définir des arythmies dans une glose (pEbers 855n. 101,11-13). Or, les danses égyptiennes pouvaient être assez acrobatiques. On peut alors imaginer quelques danses cardiales graphiques tracées sur quelques supports, un peu comme l’on note une musique avec des volutes, et reproduisant à la suite sur une même ligne, les éléments successifs repérés au cours de la palpation des pouls (pSmith I,5-9 ; pEbers 854a. 99, 1-5 …).

 

         À l’auscultation, on trouve souvent les bruits du cœur masqués ou suivis par des bruits anormaux désignés par les noms de souffle, de râpe, de scie, de piaulement, de galop, de frottement ... 

Pour les bruits du cœur, je me limiterai ici au « souffle » et au « galop » :

 

         • Les « souffles » cardiaques.

 

         En effet, un « souffle » intra-cardiaque donne à l’oreille la sensation du « souffle » que l’on produit avec les lèvres rapprochées dans un faible effort d’expiration. Tantôt faible et prolongé, tantôt violent, rude et râpeux, quelquefois accompagné d’un bruit de piaulement appréciable à distance, il offre un très grand nombre de variétés audibles à l’oreille. Ces phénomènes ne pouvaient pas passer inaperçus.

 

 


 

 

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         • Le « galop »

 

         Le « bruit de galop » correspond à un triple bruit constitué par l’adjonction d’un bruit surajouté précédant la systole aux deux bruits normaux du cœur. Leur succession reproduit assez exactement le rythme du galop du cheval. C’est un bruit plus sourd que la normale, un choc, un soulèvement sensible. « Quand on a l’oreille appliquée sur la poitrine, il en affecte la sensibilité tactile, plus peut-être que le sens auditif. Avec ce bruit, coïncide habituellement un soulèvement sensible à la main. Ce soulèvement se fait sentir surtout vers le milieu de la région précordiale et un peu au-dessous ; mais il est vague, étalé, et ne ressemble en rien à l’impulsion nette et bien détachée de la pointe qui accompagne ordinairement le premier bruit » (Potain). C’est un signe d’affaiblissement du myocarde.

 

         Donc, après avoir affiné son diagnostic, le médecin devra ensuite choisir un traitement puisé dans l’ensemble des modules à visées parasitologiques pour tenter de réduire cette maladie à forme de symptomatologie âaâ (Fig. 28). Aussi, les médications ordonnées per os suivront assez précisément les éléments perçus de ce syndrome, en commençant, dès le premier titre consacré à la pathologie âaâ du pEbers, par des anthelminthiques, du fer, puis, des calmants digestifs, cardiaques, et généraux. J’ai de plus émis l’hypothèse d’une médication cardiotonique à partir d’une plante-jbw et des fruits de šnj-t3. Si les médications prévues semblent judicieuses, elles n’étaient toutefois pas assez puissantes pour toujours éradiquer les causes (agents infectieux), ainsi que leurs origines (vecteurs) en cas de pluriparasitisme. Ainsi, un bon nombre de sujets en restaient atteints si l’on se reporte aux analyses paléoparasitologiques menées in situ, et aux représentations figurants sur les reliefs de l’époque. Certains patients pourront même développer des formes importantes, surtout en cas de réinfestations permanentes dues par exemple aux métiers : c’est ce que nous pouvons constater en examinant les détails anatomiques évoqués sans façon dans les scènes picturales (ascites, scrotums hypertrophiés …). Mais tout était prévu, et semble-t-il, de façon très pragmatique. En fin de vie, des préparations contenant des végétaux dotés de puissantes propriétés apaisantes et déconnectantes étaient proposées dans le pBerlin 3038, et par le biais d’inhalations issues de fumigations. 

         Ainsi, il se trouve de cette façon que les solutions thérapeutiques envisagées dès cette époque en Égypte étaient déjà assez bien équilibrées, puisque nous pouvons constater qu’elles cherchaient à couvrir la cause initiale avec une lutte contre les parasitoses, et qu’elles étaient accompagnées d’un ensemble de moyens destinés à diminuer les effets douloureux et gênants digestifs et cardiaques dont le ressenti pouvait être trompeur comme nous l’avons remarqué, au point de lui faire confondre le cœur et l’estomac (Cf. supra, p. 22). Impressions qui seront rétablies et corrigées par le clinicien qui distinguera parfaitement les deux sortes de symptômes et adaptera le traitement. Ce dernier point doit être en partie à l’origine d’une confusion anatomique apparente que l’on rencontre dans les écrits et les interprétations du temps, et qui ne facilitent certes pas les essais de traductions modernes. J’ai déjà commencé à en démontrer le mécanisme avec les « moments » cardiaques, cérébraux, et stomacaux, dans les réflexions débutées dans le cadre de mes articles publiés consacrés au cœur et au cerveau [56].

         Nous pourrons enfin une autre fois observer, à partir de la suite de l’étude de la physiopathologie de cet ensemble de maladies âaâ telle qu’elle était comprise, que les médecins égyptiens commençaient à en discerner finalement un certain nombre d’éléments intéressants. Dès lors, il sera possible de bien situer ce cadre de pathologies infectieuses, les répercutions cardiaques dues à l’anémie grave, les autres signes, puis enfin, de les séparer des pathologies cardio-vasculaires et pulmonaires pures décrites dans des modules distincts mais assez souvent superposables selon les habitudes égyptiennes. 

 

 


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[1] Fr. Trossat, De l'Ankylostome duodénal, ankylostomasie et anémie des mineurs, Doin, Paris, 1885. R. Moniez, Traité de parasitologie animale et végétale, appliquée à la médecine, Baillière, Paris, 1896, p. 390-396. Dr Petit, G. Borne, Manuel pratique de bactériologie, parasitologie, urologie, anatomie pathologique, C. Naud - Éditeur, Paris, 1902, p. 72-74. Maurice Neveu-Lemaire, Précis de parasitologie humaine, F.R. de Rudeval - Éditeur, Paris, 1906, p. 275-281. J. Guiart, Précis de parasitologie, Baillière, Paris, 1910, p. 406-422. P. Verdun, Précis de parasitologie humaine : parasites animaux et végétaux (les bactéries exceptées), Doin, Paris, 1913, p. 395-422. J. Guiart, Précis de parasitologie (révisé), Baillière, Paris, 1922, p. 358-371. 

[2] E. Brumpt, Précis de parasitologie, I, Masson, Paris, 1949, p. 882-916. R. Deschiens, « L’ankylostomiase », dans M. Vaucel, CM-CMédecine tropicale, I, Flammarion, Paris, 1952, p. 191-228a. J. Callot, J. Helluy, Parasitologie médicale, CM-C, Flammarion, Paris, 1958, p. 371-377. M. Gentilini, Médecine tropicale, Flammarion, Paris, 1993, p. 184-188. B. Chevalier, V. Jacomo, L. Pellegrina, N. Couprie, « Ankylostomes et ankylostomiase humaine », EMC – Pédiatrie, Maladies infectieuses, 2012 (Doi : 10.1016/S1637-5017(12)59718-8) ; P. Aubry, « Parasitoses digestives dues a des nématodes », Médecine Tropicale, Bordeaux, 2018, p. 3-5. Z.S. Pawlowski, G.A. Schad, G.J. Stott, Infestation et anémie ankylostomiennes, OMS, Genève, 1993. P. Bourée, D. Dumazedier, « Ankylostomose », Rev Prat Med Gen, 27, 2013, p. 604-605 ; D. Richard-Lenoble, B. Carme, M. Gentilini, « Nématodoses intestinales », dans M. Gentilini, Médecine Tropicale, ed Lavoisier, Paris, 2012, p. 302-330.

[3] Plus de détails pharmacognosiques seront donnés dans une autre étude à venir afin d’alléger ici mon propos. En effet, nombre de plantes sont encore utilisées dans les pays en voie de développement, surtout en ce qui concerne celles utilisées dans les domaines digestif et cardio-vasculaire. Et il faut faire attention à ne conserver dans ce cas que ce qui est véritablement utile, en les confrontant à nos connaissances modernes afin de les distinguer des usages magiques. Il ne faudra cependant pas négliger les plantes non employées dans le monde occidental en approfondissant la question. Il en est de même pour certains produits animaux, et, minéraux. Tout cela dépassait le cas de cette publication.

[4] Z.S. Pawloski, G.A. Schad, G.J. Stott, Infestation et anémie ankylostomiennes. Méthodologie de la lutte, OMS, Genève, 1993, p. 1.

[5] D.A. Karagiannis-Voules, P. Biedermann, U.F. Ekpo, et al., « Spatial and temporal distribution of soil-transmitted helminth infection in sub-Saharan Africa: a systematic review and geostatistical meta-analysis », Lancet Infect Dis, 15(1); 2015, p.74-84.c.

[6] E. Chaker, S. Belhadj, S. Khaled, M. Ben Moussa, M.S. Ben Rachid, « Les parasitoses digestives. Problème toujours d’actualité », Tun Med, 73, 1995, p. 53-6.

[7] Brumpt, op.cit. 1949, I, 883.

[8] Brumpt, op.cit. 1949, I, p. 897. 

[9] Brumpt, op.cit. 1949, I, p. 891. 

[10] Brumpt, op.cit. 1949, I, p. 897. 

[11] G. Choimet, « Observations archéologiques et ethnoarchéologiques pour une compréhension des techniques de fabrication de la brique au Soudan ancien », dans F. Bouché, L. Bouzaglou, Al. Pinto, et al., Artisanat et savoir-faire : archéologie des techniques, Éditions de la Sorbonne, Paris, 2020.

[12] R. Deschiens, « L’ankylostomiase », dans M. Vaucel, CM-CMédecine tropicale, I, Flammarion, Paris, 1952, p. 191-228a.

[13] J. Guiart, Précis de Parasitologie, 1922, p. 365.

[14] J. Guiart, op.cit. 1922, p. 368.

[15] R.-A. Jean, « Le système respiratoire en Égypte ancienne (7) Physiopathologie (1) Associations pneumo-hépato-splénique et cardio-circulatoires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 20 avril 2014, p. 5 et fig. 4 ; — « Néo-embryologie osirienne – III, La splanchnologie canopique », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 26 septembre 2016, p. 5 et fig. 5.

[16] Et donc, sans section pédiculaire, puisque le passage d’une main longeant par sa tranche la face supérieure et dorsale de l’organe suffit à dégager les éléments vasculaires artériels provenant de l’artère splénique, et veineux se jetant dans la veine splénique. 

[17] Richard-Alain Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - IV, Splanchnologie III, Le foie et le pancréas », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 29 décembre 2016.18-19 et fig 29. 

[18] Voir par exemple : R.-A. Jean, La chirurgie en Égypte ancienne. À propos des instruments médico-chirurgicaux métalliques égyptiens conservés au Musée du Louvre, Éditions Cybèle, Paris, 2012, p. 11-16.

 

 


 

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[19] Th. Bardinet, « Le niveau des connaissances médicales des anciens Égyptiens », dans Égypte, Afrique et Orient, 71, septembre 2013, p. 41 ; R.-A. Jean, « Le système respiratoire en Égypte ancienne (7) Physiopathologie (1) Associations pneumo-hépato-spléniques et cardio-circulatoires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 21 avril 2014, p. 7-9 + fig. 9. Avec l’expression š3ryt formée sur š3(r)yt š3t / š3wt, nous avons à la fois le nom d’un type de canal servant au transport des marchandises, et celui des bateaux de charge à fond plat servant à ces transports. Voir aussi par exemple le mot š3bt qui désigne une barque de transport de proximité faite de bottes de papyrus. Donc étymologiquement, « le transporteur » ou « le transitaire ». Dans ce contexte anatomique particulier, il s’agit bien de désigner le « duodénum ».

[20] Alex. 78.4022 « barque » à fond plat. Hannig-Wb I - 32051 « Barke (Flachboot) » (barque, chaland). 

[21] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - III, Splanchnologie - II », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 30 novembre 2016, p. 4-6 et fig. 4 à 9.

[22] Si les formes d’ankylostomiases pures avec ascite que j’ai rencontrées en Afrique n’étaient pas rares, je n’ai vu en revanche que peu d’épanchements péricardiques, avec par exemple trois cas présentés par sœur Xavérina au Tchad, puis un autre dans une triparasitose ankylostomiase-bilharziose-trichinellose à l’Hôpital Central de Fort-Lamy, dans une trichinellose au Soudan. Et enfin, j’en ai encore vu un au Cameroun, et un autre en Centre-Afrique. Cependant, des cœurs en gourde radiographiques ont pu m’échapper au Soudan, du fait de l’inconstance des moyens de diagnostic rencontrés sur le terrain. Il ne me restait alors que la percussion, et même si l’épanchement affecte une forme presque triangulaire, dont la base repose sur le diaphragme et dont le sommet tronqué regarde la clavicule, soit la forme du péricarde rempli d’eau, les formes frustes échappent souvent. Beaucoup sont silencieuses.

[23] M. Roche, M. Layrisse, « Nature and causes of hookworm anemia », Am J Trop Med Hyg, 15, 1966, p. 1031-1032.

[24] I. Podder, S. Chandra, R.C. Gharami, « Loeffler’s syndrome following cutaneous larva migrans: An uncommon sequel », Indian J Dermatol, 61(2), 2016, p. 190-192 (doi 10.4103/0019-5154.177753).

[25] Brumpt, op.cit. 1949, I, p. 895. 

[26] I. Podder, S. Chandra, R.C. Gharami, « Loeffler’s syndrome following cutaneous larva migrans: An uncommon sequel », Indian J Dermatol, 61(2), 2016, p. 190-192 (doi 10.4103/0019-5154.177753).

[27] B. Chevalier, M. Ka-Cisse, M.L. Diouf, F. Klotz, « Ankylostomes et ankylostomiase humaine », EMC Maladies infectieuses, 2002, 08-516-A-10.

[28] S.H. Yu, Z.X. Jiang, L.Q. Xu, « Infantile hookworm disease in China. A review », Acta Trop, 59, 1995, p. 265-270 (DOI: 10.1016/0001-706x(95)00089-w).

[29] N. Mémain, M. Ben M’rad, P. Rouvier, J-L Pallot, « Occlusion iléale par infestation massive par des ankylostomes responsables d’une septicémie plurimicrobienne d’évolution fatale », Rev Med Interne, Oct 10, 37(10), 2016, p. 705-707.

[30] Brumpt, op.cit. 1949, I, p. 912.

[31] E. Brumpt, op.cit. 1949, p. 909.

[32] J. Guiart, op.cit. 1922, p 369.

[33] E. Brumpt, op.cit. 1949, p. 909.

[34] J. Guiart, op.cit. 1922, p. 369. 

[35] J. Callot, J. Helluy, op.cit. 1958, p. 375. 

[36] E. Brumpt, op.cit. 1949, p. 909.

[37] R. Deschiens, « L’ankylostomiase », dans M. Vaucel, CM-CMédecine tropicale, I, Flammarion, Paris, 1952, p. 217. 

[38] J. Guiart, op.cit.1910, p. 419.

[39] Brumpt, op.cit. 1949, I, p. 909-912.

[40] M. Neveu-Lemaire, op.cit. 1906, p. 280.

[41] M. Neveu-Lemaire, op.cit. 1906, p. 280.

[42] R. Deschien, op. cit. 1952, p. 217-222. 

[43] Brumpt, op.cit. 1949, I, p. 909-912.

[44] F. Dorvault 1987, p. 1367. En usage interne contre les ankylostomes, ascarides, trichocéphales, lamblias, et les oxyures (p. 80). Il est à noter que le pyrèthre est encore largement utilisé dans les pays en voie de développement, ainsi qu’en Europe et dans les pays occidentaux chez l’animal du fait de sa facilité d’utilisation.

[45] Brumpt, op.cit. 1949, I, p. 896. 

[46] Ch. Friedberg, op. cit. 1959, I, p. 365. 

 

 


 

 

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[47] Voir par exemple pour une bonne description clinique de la douleur angineuse : Ch. Friedberg, Maladie du cœur, Maloine, Paris, 1959, I, p. 483. 

[48] Voir par à ce sujet : R.-A. Jean, « Pour une introduction à la médecine égyptienne », Clystère, n° 50, mai 2016, p. 25-27 : https://www.academia.edu/37469387/CLYSTERE_N_50_-_MAI_2016_-_ISSN_2257-7459_.

[49] Voir à ce sujet : R.-A. Jean, La chirurgie en Égypte ancienne. À propos des instruments médico-chirurgicaux métalliques égyptiens conservés au musée du Louvre, Editions Cybèle, Paris, 2012, p. 18 ; — , « Anatomie humaine. Le bassin – VIII. L’appareil génito-urinaire de l’homme - Atlas (2), Atlas chirurgical - La circoncision », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 25 juin 2016, p. 17. 

[50] P-H. Consigny, « Trichinellose », dans O. Bouchaud et al., Médecine des Voyages et Tropicale, Paris, 2019 p. 107-292 (PMCID: PMC7151861).

[51] Voir par exemple : M. Guillot, Aide au diagnostic par une étude comparative des principales parasitoses cardio-circulatoires et respiratoire des carnivores domestiques, Thèse vétérinaire, Lyon I, Lyon, 2008, tableau 37 p. 74, et fig. 16 et 21 de l’annexe 1, et p. 85-86 de l’annexe 2. 

[52] R.-A. Jean, « Infectiologie (4). Quelques traces écrites possibles de la typhoïde en Égypte ancienne (1), les textes », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 16 juin 2014 ; — , « Infectiologie (5). Quelques traces écrites possibles de la typhoïde en Égypte ancienne (2), observation et analyse », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 20 juin 2014.

[53] B. Dufour, Synthèse de données et nouvelle contribution à l’étude des parasites de l’époque romaine, et apports méthodologiques de l’extraction des marqueurs au traitement des résultats, Thèse, Université de Bourgogne Franche-Comté, 2015, I et II. Ici : I, tableau 26, p. 176.

[54] Voir par exemple : E. Bouchut, 1883, Traité de diagnostic et de sémiologie, Paris, Baillière, Paris, p. 119-125 ; E.-J. Marey, Physiologie médicale de la circulation du sang basée sur l’étude graphique des mouvements du cœur et du pouls artériel : avec application aux maladies de l’appareil circulatoire, Adrien Delahaye, Paris, 1863, p. 203-245 ; P. Merklen, « Maladies du cœur », dans P. Brouardel et al.Traité de médecine et de thérapeutique, VI, Baillière, Paris, 1885, p. 32.

[55] J’ai gardé le souvenir des élèves infirmiers africains qui, aux périodes de répétitions avant les examens, me retraçaient avec le doigt dans le sable ce qu’ils avaient retenu de ce qu’ils entendaient au stéthoscope des battements cardiaques, des rythmes respiratoires, et de la prise des pouls. Leurs gestes mémorisés et retranscrits de cette manière graphique non durable correspondaient un peu et auraient presque pu être recalqués sur les anciens enregistrements papiers issus des vieux sphygmographes.

[56] R.-A. Jean, « Médecine et chirurgie dans l’ancienne Égypte », dans Pharaon Magazine, n° 11 - Novembre 2012, p. 46-51 ; — , « La médecine égyptienne – " Médecine cardiaque " : le cœur , l'infectiologie », dans Pharaon Magazine, n° 13, juin 2013, p. 42-46 ; — , « Notes complémentaires sur le cœur en Égypte », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 29 avril 2013 ; — , « Notes complémentaires sur le cœur en place, embaumé, ou perdu en Égypte », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 20 mai 2013 ; — , « La place du cœur dans les anthropologies égyptiennes et comparées. Perspective médicale », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 3 juin 2013 ; — , « Le cœur cérébral en Égypte ancienne », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 27 juin 2013 ; — , « Le cerveau cardial en Égypte ancienne », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 29 juin 2013 = http://medecineegypte.canalblog.com/pages/la-medecine-en-egypte-ancienne---ii/25975517.html

 

 

 


 

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