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Histoire de la médecine en Egypte ancienne

NEUROLOGIE - III

Plusieurs articles à suivre cette semaine sur le même sujet :

NEUROLOGIE - III

 

 OSIRIS_ok

Reliquaire de la tête d’Osiris 

Louvre N 3958, et Abydos

 

 

  • Richard-Alain JEAN, « Autour du cerveau. Chirurgie. Pharmacologie. Théodynamie », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 19 juin 2013.

 

 

AUTOUR DU CERVEAU.

CHIRURGIE. PHARMACOLOGIE.

THÉODYNAMIE.

 

Richard-Alain JEAN

 

 

1. CHIRURGIE

 

1.1. Abord chirurgical

 

Les textes chirurgicaux décrivent des traumatismes cervicaux, crâniens et faciaux (p.Smith) [1].

Fracture et luxation cervicales.

Embarrures avec hématomes.

Embarrures avec lésions ouvertes.

Fractures compliquées du crâne, du rocher, de la face.

Observations chirurgicales décrites, explorations des plaies, sondages instrumentaux.

Dans les fractures comminutives du crâne, les esquilles étaient respectées.

Sutures du cuir chevelu non contus [2].

Pose de bandes adhésives pour rapprocher les berges des plaies non contuses.

Traitement superficiel antiseptique et hémostatique.

Pansements spéciaux.

Un traitement général était entrepris (cf. infra : Pharmacologie).

Les suites opératoires étaient surveillées (position, hydratation, nutrition) [3].

Constatations d’infections.

Description du tétanos céphalique [4].

Le traitement pouvait rester compassionnel.

Des supports en adobe pouvaient être confectionnés pour aider une personne gravement blessée à la tête à rester en position verticale.

 

 1.2. La trépanation

 

La trépanation n’était pas pratiquée en Égypte pharaonique, ou bien à titre exceptionnel (peut-être un ou deux cas répertoriés) [5], et ceci probablement par « sagesse thérapeutique ».

 

 1.3. Les excérébrations

 

Les chirurgiens ont préconisé une voie d’abord trans-ethmoïdade après effondrement de lame pour pratiquer l’ablation du cerveau à l’occasion des meilleures momifications. L’apparence de la tête était alors sauvegardée.

Moins accessible car il nécessite une désarticulation cervicale haute, le trou occipital (foramen magnum) pouvait être emprunté pour le même usage. Il le fût plus rarement.

Les opérateurs avaient forgé des instruments métalliques particuliers en forme de crochets plus ou moins enroulés sur eux-mêmes à une extrémité pour battre les tissus cérébraux et les tirer vers l’extérieur [6].

Des produits pouvaient alors être introduits dans la cavité ainsi ménagée à l’aide d’un cuilleron spécial à double col.

Parfois, un méchage était introduit, puis retiré, ou laissé en place.

Des masses solidifiées sont assez souvent visibles à la radiologie.

La tête pouvait ensuite être assez savamment bandelettée [7].

 

2. PHARMACODYNAMIE

 

Les spécialistes pouvaient prescrire des substances neurotropes. Pour les égyptiens, ces médications intervenaient sur le « mal douloureux » dont celui de la tête qui était l’un des principaux exemples, puis, sur la « disponibilité tonique générale » en intervenant sur les mtw. Des substances étaient connues pour « monter à la tête », d’autres étaient comprises comme « relaxantes locales ». L’organe cible central au sens où nous l’entendons maintenant n’était probablement pas spécifiquement impliqué, mais la « tête », son contenu, puis un système organique diffus et répandu dans tous le corps, c’est-à-dire « l’organisme (jb) » étaient visés, ainsi que des composantes musculaires et tendineuses. Ces molécules pouvaient aussi provoquer des effets cardiovasculaires et respiratoires, surtout quand les dosages étaient incertains. En effet, même administrés avec prudence, les produits étaient susceptibles de donner des effets naturels ou secondaires qui ont pu ajouter à la confusion cœur / cerveau et mtw vides (vaisseaux) / mtw pleins (nerfs, muscles). Cependant, plusieurs végétaux « calmants » ont été identifiés et leurs effets « atoniques » également recherchés. Il faut ici ajouter que des matières médicales agissant seulement sur le cœur étaient également connues. Une certaine différentiation organique était donc possible pour les savants. Le discernement de l’action d’une drogue sur un élément anatomique précis pour le réguler fonde la pharmacodynamie vraie en Égypte. Des dépassements quantitatifs avaient aussi été repérés, comme par exemple ceux des bières et des vins. Il faut aussi rappeler que la science des poisons est née en Égypte, et que bien utilisés, ces toxiques peuvent aussi parfois sauver.

 

2.1. Un antidouleurs simple

 

Je ne citerai ici que le saule (Salix subserrata Willd[8]. Rappelons que cette plante contient du salicoside, du salicortine qui se transforme en salicoside en milieu sec à température élevée [9]. Tout le monde connaît l’acide salicylique avec l’aspirine.

Il faut noter que les formulations que nous possédons sont destinées à un usage local, un peu à la façon des prescriptions extrême-orientales, mais nous ne possédons, hélas, pas tous les écrits.

 

2.2. Les drogues apaisantes

 

Pour les juifs et les chrétiens croyants, la première anesthésie de l’histoire remonte à la torpeur administrée par Dieu à Adam (Gn 2,21) afin d’extraire son côté, refermer la plaie opératoire, et en « bâtir » la femme (Gn 2,22). Cette mise en sommeil transitoire n’en représente pas moins un geste « humaniste » de la divinité à l’égard de sa création. Il faudra cependant un certain temps à l’homme pour comprendre et apporter à ses congénères la même insensibilisation passagère à l’aide de l’arsenal naturel qui l’entoure.

 

2.2.1. Les composés volatiles

 

L’alchimie du Moyen Âge résulte d’un héritage antique dont les théâtres opératoires se situaient originellement en Égypte, en Mésopotamie, probablement aussi en Asie. Elle sera transmise par les Grecs, les Perses et enfin les Arabes. Car, en effet, pour les produits issus de l’alchimie en Occident à partir des collationnements réunis à Alexandrie au ixe siècle, il faut attendre, par exemple, les relectures d’Albertus Magnus (1183-1280) ou de Theophraste Bombast von Hahenhein dit Paracelse (1493-1541) qui décrit en particulier « une agréable essence avec une odeur plaisante » résultant de l’action de l’Huile de Vitriol (acide sulfurique) sur la quinta essentia (alcool), c’est-à-dire du « doux vitriol » ou Éther. Notons toutefois que le « doux vitriol » était déjà connu du Catalan Lullius (1232-1315) et que la synthèse de « l’essence douce de vitriol » est énoncée par l’apothicaire allemand Valerius Cordus en 1540 [10].

 

2.2.2. L’alcool

 

L’alcool est sans doute le premier extrait modifié de plante utilisé afin d’obtenir un engourdissement général plus ou moins profond. Il pouvait être obtenu en Égypte par la fermentation du raisin et de différents autres végétaux afin d’obtenir les vins correspondants, et aussi des bières plus ou moins fortes à base de pains de céréales. Son action était pharmacologiquement bien comprise comme privative de sensibilité (lit. « Tu es comme un naos privé de son dieu ») [11].

 

2.2.3. Les extraits végétaux

 

Certains effets ont dû être recherchés par l’inhalation de substances végétales à l’aide d’éponges imprégnées. Une éponge figure bien sur un des plateaux chirurgicaux du temple de Kôm-Ombo [12]. Quelques potions ont également dû être données per os à des fins d’insensibilisation.

Parmi les plantes disponibles à différentes époques en Égypte, on peut noter les lotus (Nymphéacées), le chanvre (Cannabis sativa L.), la myrrhe (Commiphora), auxquelles il faut ajouter des Papaveraceae avec le pavot (Papaver somniferum L.) et le coquelicot (Papaver rhoeas L.), des Solanacées comme la mandragore (Mandragora officinalis L.), la morelle noire (Solanum nigrum L.) et la jusquiame (Hyoscyamus niger), puis, certaines laitues (Lactuca virosa L. et Lactuca sativa L.).

 

Le chanvre. — Cannabis sativa L., déjà étudié ailleurs en détail [13], possède, rappelons-le ici, du tétrahydrocannabinol qui exerce une action analgésique comparable à celle de la morphine, avec des effets secondaires immédiats relativement peu importants [14]. Il aurait également des potentialités thérapeutiques antiémétiques (D9-THC), antiglaucomateuses, antiasthmatiques, anticonvulsivantes, spasmolytiques, et orexigènes (cannabinoïdes et analogues structuraux). Enfin un autre constituant, le CBD a été testé dans le traitement de l’épilepsie [15].

 

La myrrhe. — Commiphora myrrha Engl., C. opobalsamum Engl., C. Jacq., que j’ai également eu l’occasion d’étudier d’un façon un peu approfondie [16], contient du furanoeudesma-1,3-diene qui a une action analgésique proche de celle de la morphine [17].

 

Les Solanacées. — Parmi les Solanacées [18], la jusquiame et la mandragore [19] contiennent des parasympatholytiques comme l’atropine (jusquiame), l’hyosciamine (jusquiame, mandragore), deux fois plus active que l’atropine dont elle possède l’ensemble des propriétés (mais plus toxique), la scopolamine (jusquiame, mandragore), qui exerce une action sédative centrale plus marquée que l’atropine et provoque une amnésie particulièrement utile en anesthésie. Cette dernière substance s’oppose également à une dépression respiratoire provoquée par les morphinomimétiques du pavot. La morphine (parmi les alcaloïdes totaux du pavot) possède une puissante action analgésique accompagnée d’effets euphorisants et anxiolytiques [20].

 

Les Nymphéacées. — Nymphaea coerulea Sav. (bleu), Nymphaea lotus L. sont connu depuis longtemps pour les propriétés narcotiques faibles de leurs alcaloïdes. Leurs rizomes renferment des alcaloïdes sesquiterpéniques. Quant au Nénuphar, Nymphaea alba L. il contient des alcaloïdes comme la nuphamine et la nymphéine. Ils sont sédatifs, anaphrodisiaques, au point d’avoir été utilisés par les ermites égyptiens, et à leur suite, les moines médiévaux. De nouvelles expériences on confirmé certaines de ces données, avec probablement aussi la présence de molécules aphrodisiaques dans les pétales de lotus [21].

 

Les laitues. — Le latex de la laitue vireuse (Lactuca virosa L.) [22] contient de l’hyoscyamine et du lactucarium dont des lactones sesquiterpéniques du groupe des guaïanolides lui donnant son amertume [23]. Propriétés sédatives et légèrement hypnotiques. J’en reparlerai à propos du dieu Min.

 

2.3. Les moyens physiques apaisants

 

Dans une scène de circoncision égyptienne de Saqqâra (mastaba d’Ânkhmahor), l’opérateur applique une sorte de tampon sur la partie à opérer pour obtenir une sédation locale : ce bas-relief représente peut-être une faible cryo-anesthésie obtenue avec un mélange de « pierre de Memphis » calcaire (Dioscoride, V, 158) et de vinaigre dégageant de l’acide carbonique (Pline, HN, XXVI, 7). Or nous savons qu’à l’état natif, le CO2 agit plus efficacement que par projection gazeuse. Cette anesthésie de surface pourrait bien être doublée par l’introduction d’une préparation dans le sillon balanopréputial comme peut aussi le suggérer un autre exemple figurant sur une paroi du temple de Mout à Karnak.

On trouvera bien d’autres renseignements historiques dans un ouvrage de 2010 [24].

 

2.4. Les moyens moraux apaisants

 

Dans son exercice chirurgical, le médecin obéit aux mêmes contraintes civiles et religieuses que dans la production des actes plus courants ou spécialisés. Les acteurs se placeront donc sous la protection de Rê, d’Horus, d’Isis, de Thot et de bien d’autres divinités. Des formules magiques spéciales existent même pour protéger le médecin, une façon de ne pas trembler ! De plus, si l’opérateur est un « prêtre pur de Sekhmet », la protection de cette déesse léonine sanguinaire est sûrement évoquée. De même, si l’intervention est pratiquée par un « prêtre pur d’Onouris », le dieu piquier pouvait participer à harponner le mal [25]. Ainsi « l’assurance » médico-magique des parties en présence est-elle, en gros, équivalente. La charge émotionnelle et psychologique d’ordre théosuggestive potentialise l’effet probable des drogues végétales employées à cet effet. Un calme relatif se doit d’être obtenu en combinant tous ces effets.

 

2.5. Un antiparkinsonien ?

 

La plante bddw-kȝ (Cocculus hirsutus Diels ?) pourrait bien avoir été comprise pour avoir une activité pour nous de nature dopaminergique et utilisée comme telle (pEbers 856f. 103 11-13). J’ai déjà eu l’occasion de le signaler [26].

 

3. THÉODYNAMIE

 

Ô mon cœur (jb) je suis ton maître !

 

Contrairement à son apparence, cette exclamation du défunt ne correspond pas à une concession du clergé subjugué par une certaine indépendance de l’organe « Seigneur » et de son action sur tous les autres viscères « seigneurs » eux aussi capables d’une certaine autonomie [27]. Simplement, ce « Seigneur organique » devait trouver dans son « possesseur » un vrai « Maître » qu’il ne trahirait pas dans l’au-delà en raison de la pression que ce dernier lui intimerait, avec l’aide des dieux, juste avant sa pesée. C’est en ce sens que la « personne » prit le pas sur l’organe dans le domaine religieux. Ce fait n’en est pas moins remarquable car cette notion a dû susciter, au moment de son adoption, à très lointaine époque, bien des discours. Paradoxalement, c’est peut-être le cœur lui-même, craignant la Grande Dévoreuse, qui inspira cette solution aux prêtres satisfaits de faire ainsi s’en échapper l’être en son entier. Il restait à définir alors, ce qui dans l’homme, pouvait espérer dominer la situation.

Dans la théologie égyptienne, la tête, et donc son contenu, a bien un rôle « superviseur ». Le « chef » qui est « en avant » de la file est bien considéré en fait comme « dominant toute chose ». Il se situe « au-dessus » des autres. Par exemple, Horus l’héritier solaire est donné comme Celui qui préside : « à la tête de l’Ennéade … Je suis votre maître, celui qui est au-dessus de vous » (CT VI, 270 p et t-u = Sp. 648) [28]. Cette « tête » est comprise avec sa « face » comprenant tous les centres nerveux nécessaires au commandement : la vue, l’odorat, l’ouïe, le toucher, la réflexion, la mimique, l’ordre oral. Or, la dissection animale révèle au moins la continuité des globes oculaires et des lobes cérébraux en avant. Ainsi la proximité du cerveau et des organes du pouvoir (avec la force) ne pouvait pas passer inaperçue.

La mythologie nous enseigne que même les dieux, qui ont pourtant une notion très malléable de leur corps, ne sont pas exempts de réaction à l’occasion d’une atteinte de la tête. Par exemple, Isis décollée par un coup de sabre ne s’en trouve pas moins « statufiée » (pChester Beatty I : 3. 9,9-10) [29]. Ce fait fatal pour nous autres mortels est ensuite dépassé par la « Grande en magie » et le même document nous raconte que le dieu Seth, après avoir mangé de la romaine sur laquelle Isis pour venger son fils de son viol avait répandu de la semence d’Horus, se retrouva « enceinte » (ʿḥʿ jwr=tj) (11,12) [30]. Il faut ici rappeler que du légume de Min s’écoule une laitance – dont le dieu guerrier a davantage besoin à mon sens pour calmer ses douleurs résiduelles, bien connues même longtemps après une désarticulation de l’épaule avec ablation totale du membre supérieur – que visiblement dans ses représentations, de stimulants sexuels. Cette laitance donc, si elle rappelle le sperme, rappelle aussi la mœlle et le reste des tissus cérébraux internes crus en boucherie ou malaxés à l’occasion d’une excérébration dont les égyptiens avaient le secret. Or, ces derniers pensaient à Basse Époque, et probablement à partir d’une tradition thébaine, que le sperme provenait des os. Fr. Daumas [31] indique par exemple qu’à Esna, Khnoum est le « Bélier auguste qui instille la semence dans les os » et qu’à Edfou, il « crée la semence dans l’os pour faire se développer l’enfant ». Après l’étude de S. Sauneron [32], J. Yoyotte [33] a montré l’importance de la mœlle des os pour la formation de la semence masculine ainsi que sa collection dans la colonne vertébrale. Ces notions se retrouveront plus tard dans l’antiquité. Cette « jonction » n’est pas surprenante car la création (et donc la reproduction) vient de la tonicité même de l’individu et qui peut être définie comme le souhait « Vie, Santé, Force ». La réactivité et le maintient de la tonicité peuvent donc être gouvernés par la « matière blanche ». Dans la suite des « Aventure d’Horus et de Seth », à la commande de Thot, la semence d’Horus en Seth refusant de s’échapper par son oreille, bourgeonne au vertex (wpt) du dieu [34]. Il faut remarquer ici que du sperme liquide blanc, après gestation dans le corps de Seth, naît un disque d’or solide de la couleur de la chair des dieux. On pourrait gloser « passer de la matière blanche à la matière grise à la manière des dieux » avec ce que cela comporte de connaissance de soi, la mémoire et l’intelligence de ce qui fait la « personnalité divine » injectée sous forme de Jb à l’occasion d’une fécondation réputée normale chez un modèle humain (rapport sexuel homme - femme). Cette transmutation est prise au sérieux par Thot qui s’empare de cette « connaissance » (résultante sexuelle maturée des deux consciences) pour la ceindre comme couronne. Se réservant la contenance des deux sciences à usage solaire devant le tribunal de Rê. Ce cheminement spinocérébrale peut éclairer la localisation de la conscience ontologique au moins d’une manière partielle, et donc d’une certaine façon faire admettre une notion centrale à localisation crâniorachidienne : le cerveau et la mœlle épinière, avec un rôle propre.

Il est possible que la couronne blanche puisse être comprise également comme une « excroissance » des capacités à gouverner grâce à la bonne connaissance des choses et la maîtrise physique sur le réel (force). Osiris, qui porte une couronne haute nous donnera très probablement la réponse en la représentation de sa tête en son reliquaire comme un cerveau dans sa boîte crânienne [35]. Il peut être supporté par le fétiche représentant sa colonne vertébrale et donc renfermant la mœlle épinière qui peut apparaître au centre de sa partie supérieure lésée. L’ensemble nous donne le système nerveux central. Il faudrait aussi aborder la raison ultime de certaines nécessités des « têtes de remplacement », mais c’est une autre histoire …  Assurément, ce qui fait « tête » fait « force », c’est la définition du « chef », et c’est du « chef » que viennent les « ordres ». Nous avons vu que le cœur « parle » dans les vaisseaux (mtw) : le cerveau à son image pouvait-il déjà communiquer par les nerf (mtw blanc) [36] ? Cela est possible si l’on en juge au travers de la clinique neurologique développée par les médecins de l’époque. Ainsi, la tête humaine figure bien dans les listes hiéroglyphiques (D1, D2 …), contrairement au cerveau qui en semble absent tout en étant « compris » en elle. Cependant pour des raisons théologiques, il restera le caché, celui qui est normalement « extrait » de l’individu après sa mort et qui continuera à être représenté par son cœur. En conséquence, le cerveau mort d’Osiris restera confiné dans son vide sidéral et restera supplanté par le cœur solaire. Les autres défunts à sa suite se réclameront de la même solarisation.

Finalement, ce « vœux pieux » ne nuit que partiellement au savoir médical et il faudra toute l’astuce du clinicien pour persister à ne le nommer vraiment dans ses œuvres.

 

NB : Comme beaucoup des travaux destinés à être intégralement imprimés dans la collection des " Cahiers Intégrés de Médecine Égyptiennes " (CIME[37], avec les textes hiéroglyphiques, les apparats critiques complets et l’iconographie, quelques petites parties de cette étude ont déjà été publiées. Elles n’ont pas toutes été reproduites. Ainsi, la bonne compréhension de cet article abrégé nécessite par exemple la lecture préalable de : R.-A. JEAN, « Médecine et chirurgie dans l’ancienne Égypte », dans Pharaon Magazine, n° 11 - novembre 2012, p. 46-51.



[1] Les principales références ont déjà été données : R.-A. JEAN, « Autour du cerveau. Clinique médicale. Clinique chirurgicale », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 18 juin 2013.

[2] Voir aussi : R.-A. JEAN, À propos des objets égyptiens conservés du musée d’Histoire de la Médecine, Paris, éd. Université René-Descartes – Paris V, Paris, coll. « Musée d'Histoire de la Médecine de Paris », 1999, p. 16-25.

[3] Voir aussi : R.-A. JEAN, La chirurgie en Égypte ancienne. À propos des instruments médico-chirurgicaux métalliques égyptiens conservés au musée du Louvre, Éditions Cybele, Paris, 2012, p. 28-34.

[4] JEAN op. cit. 18 juin 2013.

[5] Mais ces cas restent à prouver. Finalement, les examens histologiques pratiqués sur d’autres crânes de momies égyptiennes datant des époques pharaoniques ne confirment pas de débuts de cicatrisations osseuses ante mortem. Les coupes que j’ai pu examiner au Caire avec Fawzia Hadge-Din ne montrent pas d’éléments favorables à cette thèse. Il en va de même pour les sujets que nous avons étudiés datant des Basses Epoques. Beaucoup d’études seraient à reprendre.

[6] JEAN op. cit. 2012, p. 115-126.

[7] Je renvoie aux ouvrages et articles spécialisés pour plus de détails.

[8] JEAN, LOYRETTE op.cit. 2010, p. 272, 332-233, 351, 354, 432, 437, 474.

[9] BRUNETON op.cit. 1999, p. 253.

[10] Voir par ex. pour tout cela : M.-L. Baur, Recherches sur l’histoire de l’anesthésie avant 1846, Leiden, 1927.

[11] Recommandation à l’apprenti scribe. Vernus 2010, p. 481.

[12] JEAN op. cit. 1999, pl. II D p. 32 et fig. 51 p. 74 ; 2012 (Chirurgie) ; 2012 (Ph. Mag.) p. 50-51.

[13] JEAN, LOYRETTE op.cit. 2010, p. 394-398 et 410-412.

[14] I. D. Meng, « An analgesia circuit activated by cannabinoids », Nature, 24 sept. 1998, p. 381-383 ; W. Hamann et P.P. di Vadi, « Analgesic effect of the cannabinoid analogue nabilone is not mediated by opioid receptors », Lancet, 13 février 1999, p. 24 et 560.

[15] BRUNETON 1999, p. 455.

[16] JEAN, LOYRETTE op.cit. 2005 (ERUV III), p. 430-442 et tableaux 13a p. 454-455 et 13b p. 456.

[17] P. Dolara, Phytotherapy Research 10, 1996, p. 81-83 ; J. Bruneton, op. cit. 1999, p. 581.

[18] J. Bruneton, op. cit. 2001, p. 481-518 ; Id., Pharmacognosie. Phytochimie. Plantes médicinales, Paris, 1999, p. 811-832.

[19] JEAN, LOYRETTE op.cit. 2010, p. 79-88.

[20] Ibid., p. 924-948.J. Bruneton, op. cit. 2001, p. 397-403.

[21] JEAN, LOYRETTE op.cit. 2010, p. 48-49 ; 72-75. Voir aussi les travaux de G.A. Gabaula et de R. David. facilement accessibles par exemple dans le film : http://www.youtube.com/watch?v=FUf6yfD2lZg&feature=youtu.be. Cependant, des études cliniques plus approfondies sont en cours. J’aurai l’occasion d’en reparler prochainement.

[22] F. Gonzalez, A. Valendon, Int J crude Drug Res, 1986, 24, p. 154-166.

[23] Voir aussi par exemple : M.E. Mullins, B.Z. Horowitz, « The Case of the Salad Shooters : intravenous Injection of Wild Lettuce Extract », Vet Hum Toxicol, 1998, 40, p. 290-291.

[24] JEAN, LOYRETTE op.cit 2010, p. 431-460.

[25] Richard-Alain JEAN, À propos des objets égyptiens conservés au Musée d’Histoire de la Médecine, Université Paris V, Paris, 1999, p. 14-15, 38-42.

[26] JEAN, LOYRETTE op.cit 2010, p. 174-179.

[27] R.-A. JEAN,« Notes complémentaires sur le cœur en place, embaumé, ou perdu en Égypte », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 20 mai 2013 / Publication électronique : http://medecineegypte.canalblog.com/, avec références.

[28] de Buck 1935-1961, VI, Sp. 648 (G1T). Faulkner 1973, II, p. 224. Barguet 1986, p. 217. Carrier 2004, II, p. 1480-1481.

[29] Voir par exemple, M. Broze, Les aventures d’Horus et de Seth, OLA 76, Peeters, Leuven, 1997, p. 80.

[30] Broze op. cit. 1997, p. 92-93.

[31] Fr. Daumas, Les mammisis des temples égyptiens, AUL, Les Belles Lettres, Paris, 1958, p. 430 et n. 1.

[32] S. Sauneron, « Le germe dans l’os », BIFAO 60, 1960, p. 19-27.

[33] J. Yoyotte, « Les os et la semence masculine. À propos d’une théorie physiologique égyptienne », BIFAO 61, 1962, p. 139-146.

[34] Broze op. cit. 1997, p. 96-100.

[35] En effet, rien ne nous indique que le crâne d’Osiris soit exérébré. Dans l’esprit, il était plutôt « rassemblé » par les déesses. Ensuite, même si l’on en retrouvait un jour la notion, cette intervention aurait été préconisée par un clérgé solaire et tenante du cœur.

[36] R.-A. JEAN, « La médecine égyptienne – " Médecine cardiaque " : le cœur, l'infectiologie », dans Pharaon Magazine, n° 13, juin 2013, p. 48.

[37] ISBN 978-2-9541072-2-6 ; EAN 9782954107226 ; http://integremedegypt1.canalblog.com/archives/2013/06/06/27345314.html

 


 

 

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