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Histoire de la médecine en Egypte ancienne

ANATOMIE HUMAINE - LE RACHIS - II - ATLAS

Article complet du lundi 16 mars 2015 :

ANATOMIE - LE RACHIS - II - ATLAS

 

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  • Richard-Alain JEAN, « Anatomie humaine. Le rachis - II. Atlas anatomique égyptien commenté », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 16 mars 2015. 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

ANATOMIE HUMAINE

LE RACHIS - II

ATLAS ANATOMIQUE ÉGYPTIEN COMMENTÉ

 

 

Richard-Alain JEAN

 

 

          Dans la deuxième partie de cet Atlas, nous regarderons comment les dos des dieux, des rois, des nobles, des scribes, puis des laborieux, sont représentés dans la statuaire, les peintures ou le dessin, et comment les rachis normaux ou pathologiques s’y reflètent.

         La myologie et l’ostéologie seront à nouveau rapidement évoquées d’une façon complémentaire. La moelle épinière et les nerfs rachidiens seront ici plus particulièrement étudiés, mais de manière macroscopique et donc sans outils particuliers, c’est-à-dire, comme les Anciens devaient savoir le faire au cours de dissections simples, animale et humaine.

         Et enfin, quelques exemples de problèmes vertébraux décelables dans l’art seront présentés tout au long de cet article, et quand cela est possible à partir d’objets du Musée du Louvre, ou d’ailleurs.

 

 


 

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         1. Le dos

 

         La colonne vertébrale du dos humain n’est souvent représentée que par la dépression que forme l’épine dorsale entre les masses musculaires latérales. Les unités osseuses sont peu souvent marquées. Les côtes sont parfois visibles, et dans quelques cas, on devine les sites fondus profonds des articulations costo-vertébrales (Sphinx du Louvre, M.E., A 21). Notons que les formations pathologiques sont exceptionnellement évoquées chez les personnes de qualité.

 

         1.1. Les dos des dieux

 

         Les dos des dieux et des déesses sont montrés bien droits avec un pli vertébral reflétant un rachis d’une rectitude idéale, comme celle d’Osiris (Fig. 2). Beaucoup plus rarement, quelques reliefs sacrés peuvent transparaître, ainsi le promontoire (base supérieure de S1) avec une fossette médiane (Isis, fig. 2). Il arrive encore que l’aspect massif des corps vertébraux soit privilégié au détriment de la visibilité des saillies des processus épineux (Fig. 3).

 

 

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         1.2. Les dos des rois

 

         La rectitude des épines dorsales royales reproduit l’idéal des statures divines. Cependant, le rachis est très souvent masqué par une structure longitudinale postérieure gravée. Dans ces conditions, seules quelques petites statues nous en livrent le relief simplifié, et où la première vertèbre thoracique se laisse quelquefois deviner (Fig. 5-6).

 

 

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         1.3. Les dos des nobles

 

         Le plus souvent nettement plus accessibles dans leurs représentations, les dos des nobles personnages évitent vraisemblablement de montrer quelques déformations. Ils imitent en cela les royales évocations, bien conformes à l’image osirienne, telle que l’on doit l’emporter dans l’au-delà (Fig. 7-10).

 

 

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         1.4. Les dos des scribes

 

         Beaucoup plus souvent représentés nus, les dos rectilignes et parfois empâtés des scribes contrastent volontairement quelque peu avec les dos des autres travailleurs. Par exemple, le très célèbre scribe accroupi du Louvre nous présente une colonne vertébrale sans défaut, mais aussi sans trop de reliefs, avec une taille également bien confortable où les tissus sous-cutanés adipeux soustraient les plus importants détails anatomiques (Fig. 11). Quand il s’agit d’un haut responsable des écritures, le style de sa statuaire approche volontairement celui des nobles (Fig. 12).

            Nous verrons après que les dos des travailleurs manuels sont traités différemment et avec moins d’égard, mais sans doute d’une façon plus représentative de la réalité. La main de l’artiste ne se retenant pas alors à laisser transparaître quelques défauts ou pathologies visibles aux yeux de tous. Et ceci, sans parfois un certain humour sur les ostraca, mais sans toutefois en systématiser des reproductions, comme les rapporteront plus tard les figurines grotesques grecques. Ou alors, seulement dans le domaine sexuel, et pour des raisons prédictives de fertilités espérées.

 

 


 

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         1.5. Les dos des laborieux

 

 

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         2. Myologie

 

         Nous avons déjà vu, à propos de la ceinture thoracique, que les Égyptiens avaient assez bien compris la musculature superficielle du dos. Je ne montrerai donc ici qu’une synthèse où sont surtout signalées les attaches vertébrales qui s’étagent tout le long de celle-ci, c’est-à-dire de la région occipitale au sacrum (Fig. 17 a et b). Les muscles profonds ne seront figurés que dans une coupe, dans la mesure où les anciens ont sûrement aperçu les longs muscles para-vertébraux verticaux, mais probablement sans avoir trop cherché à les isoler chacun. Le psoas a été resignalé en interne (Fig. 18), tout comme le diaphragme en raison de sa valeur de repérage et de sa situation frontière (Fig. 19).

 

 

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         2. Ostéologie

 

         La structure osseuse rachidienne avait été commentée, je n’ajouterai que peu de choses.

 

 

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         Abréviations :

 

         C0 = région articulaire occipito-cervicale.

         C = vertèbres cervicales (C1 = 1ère v. cervicale ; C2 = 2ème v. cervicale …).

         T = vertèbres thoraciques (Dorsales)

         (T1 = 1ère v. thoraciques ; T2 = 2ème v. thoraciques …).

         L = vertèbres lombales (Lombaires) ( " ).

         S = vertèbres sacrales (Sacrées) ( " ).

         Promontoire = partie antérieure de la base du sacrum.

         SCo = vertèbres coccygiennes ( " ).

         Cx = côte (CI = 1ère côte ; CII = 2ème côte ; CIII ; CIV… ).

 

 


  

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         3. La moelle épinière et les méninges

 

         3.1. Situation et organisation

 

         Issue du tronc cérébral, la moelle spinale est logée dans le canal vertébral (Fig. 23-24B). Elle est longue de quarante-deux à quarante-cinq centimètres chez l’adulte. De forme cylindrique légèrement aplatie, son diamètre transversal est de 10 millimètres, sauf aux niveaux des deux intumescences – l’une se produisant au niveau cervical (C4-T1), et l’autre au niveau lombal (T10-L1) – où elle atteint alors quatorze millimètres. Son corps se termine par le cône médullaire, le plus souvent en regard du disque L1-L2. S’en échappent trente-et-une paires de nerfs spinaux (rachidiens), dont les derniers forment la « queue de cheval » (Fig. 24A-B). Cette dernière devait avoir une résonance particulière.

         Cet organe fragile est enveloppé par les méninges (Fig. 25). Nous avons vu que ces dernières sont formées par la pie-mère qui est à son contact direct, de l’arachnoïde comprenant le liquide cérébro-spinal (LCR) dans son espace interne, puis, de la solide dure-mère [1]. Des vaisseaux et des tissus adipeux comblent le reste des espaces osseux libres (Fig. 37, 34, 39).

 

 

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          3.1. Histologie macroscopique

 

         Ces détails sont tout à fait visibles à l’œil nu. Cependant, l’observation des ganglions spinaux (rachidiens) et des filets radiculaires réclament plus d’attention à l’observateur.

 

 

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         3.2. Dissection

 

         La curiosité des hommes envers la nature et leurs semblables est bien connue. Il est pratiquement impossible, et depuis les temps les plus reculés, que d’aucun ne se soit employé à en percer le mystère, à commencer par le chasseur, le boucher, et enfin, le médecin [2]. Le premier utilisera un silex, le deuxième un couteau de silex ou de métal, et le troisième, plusieurs lames de plus en plus fines, des aiguilles, des pincettes, des sondes et des spatules comme savaient en réaliser les Égyptiens. Et rien d’autre que cela. Ainsi, au cours d’une simple étude visuelle et muni d’un couteau bien aiguisé, il est relativement facile d’ouvrir un rachis aux niveaux osseux les moins résistants, c’est-à-dire en s’attaquant aux « lames vertébrales », comme je l’indiquais dans l’article précédent. On aborde de cette façon peu à peu la moelle épinière fraîche. Cela était donc à la portée des Anciens.

         On découvre alors que la moelle est irriguée sur toute sa longueur, et après avoir rompu la première membrane, qu’elle baigne dans un peu de liquide. Cette peau blanche est percée pour livrer le passage à chaque fois à deux nerfs latéraux. Si on regarde bien, ils sont formés chacun de deux racines se dirigeant vers la moelle. L’une est postérieure (dorsale) et elle possède un renflement ganglionnaire. L’autre, qui est simple, se trouve en situation antérieure (ventrale). Si on essaie de les poursuivre encore vers la moelle, ils se divisent tous en « filets radiculaires » pour s’y fixer à chaque fois longitudinalement. Mais à cet endroit, il faut regarder encore plus attentivement. Après cette opération, et si elle est menée de haut en bas, il est toujours loisible de compter les « paires rachidiennes » qui se termineront en bas en forme de « queue de cheval » dès les premières vertèbres lombaires.

         En sectionnant la moelle, et ceci il faut le souligner, même à l’état frais, on distingue sans peine une forme centrale rosée qui a l’aspect d’un papillon dont les deux ailles ouvertes occupent le centre d’une « substance blanche ». Il s’agit de la « substance grise ». Si l’on coupe une tranche de trois ou quatre millimètres d’épaisseur pour l’examiner de plus près, et en la disposant par exemple sur une spatule, on voit tout de suite une bulle se produire au milieu. Cela nous fait découvrir un « canal central » normalement virtuel. En regardant les ailes rosées, on remarque que les deux homologues postérieurs sont plutôt en pointes et que les deux antérieurs sont plus arrondis. Ce sont les « cornes ». Si l’on fait plusieurs coupes à différents étages, on se rend compte que cette forme change, mais qu’elle garde finalement son aspect général déployé, et où des « cornes latérales » sont plus ou moins marquées. De plus, le diamètre de la section sera plus important à un niveau cervical, puis à un niveau lombaire. Quant à la « matière blanche », elle s’ouvre toujours sur la face antérieure par un grand « sillon ventral », et sur la face postérieure par un « sillon dorsal » beaucoup plus resserré.

         Il faut ensuite se retourner vers le canal osseux vertébral pour voir que les parties distales des cordons nerveux que nous avons sectionnés s’insinuent dans les « trous de conjugaison » disposés tout le long à la faveur des espaces articulaires. Il faut aussi observer les principaux éléments osseux avec les apophyses, les disques intervertébraux qui crissent et éclatent sous les doigts, les trabéculations, les trous nourriciers, éventuellement les cartilages épiphysaires (de conjugaison), les graisses …

         J’ai illustré cette dissection, d’abord avec une gravure de Gérard de Lairesse trouvée dans un ouvrage publié à Amsterdam en 1685 (Fig. 27 a), car il ne disposait pas vraiment de moyens supplémentaires à cette époque, sinon peut-être d’une loupe en verre. Elle est comparée à un cliché moderne (Fig. 27 b). Ensuite, afin de vous en donner quelques photos, je me suis attaqué à une épine dorsale de porc, puis de veau – sans autres instruments que ceux dont disposaient nos confrères égyptiens (Fig. 28-39). Et enfin, je rapporte deux clichés humains (Fig. 40-41).

 

 


 

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         3.2.1. Passons aux travaux pratiques :

 

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         3.2.2. Dissection humaine

 

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         4. Les problèmes vertébraux

 

         La colonne vertébrale est susceptible d’être déformée en raison de multiples facteurs, dont, le port, très tôt, de charges lourdes. Cela entraîne de graves altérations, à la fois au niveaux du rachis et du bassin [5]. Nous verrons bientôt que chez la femme, dans ce dernier cas, les répercutions obstétricales sont certaines. Les hernies discales devaient être fréquentes, les arthroses et les arthrites également. Les documents muséologiques égyptiens qui montrent des sujets bossus (Fig. 45-48) ou présentant par exemple une cyphose (Fig. 16), une scoliose (Fig. 56) ou une lordose (Fig. 42 et 43-44 a et b [6] ) sont assez rares – en raison des représentations souvent « idéales » des sujets humains de la haute société. Elles le sont plus souvent chez les travailleurs, chez qui elles sont parfois détectables. Nous avons déjà vu les dégâts occasionnés par le mal de Pott [7] (Fig. 49-53), ainsi que les complications neurologiques engendrées en traumatologie [8]. J’aborderai à nouveau les pathologies médicale et chirurgicale, et de façon bien plus compète dans un autre travail.

          En ce qui concerne les objets du Musée du Louvre, je ne sélectionnerai surtout ici que quelques exemples de personnages exécutant des travaux à risques potentiels pour la statique rachidienne (Fig. 42, 54-58). J’ajouterai également quelques modèles appartenant à d’autres musées et rencontrés à l’occasion de leurs visites où lors d’expositions.

 

 

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         Rappel simplifié des déviations de la colonne vertébrale :

 

         - La scoliose correspond à une déviation du rachis dans le sens transversal.

         - La cyphose montre une déviation de la colonne vertébrale à convexité postérieure

           (dos rond, bossu).

         - La lordose désigne une exagération de la courbure antérieure du rachis lombaire

           (amplification de la cambrure du bas du dos).

 

 

 

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[1] Richard-Alain Jean, « Anatomie humaine. Le rachis - I », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 25 février 2015, p. 6-11 et fig. 13a.

[2] Richard-Alain Jean, La chirurgie en Égypte ancienne. À propos des instruments médico-chirurgicaux métalliques égyptiens conservés au Musée du Louvre, Éditions Cybele, Paris, 2012, p. 11-17.

[3] Qu’il me soit permis de remercier ici Monsieur Patrick Havard, patron du célèbre établissement cherbourgeois, pour m’avoir donné une pièce de porc de boucherie, et une autre de veau, afin de dissections pédagogiques.

[4] Voir encore : E 11120, E 11287, E 10811 A, E 10811 B, E 10802 (Louvre, Nagada II).

[5] Voir également les déformations vertébrales et du bassin : Richard-Alain Jean, « Anatomie humaine. Le bassin - II. Atlas anatomique égyptien commenté. Les bassins masculin et féminin », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 15 janvier 2015, fig. 44-46 p. 21.

[6] Pour les étiologies des lordoses de la famille de Pount, voir : Jean-Pierre Martin, « La reine de Pount souffrait-elle de Cutis Laxa ? », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 7 juillet 2014.

[7] Richard-Alain Jean, « La médecine égyptienne : le système respiratoire », dans Pharaon Magazine, 16, 2014, p. 49-50 et fig. 4.

[8] Richard-Alain Jean, « Autour du cerveau. Clinique médicale. Clinique chirurgicale », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 18 juin 2013, p. 7-9. Richard-Alain Jean, « Le dieu Min au panthéon des guerriers invalides. 1 - Les arguments cliniques. 2 - Les arguments thérapeutiques : 2.1. Thérapeutique chirurgicale », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 15 octobre 2013 ; Richard-Alain Jean, « Le dieu Min au panthéon des guerriers invalides. 2 - Les arguments thérapeutiques : 2.2. Pharmacologie », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 15 octobre 2013 ; Richard-Alain Jean, « Le dieu Min au panthéon des guerriers invalides. 3 - Les arguments paléographiques. 4 - Les textes médicaux et magiques », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 15 octobre 2013.

 

 

 


 

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