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Histoire de la médecine en Egypte ancienne

NÉOBIOLOGIE - VI

Article complet du vendredi 31 mars 2017 :

 

—  Hommage à Madame Anne-Marie LOYRETTE  — 

Néo-Biologie 

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• Richard-Alain JEAN, « Naissance et renaissance en Égypte ancienne et dans les religions monothéistes » – En hommage à Madame Anne-Marie LOYRETTE, dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 31 mars 2017.

 

 


 

 

 

 

 

 

HOMMAGE À MADAME ANNE-MARIE LOYRETTE

 

NAISSANCE ET RENAISSANCE

EN ÉGYPTE ANCIENNE

ET DANS LES RELIGIONS MONOTHÉISTES

 

Richard-Alain JEAN

 

 

 

          Voir également dans le cadre de cet Hommage : Richard-Alain Jean, « Le shedshed et la renaissance - I », dans Hommage à Madame Anne-Marie Loyrette - Memnonia, XXVII, Christian Leblanc (éd.), Le Caire - Paris, 2017 ; — , « Le shedshed et la renaissance - II » – En hommage à Madame Anne-Marie Loyrette, dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 2017, puis, l’Atlas correspondant.

         Tous ces articles sont à classer dans le dossier de la « Néo-biologie », avec : Richard-Alain Jean, « La déesse Séchât, le bois silicifié, et la “ résurrection de la chair ” », dans Hommages à Madame Christiane Desroches Noblecourt - Memnonia, XXII, Christian Leblanc (éd.), Le Caire - Paris, 2011, p. 199-214 ; — , « Le pharaon pétrifié du Louvre, ou une médecine théologique politique et royale », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 04 décembre 2013. Richard-Alain Jean, « Néo-embryologie osirienne - I , La chair du dieu », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 3 septembre 2014 ; — , « Néo-embryologie osirienne – II , La naissance du scarabée », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 15 septembre 2014 ; — , « Néo-embryologie osirienne – III , La splanchnologie canopique », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 26 septembre 2016.

 

 


 

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          Naissance et renaissance sont intimement imbriquées dans les écrits égyptiens. Nous savons que le roi, puis que toute personne justifiée, étaient destinés à naître, à vieillir, à mourir, puis à renaître, suivant en cela le parcours osirien. Aussi, avant de bientôt continuer à étudier les phases de la première naissance, parcourons rapidement celles de la renaissance afin de mieux cerner ce que cette double maïeutique apporte aux civilisations en terme d’espérance religieuse et finalement de réconfort spirituel engageant la psychologie avec ses répercutions physiologiques. Il semble en effet que contre toute attente, loin de nuire à la science, certaines croyances bien comprises étaient capables d’anticiper le devenir de la chair humaine conçue pour durer d’une façon optimum, pour peu que l’on en prenne soin, par exemple à l’aide de la médecine, puis, à l’aide de la foi pour ceux qui attendent la vie éternelle. C’est dans ce contexte que les anciens ont cherché à décrire les processus vitaux, les processus de sénescence, le phénomène de la mort, et commencé à explorer les moyens de reculer les frontières biologiques entre ce monde et l’autre monde sur le modèle de l’ultra-monde divin – fournissant toutes les inspirations nécessaires à un autre idéal que celui promis à une fin certaine. Cette « fureur de survivre » a du débuter il y a bien longtemps. Elle a été plus ou moins bien codifiée et partagée. Les espérances n’atteignent pas toutes le même niveau. Il semble également possible d’établir une parallèle entre les deux niveaux d’exigences vitales pouvant être obtenu, l’un dans un premier temps, par l’action médicale pendant la vie, et, l’autre dans un deuxième temps, par une recherche en matières de finalité post mortem préconisée par la religion. Ces deux actions tendent et concourent d’une façon non concurrentielle au début à dégager du « temps de vie ».

         Ainsi, les équations seront résolues quelque peu différemment d’un peuple à un autre, avec plus ou moins de bonheur. Par exemple, la « demie vie » d’une partie du monde juif semble moins heureuse mais s’accorde avec les progrès incessant de la médecine. La « vie éternelle » chrétienne peut assez souvent commencer ici-bas alors que celle des musulmans peut ne commencer qu’au paradis. Les vieux fonds religieux du moyen orient semblent pourtant avoir été pour la plupart abandonnés car ils ne transmettaient probablement pas assez d’optimisme quant à la qualité de la vie améliorée par les sciences et la quantité de vie offerte par une espérance post vitale terrestre. En revanche, les croyances pharaoniques ont su captiver des populations qui se voyaient écartées d’un meilleur devenir de la chair jusqu’à « coloniser » les sentiments religieux européens antiques et élaborer quelques syncrétismes ébouriffés, ce qui montre à quel point l’Égypte sut apporter au mondes, dès ces époques, son « oxygène de survie ». Cette « respiration » apportée aux groupes de pensées religieuses méditerranéens eut pourtant à subir quelques réactions au nombre desquelles la foi monothéiste qui finira par l’emporter, non sans avoir eu très probablement à refaire un détour par la « réanimation égyptienne » contenue dans le Nouveau Testament qui se devait « d’accomplir les écritures » en recouvrant avec soin les données de la « résurrection de la chair » contenue dans l’Ancien testament mais un peu malmenée par les Juifs pour des raisons politiques. Par exemple, l’unité anthropologique de l’individu selon les hébreux évolue vers une dichotomie « corps et âme » renforcée par l’action de l’Esprit et de la dynamique divine promise pour la fin des temps.

         Nous voyons que depuis les origines, des « vénus primitives », à Isis, puis à Marie, la femme « fabricatrice de la chair » en tous ses « saints noms » dût assumer le rôle de mère des divinités et de mère des hommes. Sa « puissance à engendrer » n’aura d’égal que sa « puissance exclusive à maintenir l’enfant en vie au moyen de l’allaitement », dans un forme de « démiurgie charnelle » inconnue et impossible aux seuls géniteurs mâles. C’est donc encore à Isis la Grande magicienne, mais aussi la grande pharmacienne et la grande doctoresse qu’il reviendra de stimuler la chair de l’humanité impuissante à se relever de l’attentat de la mort. Dans le Pentateuque, le fruit (zèraʿ ) [1] de la femme écrasera la tête de la cause du mal (Genèse 3, 15).

 

 


 

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Puis, dans la tradition chrétienne, Marie recueillera son fils au pied de la croix dans les douleurs d’une mère ré-enfantant l’espérance d’une autre chair, « sauvée », d’une absence de divinité en elle. Á ces stades désormais, progressivement, la foi pouvait définitivement concourir à remplacer la magie. Le « travail scientifique égyptien » pouvait dès ces moments là transcender les errances, abréger les formules aléatoires, épurer le fait observable car les savants pouvaient ne plus se sentir dépendants des volontés d’entités capricieuses, mais rester cantonnés aux réalités de terrains. Les médecins égyptiens s’y étaient déjà quelque peu exercé tout en conservant une certaine lecture mythologique enracinée dans le terreau religieux. C’est dans cet humus pourtant que naquirent les sciences qui avaient besoin d’outrepasser le quotidien ordinaire pour s’immiscer dans l’extraordinaire à l’aide d’investigations déflorant le naturel et frisant l’impression de surnaturel. Nous reviendrons, bien que très brièvement, sur ce que dit la médecine de la prolongation de la durée de la vie délivrée par la mère, sur des espérances de vies post-pathologiques frontières, sur des formes que peuvent prendre la vie aux cours des âges cosmiques selon la science et ce qu’aurait commencé à en percevoir les religions « reliant l’homme à la foi en son immortalité raisonnée et motivée selon ses croyances », domaines conscients éminemment subjectifs mais pouvant aussi être émis dans ce que peuvent commencer à percevoir les sciences « reliant l’homme à la stricte observation d’éléments reproductibles dont certains compatibles avec la prolongation de la vie », domaines conscients éminemment objectifs, les deux parties pouvant sans aucun doute être « reliées par la nature inconsciente de l’espérance humaine et de ses applications possibles dans le domaine du réel ». C’est pourquoi nous examinerons successivement, ce que disent les religions faisant partie de notre environnement culturel immédiat [2], puis, ce que peuvent en dire les sciences, et ceci, depuis l’égypte ancienne afin de souligner ici sont apport.

  

         1. Ce que disent les religions

 

         Il faut absolument ici remarquer certaines différences fondamentales entre les notions égyptiennes, quelques autres religieuses classiques et celles relevées dans les écrits bibliques et postbibliques, même si, d’une certaine façon, les différents éléments se rejoignent afin de rendre le nouveau corps ainsi réacquis « glorieux » (t / kâbod / δόξα / gloria / alidūn[3], et donc réputé maintenant armé pour l’éternité du défunt « re-suscité ».

         Le premier groupe de différences décelables entre les croyances successives montre des dotations dissemblables des « personnes » en fonction des anthropologies données.

         Le deuxième groupe de différences peut être abordé, dans un premier temps, par l’examen de la création de la chair, puis, dans un deuxième temps, par le biais de la destruction du corps, c’est-à-dire, de sa décomposition, avant d’en aborder, dans un troisième temps, les processus de recompositions envisagés.

         Le troisième groupe de différences montre des manières de renaissances simplifiées pour les suites post-pharaoniques par rapport à une « résurrection de la chair » différée à la fin des temps pour les juifs, les chrétiens et les musulmans.

         Ainsi, après la création divine bientôt suivie de l’érection natale privée avec la mise au monde maternelle, la régression personnelle avec la vieillesse s’accompagnant de la sénescence charnelle, vient la dès-érection du sujet avec la « désurrection » [4] entraînant la mort par désunion des chairs dissoutes ne pouvant plus assumer le siège de l’essence individuelle, elle-même suivie, pour le croyant, par la résurrection avec la renaissance totale.

 

 


 

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         1.1. La création et la naissance

 

         En Égypte. — Je renvoie aux récits de créations et de naissances, nous les avons déjà évoqués en partie avec Anne-Marie Loyrette (Jean, Loyrette, 2001 et 2005) [5]. La « matière première » semble très souvent la même, il s’agit bien entendu de la terre (t3).

         On ne peut pas s’empêcher ici de penser aux récits bibliques et coraniques de la création de l’homme :

         Dans la Bible. — Dans la Bible, l’homme est comme de l’argile dans les mains du potier-Créateur qui le façonne selon son bon plaisir (Siracide 33, 13 ; Sagesse 15, 7 ; Romains 9, 21) car « Tu es poussière et tu retourneras en poussière » (cf. infra).

         Il faut ainsi d’abord se remémorer comment la Bible décrit la formation de l’homme. Dans le second récit de la création (Genèse 2, 4b-25), Dieu « façonna (âr) l’homme avec la poussière ( ʿâphâr) tirée du sol ( ᾽adâmah) et insuffla dans ses narines un souffle de vie (nišmath ayyîm) et l’homme ( ᾽âdam) devint un être vivant (néphésh ayyâh) » (Genèse 2, 7). Le verbe employé, יצר âr [6] indique ici l’action de « façonner » comme l’on dit du potier qu’il « fait » des vases, qu’il les « modèle » (Isaïe 29, 16 ; 45, 9 ; 64, 7. Jérémie 18, 2-6). À un autre endroit, le lien est fait avec la formation de l’embryon par Dieu dans le sein de sa mère : « Tes mains (yâd : yâdèykâ) m’ont formé ( ʿâsabh) et m’ont façonné ( ʿâṡâh) … Souviens-toi que tu m’as fait de glaise (omèr) et qu’à la poussière ( ʿâphâr) tu me feras retourner. Ne m’as-tu pas coulé comme le lait (âlâb), et comme le caillé (gebiynâh) ne m’as-tu pas « coagulé » ( קפא qâpâ [7] ) ? De peau et de chair, tu m’as vêtu et d’os et de nerfs tu m’as tissé (sâkak[8] ; tu m’as accordé vie et faveur, et ta sollicitude a veillé sur mon souffle » (Job 10, 8-12). Ceci constitue un événement biologique progressif que le Psalmiste loue en disant « Car c’est toi qui a formé (qânâh) mes reins, qui m’a tissé  (sâkak) dans le sein de ma mère … je fus fais ( ʿâšâh) dans le secret, « brodé » ( םקר râqam [9] ) dans les profondeurs de la terre. Mon « embryon » (גלם golèm [10] ), tes yeux le voyaient » (Psaumes 139,13 et 15-16a). Le corps humain, en formation embryonnaire, est ici considéré comme l’exécution d’une véritable œuvre d’art qui s’opère dans le secret du sein maternel, mystérieux et fécond comme les profondeurs de la terre, à partir des diverses matières constituant ce lieu singulier, et, bien entendu, dans ce contexte également, selon le « patron divin » (Genèse, I, 26).

         Cependant, dans un livre biblique qui ne figure pas dans le canon juif des Saintes écritures [11] , l’abnégation d’une mère devant le décès de ses sept fils lui feront proclamer une formule souvent mal comprise et qui sera sans doute longtemps à tort dommageable à la situation de la femme dans l’histoire : « Je ne sais pas comment vous êtes apparus dans mes entrailles ; ce n’est pas moi qui vous ai donné le souffle de la vie, ni moi non plus qui ai disposé les éléments qui compose chacun de vous » (II. Maccabées, 7, 22). En fait, elle ne faisait que dire sa foi profonde dans le Créateur.

         Dans le Coran. — Dans le Coran, l’expression correspondant à l’action de « modeler » (sawwarnâkum), est employée dans une sourate (7, 11), où il est dit que Dieu a créé l’homme d’une argile et l’a formé, puis lui a insufflé de son Esprit afin de lui donner la vie (6, 2 ; 15, 26-29 ; 33).

         En fait, selon Heidi Toelle, il existerait dans le Coran au moins six anthropogonies [12] :

         1) La création à partir du sang coagulé et d’une goutte de sperme,

         2) La création à partir de l’argile,

         3) L’émergence des hommes de la terre (ar),

         4) Une formule mixte correspondant à l’association des deux premières (sperme/eau et

              argile),

         5) La création de tous les êtres vivants à partir de l’eau ( ᾽ ),

         6) La création à partir d’un prototype humain (nafs).

 

 


 

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         Ensuite, pour la postérité également, l’homme reste ainsi fait de poussière (turâb), d’une goutte de sperme (nutfa[13], d’un caillot de sang ( ʿalaq[14], puis d’un masse de tissus biologique (mugha[15], formée ou informée, c’est-à-dire en cours de différentiation. Le même texte continue : « Nous déposons dans les utérus (raim[16] ce que nous voulons, jusqu’à un terme fixé ; puis Nous vous en faisons sortir, bébés, pour qu’ensuite vous atteigniez vos pleines forces … » (22, 5).

         Ainsi, dans l’Islam également, le Tout Puissant connait déjà bien ses créatures produites de terre quand elles n’étaient encore que de petites masses embryonnaires (mugha) dans les ventres de leurs mères (53,32), car dit encore Dieu : « Nous avons créé l’homme d’argile fine (în), puis, Nous en avons fait une goutte de sperme (nufa), contenue dans un lieu sûr, puis, de cette goutte, Nous avons fait un caillot (ʿalaq), puis, de cette masse (mugha), Nous avons fait l’ossature et Nous avons revêtu les os de chair, produisant ainsi une autre créature » (23, 12-14) [17].

         Les apparitions des sens de l’ouïe et de la vue, puis des viscères, sont signalées (32,9), le tout, formé harmonieusement. Enfin, la différentiation sexuelle est évoquée (53, 45-46 ; 35,11 ; 75,39).

         Selon les commentateurs, les « trois ténèbres » (39,6) correspondaient à l’abdomen, à utérus, et au placenta. Nous pourrions tout aussi bien y voir les cavités utérine, amniotique et embryonnaire où s’insinue le Souffle créateur.

 

         Cette image du dieu-potier, finalement assez courante au Moyen Orient [18], rappelle bien entendu le dieu Khnoum de l’Ancienne Égypte. Dans toutes ces traditions, l’homme est donc tiré de la substance sèche d’un limon fertile [19] réputée revisitée par une « rosée lumineuse » (Isaïe 26,19) et vivifiée par le souffle la divinité même (Bible et Coran).

 

         1.2. La désurrection

 

         En Égypte. — Les textes des pyramides formulent bien entendu le souhait que le corps royal ne pourrisse (w3) pas, ne se décompose (jmk) pas, ne s’échappe (rwj) pas, et avec les conséquences olfactives inhérentes au processus, mais sans doute pas seulement, « que son odeur (sj) ne sorte (pr) pas » (Pyr. 485 § 1037b-c) [20]. La chair en effet ne doit pas moisir (s) et le corps ne doit pas être détruit (tm), car la personne ne doit pas périr (sk). On retrouve des termes analogues dans les Textes des Sarcophages (CT I 69 § 295a [21] ; VI 519 § 108g-i [22] …).

         Dans un autre passage des textes des pyramides, il est bien question de « retirer (w3) cette terre (t3) de tes chairs (jwf) » (Pyr. 612 § 1732b) [23]. Ceci évoque très probablement la motte de terre initiale figurant sur le tour du dieu potier, avec un retour en arrière dans une composition limitée aux constituants basiques de la glaise non encore modelée, voir à sa partie anhydre non visitée par le liquide et le souffle divin, c’est-à-dire, de la poussière inerte. En effet, il est dit que « L’homme est argile (ʿmʿt/ʿmʿmt) et paille (d3) ; le dieu est son architecte-constructeur (jqdw[24] » (Aménémopé, XXIV, 13-14) [25].

         La charpente osseuse peut être fractionnée, broyée, il ne restera que donc finalement que poussières.

 

         On ne peut pas s’empêcher ici de penser aux récits bibliques et coraniques de la désurrection de l’homme :

 

         Dans la Bible. — Tout le monde connaît le célèbre adage « Tu es poussière et tu retourneras en poussière » (Genèse 3, 19 ; Sagesse 15, 8c-d), car l’homme est comme de l’argile dans les mains du potier-Créateur qui le façonne selon son bon plaisir (cf. supra).

 

 


 

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         Donc, si les parties molles deviennent poussière, il semble que les os, eux, peuvent demeurer un certain temps, mais, « à sec » c’est-à-dire, sans eau vivifiante et en conséquence rendus à leur minéralité. En effet, des os sains sont réputés remplis de « moelle humide » (Job 21, 24), ils sont dit « florissants » (Isaïe 66, 14), « rafraîchis » (Proverbes 3, 8). Aussi sans cet élément les os peuvent-ils « dépérir » (Psaumes 31, 11), « se consumer » (Psaumes 32, 3), être consumés par un feu intérieur (Lamentations 1, 13 ; Jérémie 20, 9 ; Job 30,30 ; Psaumes 102, 4), se trouver « desséchés » (Proverbes 17, 22). Ainsi après la mort, et après que le temps aura fait son œuvre, les os seront « complètement secs » (Ézéchiel 37, 2).

         Le corps en désurrection ne présente donc plus rien d’autre qu’un squelette et de la poussière, car ici-bas, le corps mort tombe en pourriture (φθορά).

         Dans le Coran. — Dans le Coran, après la mort, il est dit que les chairs se décomposent, que le squelette se disloque, et que le corps retourne à l’état de poussière (17, 98-99 ; 23, 82 ; 75, 3-4).

 

         1.3. La résurrection

 

         En Égypte. — Nous avons vu que les morts étaient embaumés et que les défunts devront trouver leurs chemins dans l’au-delà, aidés en cela des textes mortuaires.

         Passées toutes les épreuves et rétabli dans toutes ses formes corporelle et psychique originales (CT I, 55-58 ; I, 80 … ; LdM 25 ; 89 ; cf. supra), le juste pourra jouir, dans un lieu paradisiaque comprenant cités et campagnes destinés aux bienheureux, des mêmes facultés physiques que de son vivant (CT IV, 343d-g ; LdM 110), et même d’une façon plus intense dans la mesure où son anatomie et sa physiologie nouvelle pourront désormais être comparées à celles de certains dieux, en l’occurrence à Min pour ses performances sexuelles (CT VII, 182m), ou encore aux possibilités d’Osiris (LdM 42) – donc tout à fait accessibles aux capacités d’Horus l’Ancien léguées au fils d’Isis victorieux. Le défunt est bien rendu à leurs images, « glorieux ».

         Au Proche-Orient. — Je ne ferai que citer ici les doctrines de certaines formes de résurrections du Proche-Orient [26] concernant Tammuz en Mésopotamie (Dumuzi Sumérien) [27], de Baal puis d’Adonis en Phénicie [28] et d’Attis en Anatolie [29].

         Il faut encore indiquer l’épopée de Gilgamesh à la recherche de l’immortalité procurée par une plante épineuse acquise de haute lutte et qu’il se voit finalement dérober par un serpent [30]. Un nom de la plante évoquée (akkadien atartu / A-TAR) rappelle un épineux biblique (hébreu atad : Juges 9, 14 ; Psaumes 58, 10, soit un lyciet, Lycium barbarum L., ou un nerprun, Rhamnus cathartica L.), mais, pêché dans la mer (A-AB-BA/tāmtu), il devrait mieux correspondre à une algue épineuse, comme une Cystoseira. Or, certaines de ces algues procèdent des propriétés pharmacologiques intéressantes. Par exemple, épineuse au toucher, Cystoseira tamariscifolia (Hudson), et d’autres encore, montrent des activités antifongiques, antitoxiques et antibiotiques [31].

         Dans la Bible. — Dans un passage de la Bible concernant le rétablissement d’Israël après l’Exil, il est question de ce qu’il est convenu d’appeler « La vision des ossements desséchés » (Ézéchiel, 37, 1-14). Cependant, un certain nombre de Père de l’église et non des moindres comme Saint Justin (Apol., II, 87), Saint Irénée de Lyon (Adv. Haer., V, 1), Tertullien (De res. Carnis, 30), et encore beaucoup d’exégètes, y virent bien « la résurrection de la chair à la fin des temps ». Voire encore les fresques, les vitraux, les chapiteaux et les portails sculptés des églises et des cathédrales. Cette interprétation n’a pas variée chez les orthodoxes et elle est toujours chantée le soir du Vendredi Saint [32]. La « résurrection de la chair » [33] reste une notion fondamentale de la foi chrétienne [34] qui figure, de fait, dans le Credo même, Symbole Œcuménique, et bien sûr dans les constitutions de l’église Romaine [35].

 

 


 

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         Dans le passage cité plus haut, le prophète Ézéchiel, en songe, est donc transporté par Dieu sur un ancien champ de bataille où il voit, dispersés, de nombreux ossements humains desséchés. Le Seigneur lui ordonne de parler sur eux en suivant ses paroles divines de résurrection des corps. En voici le texte : « Alors, je prophétisai, comme il m’avait été ordonné ; et il y eut un bruit dès que je prophétisais, puis ce fut du fracas, et les os se rapprochèrent les uns des autres. Et je regardai et voici, des nerfs et de la chair vinrent sur eux et une peau s’étendit par-dessus ; mais il n’y avait pas encore d’esprit (de vie) en eux. Il me dit : Prophétise sur l’esprit, prophétise, fils de l’homme, et dis à l’esprit : Ainsi parle le Seigneur Yahvé : Des quatre vents viens, viens, esprit et souffle en ces (hommes) tués (à la guerre) et qu’ils vivent. Je prophétisai, comme il m’avait été ordonné, et l’esprit entra en eux et ils devinrent vivants et ils se tinrent sur leurs pieds : (c’était) une très, très grande armée ! » (37, 4-10). Et pour continuer cette « instantané » de la résurrection des corps exposés ici pour les besoins d’Israël à recouvrer sa terre dans des temps nouveaux, l’ère du châtiment étant clos (37, 11-13), le texte continue plus loin : « … et vous saurez que je suis Yahvé, quand j’ouvrirai vos tombeaux et je vous ferai remonter de vos tombeaux. Je mettrai mon Esprit en vous et vous vivrez … » (37, 13-14a).

         À un autre moment dans la Bible, le Prophète Isaïe proclame : « Tes morts revivront, leurs cadavres ressusciteront ; réveillez-vous, exultez, tous les gisants dans la poussière, car ta rosée est une rosée lumineuse et le pays des ombres enfantera » (Isaïe 26,19).

 

 

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         Les hébreux se poseront beaucoup de questions au sujet de cette résurrection totale, de ses formes et de ses lieux. Anciennement, le sujet est censé subsister d’une façon larvaire inconsistante et morne dans le Chéol où tous, bons ou mauvais (1 Samuel 28, 19), entrent sans façon pour y demeurer sans activité intellectuelle ni physique pour aucune chair (Ecclésiaste 9, 10), comme une « ombre » semi-consciente et dans le silence (Proverbes 2,18 ; 9, 18 Psaumes 88, 11 ; Isaïe 14, 9-10). Nous sommes là très loin des conceptions égyptiennes, sans doute, par réaction. Puis, la notion de rétribution des œuvres se développe et « délivre de la mort et empêche d’aller dans les ténèbres » (Tobie 4, 6-10 ; 12, 9), du moins pour certain, seulement en prolongeant la vie d’ici bas, et pour d’autre, en écoutant les cris d’espoir du psalmiste : « Dieu libérera mon âme de la main (du pouvoir) du Chéol, car il me prendra (avec lui) » (Psaumes 49, 16), car, « par ton conseil tu me guideras, puis en gloire tu me prendras » (Psaumes 73, 24), c’est bien là l’espérance de « l’immortalité » (Sagesse 3, 5 et 9b). Et enfin, « beaucoup de ceux qui dorment au pays de la poussière (le Chéol) se réveilleront, ceux-ci pour la “vie éternelle” … » (Daniel 12, 2-3. 2 Maccabées 7, 9 …).

         L’exégèse rabbinique finira par répondre à ces interrogations et à d’autres. Par exemple, au sujet de la capacité de résurrection des rabbins qui vivent en Babylonie, et donc des homme justes vivant et mourant ailleurs qu’en Terre Sainte (Kethouboth 111a : commentaire sur Isaïe 26,19), il est dit dans le Talmud que « Le Saint Unique creusera la terre devant eux, et leur corps y rouleront, d’excavation en excavation, comme des gerbes, jusqu’à ce qu’arrivés dans le pays d’Israël, leurs âmes leur soient réunies » (Kethouboth 35b).

         Contrairement aux Pharisiens, les Sadducéens croyaient que l’homme disparaissait totalement après sa mort [36]. Les Samaritains rejetaient également la résurrection [37]. Les rabbins se sont battus contre ces positions en commentant les paroles des Saintes écritures. Par exemple, au sujet du rapport entre « le sein (maternel) stérile » et « la tombe (chéol) [38] » (Proverbes 30, 15b-16a) il est dit dans la Michna que « Si le sein maternel reçoit en silence et ne laisse sortir l’enfant qu’au milieu de cris violents, à plus forte raison la tombe qui reçoit les corps des défunts parmi les lamentations, les restituera au milieu des cris (de joie) » (Berakhoth 15b). D’autres tireront encore leurs arguments de la geste du potier. Ainsi, à la question de savoir si la poussière du corps peut-elle vraiment reprendre vie, la fille du rabbin répondra à l’hérétique : « Il y a dans notre ville deux potiers ; l’un fabrique des pots avec de l’eau, l’autre avec de l’argile ; lequel est donc le plus méritant ? » L’hérétique répondra que c’est celui qui sait les faire avec de l’eau. « Eh bien, reprendra-elle, celui qui forme l’être humain d’une goutte liquide ne le formera-t-il pas plus aisément en le tirant de l’argile ? ». Un peu plus loin, à propos de la réparation d’un verre brisé et bien restauré par son souffleur, le rabbin souligne « Que tes oreilles entendent et conserve ce que vient de dire ta bouche, car si une chose créée parle souffle de l’homme se répare, combien plus ce qui doit son origine au souffle du Saint Unique » (Sanhedrin 90b-91).

         Il faut bien encore remarquer ici une influence égyptienne tardive avec la reine Cléopâtre interrogeant, nous dit le texte, le rabbin Meïr : « Je sais que les morts revivront » – nous avons ici comme un trait d’union entre l’ancienne et la nouvelle foi en la résurrection – et le texte continue sur la question de savoir si le défunt réapparaitra nu ou habillé ! et le rabbin répondra par une métaphore sur le grain nu confié à la terre et qui en ressortira revêtu de plus d’une parure (Sanhedrin 90b). Cette réponse peut certes rappeler le Nouveau Testament (I Corinthiens 15, 35-38) mais aussi un très vieux fond osirien : Mais, dira quelqu’un, comment ressuscitent les morts ? Mais avec quel corps reviennent-ils (35) ? Insensé ! Toi, ce que tu sèmes ne reprend pas vie si d’abord il ne meurt (36). Et ce que tu sèmes ce n’est pas le corps qui doit naître que tu sèmes, mais une graine nue, quelconque, de blé ou d’autre sorte (37). Mais Dieu lui donne un corps, celui qu’il a voulu, et à chaque semence le corps qui lui est propre (38).

 

 


 

9

 

         Ce texte du nouveau Testament veut exprimer que la nature enseigne au plus simple des paysans qu’à chaque fois qu’il enterre une graine, il a la preuve que dissolution et continuité ne sont pas incompatibles et que la mort prépare le retour à la reviviscence. D’autre part, s’il y a identité essentielle entre la graine qui meure et celle qui renaît, il y a néanmoins une transformation des attributs. La graine « nue », – comme le cadavre humain déposé en terre – , deviendra une plante complète, puis un épi mature ; mais il y a une correspondance exacte entre chaque semence et ce qui en est issu, ἴδιον σῶμα. De la même façon, si le nouveau corps ne peut plus être de chair et de sang (bâsar wâdhâm) voués à la mort, son âme retrouvée, forme substantielle, confère au corps sa réalité de substance et son existence même ; dans sa survie, elle conserve « les principes actifs de la vie individuelle, de corporéité, d’acte substantiel et d’être foncier, qu’elle conférait jadis à la matière dont elle faisait son corps et sa chair » et peut ainsi refaire son propre corps avec n’importe quelle matière première en elle-même indéterminée [39]. C’est le cas du limon du Nil ou de la glaise de la Bible.

         Le blé semé était un symbole traditionnel de survie et de résurrection. Il faudrait aussi parler d’un miracle prêté à Jésus (pEgerton, IIe siècle) [40]. Beaucoup de sarcophages, de cartonnages et de papyrus égyptiens montrent les pousses dessinant les contours du corps d’Osiris pour le nimber d’éternité. La « germination » osirienne était d’usage afin d’en rappeler le mystère. La graine semée « puisait » sa ressource au sein même de la matière qu’elle devait renouveler. Nous avons vu également que la déesse Séchât [41] était compétente en ce qui concerne la transmission des informations biologiques nécessaires d’une façon quasi génétique sur un plan spécifique encouragé par Horus. La « personnalité » semble donc bien respectée.

         Cependant, contrairement à la première conception « sensuelle » égyptienne, puis coranique, les chrétiens semblent opposer une vision plus « désintéressée » quant à l’union et à la sexualité des couples, car pour le Nouveau Testament, à la résurrection, on n’épouse pas et on n’est pas épousé – car on ne peut plus mourir – on est les égaux des anges dans les cieux (Matthieu 22, 29-30 ; Marc, 12, 24-25 ; Luc, 20, 34-36). Sans doute faut-il en conclure qu’il n’y a plus de hiérarchie entre les anciens sexes et la manière dont ils pouvaient être vécus sur terre entre celui dit « faible » et celui dit « fort ». écueil qu’avaient très adroitement su éviter les anciens Égyptiens. En effet, les corps « glorieux » ne sont jamais décrits davantage, tout au plus Saint Paul (1. Corinthien 15, 35-53) utilise-t-il une suite de formules rappelant pourtant fortement les Textes des Sarcophages : « on est semé corruptible, on se relève incorruptible, on est semé méprisable, on se relève glorieux, on est semé faible, on se relève fort, on est semé corps psychique (psyché nephesh), on se relève corps spirituel (pneuma) » (1. Corinthien 15, 42b-44). C’est-à-dire que l’homme abandonne son côté animal, qualité qu’il partageait depuis les origines avec les bêtes (Genèse 1, 20). Puis, chose importante, le corps ressuscité, réuni à son âme, devient incorruptible, il ne « passe pas » (ἄ-φθαρτος / ἀφθάρθῳ), il jouit désormais du privilège concédé de l’immortalité (1 Timothée, I, 17).

         La « fraction biologique non conventionnelle » et qui agit comme un « double » de la personnalité divine, angélique ou humaine, participe à la fois de la « chair » comprenant plusieurs de ses « qualités particulières originelles » offertes à l’homme et à la femme quand ils leur étaient encore permis de vivre dans le jardin d’Éden, et, de l’énergie qui l’anime. Or, les qualités initiales de cette « chair première » ont été pour un temps enlevées aux humains pour ne laisser subsister que ce que nous connaissons le mieux aujourd’hui, c’est-à-dire, la « fraction biologique conventionnelle », avec tous ses inconvénients, dont l’accessibilité à la maladie et la putrescibilité du fait se son « imperfection seconde ».

 

 


 

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En effet, après que l’homme se soit constaté « dénudé » après avoir pris conscience d’un potentiel d’imperfections que pouvait engendrer le mal consenti et en avoir été réprimé conformément aux mauvais desseins de l’Adversaire jaloux des prérogatives humaines, tout se passe comme si cette chair était devenue incomplète, car retournée à une forme inachevée, donc accessible à la mort (Genèse 3, 9-19). Cette régression, voulue par le Créateur lui-même qui avait créé l’homme selon (ב) son image (ṣélém / εἰκών / imago) et (LXX : καί, Vg. et) comme (כ) sa ressemblance (demwut / ὁμοίωσις / similitudo) ne semble toucher que l’homme fautif et l’ange déchu (Sagesse 2, 23-24 ; TM « Satan », LXX « diable ». Jean 8, 44 ; Apocalypse 12, 9). Non pas que l’homme ait été conçu identique à la Divinité, mais s’en approchant et avec délégation seigneuriale (Genèse 1, 26-30 ; Psaumes 8, 6-7). Par exemple, comme tout suzerain, il doit obéir aux ordres, et comme il est libre, il peut être tenté d’agir à sa guise contre le bien commun. Originellement, il fait fructifier sans peine le sol du jardin d’Éden pour se nourrir de ses délices (Genèse 2, 15-17). L’homme ressent vraiment en lui-même le besoin d’admirer une autre chair en vis-à-vis (nègèd), et bien entendu, il doit se reproduire (Genèse 1, 26 ; 2, 18). Et encore, son organisme est directement capable de voir, d’entendre et de s’adresser à son Seigneur. Par exemple, il perçoit la promenade de Dieu qui se déplace dans le jardin à la faveur de la brise du jour. Il est donc fait pour vivre en intimité avec lui (Genèse 2, 8).  

         Cette intimité sera rompue. Aussi, afin de continuer à communiquer, un « Double » doué d’une « chair divine » évolue dans la Bible à des moments où le Créateur veut signifier sa présence par l’intermédiaire de cette forme visible à l’homme, car en partie consubstantiel à lui, dans la mesure où ce dernier ne peut plus percevoir la consistance divine pure désincarnée à l’aide des « sens réduits de son actuelle chair ». Il s’agit bien entendu dans ce cas des manifestations, auprès de l’homme, de « l’Ange de Dieu » (Exode 23,21 …). En effet, cet ange parle et agit absolument comme Dieu (comparer Genèse 22,15 ss avec 12,1 ss ; Exode 14,19 avec 20,2 …). Sa nature « charnelle partielle visible » le distingue exceptionnellement bien de Dieu-esprit quant il le faut (Nombres 22,22 ss). Dans le Nouveau Testament, et à l’image du Père agissant sous cette forme pour s’adresser aux hommes, le « Verbe s’est fait chair » (Jean 1,14), on peut désormais le « toucher » (1 Jean 1,1) dans sa forme de « Verbe incarné ». Au sujet de la chair de « ce Jésus qui a été abaissé au-dessous des anges » (Hébreux 2, 9), il faut noter que, conçue dans le sein d’une femme, elle est dans un premier temps biologiquement comparable à celle « réduite » des hommes gâtés par leurs fautes (Romains 1,3). Elle peut également « souffrir » (1 Pierre 4,1), et aussi, « mourir » (1 Pierre 3,18). Cependant « sa chair n’a pas connu la corruption » (Actes 2,31) dans la mesure où la « transition de résurrection » a été courte du fait du sacrifice consenti sur la croix et de la nature divine de l’Esprit ne pouvant, Lui, connaître la « fosse » dont parle le texte hébraïque et rendu par « corruption » dans la Septante (Psaumes 16, 9-10). L’unité spirituelle et charnelle est ainsi reconstituée dans le Sauveur, désormais seul « garant » de la « chair glorieuse » dans son nouveau corps. Il faut aussi remarquer que l’acquisition de cette nouvelle forme bien différente du cadavre livide recueilli, par les saintes femmes au pied de la croix, côté ouvert ayant laissé du sang et du liquide pleural s’en échapper (Jean 19, 34), obéi à un « passage » tout matériel, celui de la préparation à l’inhumation suivi de la mise au tombeau. Il faut aussi se souvenir que Jésus n’a pas été  momifié, et ceci, même si les femmes de son entourage avaient bien prévu des aromates pour son embaumement (Marc 16,1 ; Luc, 23,56 et 24, 24). Dans Saint jean, Nicodème apporte « un mélange de myrrhe et d’aloès d’environ cent livres », et, avec Joseph d’Arimathie, « ils prirent le corps de Jésus et le lièrent de bandelettes, avec les aromates, suivant la coutume d’ensevelir des Juifs », enveloppé dans un linceul propre (Mathieu 27,59 ; Marc 15, 46 ; Luc 23,53), tandis qu’un autre linge était destiné à recouvrir la tête (Jean 20,7). La livre romaine valant 327,5 gr, la quantité d’aromates utilisés correspond donc à environ 32,75 kg, de quoi procéder à une imprégnation externe, de la peau aux étoffes utilisées.

 

 


 

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Dans la procédure de l’époque, le corps sanglant devait être préalablement lavé, puis les aromates étalées et maintenues en contact avec la chair par des bandelettes, sans doute comme pour Lazare (Jean 11,44). Il n’y a donc pas de « momification » proprement dite (avec organectomie, dessiccation longue dans du natron) mais un embaumement superficiel. Ensuite, le corps fût déposé dans un tombeau neuf proche (Jean 19, 38-42), en pierre (Mathieu 27,60 ; Marc 15, 46 ; Luc 23,53) et fermé, puis scellé sur l’ordre de Pilate à la demande des grands prêtres et des Pharisiens (Mathieu 27,66) qui ajoutèrent encore une garde (Mathieu 27,62-66). Les choses ont été rapidement menées, car c’était la veille du sabbat. Il faut encore remarquer que contrairement à Osiris, bien que lésé, le corps du Sauveur n’a pas été démembré. Conformément aux Saintes écritures, ses os n’ont pas été brisés (Jean 19,33. Jean 19,36-37 / Exode 12,46 ; Nombre 9,12 ; Psaumes 34,21).  

         Après la résurrection, le corps du Christ a vu sa chair « transfigurée » comme le texte nous dit que Jésus put le pressentir charnellement avant son sacrifice et au cours d’un épisode dont des apôtres ont pu être témoins avant sa mort (Mathieu 17, 2 ; Marc 9, 2-3 ; Luc 9, 29). Cette « conversion de la chair » du « premier ressuscité d’entre les morts » (Actes 26, 23) correspond à un retour aux formes premières de la carnation voulue pour l’homme. Cette chair ayant triomphé de la mort est une « chair glorieuse » dans sa composition nouvelle. Sa biologie répond à une « fonction divine » toute liée à l’esprit et dont elle participe sans solution de continuité pour le Sauveur entre l’Esprit qui l’anime et son Père qui le redéfinit corporellement à cette occasion puisque pour les chrétiens, il procède des trois Personnes Divines. Autrement dit, le Christ ressuscité renferme l’Âme même du Créateur, celle qu’il remet à son Père sur la croix en rendant sa dépouille sans vie. Après sa visite dans le monde souterrain, l’esprit retrouvera son corps meurtri et l’animera de nouveau, mais avec une différence fondamentale : la nouvelle personne est désormais douée d’au moins tous les attributs charnels dont pouvaient bénéficier les hommes avant d’avoir été chassés du jardin d’Éden, avec sans doute d’autres possibilités propres aux anges afin d’être encore capable de matériellement communiquer avec l’humanité et cela sans compter l’inconnaissable suite des potentialités divines. De fait, Jésus se manifeste sous une forme différente (Marc 16, 12 ; Jean 20, 14-16).

         Cette nouvelle physiologie selon les textes permet par exemple au Seigneur, pour continuer à enseigner (Luc 24, 45), d’apparaître (Luc 24, 36-37) et de disparaître (Luc 24, 31) aux yeux des hommes, de se « télétransporter » discrètement dans une pièce dont les portes étaient fermées (Jean 20, 19 ; 26), ou au contraire, plus lentement, en majesté et au vu des personnes présentes au moment de l’Ascension (Mathieu 16, 19-20 ; Luc 24, 50-51 ; Actes 1, 9-10). Il peut aussi tout simplement marcher (Luc 24, 15). Il peut manger (Luc 24, 30 ; 24, 43 ; Jean 21, 12 ; 15). On peut le toucher (Luc 24, 39 ; Jean 20, 17 ; 24-29), lui saisir les pieds (Mathieu 28, 9). Bien entendu, Jésus continue à donner d’autres signes de sa puissance divine (Jean 20, 30 ; 21, 4-11), mais des miracles, il en avait fait avant, et surtout, les disciples recevront une partie de ces pouvoirs surnaturels quand leur foi leurs permettront (Actes 2,43 ; 5,12 ; 6,8 …), car, ils sont destinés à « confirmer la Parole » (Marc 16, 20).

         L’action des anges (malâkim / ἄγγελος / angeli) devant durer plus de trois jours, elle met nécessairement en scène dans les récits bibliques d’autres capacités physiologiques qui n’ont pas été décrites à propos de Jésus ressuscité. La « chair lumineuse » des anges est donc à examiner d’aussi prêt que l’on peut car elle participe déjà de la gloire de Dieu (kâbod / δόξα / gloria) à laquelle est promise, selon les textes, la « constitution physique totale » des hommes à la fin des temps.

         Parfois appelés aussi « fils de Dieu » les anges sont décrits dans les textes comme faisant partie de la cour céleste de Dieu (ἄγγελοι τοῠ Θεῠ : Job 1, 6 ; 2, 1 ; 38, 7 . Psaumes 29, 1 ; 89, 7). Comme leur dénomination l’indique, ce sont aussi des « messagers » du Créateur. Ces messagers peuvent être présentés sous forme humaine (Genèse 19, 1-15 ; 28, 12 ; 32, 2 …) [42].

 

 


 

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Un ange peut par exemple prendre l’apparence d’un jeune homme qui, en situation d’attente, se met au repos quand il préfère s’asseoir en attendant de révéler aux femmes la résurrection du Christ (Marc 16, 5 ; Jean 20,12). On peut leur laver les pieds, leur proposer de s’allonger au frais sous un arbre, les faire manger de la viande de veau, du fromage et des galettes et boire du lait de vache (Genèse 18, 1-8 ; 19,3) [43]. Si l’un d’eux ne s’adresse pas en songe (Genèse 28, 10-17 ; Mathieu 2, 12) pour parler à l’homme, l’ange peut descendre du ciel avec bruit et d’une façon impressionnante, et bien qu’anthropomorphe, il peut avoir l’aspect d’un éclair (Mathieu 28, 2-4). Les anges semblent plus forts, plus instruits et aussi plus intelligents que l’homme (I Samuel 29, 9 ; II Samuel 14, 17-20 ; 19-27). Cependant, les anges peuvent faire des fautes (Job 4, 18 ; 15, 14-15). Certains sont de mauvais anges (Apocalypse 12, 7-9). Pourtant dans l’ensemble ils conservent suffisamment de qualités pour exercer par exemple des fonctions de juge (Daniel 7, 10), d’intercesseur, de guérisseur (Job 33, 23), de gardien des individus (Genèse 48,1 16 ; Psaume 90, 11 ; Tobit 5, 22), de prêtre (Malachie 2, 7), ou encore d’ambassadeur (ésaïe 37, 9).

         Il fallait que l’activité divine prenne chair pour rester au diapason de l’entendement humain. L’exemple le plus rude de la « dureté physique » de la « chair glorieuse » reste, dans l’Ancien Testament, celui de la « lutte » (sârâh) de Dieu avec Jacob (Genèse 32, 23-33) puisque « l’Ange du Seigneur » (Osée 12, 4-5) lui démit l’articulation coxo-fémorale.

         Tous ces anthropomorphismes dont le Créateur n’hésite pas à se parer dans la Bible, et à en revêtir les anges, ses messagers, suggèrent bien en réalité la « chair initiale » que les hommes auront à retrouver, mais cette chair sera encore « modifiée » par la nouvelle naissance puisque renouvelée par l’Esprit (I Corinthiens 15, 44). Les textes affirment en effet que les hommes seront reconstruits sur un modèle très proche de celui des messagers composant la cour divine  (Matthieu 22, 30 ; Marc, 12, 25 ; Luc, 20, 34-36 . I Corinthiens 15, 35-53) et qu’historiquement dans l’économie de la révélation, « de ma chair (bâsâr / σῶμα) je verrai Dieu » (Job 19, 26b) [44].

         Les Saintes écritures juives considère un retour à Dieu de sa création humaine sous une forme pouvant encore évoluer selon la volonté divine et ses rapports avec un certain messianisme. La Bible en son entier, Ancien et Nouveau Testament, considère une continuité de la révélation entraînant un retour à Dieu de sa création humaine sous sa forme première après l’épisode du rachat christique. Ainsi si l’on suit les textes, le sujet renaissant pour son éternité verra sa chair à la fois durcie par plus de solidité – on peut toucher le Christ et les anges – , et de plus, elle sera labile – le Christ et les anges peuvent apparaître et disparaître. Cette « souplesse » rappelle la condition des corps des dieux égyptiens.

         Dans les antiquités grecque, puis romaine — Je dirai simplement et rapidement ici que dans la mythologie grecque, le royaume d’Hadès est l’endroit où toutes les âmes (ψυχή) se retrouvent pour y être jugées après la mort. Elles y séjournent comme des ombres sans force propre ni sentiment particulier [45]. Éventuellement, elles peuvent reprendre vie temporairement quand on les évoque par une libation de sang à leur nom versée à même le sol. Ensuite, les personnes vertueuses seront emmenées, comme les héros, aux champs élyséens car « c’est là que la plus douce vie est offerte aux humains » (Homère, Odyssée, IV, 565) [46]. Ces notions vont évoluer avec l'orphisme des origines qui professait une naissance à partir des morts, alors que plus tard, le pythagorisme enseignera la transmigration des âmes, qui correspond plus à une réincarnation ou une métempsycose de l’âme individuelle, et, la théorie du corps-tombeau, qui veut que le corps (σῶμα) soit un tombeau (σῆμα) pour l'âme (Platon, Cratyle, 400bc) [47].  

 

 


 

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         En effet, tandis que Platon célèbre la palingénésie de l'orphisme ancien : « Il existe une antique tradition dont nous gardons mémoire, selon laquelle les âmes arrivées d'ici existent là-bas, puis à nouveau font retour ici même et naissent à partir des morts » (Phédon, 70c) [48], l’auteur ironise beaucoup sur les orphiques de son temps en écrivant que « ces “initiés d'Orphée”, prêtres itinérants qui se présentent aux portes des riches, leur vendent des indulgences pour les fautes commises et leur promettent le salut après la mort s'ils acceptent les initiations, mais des châtiments terribles s'ils les refusent » (La République, II, 364e) [49].

         Puis, pour Aristote, l’âme (ψυχή) n’est pas une substance distincte du corps dont elle est le principe de vie, – ne pourrait-elle pas alors correspondre avec la notion égyptienne de souffle de vie ? – car pour lui, seul l’intellect (νοῦς) est immortel (De l’âme III, 4, 430 a 23) [50]. Il abandonne donc la pensée orphique de ses prédécesseurs. La philosophie grecque pouvait dès ce moment s’attendre à une survie immortelle de ce principe enfin affranchie du corps.

         Par la suite, les néoplatoniciens romains avec Plotin dont les Ennéades [51] seront publiées par Porphyre, reprendront les anciennes doctrines de renaissances-réincarnations en les actualisant. On trouvera aussi par exemple des allusions à la transmigration des âmes dans Virgile (Énéide VI, 713 et ss).

 

 

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         Dans le Coran. — Dans le Coran, la résurrection apparaît comme une « nouvelle création » (21, 104), et elle correspond donc, à une « deuxième création » (53, 45-47). Celle-ci n’est pas dichotomique de l’homme qui réapparaît dans son ensemble sans citer d’élément spirituel, comme si cela allait de soi la dernière fois, car dans l’Islam, l’âme (nafs) – tentatrice et apaisante – est quelque peu mortelle (29, 57) et seule sa composante « apaisée » est destinée au paradis (89, 27-30). D’après la tradition, le premier être à devoir ressusciter sera l’archange Séraphiel (Isrâfîl) de façon à ce que les esprits des morts soient introduits par Dieu dans sa trompette et projetés avec force dans les corps recomposés afin qu’ils en soient à nouveau pénétrés au moment où ce céleste auxiliaire soufflera dedans.

         Il faut aussi noter les métaphores végétales car le sperme a été à nouveau semé : « Il a créé le couple, mâle et femelle, d’une goutte de sperme, après qu’elle a été semée » (53, 45-47). Ainsi le Coran affirme que : « Dieu vous a fait pousser de la terre comme les plantes. Puis, Il vous y fera retourner et vous en fera sortir de nouveau » (71, 17-18). Les corps germeront à nouveau du sol fertile (7, 57 ; 43, 11 ; 50, 9-11).

 

 


 

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         Une des descriptions est plus proche de celle de la Bible : « Regarde les ossements : voilà comment Nous les réunirons, puis Nous les revêtirons de chair » (2, 259). Enfin dans les Hadiths, les hommes apparaîtront tout nus [52] et incirconcis, tandis que beaux comme la pleine lune, ils auront des femmes purifiées car n’ayant plus jamais de règles [53]. Comme dans les textes pharaoniques, le croyant verra sa puissance virile considérablement augmentée [54].

 

 

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         Pour l’église Romaine aujourd’hui. — Les Pères de l’église ont largement commenté les textes concernant la résurrection, dont celle de la chair, et toujours vigoureusement combattu les croyances gnostiques (Voir par exemple : Irénée de Lyon, Adversus Haereses[55].

         Si Saint Paul parle de « chair », Monseigneur Claude Dagens [56], parle plutôt de « corporéité », pour dire que les formes corporelles n’ont pas toutes le même rapport à l’univers. Ainsi, le corps de chair n’est pas seulement structure, mais histoire. Le corps de l’homme n’est pas seulement soumis à des lois mécaniques et biologiques. Il est façonné du dedans par l’esprit, au point que le visage peut révéler ou masquer ce travail intérieur car il est comme aux confins du corps et de l’âme. Les artistes savent reproduire cela. Le corps est donc en plus porteur d’une histoire, faite de multiples figures liées à tous les âges de la vie et aux évènements qui s’y rapportent jusqu’aux maladies et aux blessures de la vie, amour et amitié, joies et luttes, tout cela est inscrit dans la « corporéité » (II, 1).

         Ensuite pour l’auteur (II,2), en ce qui concerne « le passage au “corps ressuscité” », il faut relire Saint Paul et accepter qu’un seuil décisif, quasi infini soit franchi : le seuil, pour ne pas dire l’abîme, qui sépare ce que l’apôtre Paul appelle le « corps physique » et le « corps spirituel » (cf. supra). Il souligne qu’à l’origine de tout, il y a Jésus ressuscité, avec son corps humain crucifié et glorifié : « Le principe indépassable de notre résurrection, c’est la Résurrection de Jésus, avec ce qu’elle a d’unique. Quelle est donc cette vie nouvelle qui rayonne dans la personne de Jésus ressuscité ? C’est d’abord la vie de quelqu’un qui ne mourra plus. Jésus ressuscité n’est pas Lazare ressuscité. Il n’est ni réincarné ni simplement revenu à la vie mortelle. Le Christ ressuscité ne meurt plus. Il est vivant d’une vie qui est au-delà du monde physique et historique, d’une vie « spirituelle ».

 

 


 

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Et cette vie « spirituelle » passe par son corps d’homme que l’on qualifie de « corps spirituel » au plein sens du mot. Spirituel, c’est à dire totalement animé par l’Esprit de Dieu qui fait toutes choses nouvelles. Le corps spirituel du Seigneur est libre par rapport aux conditions de l’espace et du temps. La Bible parle alors de la « gloire » du Christ, et de son « corps glorieux », anticipé dans l’événement de la Transfiguration, c’est à dire totalement transparent à la lumière de l’Amour. Ce n’est pas un phénomène physique, c’est une nouvelle relation à Dieu : l’énergie de l’amour, qui animait Jésus dans sa mort physique, anime désormais toute sa personne de Fils. Enfin, le Christ ressuscité est le nouvel Adam. Sa Résurrection inaugure une création nouvelle. Il est le « premier né d’entre les morts », l’homme céleste après l’homme terrestre. Et Jésus ressuscité commence une autre genèse du monde. A partir de Lui, on peut parler d’une « dynamique de résurrection » qui vient traverser et transformer notre monde actuel, le « monde ancien », encore marqué par la destruction et la mort … ». « Et si l’on parle de « corps spirituel », il faut bien s’entendre : l’Esprit Saint ne viendra pas reconstituer nos corps de chair, mais il les fera accéder à un mode nouveau d’existence, à une condition spirituelle. De même que l’homme existe dans sa condition humaine, charnelle, terrestre, Dieu lui donne d’exister à partir du Christ, dans une condition nouvelle, spirituelle, céleste, qui est comme une nouvelle naissance » (II,3).

         Par comparaison, nous avons vu que les églises orthodoxes modernes restent très près des textes sacrés et envisagent bien une résurrection totale, « corps et âme guéris de la mort », suivis en cela d’un bon nombre d’autres pasteurs considérant qu’à la résurrection promise, chacun retrouvera bien son propre corps (cf. les quatre τοῦτο de 1 Corinthien XV, 53), mais, transformé (μετασχηματίσει / Philippiens III, 21). Les théologiens orthodoxes, catholiques et protestants prennent ainsi le relais de la foi en un « homme nouveau », dont les notions s’étagent d’Osiris au Nouvel Adam.

 

         1.4. Les moments de la renaissance

 

         En ce qui concerne le troisième groupe de différence et pour lequel je limiterai ici mon propos, il faut noter que les égyptiens concevaient la résurrection comme un fait individuel et imminent après le décès de chaque individu justifié. Les autres étant voués à la disparition. Cette particularité a très probablement conduit les consciences à envisager un comportement humain immédiatement très « civilisé ».

         En revanche, le judaïsme, le christianisme et l’Islam reportent la résurrection et le jugement personnel à la fin du monde. Ainsi le croyant peut-il être tenter de sursoir à son lointain devenir (Coran 70, 6).

         Ainsi on pourrait dire que le moment envisagé de la renaissance influence bien le comportement humain au point de tendre à faire adopter des choix différent de fraternité. Les religions monothéistes devront prescrire la « charité » afin de palier à la proximité naturelle des égyptiens.

 

         2. Ce que peuvent en dire les sciences

 

         Si, de l’infiniment petit à l’infiniment grand notre connaissance actuelle demeure limitée et perdue dans l’incommensurable « réel » de l’étendue du monde, et si l’homme commence à peine à entrevoir quelques notions mathématiques, physiques et biologiques le concernant, nous pouvons malgré tout déjà appréhender une infime quantité de savoir, qui, à notre époque, doit préluder à une toujours meilleure compréhension du milieu naturel où nous évoluons.

 

 


 

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         Il n’est bien entendu pas question ici de développer tout cela, mais après de très nombreuses discussions avec des chercheurs hautement spécialisés dans les domaines fondamentaux ou appliqués, je dirai simplement que nous nous trouvons maintenant dans un état d’esprit optimiste issu d’une certaine philosophie des sciences positives et assez confiants dans les dispositions pour l’homme à continuer à acquérir toute une suite de connaissances éprouvées qui le mènerons sans doute un jour à commencer à percevoir, à partir de ses sens et aidés par ses outils, à mieux saisir ce que nous pouvons encore appeler les « mystères de l’univers ».

 

         La survie raisonnée. — Sans tomber dans la « mythologie scientifique », parmi les nouvelles découvertes participant justement à mesurer les « multiples possibles » de notre environnement, on peut seulement rapidement citer ici, le recul de la mortalité humaine reposant en grande partie sur les progrès de la médecine. Si, en examinant l’histoire de la médecine depuis cinq milles années à partir de l’Égypte, ce à quoi je m’emploie, jusqu’à aujourd’hui, cela couvre une durée de sept milles années. Dans la mesure où la progression n’est pas étale, mais qu’elle semble pour le moment exponentielle, je n’ai aucune idée des possibilités qui seront offertes à l’humanité dans le même laps de temps futur. Nous pouvons cependant penser que la durée de vie sera optimisée, que bien des pathologies seront vaincues et que le tout s’établira dans une certaine qualité de vie pour chaque individu et probablement jusqu’aux extrémités de son existence. Par exemple encore, on peut citer la découverte au Gabon de plus de deux cent cinquante fossiles en excellent état de conservation et qui apportent, pour la première fois, la preuve de l'existence d'organismes pluricellulaires il y a 2,1 milliards d'années [57]. Devant ce fait, je n’ose même pas imaginer quel sera l’état de la progression de la vie durant un futur laps de temps équivalent, ni envisager un quelconque processus de rappel à la vie consciente, qu’elle soit dirigée ou non par une volonté ordinaire, naturelle, ou extra-naturelle pour ne pas dire surnaturelle, dans la mesure où il sera donné ou non, dans une certaine mesure, aux êtres de ces « toutes autres époques » à communiquer avec une « toute autre nature créatrice » quelle qu’en soit le nom, la dénomination et la définition que l’on peut lui donner aujourd’hui. L’espace et le temps réclament donc une certaine humilité !

         Cependant, sauf à faire de la « science-fiction » on doit se limiter ici à n’envisager, et d’une façon très succincte, que l’historique scientifique, qui a débuté, il faut encore le souligner, en Égypte. Et ceci, même s’il est hautement probable qu’un jour, d’autres scientifiques regarderont nos conclusions avec beaucoup de bienveillance, un peu comme nous le faisons toujours dans notre équipe de recherche aujourd’hui, quand nous essayons de décrypter « l’héritage déjà prophétique » que nous ont légué les anciens Égyptiens ayant vécu il y a fort longtemps et dont les efforts à comprendre le monde et à souhaiter le dépasser n’arrêtent pas de nous émerveiller.

 

         Et la foi dans tout ça. — Si la foi n’est pas une science, elle correspond néanmoins à une fonction cognitive dépendante des organes des sens et qui peut sans aucun doute être « musclée » par l’espérance. Or il se trouve que l’espérance peut être en partie « dopée » par l’expérience, par l’expérience consciente et inconsciente en soi, par l’expérience humaine avec les autres, par l’expérience philosophique et spirituelle, par l’expérience d’une relation avec une « possible » entité supérieure, en tout cas différente de celles qui entrent dans notre entendement et qui en fait son mystère. En somme, c’est la recherche de l’expérience qui fournit le dialogue nécessaire à la découverte de la théologie dont une définition ne peut pas se résumer à une science de l’écoute, tant les attendus réclament des réponses. Ce dialogue naturel a été entamé en Égypte ancienne et ce poursuit encore de nos jours. Or, ce sont justement les réponses aux questions posées dans ce cadre qui ont créé le socle de la science moderne.

 

 


 

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         Ainsi, à la naissance première issue de la femme se pose la question de la naissance seconde qui n’en serait finalement qu’un prolongement spatio-temporel dont les religions auraient eu l’intuition et la science progressivement la tentation. L’avenir saura peut-être résoudre ce qui dans le passé avait pu sembler étrange voir hérétique à bien des observateurs. La médecine semble en bonne voie de résolution des problèmes de la vie d’ici-bas, la maïeutique en serait-elle le premier maillon ontologique et spirituel ? Il semble à tout le moins que les mystères de la naissance ait inspiré bien des mythologies et bien des espérances de survies.

         Cette problématique revient à explorer quelques notions de plusieurs formes espérées de « reviviscences de la chair et de l’esprit » telles qu’elles ont pu être élaborées au cours des âges par les anciens et jusqu’à aujourd’hui afin de chercher à comprendre comment peut se concevoir cette physiologie théologique ; ceci, de la « désurrection » [58] qui transcende la mort dès l’Ancienne Égypte, à la « résurrection » en fonction de ce que disent les autres croyances, et de ce que nous inspire notre philosophie, ou notre foi.

         Nul doute que le souvenir bien vivant de Madame Anne-Marie Loyrette demeurera à jamais gravé dans nos cœurs et restera inscrit dans ses œuvres et pour son éternité.

 

 

 


 

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         « Ici commencent les formules de la Campagne des Félicités, et les formules de la Sortie au Jour ; entrer et sortir dans l'empire des morts ; s'établir dans le Champ des Souchets, séjourner dans la double Campagne des Félicités, la grande ville maîtresse de la brise ; y être puissant, y être glorieux, y labourer, y moissonner, y manger, y boire, y passer des jours heureux, faire tout ce qu'on a l'habitude de faire sur terre, de la part de N »(LdM 110).

         « … Il peut sortir au jour sous toutes les aspects qu’il peut désirer (prendre), et il regagnera sa tombe sans être arrêté ; on lui donnera du pain, de la bière, de la viande provenant des autels d'Osiris ; il peut accéder en paix au Champ des Souchets où on lui donnera 10 aroures de champs plantés d'orge et de blé. Alors il sera prospère comme quand il était sur terre » (LdM 72).

 

 


 

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[1] Ce passage n’a pas été bien traduit par la Vulgate (« c’est elle (la femme ») mais une lecture protévangélique et mariale ne peut pas être exclue dans la mesure où il s’agit bien de la « descendance issue du sein de la femme » c’est-à-dire de l’humanité, mais à partir d’un endroit singulier, « récapitulée » par ce passage, en une « personne-prototype » qui a une mission dans l’économie du Salut énoncé par les Ancien et Nouveau Testaments quand ils sont considérés comme un tout. Les LXX indiquent « c’est lui (un fils précis de la descendance de la femme) », d’où une lecture en faveur du Messie. Le mot zèraʿ situé dans son contexte et par une racine sémitique zr faisant du zeraʿ chaldéen désignant certes la semence, la graine … mais aussi le sang, abonde en ce sens. En égyptien nous avons les mots sr « répandre, propager », srd « glaner », srdd « jeune pousse », srd « faire croître, faire pousser, planter » et srd-m3 « la nouvelle génération (des hommes) ». Akkadien zarû (répandre), sarāqu « verser, répandre » (hébreu zâraq) ; ṣurru « cœur, intérieur » et ṣirtu (sein, poitrine). Or nous savons l’importance de la semence-composante sanguine de la mère et de son prototype isiaque en Égypte (Jean, Loyrette, 2010).

[2] Pour un autre groupe religieux important, le bouddhisme, voir par exemple un ouvrage préfacé par le Dalaï-Lama : Sogyal Rinpoché, Le Livre Tibétain de la Vie et de la Mort, Paris, 1993.

[3] Hébreu kâbod (TM)/ grec δόξα (LXX) / latin gloria (Vg.) : Psaume 84,12b ; I Corinthiens 15,43b. Pour l’arabe, se reporter au mot alidūn (immortel) concernant le juste au paradis (III,198 ; IV,57, 122 …), aussi bien que l’injuste en enfer (II,39, 81, 210 …), les termes de « gloire » (subhân), dans le Coran,  ne s’adressant qu’à Dieu lui-même (XII,108 …).

[4] « Désurrection », je le rappelle : au sens de la destruction partielle et inévitable du corps malgré la momification et avant sa « reconstitution efficiente » pour son éternité.

[5] Voir aussi maintenant :Richard-Alain Jean, « Néo-embryologie osirienne – I », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg,2 septembre 2014 ; — « Néo-embryologie osirienne – II, la naissance du scarabée », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg,30 juin 2014 ; — « Néo-embryologie osirienne – III, La splanchnologie canopique », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 26 septembre 2016.

[6] ZK, BO « façonner » ; BJ, TOB « modeler ». Sander, Trenel, 1979, p. 254, 1. « fabriquer, former, créer ». Aussi ce verbe désigne bien le « modelage » de la poterie (Is 29,16 ; 45,9 ; 64,7. Jr 18,2-6. Cf. pour comparaison : Sag 15,7, Ro 9,20-23). LXX « façonner ».

[7] Pirot, Clamer, 1952, IV p. 751 « Et comme le caillé ne m’as-tu pas coagulé ? ». Sander, Trenel, 1979, p. 647 « se ramasser, se blottir, se coaguler ». Le lait se durcit en se coagulant en caillé (fromage).

[8] ZK « entrelacer », BO, BJ, TOB, BS, BD « tisser ». Sur skk / sikesék, « entrelacer, mêler » : Sander, trenel, 1979, p. 489 (pilpel de sâkak). Le terme sâkak peut désigner en général le moyen de protéger à l’aide quelque chose de souple capable d’envelopper (comme une toile de tente ou un vêtement).

[9] ZK « artistement organiser », BO, BJ « broder », BD « façonner comme une broderie », BS « tissé ». Sander, Trenel, 1979, p. 701 « broder soit au métier, soit à la main, surtout pour faire des dessins de plusieurs couleurs » (Exode 38,23 ; 26,36). Poual : (lorsque) j’ai été tissé, brodé, c’est-à-dire formé de matières diverses (comme) au fond de la terre c’est-à-dire dans le sein de ma mère (Ps 139, 15).

[10] ZK, BS « masse informe », BO « jours », BJ « embryon », BD « substance informe ». Pirot, Clamer, 1950, V « je n’étais qu’un germe » (p. 710). Sander, trenel, 1979, p. 105, 1. « matière informe, fœtus ».

[11] Figurant dans la Septante à la fin des livres historiques, les deux Livres des Maccabées ne sont pas mentionnés dans le canon juif des écritures. Les églises protestantes les rangent parmi les écrits « apocryphes », les catholiques parmi les « deutérocanoniques » depuis le concile de Trente (1546).

[12] H. Toelle, Le Coran revisité, le feu, l’eau, l’air et la terre, Institut Français d’études Arabes, Damas, 1999.

[13] Pour : nufa « eau des lombes » (sperme).

[14] Pour : ʿalaq «  adhérence », « chose qui s’attache, s’accroche, se suspend », « sang coagulé », « grumeau de sang ». Sens syriaque « argile collante ». damm « sang ».

[15] Pour : mugha « morceau de chair », désignation de « l’embryon » dans le Coran.

[16] Pour : raim / plur. arâm, « utérus » (3,6 ; 16,78 ; 22,5 ; 23,13).

[17] Pour la création de l’embryon et son développement, voir encore : 40, 67 ; 75, 36-39 ; 77, 20-22 ; 80, 18-19 ; 96, 1-2.

[18] Voir par exemple É. Dhorme, Choix de textes religieux assyro-babyloniens, Paris, 1907, p. 139, 189.

 

 


 

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[19] Dans les cosmogonies phéniciennes, issu d’une sorte de fermentation intérieure du chaos originel, Môt, limon ou pourriture de composés aqueux, est source de tous les germes créés et origine de toute chose. Notons aussi encore à cette occasion que le nom de la femme du chaos, Baau, peut rappeler le tôhû-wabôhû de la Genèse (M.-J. Lagrange, étude sur les religions sémitiques, 2e édit, Paris, 1905, p. 405).

[20] Pierre-Croisiau, 2001, pl. VII (P/A/W 57). Sethe 1908-1922, II, Sp. 485 § 1037b-c p. 79. Faulkner 1969, p. 173. Carrier, II, 2009, Pépy I er, p. 788-789.

[21] de Buck 1935-1961, I, Sp. 69 § 295a . Faulkner 1973, I, p. 65. Barguet 1986, p. 116. Carrier 2004, I, p. 164-165.

[22] de Buck 1935-1961, VI, Sp. 519 § 108g-i. Faulkner 1973, II, p. 148-149. Barguet 1986, p. 138. Carrier 2004, II, p. 1254-1255.

[23] Sethe 1908-1922, II, Sp. 612 § 1732b p. 413. Spellers 1923, I, p. 106. Faulkner 1969, p. 191. Carrier, II, 2009, Pépy I er, [p. 1076-1077] / Carrier, III, 2010, Pépy II, p. 1776-1777 ; Carrier, IV, 2010, Mérenrê, p. 2062-2063.

[24] Voir par exemple : Morenz, 1977, p. 99 « chef de chantier ».

[25] Aménémopé, pap. N° 10474 du British Museum. P.-M. Laisney, L’Enseignement d’Aménémopé, Rome, 2007, p. 360 ; 274 (24,13-14 sous le Chapitre 25) ; 212-213. Vernus, 2001, p. 324 et note 196 p. 344, ou, 2010, p. 414 et note 196 p. 434.

[26] Voir par exemple : M. Grazia Lancellotti, « Le thème du “ dieu qui meurt ” à l'époque perse : les aspects méthodologique », Transeuphratène, 22, 2001, p. 51-62.

[27] A. Moortgat, Tammuz, Der Unsterblichkeitsglaube in der Altorientalischen Bildkuns, Berlin, 1949, avec la critique d’André Parrot, dans Syria, 27, 27-1, 1950, p. 145-14.

[28] Éd. Lipiński, Dieux et déesses de l'univers phénicien et punique, OLA 64, Peeters, Louvain, 1995, p. 90-105.

[29] I. Tassignon, « Dionysos et les rituels dendrophoriques de Magnésie du Méandre », dans M. Mazoyer, O. Casabonne (ed), Studia Anatolica et Varia, Mélanges offerts au professeur René Lebrun, II, Col. Kubaba, L’Harmattan, Paris, 2004, p. 325.

[30] Voir par exemple : F. Malbran-Labat, Gilgamesh, Cahiers évangile, supplément au n° 40, Paris, 1982, p. 68-69 ; R.J. Tournay, A. Shaffer, L’épopée de Gilgamesh, éditions du Cerf, Paris, 2007, p. 238-245.

[31] Voir par exemple : A. Zinedine, S. ElAkhdari, M. Faid, M. Benlemlih, « Activité antifongique et anti-aflatoxinogenique de l'Algue brune Cystoseira tamariscifolia »,Journal de Mycologie Médicale, 14, 4, décembre 2004, p. 201-205. S. Maoufoud, Contribution à l'étude chimique et biologique d'ascidies simples et d'algues brunes de la cote atlantique marocain, Thèse de l’Université Hassan II - Mohammedia, Faculté des Sciences Ben M'Sik, Casablanca, 25 décembre 2008.

[32] Col. Catéchisme Orthodoxe : Dieu est Vivant, Catéchisme pour les familles, Paris, 1979, p. 403-405. Monseigneur Mélétios, Métropolite de l’église orthodoxe grecque en France (communication personnelle, février 1980).

[33] Pour la « résurrection de la chair » dans la théologie thomiste, voir : Col., Initiation Théologique, Cerf, Paris, 1956, II, p. 231, 361, 362 ; III, p. 98, 188-189, 537, 548, 567 ; IV, p. 836-837, 852-853, 855, 868, 869, 878.

[34] Nous retiendrons ici la position des traducteurs de la Bible de Jérusalem (éditions du Cerf, Paris, 1978, p. 1283). Comme en Osée (6, 2 ; 13, 14) et en Isaïe (26, 19), Dieu annonce bien entendu dans ce texte la restauration messianique d’Israël, après les souffrances de l’Exil (Apocalypse 20,4 …). Mais cependant, « par les symboles utilisés, il orientait déjà les esprits vers l’idée d’une résurrection individuelle de la chair », déjà entrevue en Job (19, 25 …), et explicitement affirmée en Daniel (12, 2), 2 Maccabées (7, 9-14, 23-36 ; 12, 43-46 ; cf. aussi 2 Maccabées 7, 9 …). Pour le Nouveau Testament, il faut aussi se reporter à 1 Corinthiens 15,  Romains 8, 10-11, 23, Jean 5, 25-28, et à Mathieu 22, 29-32 (Père Bro, communication personnelle, février 1980). Pour une position dite plus intellectualisée, plus « nuancée », et où « Dieu a le droit d’être poète » (p. 428), voir par exemple : Th. Rey-Mermet, Paris, 1976, p. 423-446. Pour le Père Trinquet, « il n’y a pas d’opposition entre ce récit et la vision eschatologique de la résurrection de la chair quelle qu’en soit la forme, puisqu’elle est par définition prophétique  et prodigieuse, mais il faut toujours tenir compte du contexte littéraire quelle que soit la relecture spirituelle même si elle est fondée ». Pour le Cardinal Marty, «  Le prophète Ézéchiel a surement dans cette vision été le témoin d’une sorte de suite logique de résurrections commençant avec celle d’Israël et résumée à l’image de l’accomplissement des temps dans la mesure où Dieu sans cesse dans les écritures prépare l’homme à sa résurrection totale et particulière en Christ » (communications personnelles, mars 1980).

 

 


 

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[35] Concile Œcuménique Vatican II : Lumen Gentium 4 (p. 15) ; Gaudium et spes 14, (p. 225), 22 (p. 237).

[36] Voir par exemple : Actes des Apôtres, 23, 8. Flavius Josèphe, Antiquités Juives, 18, 1. 3-4 « la doctrine des Saducéens fait mourir les âmes en même temps que le corps » (VIII, 1,4) ; Guerre juive, 2. 8,14.

[37] Voir par exemple la Michna : Sanhedrin 90b, avec la réfutation de l’hérésie samaritaine.

[38] Traduction interprétative rabbinique.

[39] E. Hugueny, « Résurrection et identité corporelle selon les philosophies de l’individuation », dans Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques, 23, 1934, p. 94-106.

[40] M.-J. Lagrange, « Deux nouveaux textes relatifs à l’évangile », Revue Biblique, 44, 1935, p. 337-338.

[41] Richard-Alain Jean, « La déesse Séchât, le bois silicifié, et la “ résurrection de la chair ” », dans Hommages à Madame Christiane Desroches Noblecourt - Memnonia, XXII, Christian Leblanc (éd.), Le Caire - Paris, 2011, p. 199-214 ; — « Le pharaon pétrifié du Louvre, ou une médecine théologique politique et royale », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 05 décembre 2013.

[42] Voir aussi J. Chaine, Le livre de la Genèse, Paris, 1948, p. 102. Nous ne tiendrons pas compte ici d’autres créatures sensibles à la beauté des femmes (6, 2a) et capables de s’unir aux « filles des hommes » (Genèse 6, 1-2). Quand, nous dit le texte, « ils vont vers » elles (6, 4c), ils leurs donnent des enfants (Genèse 6, 4) qui deviendront des champions peut-être du fait de leur grande taille (nephilîm) et donc d’une force plus grande que les autres garçons du reste de la famille (ézéchiel 32,27. LXX). Ce qui est compréhensible dans la mesure où, ceux-ci semblent plus forts, plus instruits et aussi plus intelligents que l’homme normal un peu à la façon des « anges vrais » (I Samuel 29, 9 ; II Samuel 14, 17-20 ; 19-27). Vu plusieurs passages bibliques, certaines interprétations leurs attribuent des fautes charnelles (Hénoch 9, 8 ; 10, 11 ; 12, 4 ; 19, 1-2 . 2 Pierre 2,4 ; Jude 6-8). Ces entités ont pu être infidèles à leurs épouses, et encore, ils ont pu pratiquer l’homosexualité : « Ainsi Sodome et Gomorrhe, et les villes voisines, qui se prostituèrent de la même manière qu’eux et allèrent après une chair différente … » (Jude 7). Ces créatures hors normes sont dans leurs descriptions en fait plus proches des demi-dieux et des héros antiques. Ils sont sans doute à rapprocher des vieux fonds mythologiques mésopotamiens comprenant divers êtres ailés ou non et aux pouvoirs supra humains. Une correspondance égyptienne ne peut pas être exclue.

[43] Ce récit yahviste indique une apparition de Dieu sous la forme de trois hommes, en fait le Seigneur se fait représenté par ses anges (Genèse 19,1.15 ; 18, 16.22 ; Josué 5,13 ; Juges 13,6.10.11 …).

[44] Cette traduction n’est pas si facile. Voici celle de Saint Jérôme : « Car je sais que mon Rédempteur est vivant, qu’au dernier jour je me lèverai de terre, que de nouveau je serai entouré de ma peau et que dans ma chair je verrai mon Dieu » (19, 25-26). Ce grand exégète commente ensuite : « Job prophétise ici la résurrection des corps ». La Vulgate abonde en ce sens. En réalité il s’agit, dans le contexte, de l’espérance d’un retour passager à la vie corporelle afin d’obtenir justice. Il n’en s’agit pas moins d’un prélude à la « révélation » explicite de la résurrection de la chair (II Maccabées 7,9).

[45] Voir par exemple : S. Milanezi, « Le rire d’Hadès », Dialogues d’Histoire Ancienne, 21, 2, 1995, p. 231-245.

[46] Homère, L’Odyssée, I, Chants I-VII, ed. V. Bérard, Les Belles Lettres, Paris, 2002.

[47] Platon, Œuvres complètes, V, 2e partie : Cratyle, ed. L. Méridier, Les Belles Lettres, Paris, 2003. Voir aussi : M. Dixsaut, Platon, Phédon, Paris, 1991, p. 47.

[48] Platon, Œuvres complètes, IV, 1er partie : Phédon, ed. L. Robin, P. Vicaire, Les Belles Lettres, Paris, 2002. Voir aussi : M. Dixsaut, Platon, Phédon, Paris, 1991.

[49] Platon, Œuvres complètes, VI : La République, livres I-III, ed. é. Chambry, A. Diès, Les Belles Lettres, Paris, 2002.

[50] Aristote, De anima : l'intellect est « la partie de l'âme qui permet de connaître et de penser » (III, 4, 429 a 10). C'est une substance incorruptible (III, 4, 408 b 19). L'intellect agent est « substantiellement activité » (III, 4, 430 a 18) et elle est « la seule chose immortelle et éternelle » (III, 4, 430 a 23). Aristote, De l’âme, ed. A. Jannone, é. Barbotin, Les Belles Lettres, Paris, 2009. Voir aussi : A. Mansion, « L'immortalité de l'âme et de l'intellect selon Aristote », Revue philosophique de Louvain, 51, 1953, p. 444-472.

[51] Plotin, Les Ennéades de Plotin, ed. M.-N. Bouillet, Paris, tomes : I, 1857 ;  II, 1859 ; III, 1861 ; Plotin, Traités, traduction sous la direction de L. Brisson et J.-F. Pradeau, Paris, Flammarion, 9 volumes, 2002-2010. Plotin, Ennéades, ed. é. Bréhier, Les Belles Lettres, I-VI, Paris, 2003. Voir aussi : D. O'Meara, Plotin. Une introduction aux Ennéades, Paris, 1992.

[52] At-Tirmidhî, Sunan (Al-Jâmi ʿ As-Ṣaî), Le Caire, 1962, IV, n° 2423 p. 615.

 

 


 

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[53] Al-Bukhârî, Ṣaî, Le Caire, 1953, II, p. 147-148 ; At-Tirmidhî, op.cit., 1962, IV, n° 2533 p. 676, n° 2564 p. 696.

[54] At-Tirmidhî, op.cit., 1962, IV, n° 2536 p. 677 et n° 2545 p. 683.

[55] Irénée de Lyon, Adversus Haereses, livres I à V, éd. A. Rousseau et L. Doutreleau, Collection des Sources Chrétiennes, éditions du Cerf, Paris, 1965-2002.

[56] Claude Dagens, « Notre corps promis à la résurrection », Revue catholique internationale COMMUNIO, XV, 1, janvier-février 1990 (la totalité de cet article est accessible en ligne : http : // www. communio.fr / rubrique .php3 ?id_rubrique =95).

[57] A. El Albani, « Découverte de l'existence d'une vie complexe et pluricellulaire datant de plus de deux milliards d'années », Communication du CNRS, Paris, 30 juin 2010 ; A. El Albani, S. Bengtson, D.E. Canfield, A. Bekker, R. Macchiarelli, A. Mazurier, E. Hammarlund, P. Boulvais, J.-J. Dupuy, C. Fontaine, F.T. Fürsich, F. Gauthier-Lafaye, P. Janvier, E. Javaux, F. Ossa Ossa, A.-C. Pierson-Wickmann, A. Riboulleau, P. Sardini, D. Vachard, M. Whitehouse, A. Meunier, « Large colonial organisms with coordinated growth in oxygenated environments 2.1 Gyr », Nature, 1er Juillet 2010.

[58] « Désurrection », je le rappelle : au sens de la destruction partielle et inévitable du corps malgré la momification et avant sa « reconstitution efficiente » pour son éternité.

 

 

 


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