Anatomie égyptienne des vaisseaux Ⓒ = Tronc ( = p. 24-53 only)
• Richard-Alain JEAN, « Le cœur, les poumons, et les vaisseaux, 4 – Anatomie égyptienne des vaisseaux », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 15 avril 2024 : Ⓒ Tronc
( = p. 24-53 only).
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4.2. Les gros vaisseaux du tronc
À l’ouverture antérieure, et à l’œil nu, les anatomistes égyptiens ont pu à minima observer les très gros vaisseaux du tronc que sont : l’artère aorte avec sa crosse, ses ramifications supérieures les plus importantes comme à droite le tronc artériel brachio-céphalique à droite (qui se divise un peu plus haut en deux avec l’artère subclavière droite, et l’artère carotide commune droite), l’artère carotide commune gauche qui est suivie par l’artère sub-clavière gauche, et de cette manière, avoir remarqué cette flagrante dissymétrie d’avec le réseau veineux supérieur. Puis, de la même façon, suivre les ramifications inférieures viscérales (rénales …), et ceci, jusqu’aux deux artères iliaques communes, voir plus loin. Longeant ces formations, se distinguent ensuite facilement la molle veine cave supérieure avec ses ramifications supérieures les plus importantes, comme les troncs veineux brachio-céphaliques droit et gauche, les veines sub-clavières droite et gauche, puis, la veine cave inférieure, ses ramifications inférieures viscérales (rénales …), jusqu’aux deux veines iliaques communes, voir au-delà …
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4.2.1. Les gros vaisseaux du thorax
Avec en interne
Très aisée à distinguer, l’artère aorte part du ventricule gauche (cœur gauche) sous la forme d’une importante crosse, pour se diriger très loin vers le bas en traversant le diaphragme bien connu des anatomistes égyptiens, pour se diviser de chaque côté au niveau de la partie supérieure du bassin. Cette grosse formation artérielle de consistance élastique au toucher donnera entre temps plusieurs autres divisions de calibres respectables et donc pas trop difficiles à suivre. Elle sera accompagnée dans son trajet, en haut et à gauche pour l’observateur, par la veine cave supérieure issue de la partie supérieure de l’oreillette droite (cœur droit), et, en bas et toujours à gauche pour l’observateur par la veine cave inférieure issue de la partie inférieure de l’oreillette droite (cœur droit). Cette grosse formation un peu plus grosse mais plus molle au toucher donnera aussi entre-temps plusieurs autres divisions de calibres respectables et donc pas trop difficiles à suivre non plus. Les destinations de ces importantes formations sont ensuite faciles à relever à la dissection au doigt, à la compresse, et à la sonde sans trop de risque de se tromper avec un peu d’expérience opératoire, et en utilisant le couteau avec discernement et uniquement quand cela et nécessaire, par exemple pour découvrir un pont canaliculaire, ligamentaire, ou musculaire … qui masquerait une destination plus profonde. Tout est une question de méthode.
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• Les vaisseaux du cœur
Comme je l’ai déjà indiqué à propos des vaisseaux [i], à côté de ces cœurs libres, d’aspects hiéroglyphiques ou quasi hiéroglyphiques, venant d’être prélevés pour servir d’offrandes, figurent d’autres représentations plus naturalistes et marquant une certaine volonté de mieux approcher la réalité anatomique. Elles resteront cependant abrégées dans leurs représentations picturales limitées à deux dimensions, et en conséquence elles ne montreront que quelques ébauches vasculaires. La plupart de ces représentations ne comportent qu’une seule ébauche centrale (Fig. 52-56, 75), alors que d’autres en comportent plusieurs (Fig. 57-59). Les cœurs pesés aussi.
Nous voyons que ces représentations sont nettement conçues différemment que celles copiant les signes hiéroglyphiques habituels désignant le cœur. Les cinq premiers exemples cordiformes (Fig. 52-56) montrant une dépression centrale divisant le myocarde, et où se trouve logé un gros conduit, doivent symboliser les deux cœurs : le droit et le gauche, et entre lesquels s’insinuent un groupe vasculaire conséquent, mais dont on aperçoit ici qu’un seul élément constitutif et récapitulatif des autres cachés derrière. Quand nous rencontrons très visiblement trois gros vaisseaux s’abouchant au niveau des oreillettes, partie atriale rainurée sur la figure (Fig. 57), il n’est pas impossible d’interpréter le conduit situé à gauche sur cette représentation comme figurant la veine cave supérieure, la veine cave inférieure étant bien ici normalement dissimulée derrière et en bas, puis, le départ de la crosse de l’aorte au centre, suivi du tronc pulmonaire à droite, les quatre veines pulmonaires se trouvant bien normalement cachées derrière dans cette incidence. Ce schéma est donc juste. D’ailleurs, la représentation suivante (Fig. 58), qui est plus conventionnelle et rappelle les très anciennes formes thinites, comprennent bien les huit conduits les plus importants. Cette représentation bien que plus théorique n’est pas fausse. Quant à l’image cardiaque fournie par le Papyrus de Djed-Khonsou-iouf-ankh (Fig. 59), elle doit, montrer latéralement deux gros vaisseaux, ou bien quatre, tous disposés de manière symétrique, soit de toutes les façons dans ce schéma un paquet vasculaire important.
Comme je l’avais signalé dans un article précédent [ii], on notera au passage l’aspect blanc au naturel de tous ces conduits formés par les artères et par les veines (Fig. 50 a, b, c), ce qui explique en
conventionnelles de représentations modernes, rouge ou bleu, reposent sur les tons vifs ou sombres du sang y circulant du vivant du sujet : cf supra, fig. 22-23 p. 11). D’anciennes représentations les reproduisent bien en blanc en position supérieure (Fig. 61-65, et encore bien d’autres nous avons vu).
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pu manquer les autres. De plus, par analogie, ils sont rendus en forme de crosse, probablement pour faire allusion au croisement des deux artères pulmonaires sous l’artère aorte. Or, ce sont précisément ces gros conduits qui débouchent dans les ventricules par l’intermédiaire de la valve sigmoïde à droite pour charrier le sang bleu aux poumons, et, de la valve aortique à gauche pour redistribuer cette fois le sang rouge à tout le corps. Nous avons probablement ici dans cette présentation, une distinction volontaire des deux systèmes. Les apports « veineux » de bases (vaisseaux amenant le sang au cœur) ont été passés sous silence au profit des apports « artériels » (vaisseaux faisant sortir le sang du cœur). En effet, il est absolument impossible que les médecins n’aient pas vu les énormes troncs caves supérieur et inférieur, pas plus qu’ils n’aient perçu les veines pulmonaires. Simplement dans cet esprit sont privilégiés les mtw creux efférents capables selon cette philosophie d’infuser aux poumons un premier sang pour ensuite le dispenser – avec sûrement des effets bénéfiques escomptés en tant que deuxième sang – vers la circulation générale [iii].
D’autres amulettes sont intéressantes. Parmi celles que j’ai ailleurs évoquées [iv], se trouve un pendentif en faïence égyptienne bleu (Fig. 70). Sa partie supérieure est barrée de deux lignes horizontales séparant la partie atriale et la partie ventriculaire. Dans la mesure où elle est double, cette ligne doit également correspondre à un processus vasculaire comme le sinus coronaire. Sur ces mêmes artefacts, les tracés horizontaux représentent bien le sillon auriculo-ventriculaire (atrio-ventriculaire) qui sépare en externe la partie atriale de la partie ventriculaire, et, le tracé vertical indique bien un sillon inter-ventriculaire qui sépare en externe les deux ventricules. Ces dépressions sont parcourues par des vaisseaux sanguins que l’on peut penser représenter sur par exemple quelques objets (Fig. 68-72,77, …), y compris des scènes d’offrandes (Fig. 75-76) : il s’agit des artères et des veines coronaires. Bien entendu ce schéma en ‘Y’ ou en ‘T’ est très simplifié, mais il n’est certes pas faux, surtout vu en face postérieure (Fig. 66).
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[i] R.-A. Jean, « Le cœur, les poumons, et les vaisseaux, 2 – Anatomie égyptienne du cœur », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 1er septembre 2023, p. 25-26, 31-34.
[ii] R.-A. Jean, op. cit. 14 juin 2023, p. 12.
[iii] R.-A. Jean, « Le système respiratoire en Égypte ancienne (6) Physiologie humaine théologique et royale (4) Conclusion cardio-pulmonaire », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 10 mars 2014, p. 9-10.
[iv] R.-A. Jean, op. cit. 1er septembre 2023, p. 31-34.
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Autres illustrations : De très anciennes représentations montrent le cœur avec huit vaisseaux abouchés évoquant encore l’aorte, l’artère pulmonaire, les veines caves supérieure et inférieure, les quatre veines pulmonaires, plus éventuellement quelques coronaires. Si l’on cherche à les dénombrer encore, il faudra se reporter à quelques figures déjà évoquées ailleurs, plus quelques autres qui viendront confirmer que dans leurs représentations, leur quantité n’est pas toujours très fiable, car ils sont représentés en frises aléatoires. Voir toutefois l’un des cœurs thinite d’Âdjib (Fig. 78 : Am. N.F. I pl.33), un cœur de Rekhmirê (Fig. 80) et encore d’autres, dont un conservé au Musée du Caire (Fig. 81), les autres comptant le plus souvent un nombre subsidiaire de canaux auxquels il est difficile de se référer. Un très ancien ensemble cardiaque et tronculaire est représenté partiellement par le signe générique F35 qui montrera une trachée passant derrière le cœur comme déjà évoqué ci-dessus. Plutôt que l’œsophage selon Fischer comme nous l’avons vu plus haut, il pouvait, de l’Époque thinite à l’Ancien Empire, montrer schématiquement une veine cave seule (F35A), ou avec des ramifications, surtout quand il comporte deux traits supérieurs ou plus (Fig. 79). Les retours veineux principaux correspondant à la veine cave supérieure et à la veine cave inférieure répondent à un grand ensemble veineux anastomosé
[i].
En ce qui concerne les modèles animaux, et pour ce qui est du boucher, nous avons également déjà vu qu’il devait « saisir » l’organe dans le médiastin ouvert d’un animal après avoir forcé la plèvre et le péricarde. Or il faut savoir que cela ne peut pas se faire n’importe comment. En effet, cette pièce anatomique importante « en sa place » ne peut être sortie du thorax à une seule pleine main qui ne pourrait pas la contenir : le cœur d’un bœuf pèse en moyenne plus de 6 Kg, et davantage pour un taureau. La seule façon de le prendre aisément, est, après délabrement des membranes antérieures comme déjà indiqué plus haut, de pratiquer une section vasculaire et accompagnants basse, puis assez haute du paquet vasculaire et accompagnants, et au minimum de l’attraper par son intermédiaire (Fig. 86), mais ça glisse … et le cœur risque fort de se retrouver à terre avant d’être donné au prêtre qui l’attend, ou, placé dans un récipient prévu à cet effet. Ainsi, afin de s’en « saisir » fermement et prestement, il est bien préférable de passer sa main sous la crosse de l’aorte et de le soulever de cette manière (Fig. 85). Ou, encore plus subtilement, en insinuant trois doigts à travers le sinus transverse du péricarde pour constituer une meilleure prise en isolant les deux très gros vaisseaux que sont l’aorte ascendante à gauche, et, le tronc pulmonaire à droite. Dégager l’organe et le présenter à qui l’attend devient alors un jeu d’enfant. C’est ce que nous montre plusieurs scènes assez vivantes auxquelles je renvoie [ii], et que je reproduis en partie ici par commodité de consultation (Fig. 82-89).
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• Les textes : Après avoir exploré les arguments pratiques immédiatement accessibles aux égyptiens et leurs représentations, reportons-nous maintenant aux textes.
(ḥ3ty), ce sont eux qui donnent à chaque endroit de son corps (ʿt) » (pEbers 856 b. 103,2c-3b). Ce texte nous indique que douze vaisseaux sont abouchés au cœur, dont les huit plus gros vaisseaux habituels que sont la veine cave supérieure, la veine cave inférieure, l’aorte, le tronc pulmonaire, et les quatre veines pulmonaires, plus, le sinus coronaire, l’artère coronaire droite, l’artère coronaire gauche qui se continue par l’artère circonflexe, et une artère inter-ventriculaire (Fig. 106). Ce qui est logique, puisque nous avons vu plus haut que les médecins pharaoniques avaient bien perçu les sillons inter-auriculoventriculaires et les sillons inter-ventriculaires, bien visiblement comblés par les différents vaisseaux coronaires. Un passage du pBerlin 3038 (163 b. 15, 5-6) nous en compte pas moins de vingt-deux, et où ces conduits sont dits s’établir entre la tête et le cœur. Il faut les considérer comme des ramifications s’étendant des gros vaisseaux artériels (ou veineux) rejoignant la tête à partir, ex : 1. de l’aorte, 2. de l’artère brachio-céphalique à droite, 3. de l’artère carotide commune à gauche, se poursuivant par les artères carotides 4. internes droite, 5. externes droite, et 6. interne gauche, 7. externe gauche, des veines brachio-céphaliques 8. droite et 9. gauche se poursuivant par les veines jugulaires 10. interne droite, 11. interne gauche 12. externe droite, 13. externe gauche … (?) plus une centrale thyroïdienne, huit et quatorze font vingt-deux.
qu’un œsophage comme le pense Fischer, ou, une veine cave supérieure avec des ramifications, surtout quand il comporte deux traits supérieurs [xi], ou rarement plus (Fig. 6). Ces traits pourraient bien aussi symboliser « pour mémoire » les quatre mtw d’abouchement, dont deux auriculaires et deux ventriculaires, ce qui n’est pas absurde à concevoir selon un découpage profond de l’organe principal (des schémas basiques modernes et pédagogiques le font bien !). Dans les cas les plus classiques où la barre verticale représente bien une trachée comme nous l’avons vu plus haut (p. 10-12), ce conduit ne peut pas être logiquement figuré comme s’abouchant sur le cœur, il ne peut être montré que placé en arrière de l’organe, l’œsophage lui, étant placé en arrière de la trachée, contre le rachis : les gros vaisseaux situés au-dessus du cœur sont très majoritairement placés en avant de la trachée dans le médiastin (Ex. coupe horizontale en T3, où seule l’artère subclavière gauche passe sur le côté droit). J’ai déjà démontré la dernière fois qu’un esprit normalement constitué ne pouvait pas se tromper en ouvrant un organisme à ce niveau. Encore à propos des « canaux » qui se chevauchent à la manière d’un fagot, qui se croisent, mais, et c’est important, sans jamais communiquer, figure dans le thorax, la trachée et les bronches que nous retrouverons à propos des poumons (pSmith 34. 12, 1-2 ; pEbers 854 m. 100,10b).
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• Les vaisseaux des poumons
sont eux qui leur donnent du liquide (mw) et de l’air ( ṯ3w) {à elle aussi} » (pEbers 854 m. 100,10b). Si l’on exclue la rate qui est fautive à cet endroit (l’air gazeux n’y aboutit jamais) – nous sommes en présence d’une faute de scribe (saut de lignes) [xiii]. En effet, comme nous savons que ce livre correspond à une compilation, des parties peuvent être manquantes ou mal raccrochées. En ce qui concerne la rate placée à cet endroit dans le texte, il doit s’agir ici de la fonte en un seul de deux plus anciens stiques. La partie confondue au cours du temps par les copistes et qui a de ce fait disparu a pu être différente comme nous le verrons plus bas à propos de la vascularisation de la rate (p. 39-41). En effet, dans ce texte en désordre (le foie est placé avant en 854 l. 100, 8-10), il doit manquer ici deux passages vasculaires abdominaux décrivant l’un le tronc cœliaque et l’autre une partie mésentérique. Ils sont chacun trop importants quant à leur taille respective et visibilité pour avoir été oubliés lors de la composition de la première rédaction. J’ai abordé une autre raison d’origine physiopathologique dans un autre article [xiv]. Cette tétrade assez précise doit correspondre à la bronche souche, à l’artère pulmonaire et aux deux veines pulmonaires supérieure et inférieure qui se regroupent au niveau du hile [xv]. Ce qui fait quatre.
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(Cliché Louvre, G. Poncet) [xvi]
• Avec en externe pour la poitrine
103,3c-4a ; pBerlin 163b). Une telle description doit correspondre aux trajets de l’artère mammaire externe, et de la branche thoracique de l’artère scapulaire inférieure, branche de l’artère axillaire. En effet, l’artère mammaire interne, branche sous-clavière de l’acromio-thoracique est moins facile à percevoir en raison de son trajet profond.
Le réseau veineux sous-cutané pouvait également être victime d’une baisse de pression comme nous l’indique la clinique gynécologique égyptienne [xvii], l’une des preuves que les médecins égyptiens portaient aussi une attention aux réseaux veineux superficiels : Examen des vaisseaux mtyw de la poitrine q3bt (pKahun 26. 3, 12-14), sans dépression, ou, déprimés et de la même couleur que la peau de la femme, d’aspect permanent entre le soir et le moment de l’observation (pBerlin 196 vers. 1, 9-11). Ou encore, disparition de la tension mammaire (pKahun 26. 3,14 ; pBerlin 196. vs. 1,10). Chez une femme enceinte, c’est un signe classique de mort fœtale. Ce phénomène peut être un signe très précoce de l’arrêt de l’évolution d’une grossesse. La production du lait avait aussi une signification « tonique ».
Enfin, le réseau veineux sous-cutané et le tronc collecteur lymphatique aboutissant aux ganglions des groupes mammaires externe et axillaire ont été perçus par le clinicien (pKahun 26. 3, 12-14 ; pBerlin 196. vs. 1, 9-11).
4.2.2. Les gros vaisseaux de l’abdomen
Les gros vaisseaux de l’abdomen sont tous issus de l’artère aorte abdominale, et, des réseaux veineux de retour aboutissent tous à la veine cave inférieure comme nous l’avons vu plus haut à propos de la vascularisation du tronc (Fig. 49-52). En dehors de ces gros vaisseaux et de leurs ramifications, cheminent de concert avec eux, d’autres métou (mtw) « canaux » qui n’ont rien de vasculaire, comme par exemple, les uretères, ou encore le cholédoque que je situerai avec suffisamment de précisions pour faire comprendre le niveau d’attention que devaient avoir les premiers dissecteurs afin de ne pas les confondre avec des vaisseaux sanguins de moyenne importance.
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[i] Walker 1996, p. 276 ? venous plexus / GdM V, 395 (Eb. 873) ; Hannig-Wb II,2 - 33680 : štjw « Kreuzgeflecht (von Adern) » (ensemble croisé (de veines)). R-A. Jean, A.-M. Loyrette, 2010, p. fig. 12, p. 61.
[ii] R.-A. Jean, op. cit. 1er septembre 2023, fig. 19-25 p. 18, et fig. 116-117 p. 38.
[iii] R.-A. Jean, op. cit. 1er septembre 2023, p. 37-39.
[iv] Bardinet 1992, p. 126 ; 1995, p. 115 ; Hannig 1995, p. 764, « Leitung, (canalisation) / d. Gefäßsystems (système vasculaire) ». R-A. Jean, A.-M. Loyrette, 2010, p. 58 « système conducteur ».
[v] Wb IV, 535,1 ; Alex. 77.4287 (comme nom d’une artère du cœur) ; Hannig 1995, p. 836 « Empfänger (e. Arterie des Herzens) » (destinataire, récepteur) ; KoptHWb p. 561 ϣⲟϣⲡⲓ « Magen » (estomac). Ce mot dérive du verbe šsp : Wb IV, 530,1 - 533,18 ; Alex. 77.4283, 78.4186 (« saisir, tenir », « recevoir, prendre », « accueillir » quelqu’un…), 79.3062 (« accepter, prendre en charge ») ; Hannig-Wb I & II,2 - 33451 ; PtoLex.p. 1028 « to receiv, accept, take possession ». Arabe šaḏaf, yašḏuf « recevoir, atteindre ». Voir aussi la forme šp . Erichsen 1954, p. 500, dém. šp« recevoir » ; KoptHWb p. 321 ; Vycichl 1983, p. 268, ϣⲱⲡ SB, « recevoir, supporter, acheter ». — Ce vaisseau étant perçu comme « celui qui reçoit » peut être une très importante artère recevant le sang du cœur jb, et donc l’aorte. La phrase suivante indique que c’est celui-là qui alimente le cœur ḥ3ty, il pourrait donc s’agir aussi d’une artère myocardique — ou bien, pour la seconde proposition (99, 19b) des veines caves qui apportent le sang au cœur. Cependant, cela irait à l’encontre de son nom même, et nous aurons l’occasion de voir que les Égyptiens avaient peut-être bien observé certains éléments de la physiologie cardiorespiratoire. Et puis donc, les autres parties du jb, à la valeur plus large, semblent indirectement être irriguées à partir de ce vaisseau si important, ce qui est un argument en faveur de l’aorte. Les autres arguments sont cliniques.
[vi] pEbers 855 c. 99, 18-19 : 18 mt 19 šspw rn=f « un vaisseau dont le nom est ‘le récepteur’ », lit. « un vaisseau, ‘ le récepteur ’ est son nom ».
[vii] R.-A. Jean, op. cit. 1er septembre 2023, p. 38.
[viii] Cat. Ifao 1983, 164,13. ValPhon, I, p. 277, 451, avec les valeurs jb, nfr et ḥ3ty. Hieroglyphica 2000, F35.
[ix] La crosse aortique n’étant pas représentée ici, peut-être parce qu’elle est vide à la dissection. Plus tard les Grecs croiront qu’elle charrie de l’air.
[x] Hieroglyphica 2000, F35A.
[xi] Cat. Ifao 1983, 164,10 et 11, puis 12 et 14 ; ValPhon. I, p. 277, 453 et 455, puis 456 et 457, avec les valeurs nfr et nfrw. Hieroglyphica 2000, F 35.
[xii] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - V, Splanchnologie - IV, Les vaisseaux profonds. Les vaisseaux digestifs. L’assimilation », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 27 janvier 2017, p. 5.
[xiii] Voir à ce sujet : R.-A. Jean, « Le système respiratoire en Égypte ancienne (6) Physiologie humaine théologique et royale (4) Conclusion cardio-pulmonaire », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 10 avril 2014, p. 8-9 et note 2 ; R.-A. Jean, « Le système respiratoire en Égypte ancienne (7) Physiopathologie (1) Associations pneumo-hépato-spléniques et cardio-circulatoires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 20 avril 2014, p. 2, commentaires sur la rate et physiopathologie.
[xiv] R.-A. Jean, « Le système respiratoire en Égypte ancienne (7) Physiopathologie (1) Associations pneumo-hépato-spléniques et cardio-circulatoires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 20 avril 2014, p. 2.
[xv] R.-A. Jean, op.cit 10 mars 2014, p. 8.
[xvi] Voir à ce sujet : R.-A. Jean, « Le cœur, les poumons, et les vaisseaux, 3 – Anatomie égyptienne des poumons », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 18 décembre 2023, p. 16 et fig. 48.
[xvii] R.-A. Jean, op. cit. 2012, p. 11-12 ; R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, op.cit. 2010, p. 240-241, p. 255-265 ; passages cliniques essentiels et auxquels il faut vraiment se reporter pour bien saisir ce présent article.
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• Les gros vaisseaux et canaux du foie
sont eux qui lui donnent du liquide (mw) et de l’air (ṯ3w), et qui ensuite font que se manifeste toute (sorte) de trouble contre lui (le foie), car il est engorgé sous le sang (snf) » (pEbers 854 l. 100, 8-10) [i].
Ainsi, nous avons bien quatre « canaux » principaux pour le foie avec « la suite hépato-cholédocienne », la veine cave inférieure par l’intermédiaire des veines hépatiques qui s’y anastomosent aussitôt, la veine porte et l’artère hépatique. Un peu comme pour les poumons les divisions sous-hilaires ne sont pas prises en considération dans la mesure où elles forment un pédicule. Dans cette vision anatomique, le hile fait déjà partie de l’organe. La veine splénique, – qui apporte tout son sang de dérivation au foie – , se continue bien visiblement par le tronc spléno-mésentérique (qui reçoit entre-temps le sang de la veine mésentérique inférieure puis celui de la veine mésentérique supérieure), pour s’aboucher à la veine porte. Ce pont facile à observer constitue une véritable ligne directe spléno-hépatique. Nous verrons que cette formation pouvait influencer la philosophie physiopathologique (points de côté …) car il n’était pas évident à ces époques de démêler l’usage exact de tous ces éléments. Ils ne le seront vraiment que bien plus tard.
Les autres « canaux » non vasculaires dépendants du foie
« racine du canal », en somme, issu d’une arborescence haute formée des conduits hépatiques droit et gauche provenant des lobes hépatiques en amont. Après ouverture et poursuite, les sous-canaux biliaires principaux remontants sont très faciles à individualiser en raison de leur structure ferme répondant à la gaine fibreuse produite par la capsule de Glisson. Ils roulent sous les doigts et il suinte de leur lumière un liquide particulier jaune-verdâtre. À quelques centimètres en bas du canal hépatique commun, on trouvera l’adjonction de la branche cystique. Cette dernière mène à la vésicule appendue sous la face inférieure du foie et qui est bien indépendante dans sa loge et simple à séparer sous le péritoine qui forme souvent aussi un méso (ligament hépato-vésiculaire). La suite du conduit principal est bien reconnue, en aval, comme « implanté à l’endroit où cela (la bile) se déverse dans le duodénum »
« duodénum ». Et ceci, pour y transiter, et se mêler au chyme gastrique dans le but de participer à la constitution du chyle dans le reste des intestins. Ainsi, nous voyons que les appréciations anatomiques et physiologiques des médecins de l’époque étaient bonnes.
En ce qui concerne les voies biliaires, on peut ajouter sur le plan anatomo-clinique, que les voies biliaires intrahépatiques, avec les interlobulaires se jettent dans les conduits hépatiques droit et gauche pour former les voies biliaires extrahépatiques qui vont aller s’extérioriser au niveau de la porte du foie (hile). Ces derniers donnent le conduit hépatique commun (3 à 4 cm) qui devient le cholédoque (5 à 12 cm) après avoir reçu le conduit cystique (3 cm). Nous verrons que la dernière section cholédocienne reçoit le conduit pancréatique pour former l’ampoule hépato-pancréatique (ampoule de Vater). Ces deux formations sont fermées chacune par un sphincter. La papille duodénale majeure qui contient aussi un sphincter circulaire (sphincter d’Oddi) fait communiquer le tout avec le duodénum en D2 (partie descendante).
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Quant à la vésicule biliaire elle-même, elle correspond à un sac servant de réservoir pour la bille qui y est apportée par le conduit cystique. De couleur externe gris-bleuté et piriforme, elle montre un fundus qui répond au bord antérieur palpable du foie, un corps aplati, et un col coudé et ampullaire. Elle mesure 8 à 10 cm de long sur 3 à 4 cm de large. Sa capacité correspond à 30 à 50 ml. Elle est recouverte du péritoine viscéral.
Il faut encore savoir, qu’immédiatement après la mort, la surface interne de ces contenants prendra un aspect blanc grisâtre, et, que l’imprégnation biliaire leur apportera, peu de temps après, une teinte jaune verdâtre. Cet élément fait partie des moyens de discrimination.
La face inférieure du foie est viscérale, plane, mais irrégulière. Ce côté est parcouru au centre par trois sillons prenant l’aspect d’un ‘H’. La branche horizontale du H correspond à la porte du foie (sillon transverse ou hile), qui constitue le site de passage des conduits sanguins, biliaires, lymphatiques et nerveux (mtw creux, et mtw pleins blancs) et qui forment ensemble le pédicule hépatique. Le sillon sagittal antérieur gauche est formé par la scissure du ligament rond. De son côté, à droite, le sillon sagittal antérieur marque la fosse de la vésicule biliaire, tandis que son homologue sagittal postérieur voit passer la très importante veine cave inférieure – qui semble littéralement transpercer le foie, en raison de son attache ligamentaire, et d’une partie du lobe caudé qui la recouvre partiellement en arrière.
Enfin, en raison de son calibre et de son accessibilité en soulevant le foie, la veine porte a très bien pu être repérée par les anatomistes égyptiens (Fig. 93-95, 98, et 103).
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• Les gros vaisseaux de la rate
leur donnent du liquide (mw) et de l’air (ṯ3w) à elle aussi » (pEbers 854 m. 100,10b), à reprendre : en interposant des crochets ({...}) aux parties fusionnées et en restituant « … {pour le poumon} et {4 pour la rate}, {ce sont eux qui leur donnent du liquide (mw) et de l’air ( ṯ3w)}{à elle aussi} » [v]. Étrangement, la rate profiterait également en ligne de cette irrigation et de la sienne propre. Comme nous savons que ce livre correspond à une compilation, des parties peuvent être manquantes ou mal raccrochées. En ce qui concerne la rate placée à cet endroit dans le texte et comme je l’ai déjà indiqué ci-dessus et dans un article précédent mais que je reprends rapidement par commodité, il doit s’agir ici de la fonte en un seul de deux plus anciens stiques. La partie confondue au cours du temps par les copistes et qui a de ce fait disparu a certainement été : « Il y a 4 mtw pour la rate (nnšm) : ce sont eux qui lui donnent (du liquide et de l’air / ou / du sang) ». En effet, dans ce texte en désordre (le foie est placé avant en 854 l. 100, 8-10), il doit manquer ici deux passages vasculaires abdominaux décrivant l’un le tronc cœliaque et l’autre une partie mésentérique. Ils sont chacun trop importants quant à leur taille respective et visibilité pour avoir été oubliés lors de la composition de la première rédaction. Si telle n’est pas la solution, il y en a peut-être encore une autre, l’une n’excluant pas l’autre. Il est possible en effet que les médecins égyptiens aient accordé à la rate un rapport avec la respiration malgré sa situation anatomique unilatérale particulière et qu’ils avaient compris que tout le sang provenant de cet organe était destiné au foie par l’intermédiaire de l’un des vaisseaux cités juste au-dessus (en pEbers 854 l. 100, 8b-9a - cf. infra) et communiquant avec la veine splénique (ce qui est correct). Nous avons vu également qu’il existe des liens spécifiques entre les deux fils d’Horus qui sont chargés de la rate et des poumons.
S’il y a quatre mtw pour la rate, ils doivent correspondre à l’artère splénique qui se divise en deux branches très distinctes, tout comme la veine splénique qui est réunie au foie par une certaine continuité. Ce qui fait quatre (Fig. 99-100).
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• Les gros vaisseaux et canaux de l’appareil urinaire
Les reins et les uretères
[vi], [vii], [viii], [ix], [x].
[i] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - V, Splanchnologie IV », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 31 janvier 2017.
[ii] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - IV, Splanchnologie III, Le foie et le pancréas », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 29 décembre 2016.
[iii] R.-A. Jean, op.cit. 21 avril 2014, p. 7-9 + fig. 9 ; — op.cit. 30 novembre 2016, p. 4, et fig. 20 p. 13.
[iv] Th. Bardinet, op.cit. septembre 2013, p. 41.
[v] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - V, Splanchnologie - IV, Les vaisseaux profonds. Les vaisseaux digestifs. L’assimilation », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 27 janvier 2017, p. 5-6. Voir également : « Le système respiratoire en Égypte ancienne (6) Physiologie humaine théologique et royale (4) Conclusion cardio-pulmonaire », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 10 mars 2014, p. 8 ; « Le système respiratoire en Égypte ancienne (7) Physiopathologie (1) Associations pneumo-hépato-splénique et cardio-circulatoires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 21 avril 2014, p. 2 et 7-9 + fig. 9.
[vi] Wb V, 208,7 ; Lefebvre 1952, § 42 p. 36-37 ; FCD, p. 292 « kidney ? » (rein) ; Walker 1996, p. 278 « kidney ? » ; Hannig 1995, p. 909 « Niere » (rein).
[vii] Gardiner, AEO, II, p. 246, d.
[viii] Wb V, 176,8 ; FCD, p. 290 « suet ? » (graisse de rognon ?) ; Hannig 1995, p. 902 « Nierenfett » (graisse de rognon ), « Schmalz » (saindoux) ; PtoLex. p. 1102 « fat » (graisse).
[ix] Wb III, 470,14 - 471,2 ; Lefebvre 1952, § 22 p. 23 ; Lacau 1970, § 265-266 p. 102 ; Alex. 77.3813, 78.3764 « enveloppe graisseuse des rognons ? » ; Walker 1996, p. ; Hannig-Wb I & II,2 - 29773 « Nierenfett, Nierentalg, Bauchspeicheldrüse, Pankreas » (graisse de rognons, suif, pancréas, pancréas). Les hypothèses hautes (thymus, thyroïdes) se confondent avec un « amas graisseux » (pEbers 860. 105,2), et d’autres exposent que cette curieuse partie du corps n’est pas digne de constituer une offrande. Voir à ce sujet : R.-A. Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - IV, Splanchnologie III, Le foie et le pancréas », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 29 décembre 2016, p. 17, fig. 26 p. 15, et fig. 29 p. 19.
[x] R.-A. Jean, 27 janvier 2017, p. 11-15.
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À côté de la proposition du pEbers énoncée ci-dessus, et dont nous voyons bien qu’elle est exacte, il manque cependant la référence aux canaux sanguins eux-mêmes. Or, nous les avons déjà aperçus dans de nombreux schémas. Ils ne peuvent pas être manqués … Un stique a donc disparu entre-temps. Il s’agit des deux artères rénales provenant directement de l’aorte, et, des deux veines rénales aboutissant immédiatement à la veine cave inférieure (Fig. 49, 104, 106, 109, 111). Le texte manquant pouvait donc être celui-ci : « Quatre (conduits) mt.(wy) [v] sont (reliés) aux deux reins : ce sont eux qui donnent du sang (et de l’air) ». Peut-être retrouverons-nous plus tard cette description dans un papyrus restant non déchiffré, ou encore non mis au jour. Ces vaisseaux se divisent ensuite pour former les artères et les veines segmentaires dont les ramifications capillaires s’achemineront dans les pyramides de Malpighi séparées par les colonnes de Bertin. C’est de la papille criblée située à l’extrémité de chaque formation pyramidale que s’écoulera l’urine pour passer dans les calices mineurs, puis dans les grands calices, afin d’être collectée dans le bassinet et être évacuée par l’uretère en aval. Toute cette dernière partie interne est directement accessible à l’œil nu sans aucun moyen particulier (Fig. 105-106). J’en reparlerai en paléo-histologie macroscopique. Je rappelle que des médecins spécialistes devaient
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Les reins sont sous-diaphragmatiques et rétro-péritonéaux (Fig. 111). Cet espace rétropéritonéal se prolonge directement vers le bas par l’espace sous-péritonéal du petit bassin. Ainsi, il faut savoir en clinique, que les inflammations qui se produisent dans cette région peuvent aussi gagner la cuisse en longeant le psoas que j’ai décrit pour cette raison [viii], car les médecins égyptiens ont dû le remarquer. Encore sur le plan pratique, la XIIe côte, avec l’angle formé par la masse musculaire sacro-lombale en arrière, constitue le point de palpation costo-lombal, très sensible en cas de colique néphrétique.
[iii] Wb. I, 358, 1-3 ; Alex. 77.1046, 79.0762 « urine », 78.1104 (peut être aussi « eau de cale croupie ») ; Hannig-Wb. I & II,1 - 8414 « Urin, Harn » ; KoptHWb. p. 53 ; Vycichl 1983, p. 68, ⲒϢ SB.
[iv] Wb. II,53, 6-9 ; Lefebvre 1952, § 43 p. 37 ; Alex. 77.1678, 78.1683 « liquide, urine » ; Hannig-Wb. II,1 - 12645 « Urin, Harn ; das Harnen » ; Takács III, 2008, p. 196 ; Erichsen 1954, p. 147, dém. m3 1) « humidité », 2) « urine » ; KoptHWb. p. 86 ; Vycichl 1983, p. 107, ⲘⲎ SB, ⲘⲒ S, « urine », et parfois « excréments ». Ce mot provient bien entendu de mw « eau ».
[v] Cf. note 36 en supra.
[viii] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. Le membre inférieur – II, Atlas anatomique égyptien commenté (1) La hanche », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 20 novembre 2014, p. 10-11 ; — , « Anatomie humaine. Le bassin - II. Atlas anatomique égyptien commenté. Les bassins masculin et féminin », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 15 janvier 2015, p. 16-17.
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[i], [ii], [iii], [iv], [v], [vi]
le dernier signe. Ce jet est plus ou moins important, long, ou limité (Temple d’Esna) [x], uni ou séparé de la verge (Stèle d’Anlamani du temple de Kawa, Boston, Museum of Fine Arts 23.1479) [xi], ou bien, tombe d’une façon discontinue avec une interruption centrale (Stèle de Taharqa, Kawa III) [xii], et encore, sous forme de gouttes séparées (Temple de Kom Ombo : Fig. 4 ; Stratue d’Haroua, Louvre A 84 - N85) [xiii]. Les signes dessinés ou peints montrent parfois ce même type d’écoulement (Tombe de Sennedjem) [xiv]. Nous verrons aussi qu’une émission saccadée de sperme peut être représentée par un jaillissement bien plus long. Le membre viril, qui a aussi pour vocation de s’affermir tout en s’accroissant au moment de l’excitation physiologique, n’est, comme celui du taureau de bonne
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• Les canaux et les vaisseaux des testicules
Le contexte nous indique bien dans cette phrase des conduits appartenant à l’intérieur jb (Bardinet, op. cit, 1995, p. 88) et non pas systématiquement branchés sur le cœur ḥ3ty. Il ne s’agit donc pas dans ce texte de vaisseaux sanguins, mais d’une autre sorte de « canaux anatomiques » signalée comme paire par un duel. La logique anatomique permet donc ici de comprendre sans ambiguïté aucune que les Égyptiens avaient localement observé les canaux par lesquels s’écoule le sperme mtw.t contenu dans les testicules ẖr.wy : les canaux déférents (Fig. 103).
à son origine se montre encore d’apparence torsadé, et l’enchevêtrement perceptible à l’œil nu avec les anastomoses des éléments périphériques évoque bien une corde. Un mot w pourrait-il donc également correspondre à la dénomination anatomique de ce groupe de mtw testiculaires particulier ?
La vascularisation du testicule est assurée par l’artère testiculaire issue de l’aorte abdominale et par l’artère déférentielle provenant de l’artère iliaque interne, et placées toutes deux dans le cordon spermatique (Fig. 114), puis, de l’artère crémastérienne inférieure procédant de l’artère épigastrique inférieure située en dehors du cordon spermatique. Le retour s’effectue par les veines testiculaires.
[i] Voir à ce sujet : R.-A. Jean, « Anatomie humaine. Le bassin – VI. L’appareil génito-urinaire de l’homme et Atlas (1ère partie) », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 15 mai 2016 ; « Anatomie humaine. Le bassin – VII. L’appareil génito-urinaire de l’homme - Atlas (1, 2ème partie) », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 7 juin 2016 ; « Anatomie humaine. Le bassin – VIII. L’appareil génito-urinaire de l’homme - Atlas (2), Atlas chirurgical - La circoncision », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 25 juin 2016.
[vi] Walker 1996, p. 272.
[x] D. Meeks, Les architraves du temple d’Esna. Paléographie, Paléographie hiéroglyphique, 1, IFAO, Le Caire, 2004, pl. VII/1b et pl. IX IX/3b, p. 261.
[xi] Macadam 1949, Taf. 16, Z. 10.
[xii] G. Lenzo, Les stèles de Taharqa à Kawa. Paléographie, Paléographie hiéroglyphique, 7, IFAO, Le Caire, 2015, § 68 Kawa III/12, p. 208.
[xiii] Côté gauche, au début de la ligne 8 (à droite).
[xiv] B.J.J. Haring, The tomb of Sennedjem (TT1) in Deir El-Medina, Paleography, Paléographie hiéroglyphique, 2, IFAO, Le Caire, 2015, Ph/32 et Pb/3 p. 167.
[xv] Wb. III, 393, 5-7. Alex. 77.3270, 79.2346 « les testicules » ; Hannig-Wb I & II,2 - 25296 « Hoden » (testicules) ; PtoLex. p. 775 « testicles » ; Erichsen 1954, p. 391, dém. ẖrj.w « testicules ». Avec la même analogie de « contenant », ẖr, comme les bourses. Walker 1996, p. 274 « testicles ». Voir aussi : Lefebvre, dans La science antique, Paris, 1966, p. 54 ; Bardinet 1995, p. 98.
[xvi] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. Le bassin – VI. L’appareil génito-urinaire de l’homme et Atlas (1ère partie) », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 15 mai 2016, p. 6-8.
[xvii] X. Bichat, Traité d'anatomie descriptive, V, Paris, 1803, p. 193. Cette unité anatomique semble de moins en moins constituer une tête de chapitre dans les ouvrages modernes didactiques préférant détailler le trajet du conduit déférent. Elle reste pourtant importante en chirurgie opératoire (portion funiculaire). Voir encore pourtant : H. Rouvière, Précis d’anatomie et de dissection, Paris, 1976, p. 513, 675 et 678 ; H. Rouvière, A. Delmas, Anatomie humaine, II, Tronc, Paris, 2002, p. 602-604.
[xviii] D. Meeks, op. cit 2004, à propos du signe § 213 p. 79.
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• Les vaisseaux de l’utérus et de ses annexes
(pEbers 833. 97,4a). Pour en comprendre la cause, les examens instrumentaux étaient pratiqués par les spécialistes (Cf. Jean, Loyrette 2001, ERUV II, p. 559-5560, et, 2005, ERUV III, p. 377-380). Voir aussi d’une façon plus générale, l’inspection vasculaire de la face et des membres supérieurs de la femme [ii], puis, la recherche des œdèmes [iii] (hypertension artérielle, prééclampsie).
Pour « saigner » l’utérus était donc réputé vascularisé (Fig. 115-116).
L’utérus est irrigué par l’artère utérine issue de l’artère iliaque interne. Elle donne des artères urétériques, vésico-vaginales, cervicales, puis elle longe le côté du corps utérin en détachant des artères corporéales, avant de bifurquer en trois branches que sont l’artères du ligament rond, l’artère tubaire médiane, et l’artère ovarique médiane, plus des branches fundiques.
La veine utérine gagne la veine iliaque interne et se divise en suivant pratiquement les mêmes trajets artériels.
L’artère et la veine utérine passe comme un pont pardessus l’uretère généralement avant ou après avoir donné les branches artérielles et veineuses vésico-vaginales.
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• Les gros vaisseaux des intestins, du rectum, et de l’anus
ce que produisent pour lui le liquide et le souffle. De plus, le rectum s’ouvre pour chaque vaisseau-mt provenant du côté droit, et (du) côté gauche, et ce qui est dans les bras, et les jambes, (alors que) c’est surchargé (jbḥ=w) de matières-chyleuses (ḥs.w) » (pEbers 854o. 100, 11c-14a). En résumé de ce que j’ai déjà exposé à propos de la digestion et de l’assimilation, il apparaît que le terme égyptien qui désigne la « matière intestinale » – et évoluant sur tout son trajet – gardera le même nom, ḥs « chyme/chyle », que celui des « excréments » émis à l’issue. Ainsi, dans un premier temps qui est physiologique, ce mélange de matières et de sang est destiné à aboutir dans tous les membres, jusqu’à leurs extrémités corporelles en fin de procédure. Ce qui est à mon avis tout à fait exact si l’on considère qu’à ce stade de la digestion, c’est bien de la « matière-chyleuse » (ḥs) dont il s’agit (du chyle directement absorbable). En ce sens, après le rectum se trouve l’anus, ou un groupe qui symboliserait à lui seul la totalité du tube digestif (un peu comme parfois la bouche peut le faire), son aboutissement géographique, mais aussi, le terme du « processus physiologique de digestion ». Ce dernier enchaînement se caractérise par le passage du contenu utile et nutritif des intestins vers le sang par l’intermédiaire des quatre vaisseaux-mtw qui représentent certes la vascularisation intestinale locale, mais aussi très probablement puisque nous sommes dans un système ascendant, les gros troncs mésentériques, la veine porte qui arrive au foie, puis la veine cave inférieure qui mène au cœur. Le myocarde à son tour répartira les aliments dans tous les membres et des deux côtés du corps humain représenté dans ce schéma biologique succinct [v]. Pour la vascularisation spécifique du rectum et de l’anus (pEbers 854o. 100, 11-14), les vaisseaux cités dans ce passage peuvent correspondre aux artères et aux veines rectales (Fig. 119-120, et 122).
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(Conception © R.-A. Jean)
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• La vascularisation du reste du tube digestif
Dans la mesure où il est absolument impossible que les médecins égyptiens n’aient pas remarqué les plus gros vaisseaux du « tube digestif » et l’accompagnant sur toute sa longueur, sections béantes biens visibles à chaque coupe, je parlerai ici des plus importants d’entre eux non nommés par le Papyrus Ebers. Soit que cette dernière compilation, comme nous le verrons, les ait omis au moment de la réécriture dans le document incomplet qui nous est parvenu – soit – mais cela est beaucoup moins certain, que les savants de l’époque les aient considérés comme une simple suite indifférenciée de tubes creux accompagnant « naturellement » sur toute sa longueur le très long tube creux et blanc digestif, un peu à la manière d’un fagot entremêlé composé des différents tractus. En effet, cette dernière solution ne tient pas compte des rudiments de physiologie que j’ai commencé à indiquer et déjà présents pour les plus élémentaires dans les Textes des Pyramides, ni des éléments de pathologie que nous avons abordés, et qui seront suivis encore d’autres plus tard.
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La vascularisation de l’œsophage
Bien entendu, l’œsophage commence bien au niveau du pharynx pour atteindre l’estomac en traversant le thorax, mais j’en parle ici par commodité dans la mesure où il débute le tube digestif. Si les petites artères et le plexus veineux sous-muqueux sont évidemment plus difficiles à percevoir, le plexus veineux péri-œsophagien, lui, est bien visible. Et ceci, au moins dans sa partie inférieure abdominale et en raison d’une anastomose porto-cave physiologique – mais surtout, en cas d’obstruction pathologique de la veine porte (par exemple à l’occasion de l’hypertension portale occasionnée par une cirrhose du foie), ce qui provoque la constitution de varices œsophagiennes parfois assez volumineuses. Ces dernières sont donc bien visibles à la dissection sous la forme de cordons bleuâtres bien saillants (Fig. 126 a et b). De plus, seuls symptômes de leurs existences, leurs ruptures sont spectaculaires car elles entraînent de très importantes hématémèses rouges, et/ou, des melæna quand le sang est digéré. La description qui en est faite dans les textes médicaux égyptiens (comme en pEbers 198. 39, 12b-14c), montre que les médecins en avaient observé l’anatomopathologie sur le cadavre, et avaient bien assimilé ce phénomène à une retenue sanguine localisée anormale. J’en reparlerai en pathologie digestive.
La vascularisation de l’estomac, puis du pancréas
Le réseau artériel de l’estomac provient du tronc cœliaque qui est assez facile à repérer avec ces trois branches placées à hauteur égale (Fig. 95, 98, 127-128). Il est situé sur la face antérieure de l’aorte abdominale. Ils s’en s’échappent, entre deux autres que nous verrons, une anastomose artérielle haute (a. coronaire stomachique = a. gastriques gauche et droite) qui parcourt le sommet de la petite courbure, et, une suite artérielle basse appelée gastro-omentale (a. gastro-épiploïque droite et gauche = a. gastro-omentales droite et gauche) moins facile à découvrir (sur l’a. hépatique commune), mais qui longe ensuite très visiblement sous la séreuse toute la base inférieure de l’estomac (grande courbure). Cette dernière irrigue aussi par la même occasion, et d’une manière tout à fait observable, le grand épiploon avec ses branches inférieures parallèles omentales (Fig. 127-128).
Le réseau veineux de l’estomac suit également très visiblement la petite et la grande courbure. L’anastomose gastrique haute (v. gastriques gauche et droite) longe le sommet de la petite courbure pour se jeter directement dans la veine porte des deux côtés. L’anastomose gastro-omentale suit à gauche la base de la grande courbure pour se jeter dans la veine splénique, tandis que la partie droite aboutit à la veine mésentérique supérieure qui sera elle-même collectée par la veine porte (Fig. 129).
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Le réseau lymphatique suit aussi les petite et grande courbures pour rejoindre les lymphonœuds cœliaques. Il est ensuite drainé par le conduit thoracique (Fig. 119), ce qui explique l’apparition à distance du signe clinique palpable de Troisier qui traduit alors l’atteinte des ganglions par migrations dans les cancers abdominaux dont celui de l’estomac. Je ne sais pas encore si les médecins pharaoniques avaient remarqué l’importance de ce signe bien perceptible avec deux doigts placés dans le creux sus-claviculaire gauche.
Pour la vascularisation du pancréas, il faut se reporter aux artères et veines spléniques dont des branches sont dispensées au corps et à la queue de l’organe, la tête devant être considérée à l’époque comme dépendante du duodénum (Fig. 128).
[i] Wb. III, 163, 8 ; FCD, p. 178 « menstruations » ; Hannig 1995, p. 562 « Menstruation » ; PtoLex. p. 679 « menstruating woman » .
[ii] R.-A. Jean, « Clinique obstétricale égyptienne - III . Inspection vasculaire de la face et des membres supérieurs », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 13 juillet 2017
[iii] R.-A. Jean, « Clinique obstétricale égyptienne - II . L’inspection de la face et des yeux », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 23 juin 2017.
[iv] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - V, Splanchnologie - IV, Les vaisseaux profonds. Les vaisseaux digestifs. L’assimilation », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 27 janvier 2017.
[v] R.-A. Jean, 27 janvier 2017, p. 15-16.
Suites de l'article
• Richard-Alain JEAN, « Le cœur, les poumons, et les vaisseaux, 4 – Anatomie égyptienne des vaisseaux », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 15 avril 2024 (75 pages pdf/papier) :
Ⓐ - Introduction ( = p. 1-11 only)
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