Anatomie égyptienne des vaisseaux Ⓓ
• Richard-Alain JEAN, « Le cœur, les poumons, et les vaisseaux, 4 – Anatomie égyptienne des vaisseaux », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 15 avril 2024 : Ⓓ Membres
( = p. 54-68 only)
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5. Les gros vaisseaux des membres supérieurs
5.1. Les gros vaisseaux de l’épaule
deux vaisseaux pour (lit. sur) son épaule droite, et deux pour son épaule gauche » (pEbers 854 f. 100, 2b-3a). On peut tout naturellement penser à l’artère et à la veine sous-clavière. Puis, plus loin, à l’artère et à la veine axillaire. L’artère axillaire provient de l’artère sous-clavière qui donnera au passage l’artère mammaire externe dont j’ai déjà parlé à propos du sein, puis se poursuivra avec l’artère humérale et la veine axillaire seule à ce niveau (Fig. 131-132). Il faut noter à cet endroit les rapports vasculaires et nerveux avec le plexus brachial déjà évoqué (mtw plein blanc), et aussi, les vaisseaux et ganglions lymphatiques.
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Les vaisseaux lymphatiques
Les vaisseaux lymphatiques. — Nous ne savons pas si les anciens Égyptiens avaient noté les continuités des vaisseaux lymphatiques eux-mêmes et le transport de la lymphe. Les hippocratiques avaient aperçu la présence des glandes axillaires contenant du « sang blanc ». Aristote et les dissecteurs de l’École d’Alexandrie décriront bien pourtant chez l’homme et l’animal ces fameux « ductus lactei » (Érasistrate, Hérophile). Galien indique des « petites glandes » au niveau veineux mésentérique. Ces structures particulières semblent ensuite complètement tomber dans l’oubli (Voir cependant quelques indices chez Niccolò Massa, Gabriele Falloppio et Charles Estienne ?). En 1565, Bartolomeo Eustachi retrouve le canal thoracique chez le cheval mais le baptise « vena alba thoracis » dite contenant une humeur aqueuse mais sans donner plus de détail [ii], puis, il faudra attendre le 23 juillet 1622 avec Gasparus Asellius qui remarque alors dans l’une des « gaines » abdominales d’un chien « bien nourri », « une liquidité blanche, semblable à du lait ou de la crème » [iii]. Suivront ensuite les travaux du médecin Normand Jean Pecquet publiés à Paris entre 1651 et 1654 [iv], d’Olaüs Rudbeck, de Thomas Bartholin…
Par contre, nous avons déjà vu plusieurs fois que les cliniciens pharaoniques avaient tout à fait l’habitude d’évaluer les ganglions notables, et ceci, à plusieurs endroits différents.
šfwt [i] « intumescence (ganglionnaire) » mot directement dérivé du verbe šfj « gonfler, enfler » [ii]. Ce terme se rapportait à un ou plusieurs éléments, directement ou indirectement observable, selon l’importance du phénomène pathologique. Ces formations devenues anormales étaient alors censées être envahies par des agents pathogènes, comme par exemple les wḫdw, et sur lesquels j’aurai souvent l’occasion de revenir. Tout ceci nous montre que pour le moins, les ganglions lymphatiques étaient déjà connus en raison de leur capacité à exprimer des problèmes importants par des changements de taille, de consistance, d’aspect et de température (Fig. 135).
Puis, dans la mesure où ils s’égrènent en chapelet maillé, on peut se demander si l’observation de ces suites anatomiques, avec le suivi des tracés lymphangitiques localisés au niveau des membres n’ont pas été perçus à nouveau mais cette fois comme tractus à l’état sain et retrouvés sur le cadavre. Ce serait cohérent.
[i] Bien vu par Th. Bardinet, « Le niveau des connaissances médicales des anciens Égyptiens », dans Égypte, Afrique & Orient, 71, septembre 2013, p. 51.
[ii] Wb IV, 555, 8-11 ; Alex. 77.4162 « gonfler, enfler » ; KoptHWb, p. 339 ; Vycichl 1983, p. 276. Hannig-Wb II, 32673 « geschwollen sein » (enflé). D’où šfwt : Hannig-Wb II, 32674 « Schwellung » (enflure ; gonflement ; boursouflure).
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[vii], [viii], [ix], [x], [xi],[xii]
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5.2. Les gros vaisseaux du bras, de l’avant-bras et de la main
à ses (cinq) doigts » (pEbers 854g. 100, 5b-6). Les textes nous indiquent qu’il s’agit probablement dans cette partie d’établir un schéma vasculaire montrant les deux veines puis l’artère humérale, c’est-à-dire les trois plus gros vaisseaux restant visibles chez un sujet écorché, jusqu’au paquet vasculo-nerveux principal facilement accessible sous la peau dans la région antérieure du bras (Fig. 136).
Pour le poignet et la main, on songe à la suite logique de l’artère radiale dont les cliniciens perçoivent le pouls, puis, de sa prolongation sous la forme de l’arcade palmaire supérieure qui, avant de rejoindre l’artère cubitale, donnera les cinq rameaux digitaux. Un peu à leurs images, les veines puis les arcades veineuses rejoindront les troncs principaux superficiels et profonds.
Je rappelle que les Égyptiens établissaient un lien entre le cœur et l’épaule gauche (pEbers 854 f. 100, 2-5 / 191. 37, 10-17), le cœur et le bras gauche (pLouvre 3284, VI, 6-7), sans doute pour des raisons cliniques entre les deux derniers doigts de la main gauche, puis, plus précisément, avec l’annulaire de la main gauche. Les médecins alexandrins reprendront cette observation. Je renvoie pour cela à : Sydney Hervé Aufrère, « Le cœur, l’annulaire gauche, Sekhmet et les maladies cardiaques », BIFAO 36, 1985, p. 21-34. Je reviendrai sur cette question en pathologie, car à mon sens, il doit être également possible d’établir un lien clinique à propos des troubles dûs à une névralgie cervico-brachiale (NCB). Nous verrons aussi que les cumuls étiologiques d’origines inflammatoires et infectieux sont abordables et seront capables de réunir des phénomènes attribuables à la fois au système nerveux et au cœur aux yeux des médecins de l’époque, et que cela n’est pas toujours complètement faux.
[i] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. Les membres supérieurs – I, La ceinture thoracique », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 1er octobre 2014 ; « Anatomie humaine. Le membre supérieur - III - Atlas anatomique égyptien commenté (1) La ceinture thoracique », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 18 octobre 2014.
[ii] Bartolomeo Eustachi, Tabulae anatomicae, Venise, 1552.
[iii] Gasparus Asellius, « De Lactibus Sive Lacteis Venis Quarto Vasorum Mesaraicorum Genere, Novo Invento Gasparis Asellii ... Dissertatio : Qua Sententiae Anatomicae Multae Vel perperam receptae convelluntur, vel parum perceptae illustrantur », Milano, 1627.
[iv] Jean Pecquet, Experimenta nova anatomica. Ejusdem Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu, Paris,1651 ; Jean Pecquet, Monspeliensis Experimenta Nova Anatomica : Quibus Incognitum Hactenus Chyli Receptaculum, & ab eo per Thoracem in ramos usque subclavios Vasa Lactea deteguntur. Dissertatio Aanatomica De Circulatione Sanguinis Et Chyli Motu. Huic secundae editioni, quæ emendata est, illustrata, aucta, Accessit De Thoracicis Lacteis Dissertatio, In qua Io. Riolani Respensio ad eadem Experimenta nova Anatomica refutatur; & Inventis recentibus canalis Virsungici demonstratur usus; & Lacteum ad Mammas à Receptaculo iter indigitatur. Sequuntur Gratulatoriæ Clarissimorum Virorum cum priùs editæ sed auctiores, tum recèns additæ ad Authorem Epistolæ. Quibus & adjungitur Brevis Destructio, seu Litura Responsionis Riolani ad ejusdem Pecqueti Experimenta ueti experimenta, Paris, 1654.
[v] Bien vu par Th. Bardinet, « Le niveau des connaissances médicales des anciens Égyptiens », dans Égypte, Afrique & Orient, 71, septembre 2013, p. 51.
[vi] Wb IV, 555, 8-11 ; Alex. 77.4162 « gonfler, enfler » ; KoptHWb, p. 339 ; Vycichl 1983, p. 276. Hannig-Wb II, 32673 « geschwollen sein » (enflé). D’où šfwt : Hannig-Wb II, 32674 « Schwellung » (enflure ; gonflement ; boursouflure).
[vii] R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, La mère, l’enfant et le lait en Égypte Ancienne. Traditions médico-religieuses. Une étude de sénologie égyptienne (Textes médicaux des Papyrus du Ramesseum n° III et IV), édité par Sydney H. Aufrère, L’Harmattan, Paris, 2010, p. 45, 58, 245, 445 et p. 446-447.
[xi] M.-C. Graber-Bailliard, « Papyrus médicaux de l’Égypte ancienne : Le traité des tumeurs (Papyrus Ebers 857 à 877) », Kyphi 1, 1998, p. 54-56.
[xii] Voir pour ces derniers textes : Th. Bardinet, op.cit. septembre 2013, p. 47-50.
[xiii] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. Les membres supérieurs – II, Le bras, l’avant-bras et la main », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 30 juin 2014 ; « Anatomie humaine. Le membre supérieur - IV - Atlas anatomique égyptien commenté (2) Le bras et l’avant-bras », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 28 octobre 2014 ; « Anatomie humaine. Les membres supérieurs - V - Atlas anatomique égyptien commenté (3) La main », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 7 novembre 2014.
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Les artères
Je rappelle que les pouls étaient évalués par les cliniciens pharaoniques, et au minimum pour l’avant-bras, au niveau de l’artère radiale (Fig. 137). Il se manifeste également au niveau de l’artère brachiale située en dedans du pli du coude, surtout à la limite aponévrotique du biceps brachial. Les textes nous précisent qu’il fallait que le chirurgien évite de les léser inutilement en raison des risques hémorragiques importants.
Les veines
Le réseau veineux superficiel du membre supérieur ne pouvait pas être ignoré des anciens Égyptiens, même si celui-ci n’est pas représenté dans l’art. Il peut être très apparent chez l’homme, aussi bien sur la face ventrale (Fig. 138) que sur le tiers inférieur de la face dorsale de l’avant-bras. Les textes médicaux pharaoniques indiquent que leurs lésions provoquent des hémorragies en nappe.
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6. Les gros vaisseaux des membres inférieurs
6.1. Les gros vaisseaux raçines
Les anciens Égyptiens ne pouvaient pas ignorer l’aorte abdominale et la veine cave, puis ses principales divisions s’établissant à partir de la partie haute du bassin [i] (Cf. supra).
(Conception © R.-A. Jean)
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L’aine ou région inguino-fémorale
Située en avant de l’articulation coxo-fémorale (Fig. 141), cette région sensible est limitée en haut par le ligament fémoral (lig. inguinal), donc un métou plein blanc, qui s’étend de l’épine iliaque antéro-supérieure à l’épine pubienne, en bas et en oblique externe par le haut du sartorius (couturier) puis en dedans et en oblique interne par le moyen adducteur. Ces frontières forment le triangle de Scarpa.
Se trouve à cet endroit l’anneau fémoral avec essentiellement le muscle ilio-psoas et le nerf fémoral en dehors, un autre métou plein blanc, puis en dedans le canal fémoral (canal crural) qui contient les vaisseaux sanguins, le nœud lymphatique (et d’autres nerfs). Cet endroit est également le lieu de passage des hernies crurales (par l’entonnoir fémoral) ; les hernies inguinales faisant jour juste au-dessus de l’arcade. Ces données cliniques devaient être déjà connues des médecins du temps qui ne pouvaient pas manquer de constater les débordements intestinaux situés de part et d’autre de la solide arcade. Ainsi, la hernie fémorale est trois fois plus fréquente chez la femme. J’en reparlerai bien à propos.
Les vaisseaux
Nous trouverons dans cette région cruciale et dangereuse les très gros troncs vasculaires artériels et veineux, à savoir l’artère fémorale avec toutes ses destinations, la veine fémorale avec principalement la veine saphène interne (Fig. 142).
Les lymphatiques
Pas davantage que les vaisseaux ou les nerfs, les vaisseaux lymphatiques et ses ganglions n’apparaissent dans l’art. Cependant, nous savons [ii] que les cliniciens avaient recours à la palpation des principales aires ganglionnaires et pouvaient avoir à en inciser prudemment des éléments, avec, au premier rang, les ganglions inguinaux localisés au niveau de l’aine (Fig. 142-144) et probablement aussi pour les médecins militaires, les ganglions poplités et le tibial antérieur.
Inscrits donc dans le trigone fémoral (Triangle de Scarpa) (Cf. supra, Fig. 141), on trouvera en surface le lymphocentre inguino-fémoral formant un amas triangulaire de quatre à vingt ganglions, puis en dessous (dans le plan infra-fasciaux) le lymphocentre ilio-fémoral situé dans le canal fémoral avec les lymphatiques profonds.
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Les ganglions superficiels des groupes inférieurs interne et externe reçoivent les lymphatiques du membre inférieur, alors que ceux des groupes supéro-interne et supéro-externe sous cruraux reçoivent les productions issues de la fesse externe et de la paroi abdominale antérieure et latérale pour le premier et de la paroi abdominale sous ombilicale, de l’anus, de la fesse et des organes génitaux pour le second. Si le curage superficiel devait être possible à l’époque pharaonique, en revanche, les ganglions profonds sont d’un accès chirurgical plus difficile en raison de la nécessité de passer le fascia cribriformis et d’exercer le contrôle vasculaire. Cependant, il faut noter que l’importance de l’adénite peut aussi refouler les parties dangereuses et offrir un espace apparemment sous-cutané dissécable à la sonde cannelée ou avec un des équivalents égyptiens en métal cuivreux que j’ai déjà eu l’occasion de décrire [iii].
Les ganglions inguinaux superficiels ont été perçus par le clinicien.
[i] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. Le bassin - II. Atlas anatomique égyptien commenté. Les bassins masculin et féminin », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 15 janvier 2015 ; « Anatomie humaine. Le membre inférieur – II, Atlas anatomique égyptien commenté (1) La hanche », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 20 novembre 2014 ; « Anatomie humaine. Le membre inférieur – III, Atlas anatomique égyptien commenté (2) La cuisse et la jambe », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 24 novembre 2014 ; « Anatomie humaine. Le membre inférieur – IV, Atlas anatomique égyptien commenté (3) Le pied », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 13 décembre 2014.
[ii] Richard-Alain Jean, 1er octobre 2014, p. 7-8 ; 18 octobre 2014, p. 17.
[iii] R.-A. Jean, À propos des objets égyptiens conservés au musée d’Histoire de la Médecine, Paris, éd. Université René-Descartes - Paris V, Paris,coll. « Musée d'Histoire de la Médecine de Paris », 1999 ; R.-A. Jean, À La chirurgie en Égypte ancienne. À propos des instruments médico-chirurgicaux métalliques égyptiens conservés au musée du Louvre, Éditions Cybele, Paris, 2012.
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6.2. Les gros vaisseaux des fesses et de la jambe
Pour le pied, on songe à la suite de la tibiale antérieure avec l’artère pédieuse dont les cliniciens perçoivent le pouls, puis, de la branche plantaire terminale interne du gros orteil issue de l’artère tibiale postérieure, et encore, de l’arcade veineuse dorsale rejoignant les saphènes externes et internes au niveau des malléoles.
Parmi les vaisseaux que j’ai déjà indiqués, l’artère fémorale dans l’aine, l’artère poplitée dans le creux du même nom, l’artère tibiale antérieure au-devant de la jambe puis l’artère pédieuse sur le dessus du pied représentent des points où les pulsations cardiaques pouvaient être ressenties par le médecin comme l’indique le papyrus Ebers (Fig. 146-148). Pour des raisons cliniques évidentes, les veines saphènes superficielles (Fig. 149-151) se manifestaient à l’occasion des varices, soit avec la grande saphène (et tributaires) pour la cuisse, la grande saphène (saphène interne) pour l’intérieur du mollet et la petite saphène (saphène externe) pour l’arrière et l’extérieur du mollet [1]. Les Anciens ont dû également observer les anastomoses veineuses.
Il faut remarquer que les vaisseaux sanguins ne sont qu’exceptionnellement représentés dans l’art égyptien. Voir cependant l’une des exceptions concernant le sein d’une femme dont j’ai diagnostiqué qu’elle devait être enceinte [2]. Ces éléments ne devaient pas correspondre aux canons de la beauté. Et surtout probablement, la possibilité de léser l’un de ceux-ci volontairement ou accidentellement – même dans une image – risquerait d’entraîner une hémorragie – certes fictive – mais capable de nuire magiquement à la vie ou à la santé post mortem de la personne ainsi figurée pour son éternité. Ce risque potentiel ne pouvait donc être encouru.
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5. Physiopathologie
Je ne reprendrai ici qu’un résumé graphique (Fig.152) de la physiopathologie vasculaire égyptienne, et que nous retrouverons dans les textes à propos de son étude. Ce schéma donne les principales sources d’hémorragies extériorisées médicales avec leurs distributions. Nous voyons ainsi que la physiopathologie pharaonique rejoint l’ancienne perspective anatomique qui s’étage du nez à l’anus, avec d’autres centres névralgiques en dérivations. Ceci nous éloigne des interprétations habituelles produites par plusieurs égyptologues, mais elle est le fruit d’une recherche approfondie menée à partir des textes eux-mêmes, puis des éléments muséologiques, mis en parallèles et comparés avec ce que nous en savons depuis les époques modernes.
Pour une autre partie de la physiopathologie, je renvoie à : R.-A. Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - V, Splanchnologie - IV, Les vaisseaux profonds. Les vaisseaux digestifs. L’assimilation », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 27 janvier 2017, p. 11-15.
J’ai déjà commencé à aborder la clinique cardio-vasculaire, sur laquelle je reviendrai bien à propos.
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6. Anatomopathologie
6.1. Les varices
Elles ne sont pas pulsatiles.
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6.2. Les anévrismes
[1] M. Perrin, « Affections veineuses chroniques des membres inférieurs. Généralités. Rappel anatomique et physiologique, Techniques chirurgicales », dans Chirurgie vasculaire, EMC, Elsevier, Paris, 2006, p. 43-160.
[2] R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, La mère, l’enfant et le lait en Égypte ancienne. Traditions médico-religieuses. Une étude de sénologie égyptienne ( Textes médicaux des Papyrus Ramesseum nos III et IV ), Collection Kubaba – Série Antiquité – Université de Paris 1, Panthéon Sorbonne, L’Harmattan, Paris, 2010, p. 264, fig. 59 c p. 265 et note 11 p. 266.
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7. Comparaisons historiques
Sans aucunement rentrer dans les détails, voici une très brève comparaison historique en quatre anciens schémas occidentaux et moyen-orientaux représentant des vaisseaux, et limitée à une période débutant en 1345 [i] pour se terminer en 1488 [ii].
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8. Conclusion anatomique
Tout au long de cet exposé, la grande majorité des unités anatomiques vasculaires indiquée dans les sources papyrologiques, plus d’autres exprimées dans l’art, ont été abordées. Et en résumé, ces éléments nous confirment que les anciens Égyptiens ne considéraient que les plus gros canaux transportant du sang, et quelques autres de plus petites tailles comme les coronaires. Je ne les réénumérerai pas ici, mais il est clair que comme il est précisé au tout début du chapitre sur le cœur du Papyrus Ebers (pEbers 854a 99, 1-5a), tous les membres et tous les organes du corps sont parcourus par ces formations creuses particulières que le médecin a le devoir d’examiner. Ces derniers, dans leur pratique, reconnaissaient les évènements pulsatiles au travers des différents pouls localisables, et parallèlement, ils ne pouvaient pas ne pas remarquer le silence d’autres vaisseaux à la palpation, puisqu’ils en estimaient la tonicité (par exemple au niveau des veines du sein). De même, ils ne pouvaient pas ignorer les différentes sortes de saignements, ces derniers phénomènes sont évidemment immanquables, aussi bien sur des plaies superficielles, comme dans les ouvertures profondes in vivo, et qui se manifestent lors d’accidents, puis de gestes chirurgicaux. Ces faits sont également apparents et reproductibles sur les modèles animaux.
Comme nous l’avons vu, nous n’avons pas en notre possession tous les textes médicaux égyptiens pharaoniques, et ceux qui nous sont parvenus sont partiels. Par exemple, dans le Papyrus Ebers, le scribe a visiblement omis de recopier quelques passages qui figuraient dans des écrits plus anciens. Quant au Papyrus Smith, il se trouve hélas amputé d’une grande partie de sa substance. Tous ces oublis existent à différents degrés, avec aussi des lacunes, dans toutes les autres sources comme le Papyrus du Ramesseum, le Papyrus de Kahoun, etc. ... Cependant, une sérieuse analyse des éléments qui nous sont accessibles permettent néanmoins de dégager un certain nombre de notions en ce qui concerne les vaisseaux abouchés au cœur et leurs ramifications les plus importantes, voir plus loin. Il faudra donc, en quelque sorte, se projeter dans les manques, afin, mais avec une prudence consommée, tenter d’en restituer quelques bribes les plus évidentes à définir, et les moins éloignées possible de leurs différents contextes (métous creux, métous canaux liquidiens, métous pleins ; métous conduits transmetteurs, métous effecteurs …), en étant guidé dans cet exercice par la réalité intangible et permanente dans le temps de la biologie humaine. En effet, tous les aperçus observationnels des savants de cette époque nous montrent qu’il n’y a aucune raison qu’un élément patent publié ne soit pas envisagé autrement qu’un autre élément voisin également parfaitement visible, mais que l’on ne retrouve pas aujourd’hui dans les différents documents conservés. Nous en avons simplement perdu pour le moment la trace écrite (papyrus), ou représentative (illustrations, artéfacts). Ainsi, les écrits nous disent, nous les avons explorés, que pratiquement toutes les formations corporelles citées sont vascularisées par au moins deux vaisseaux principaux. C’est le cas du front, de chacun des yeux, de chacun des sourcils, de chacune des narines, de l’oreille droite, de l’oreille gauche (pEbers 856 g. 103,13c-16d ; pBerlin 163 g) ... On peut penser pour nous aujourd’hui, à, pour chacun des organes ou territoires : un réseau artériel, plus, un réseau veineux – à minima. Si les anatomistes égyptiens ont pu confondre les deux réseaux, il semble qu’ils aient ainsi tout de même repéré le doublement systématique de la vascularisation de chaque unité organique, et, probablement à partir : de la consistance des vaisseaux (élasticité, ou, mollesse), de leurs aspects internes (lisse, ou, belles valvules veineuses internes bien visibles des gros calibres), de la couleur des sangs qui en sont issus, et tout cela mis en relation avec la constatation de jets pulsatiles artériels générés par un type de vaisseau, ou, des écoulements passifs en nappe produits par l’autre type de vaisseau (Fig. 9bis-23, et 152). Pour le reste des appréciations à ce sujet, j’ai déjà commencé à énoncer d’autres événements cliniques cardio-vasculaires accessibles à la sagacité des médecins égyptiens de cette lointaine époque. C’est une proposition.
[i] Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, Paris, Bibliothèques de l'Institut : Musée Condé à Chantilly, Bibliothèque Thiers, Musées Jacquemart-André à Paris et à Chaalis, Paris, Plon, 1928 ; Ch. Samaran (éd.), R. Marichal, M. Garand, J. Metman, M.-Th. Vernet, Catalogue des manuscrits en écriture latine portant des indications de date, de lieu ou de copiste, tome I, Musée Condé et Bibliothèques parisiennes, CNRS, Paris, 1959. D. Power (éd.), Arte Phisicaliet de Cirurgia, translated from the replica of the Stockholm manuscript in the Wellcome Historical Medical Museum, JohnBale Sons & Danielsson, London, 1922 ; J. Beynon, N. Carr, « Master John of Arderne-surgeon of Newark », Journal of the Royal Society of Medicine, vol. 81, 1, janvier 1988, p. 43-44.
[ii] D.M. Schullian, F.E. Sommer, A Catalogue of Incunabula and Manuscripts in the Army Medical Library, Henry Schuman, New York, 1950.
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