PNEUMOLOGIE - V - sceptres / assimilation pneumatique
Article complet - vendredi 14 mars 2014 :
PNEUMOLOGIE / PHYSIOLOGIE - III
Plusieurs articles à suivre
- Richard-Alain JEAN, « Le système respiratoire en Égypte ancienne (5) Physiologie humaine théologique et royale (3) Les sceptres pectoraux et l’assimilation pneumatique », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 14 mars 2014.
LE SYSTÈME RESPIRATOIRE
EN ÉGYPTE ANCIENNE (5)
PHYSIOLOGIE HUMAINE
THÉOLOGIQUE ET ROYALE (3)
LES SEPTRES PECTORAUX
ET L'ASSIMILATION PNEUMATIQUE
Richard-Alain JEAN
Après l’étude de la mécanique ventilatoire, processus qui permet à l’air d’entrer dans le système respiratoire de l’homme, voyons dans cette partie comment il pouvait être absorbé, diffusé et utilisé par l’organisme. Je proposerai pour cela dans un premier temps de rapprocher les sceptres royaux et divins avec la trachée-artère et les très gros vaisseaux, puis, je tenterai d’établir ce qui pourrait correspondre à une certaine vision égyptienne de l’assimilation et de la dissimilation du souffle, et avec entre autres choses biologiques, plusieurs notions que peuvent très probablement apporter les couleurs.
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1. Les sceptres royaux
Contrairement à celui du dieu Ptah qui le tient toujours devant lui, mais comme ceux d’Osiris, deux sceptres royaux peuvent être montrés croisés sur la poitrine du pharaon. Il s’agit du flagellum nékhakha et de la crosse héqa qui sont le plus souvent composés d’anneaux bien visibles au niveau de leur manche (Musée du Caire, JE 61764 et JE 61 760) [1]. Aussi il nous faut pour comprendre remonter encore au tout début de l’histoire. Par exemple, le long sceptre souple annelé d’Osiris pourrait bien correspondre au début à un objet de chefferie composé d’une trachée de bovin, avec la naissance de l’arbre bronchique en haut, fourrée de nerfs de bœufs. Comme pour Ptah, le cuir de la trachée hyaline a pu ensuite être rigidifié par un bâton pastoral qu’il venait doubler, l’ensemble assurant ainsi magiquement à son propriétaire le souffle utile au commandement et la force active provenant de l’appareillage vital (sm3) fourni par le « taureau sauvage (sm3) » [2], et ceci, acquis de haute lutte, combinant ainsi à la foi la puissance de l’animal et l’habilité de son vainqueur. Le taureau finira par personnifier la royauté avec le titre de « Taureau puissant ». En effet, il est classique de décrire des parties d’animaux utilisées comme symboles de puissance, avec encore par exemple à cette époque la queue de taureau [3], et même de lion encore aujourd’hui en Afrique. Il est très possible que les éléments choisis pour des raisons physiologiques et anatomiques (les sceptres au niveau thoracique et la queue en situation postérieure basse) aient été par la suite « humanisés » (pour ceux dont les humains sont normalement pourvus) afin de les ramener à la « grandeur » du « dieu vivant » homme, prophète, roi et prêtre. Il ne s’agit donc pas d’une dévalorisation par diminution de la taille physique d’un organe particulier, mais bien d’une assimilation pratique à l’animal sacré lui aussi devenant représentatif du principe divin et donc non soumis à une anatomie autre que celle du dieu qu’il représente. Or il se trouve, et c’est bien logique dans la distribution historique du pouvoir, qu’il s’agit des personnes dont sont issues ces notions théologiques dominantes. Leurs formes sont humaines [4].
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1.1. Le flagellum nékhakha
Ce fléau est normalement constitué de trois branches, cependant mais plus rarement, il pouvait en comporter davantage : parfois quatre pour Ramsès II (voir aussi Musée du Caire, 28038 - n° 59 ; 28089 n° 39), et même cinq pour d’autres exemplaires (Musée du Caire 28034 - n° 70) [5]. Les branches des objets votifs qui nous restent sont constituées de cônes et de perles de faïence enfilés ou articulés pouvant faire du bruit au moment de l’agitation, un peu comme un sistre. Ce pouvait être une façon de « faire fuir les esprits dangereux ». Ils devenaient donc des instruments magiques de protection.
1.2. La crosse héqa
Postérieur au bâton souple d’Osiris déjà décrit (ʿwt [6] avec normalement le déterminatif S39 correspondant à la houlette vraie) [7], ce sceptre plus court introduit sous les Hyksos peut avoir été confondu ou associé avec son homologue plus long, tout au moins dans sa signification profonde. Il arrive que des représentations osiriaques les montrent ensemble (par exemple dans la tombe de Séty 1er).
1.3. Les manches de sceptres
Quand on regarde bien, le nombre d’anneaux qui les constituent est compatible avec celui d’une trachée humaine, ou un peu plus pour la crosse, sauf si on la limite à sa base (15 à 20). On pourrait aussi penser à la simulation d’une trachée partielle de taureau, en se rapportant aux possibilités de représentations des signes hiéroglyphiques déjà évoqués pour les bovins et les canins. Cependant, j’opterai davantage pour une composante humaine sûrement plus représentative des effets des assimilations divines comme je l’ai déjà indiqué, et aussi dans la mesure où les courses avec un taureau quand elles avaient lieu pendant la Fête Sed devaient mieux correspondre à des compétitions « sportives et amicales » avec le dieu Apis qui était la manifestation vivante du dieu Ptah à Memphis depuis le tout début de l’Ancien Empire. Et ceci, même s’il est probable qu’elles fussent à l’origine issues de rituels de compétitions plus agressives pour la bête qui devait être vaincue, voir sacrifiée, afin de montrer la force du Chef. C’est l’une des principales raisons à envisager pour situer l’origine des hiéroglyphes composites déjà cités. Les trophées devaient être piqués sur des bâtons, la trachée pendante, puis confondue dans le signe, voire remplaçant le bâton en montrant deux bronches souches molles (fig. 7) [8], puis à nouveau confondues avec la fourche terminale basse ligneuse. Seuls pourraient subsister les anneaux principaux dans les sceptres de confirmation du pouvoir royal. Les sections de ces objets sont arrondies, ce qui est normal pour des bâtons de commandement. Ou alors, cette forme de section peut justement coïncider avec l’aspect d’une trachée amollie maintenant un fluide, ce qui provoque un bombage externe du muscle trachéal relâché. Naturellement c’est aussi le cas quand elle est formée d’une âme de nerfs de bœufs ou bien d’un ligneux souple ou non. Il faut absolument noter ici que les autres cannes utiles, votives, lances, manches de flabellums ou d’éventails à main, les fûts de trompettes … ne comportent pas ces motifs annelés (sauf, justement, une canne de Ptah), ce ne sont donc pas seulement des éléments décoratifs, mais significatifs d’une représentation volontaire : celle du triomphe (ḥb) par affirmation du souffle nécessaire à la victoire de la course royale qui ouvre, précisément, aux « Deux Couronnes » (Ḥpw(j)) ?
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Au recto de la palette du roi Narmer (Musée du Caire, JE 14716, CG 32169), le manche de la massue brandie par le roi est également annelé (fig. 6 c). Ceci est bien visible dans la mesure où le registre est plus grand qu’au verso montrant le flagellum.
1.4. Les chefs de sceptres
1.4.1. Le chef de la crosse héqa
Le chef de la crosse héqa, qui est très souvent situé croisé sur la gauche du souverain (côté cœur) [9] montre lui aussi des anneaux jusqu’à son extrémité, ce qui peut sembler superfétatoire, sauf si l’on considère qu’il se trouve alors d’une certaine façon « trachéifié » et faisant suite à un manche en trachée « aortisé », c’est-à-dire formé de deux organes confondus en un seul objet symbolique. En effet, ces deux tubes anatomiques (mtw) sont vides à la dissection comme je l’ai déjà indiqué ailleurs à propos du cœur et des vaisseaux. Comme les Grecs, les Égyptiens, ont pu penser que l’aorte ce « grand récepteur » (šspw) charriait de l’air ; ou bien pour les médecins pharaoniques, de l’air, du sang, ou les deux. La « prise d’air » s’effectuant aux niveaux du nez et de la bouche, le fluide pénétrant ensuite dans la trachée pour être distribué aux poumons dans son circuit extériorisé. Puis, dans un circuit intériorisé encore obscur, le cœur était compris capable de redistribuer l’air et au plus près des poumons par l’intermédiaire de l’aorte et peut-être de façon alternative avec le sang comme en formant des sortes de bulles devenant de plus en plus fines incluses dans la circulation et diffusant partout, comme une « mousse de bière ». Ce « sang bouillonnant » pouvait former une « écume » rosée remontant des poumons par la trachée jusqu’aux lèvres d’un patient à l’occasion d’un œdème aigu du poumon que j’ai déjà évoqué en clinique cardiologique (OAP). On peut aussi penser à une forme d’osmose gazeuse s’opérant au niveau du septum interventriculaire, les poumons jouant le rôle de sacs d’air à faire s’injecter dans le cœur, ou le traitant sur place, ou les deux. Voir par exemple l’amulette de cœur double portée par Sennefer (TT96) [10] : l’un est d’or, l’autre d’argent [11]. L’or est porté à gauche. Chaque élément ne pourrait-il pas représenter, l’un le cœur gauche (oreillette et ventricule gauches) et l’autre le cœur droit (oreillette et ventricule droits) ? Nous serions alors un peu (sauf pour l’air) comme dans la situation d’une circulation fœtale normale par l’intermédiaire du trou de Botal (ce dernier se referme ensuite). Je ne prétends pas ici, bien entendu, que les médecins égyptiens en avaient la notion précise, mais celle-ci conviendrait bien au contexte de Chemmis et ils savaient tout à fait bien que l’enfant se trouvait dans l’eau dans le sein de sa mère (le liquide amniotique mw) [12]. J’ai déjà parlé des génies du Nil probablement capables d’actionner la « mécanique respiratoire » dès le sein de la mère [13]. Horus le jeune pouvant ensuite dès sa naissance crier et déplisser ainsi ses poumons (pour nous ses alvéoles pulmonaires), et en tant que Ihy, imiter le bruit des roseaux sifflant dans l’air du delta égyptien pour enfin s’époumoner joyeusement à grandes inspirations et expirations de fluide aérien ḥy (lui ou l’enfant divin initial) [14]. Il pouvait de même théoriquement agiter son sistre-sechséchet, et probablement comme héritier divin, le sceptre avec lequel il peut être représenté (Toutankhamon en Ihy, Musée du Caire).
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Comme je l’ai déjà indiqué, les parties descendantes du flagellum sont devenues composées de sortes de perles pouvant s’entrechoquer comme des grelots de manière à faire entendre des sons susceptibles de faire fuir les mauvais esprits. Cet acte magique pourrait en cacher un autre : peut-être celui d’appeler et/ou de capter la brise du Nord un peu à la façon des branchies des poissons qui « respirent sous l’eau » (Karnak) [15]. Cette apparente respiration aquatique pour l’embryon était aussi connue comme une condition de survie et de développement qui pouvait être comprise par les anciens, pendant la gestation, et aussi durant la deuxième gestation dans le sein de Nout après la mort : « tu absorbes (tu bois = tu respires) avec ta poitrine (šnbt) » (L1Resp. [16] §V) [17]. Cette sorte de poumon lobé externe représentatif pourrait être, par son appareillage partiel trachéobronchique figuré après avoir été archaïque, le reflet externe des poumons internes et une de leurs voies d’accès magiques. J’aurai l’occasion de revenir sur ce sujet. Ainsi, nous voyons que cet enchaînement d’organes n’est pas vraiment stupide dans la mesure où précisément, c’est bien la « crosse aortique » qui est logée au plus près de la source cardio-pulmonaire et que les Égyptiens avaient bien anatomiquement remarquée. Il faut également observer la façon « canonique » dont ce sceptre est porté croisé par le roi : ouverture de la crosse à gauche, c’est-à-dire selon de bon plan anatomique. Porté différemment, le sens anatomique en serait tombé. Si tel n’est pas le cas, la symbolique change pour assez probablement adopter celle du bâton de berger et sans que cela soit antinomique
Sur le cercueil en bois de Ramsès II, le sceptre semble fermé. Il s’en trouve peut-être plus proche d’un plus long sceptre annelé d’Osiris et de celui de Ptah. Quand il n’en porte pas d’autre, ce même roi peut être muni du vrai sceptre héqa aussi bien sur l’épaule droite (Musée de Turin) que sur l’épaule gauche (Musée du Caire), mais toujours crosse ouverte côté cœur (ce qui n’est pas faux en trois dimensions) [18].
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1.4.2. Le chef du flagellum nékhakha
Le chef du flagellum nékhakha, est le plus souvent constitué, nous l’avons vu ci-dessus, de trois branches. Je prendrai alors comme exemple ceux représentés avec le roi Toutankhamon. Ces trois parties retombent donc sur le côté droit de la poitrine du souverain, c’est-à-dire du côté trilobé qui donne accès à la branche lobaire supérieure, à la branche lobaire moyenne et à la branche lobaire inférieure. Mais ce n’est peut-être qu’une coïncidence. Ou alors, comme la répartition lobaire est différente chez le taureau, il faudrait penser à des chiffres symboliques, d’où les nombres différents rencontrés, et pouvant éventuellement représenter toutes les bronches issues de la trachée et menant aux lobes latéraux correspondants jusqu’aux terminaisons bronchiolaires les plus fines. Il suffirait alors d’inverser le signe et de le présenter derrière la crosse pour avoir un ensemble très cohérent et qui a pu être facilement détecté lors des chasses, dans les boucheries pour les animaux, et pendant des dissections chez l’homme (fig. 7). Il faut aussi remarquer qu’initialement, les flagelles devaient être nettement plus courtes, comme celles issues du sceptre du roi Narmer (Palette, Musée du Caire, JE 14716, CG 32169) (fig. 6 a et b). Et d’après un agrandissement de Ficher [19], elles ne semblent pas être composées de perles, ni de poils.
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2. L’assimilation et la dissimilation pneumatique
Si l’on reprend nos sceptres de Toutankhamon, nous trouvons qu’ils sont constitués d’une alternance d’anneaux de couleurs or et bleu. Chacun prend alors une valeur symbolique et qui pourrait être de nature circulatoire les uns représentant le sang et les autres, l’air. Comme c’est le rouge qui est retenu sur les sceptres de Ramsès II, on peut en déduire que l’or « qui est la chair des dieux » peut être réservé à l’air, ce qui est normal puisque le fluide est défini, par exemple dans le Livre premier des Respirations (§ VI) [20], comme « l’Âme de Chou », sa « douce brise » (pDenon) – et donc l’une de ses composantes intimes et consentie ici au re-vivant.
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Le même texte funéraire nous indique encore que « c’est le Ka qui exerce ses fonctions respiratoires » (1.LR § XIb), c’est-à-dire, comme il sait le faire, – « car il a reçu le document », notice technique « doublement confidentielle » (1.LR § Ib) fournie par Thot (1.LR § Vb), « Celui qui a un long nez » (1.LR § XIII,3), – pour tout ce qui est assimilable par l’homme, comme la nourriture qu’il fait digérer par le corps [21]. Le ba en sera également chargé pour l’Osiris N. Ainsi les composés de l’air sont tenus de « s’unir à tes narines », « en gonflant tes narines du bon vent du Nord » (Stèle 13 du Bucheum, 2-6) [22], à « s’adjoindre » (pDenon et Stèle 13 du Bucheum) aux composés du corps, c’est-à-dire au nez et à la suite respiratoire dans sa totalité et comprenant donc la trachée, les bronches, les poumons, le cœur et les vaisseaux dont le plus gros, l’aorte. Et ceci, afin d’être diffusés au reste de l’organisme (vivant ou re-vivant) « tu t’es uni à Chou » (1.LR § X). Il reste très probablement une trace lexicographique de cette excellente notion avec les mots snf [23] « faire respirer » et znf « le sang » (faire respirer le sang). Et c’est une question de survie pour les chairs qui ne seront ainsi pas détruites (1.LR § XII). D’ailleurs cette notice-diplôme doit être placée « sous le bras gauche, juste à côté de son cœur » (1.LR § XV), tout comme normalement le sceptre héqa du roi pour que l’action magique de son mémorandum soit efficace de la même façon que sa vie durant.
En somme, tout se passe comme si nous avions affaire à un processus proche de celui de la « digestion », mais avec une « assimilation » cette fois des composés aériens sous l’action active du Ka corporel et qui en est donc également indiqué par les textes comme le responsable interne (1.LR § XIb). Le Ka joue ainsi un rôle dynamique, sans rien changer à la « nature » de ce qui est absorbé, je le dirai quasi « catalyseur » et dont on ne peut naturellement pas se passer sous peine de très graves conséquences métaboliques et qui peuvent être mortelles. J’y reviendrai dans la physiopathologie. Ensuite de cela, les gaz dissous en bulles minuscules comme dans de la « bière rouge », pourront aller soutenir et alimenter de leurs forces pneumatiques toutes les parties du corps qui sont vascularisées, c’est-à-dire qui sont « parcourues » par les « mtw », – et cette définition a bien été commentée en clinique humaine par les médecins égyptiens dès cette époque (fig. 9 ci-dessous et surtout : cf. infra tableau de la pneumato-hémodynamie égyptienne, fig. 21 p. 17).
format icône + Cf. Fig 21, page 17.
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Je rappellerai simplement ici pour mémoire qu’à travers le « système conducteur » des hommes et tirant le souffle (de vie) jusqu’au cœur (résultante générale), les vaisseaux sanguins sont compris comme des tubes creux remplis de sang parcourant les différentes parties du corps en allant d’un point éloigné jusqu’au muscle cardiaque, et aussi en partant, dans la mesure où l’on peut observer des jets pulsatiles artériels à la section d’un membre. Les pouls appréciés par le médecin se rapportent aux artères puisque le cœur (haty) « parle devant les metou de chaque point du corps », depuis la « place » où il est ausculté, sa parole se propage ; la guetter aux points éloignés permet au médecin d’en avoir des nouvelles, et aussi de savoir si les organes distants en bénéficient d’une manière biologique (résultantes locales). Il en découle une certaine tension, je dirai, essentielle (ou tonicité vitale), surtout connue par les Égyptiens d’une façon défective avec « l’atonie » mentionnée dans les textes par exemple à propos de l’enfant très déshydraté avec signes cardiaques « le cœur affaibli,les lèvres livides, les genoux sans force » (résultante locale et reflet d’un effondrement général) [24].
Les différences de tonicités signalées dans nos documents se rapportent aussi aux veines superficielles. Ces dernières sont visibles, par exemple, dans la « partie superficielle » du sein, où le réseau veineux sous-cutané ne pouvait pas être manqué, il pouvait également être victime de baisse de pression [25] :
État du réseau veineux sous-cutané, circulation veineuse péri-mammelonaire.
- Examen des vaisseaux mtyw de la poitrine q3bt (pKahun 26. 3, 12-14) : sans dépression, ou, déprimés et de la même couleur que la peau de la femme, d’aspect permanent entre le soir et le moment de l’observation (pBerlin 196 vers. 1, 9-11).
- Disparition de la tension mammaire (pKahun 26. 3,14 ; pBerlin 196. vs. 1,10). Chez une femme enceinte, c’est un signe classique de mort fœtale. Ce phénomène peut être un signe très précoce de l’arrêt de l’évolution d’une grossesse. La production du lait avait aussi une signification « tonique » aussi son offrande était-elle considérée comme « vitale », nous l’avons déjà entrevu.
On peut dire ainsi que pour les Égyptiens, il existe une très nette corrélation entre « l’aération » du sang circulant et les « forces des pressions internes » (pour nous, les tensions artérielle et veineuse), ce qui n’est certes pas faux, les détails n’en ont été reconnus que très récemment en médecine moderne, et notamment dans les domaines d’études qui en physiopathologie sont en rapport avec les recherches devant déboucher sur la réanimation cardio-respiratoire avec ses composantes métaboliques.
2.1. La biothéochimie respiratoire
Nous avons déjà évoqué la mousse de la bière à propos du chef de la crosse héqa, voyons maintenant comment ce qu’elle contient de gazeux peut être suscité comme composant utile à la respiration physiologique, puis biologique.
La bière est sans aucun doute possible à présenter comme une offrande aux dieux, mais comme le lait, elle ne l’est vraiment que très probablement en retour des bienfaits que les divinités procurent aux hommes en vertu du contexte de la création et de ce qui est mis à leur disposition pour survivre. C’est un juste retour des choses, et le défunt « divinisé » à son tour peut réclamer la même indulgence de la part des vivants, et même des dieux, ses « frères ». Ainsi dans le Livre II des Respirations (§ IV) [26] ou encore par exemple dans Le Livre que mon Nom fleurisse [27], le re-vivant réclame :
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Ô Amon, donne-moi une douce brise …
Ô Rê, donne-moi tes rayons …
Ô Hâpy, donne-moi de l’eau fraîche …
Ô Nepri, donne-moi des pains …
Ô Menqet donne-moi de la bière …
Ô Akhet, donne-moi du lait …
Dans ce passage on peut décrypter également que tout est prévu pour que les grains fournis par Nepri grâce aux rayons de Rê mêlés à l’eau pour former des pains produisent de la bière comportant, comme les képhires laitiers [28], une mousse bien visiblement à l’œil nu composée de bulles gazeuses paraissant naître de leurs dissolutions internes aux liquides biologiques. Aussi, fraîches et pétillantes au nez des hommes, elles peuvent sans aucun doute évoquer la brise du Nord envoyée par Amon. De fins observateurs devaient avoir compris quelque peu cette description physico-biologique puisqu’un autre texte prend la peine d’ajouter à la suite de l’invocation, cette fois, à (ne pas oublier) de réaliser, à savoir, l’offrande elle-même : « pains, bière … » (pCaire 58018) [29].
La conclusion du pLouvre 3279 [30] est également intéressante :
« (LX α.fin) Les rayons – (LXI β) – de Rê, les brises d’Amon, l’eau d’Hâpy, tout cela m’appartient, éternellement ! »
Il faut rappeler ici qu’Amon, qui est aussi un dieu du vent, est dispensateur du ṯ3w n ʿnḫ, le « souffle de vie », le pneuma [31].
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Bien entendu, l’énergie nécessaire à toutes ces transformations est fournie par Rê lui-même, et d’ailleurs, le mort récipiendaire qui reçoit ici sa part d’essence divine peut à son tour émettre à nouveau cette chaleur, dont son trop plein thermique « rayonnant » (mot habituellement traduit par « lumineux ») non utilisé pour toutes ces opérations chimiques. Les textes nous indiquent que cette « flamme naît sous sa tête » (2.LR § V). Un peu plus haut nous pouvons lire que Rê-Atoum est salué comme le « lion grand de force physique … muni du flagellum … maître du phallus … riche en couleurs de peau … le grand coureur au pas rapide … “ Queue de lion-bélier ” est (son) nom », – or nous sommes dans un proposition magique : héqa [32]. Il est alors possible d’interpréter cette dynamique comme un élément de physiologie respiratoire. Et ceci, en ce sens que ce modèle de force, capable de courir longtemps (ce qui rappelle aussi les exigences de la « Fête jubilaire » dont j’ai déjà parlé [33]), est réputé être « le maître des sceptres ». Il est également dit le « maître » (sûrement du phallus-mt), mais aussi et par conséquent des tubes anatomiques et histologiques (mtw), et donc nécessairement creux pour cette fois, et dans lesquels se déroulent toute circulation liquidienne et aérienne, ou les deux. Ils peuvent alors, sous leurs formes de « manches de sceptres » être désignés par le mot « queue » ou l’un de ses substituts sans dommage pour les définitions régaliennes de sceptre porté ou d’attache caudale rapportée au costume royal. J’ai déjà longuement disserté sur le passage médico-historique et lexicographique du mt en mtw et sur les fonctions anatomiques et physiologiques résultantes [34]. Les couleurs des liquides obtenus par ces mélanges réalisés au sein de cet appareillage cardio-pulmonaire (échanges gazeux pour nous) donnent bien au sang des teintes allant du rouge vif à rouge foncé. De plus, le sang est bien considéré aujourd’hui comme un « tissu liquide ». Il n’est pas impossible que les médecins de l’époque aient eu la notion particulière que pouvait représenter ce fluide organique vivant (comme la « peau »). C’est-à-dire, une chair qui coule comme de l’eau ou de la bière rouge qui bouillonne. Composé vital qui est capable, je l’ai déjà indiqué dans d’autres travaux [35], de se durcir à l’air libre ou non grâce au phénomène de coagulation entraînant bien justement comme les cliniciens égyptiens l’avaient subtilement remarqué, des changements de couleurs aux niveaux des téguments lésés en surface et en demi-surface. Ceci entraîne des solidifications donnant au sang un aspect tissulaire palpable par exemple au moment de l’extraction d’un long caillot issu du nez et de l’oropharynx en forme de « ver de sang lié » (p.Smith 5,18c-19), et ceci au point de le comparer à un « ver-ʿnʿrt vivant dans l’eau » (Cas n° 12, glose C, 6, 1-3) [36].
Donc la formation des caillots et les changements de couleurs dus à la résorption des hématomes sont bien décrits. Voici encore cinq autres exemples cliniques reconnus dans les textes médicaux pharaoniques :
- L’hématome récent : une contusion peut engendrer une ecchymose localisée (1er degré de Nélaton) et répondant à la description d’un sš n snf n ṯs.tw=f « marais de sang qui ne peut être lié » (pHearst 143. 10, 2-4 ; pEbers 593. 76, 1-4). Il est alors signalé comme étant ṯms [37] « violacé » (pEbers 876. 109,12-13 / a), ou plus simplement, comparé à des ʿrqw n ḥwyt « traces de coups » (pEbers 510. 69, 18-19).
- Un hématome plus ancien a la faculté de s’enkyster. Il est encore possible qu’une auréole ecchymotique entoure une cytostéatonécrose (pEbers 866. 106,17 - 107,1).
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- L’hématome des 2e ou 3e degré de Nélaton, avec quelque chose correspondant à un sft [38] n mt « hématome collecté », « violacé », et pouvant être perçu comme ḥnb3b3 [39] « pulsatile », et parfois réputé apparaître « comme après un coup de bâton » (pEbers 876. 109,12-13 / a). Notons à propos de cette dernière évaluation clinique, un pronostic favorable après évacuation chirurgicale. Un diagnostic différentiel évoque, dans un deuxième temps, un processus gangreneux à ne pas toucher (pEbers 876. 109, 16-18 / d).
- L’hématome enkysté, « pulsatile », ferme, non fixé sur les plans profonds (pEbers 872. 108, 4-5 /a).
- La cytostéatonécrose post-traumatique (pEbers 866. 106,17 - 107,1). En effet, à l’occasion d’exérèses chirurgicales, des confusions devaient se produire entre des caillots sanguins et des textures saponifiées hématiques cytostéatonécrosiques. La formation de savons calcaires (masses anhistes bleutées) ajoute une texture plus dure, d’où l’aspect d’une pierre (ḥpʿ) bleu-violacée (ḥb).
Il faudrait également rappeler ici, tout l’éventail des teintes adoptées par le sang, par exemple pur et rouge vif dans les épistaxis et allant jusqu’au sang noir « cuit » des mélænas. J’en reparlerai à propos de la physiopathologie.
Il faut aussi souligner que les chirurgiens devaient lutter contre les hémorragies bien visibles en « nappes » localisées, ou, en « jets » « pulsatiles » jaillissant du centre du corps en direction des extrémités. Ces manifestations veineuses lentes, et, artérielles rythmées par le cœur pouvaient bien faire penser à un courant sanguin. De toute façon il était nécessaire de l’interrompre.
En ce qui concerne les modèles animaux, on peut remarquer dans les scènes d’abattage que les gros vaisseaux sont bien tranchés (fig. 11). Parfois, les saignements artériels carotidiens sont montrés francs, jaillissants, pulsatiles (fig. 13a en haut à gauche, et 13b). Les saignements veineux jugulaires sont montrés lents, constants, non pulsatiles (fig. 13a en bas au centre ; la bête a perdu connaissance). Les tabliers des bouchers sont représentés maculés de taches de sang dont les tons apparaissent en dégradés de brun foncé à rose clair (fig. 12).
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Texte situé au dessus des bouchers maculés de taches de sang de la tombe de Nakhtamon (TT34) :
(© Osirisnet.net)
« [Une offrande] pure [que donne Osiris Oun]nefer [maître de l'éternité Neheh] qui établit la pérennité Djet. Qu'il te (sic!) donne du pain et le souffle, pour le Ka de l'Osiris, le supérieur de l'autel, Nakhtamon, juste de voix. Par son frère, le chef des bouchers de la maison d'Ousermaatrê-Setepenrê, Peteresemhebsed (Ptr-s-m-Hb-sd = Qui se voit à la fête sed), juste de voix. »
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2.2. Le rôle des couleurs
Dans le Rituel de l’ouverture de la bouche [40], plusieurs pièces d’étoffes différentes sont imposées, puis enfin, le collier-ousekh d’or. L’une des pièces est blanche (LOB § La), l’autre, verte (LOB § LI), puis, l’une est, je dirai [41], rouge-flamme (jns) de Sekhmet (LOB § LII), et l’autre est, je dirai [42], rouge-vif (LOB § LIII). Cette dernière correspond à une variété d’étoffe rituelle royale et divine [43]. Or, ce texte nous apprend que cette pièce d’étoffe-jdmj tissée par Isis et par Nephtys elles-mêmes est encore comparée aux bras de la déesse du tissage Tayt qui « entoure » la chair du défunt, « comme un dieu s’unit à un autre dieu, de même qu’un dieu vêt un autre dieu ». L’invocation immédiatement suivante souhaite que de cette façon, « sa sueur (déchets) soit lavée par le Nil », et qu’ainsi, « son visage soit illuminé par les Akhou », car les deux déesses sœurs ont « donné la lumière à la vêture de N. » Si l’on rapporte cette description à la « bonne mine » ardemment souhaitée du défunt comme le texte nous invite à le faire, on lui trouvera un « teint éclatant » tout comme s’il eût été pour nous, bien oxygéné. En effet, cette chair « toute pénétrée » des intentions divines la dispose en interne – donc diffusée par les vaisseaux mtw qui transportent les forces – d’un rouge vif de très bon augure et l’on peut penser pour nous à du sang artériel. Celui-ci se trouvait peut-être auparavant, au moins dans le sens de la progression du texte, d’une autre couleur rouge plus proche de celle diffusée par une « flamme efficace » donc plus « chaude » et qui sied parfaitement à la Fille du Soleil, l’Uraeus ravageuse. Cela pourrait correspondre cette fois-ci à la couleur du sang veineux, souvent qualifié de « sang sombre » puisqu’il finit par donner en excès un teint pathologique dit cyanosé (bleu). Pour que l’effet positif demeure, il faut que la couleur et donc l’objet coloré, tissus votif ou liquide corporel, soient, comme l’inscrit le texte, « lavé ». Aussi ce stick semble établir un cycle en perpétuel renouvellement dans l’esprit même de ces très importants documents de re-naissance car cette « purification » semble « enregistrée » par le blanc laiteux de la première étoffe qui renvoie par avance à la luminosité des téguments ainsi traités (débarrassés des déchets, dont ceux gazeux circulant et par leur dissimilation) (fig. 14 et 21) et ouvre à la verte comparaison égyptienne des signes « florissants » avec une série de jeux de mots qui montrent que c’est bien là l’effet recherché (sw3ḏ, « rendre florissant » / W3ḏyt « nom de la déesse » ; smnḫ « ajuster une résistance, rendre plus fort » / mnḫt « pièce d’étoffe » ; sw3ḏ / w3ḏ(w) « étoffe verte »). Nous avons, par d’autres textes, que l’air et l’eau sont nécessaires à cet épanouissement : cet air doit aussi être humidifié « Toi qui expectores Chou et Tefnout » (très ancienne Litanie pour la Conservation du nom, § IV …).
Pour ceux qui ont eu la curiosité de relire les anciens travaux que j’ai signalés dans ma note 25 (cf. supra), ils pourront constater que la vascularisation veineuse superficielle peut en effet être déclarée dans les textes médicaux pharaoniques comme « florissante ».
Ces alternances de couleurs évoquent celles retrouvées sur plusieurs sceptres divins et royaux dont ceux initiaux de Ptah et d’Osiris qui seraient susceptibles d’une façon ou d’une autre de représenter une partie de l’appareil respiratoire et de gros vaisseaux. Elles correspondraient alors à l’idée que se faisaient les médecins et les théologiens du mélange respiratoire évoluant dans les mtw, un peu, même si la comparaison est osée, mais je vais la faire, avec l’agencement des fluides courant dans les canalisations transparentes d’un automate de laboratoire moderne de biochimie médicale : je n’en retiendrai ici bien entendu que l’aspect extérieur et visuel. Ainsi cheminent dans ces longs tubes fins en plastique transparent et qui ressemblent à des tubulures de perfusion, une alternance de bulles gazeuses séparant chacune d’autres sphères formées de réactifs blanc ou colorés en bleu, vert, rouge ou jaune. En quelque sorte dans cette image restituée, l’air pénétrerait d’abord dans une canalisation organique composée d’anneaux cartilagineux pour la trachée artère et les bronches, pour, par l’intermédiaire des poumons et du cœur « s’aortiser » (cf. supra, la crosse héqa) avant que d’être redistribué en ces différents stades influençant par son degré de pureté la couleur du sang, son liquide porteur.
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Nous parlons du sang, certes, mais aussi de l’air diffus et, de la lymphe contenue dans les vaisseaux lymphatiques et les ganglions que savaient palper les médecins de l’époque. Ainsi, les teintes circulantes peuvent donc varier d’un rouge éclatant à un rouge sombre en passant par le blanc ou la transparence mais pas seulement dans l’esprit égyptien et ce n’est pas faux. Dans quelques conditions particulières en effet, le sang est compris comme capable d’adopter des nuances différentes normales ou pathologiques. Par exemple, « un sang qui mange » peut être brun. Les couleurs intermédiaires représentent alors toutes plusieurs stades en fonction de leurs compositions successives et de leurs concentrations dans le temps. L’impression colorée peut être uniforme dans certaines maladies comme la « jaunisse ». Des différences de couleurs locales sont visibles comme par transparence, étalées en nappes sous la peau à l’occasion des problèmes vasculaires superficiels (ou même profonds nous l’avons vu) que représentent les hématomes. Ce phénomène plus courant est perceptible durant le suivi de leurs évolutions. Nous savons finalement depuis peu de temps que ces dégradés de couleurs sont dus à la décomposition moléculaire de l’hémoglobine [44] …
3. Le dieu Ptah
La divinité responsable des fêtes jubilaires royales porte soit un plus long sceptre ouas qui peut être non pas sinusoïdal mais bien annelé (bronze de 21 cm, University Collège de Londres ; MRAH Bruxelles, R37), soit un sceptre composite annelé et surmonté d’un pilier-djed et d’un signe-ânkh, ouas ou ren (ou voir une combinaison). Il pourrait s’agir d’un dieu « pulmonaire ». Je dirai simplement ici que ce très probable ancien Grand Chef Memphite divinisé est réputé avoir créé le monde avec son seul souffle et que comme Horus et Isis, il est sans aucun doute capable, et par expérience, de soigner un mal spécifique et poitrinaire qui l’eût cependant peut-être atteint.
Mais c’est une autre histoire …
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[1] A.M. Gnirs, « Crosse et Flagellum », dans A. Wiese, A. brodbeck, Toutankhamon. L’or de l’au-delà, Bâle, 2004, n° 69 a et b, p. 290-291.
[2] Wb IV, 124, 1-7 ; Alex. 77.3575 ; Hannig-Wb I & II,2 - 27871 « Wildstier » (animal sauvage) ; Ptolex, p. 839 « Wild bull ». Voir aussi : Wb IV, 123, 14-17 ; Alex. 78.3516 ; Ptolex, p. 839 « bull as a sacrificial offering ».
[3] Voir par exemple : G. Jéquier, « La queue de taureau insigne des rois d'Égypte », BIFAO, 15, Le Caire, 1918, p. 165-168.
[4] Même pour le dieu Apis qui pouvait être représenté avec un corps d’homme et une tête de taureau.
[5] Pour cet objet, voir aussi par exemple : P. Lacau, Sur le système hiéroglyphique, MIFAO 25, Le Caire, 1954, p. 46 et 110.
[6] Wb I, 170,6 ; Alex. 77.0591 « bâton de berger » ; Hannig-Wb I & II,2 - 4901 « Szepter, Hirtenstab » (sceptre, houlette).
[7] Pour des cannes et des bâtons, voir par exemple : G. Jéquier, Frises d’objets des sarcophages du Moyen Empire, MIFAO 47, Le Caire, 1921, p. 162-176. H.G. Fischer, « Notes on Sticks and Staves in Ancient Egypt », MMJ, 13, 1979, p. 5-32.
[8] Voir aussi : R.-A. Jean, « Le système respiratoire en Égypte ancienne (3) Physiologie humaine théologique et royale (1) La fête sed et le souffle du roi », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, X février 2014, texte et fig. 10.
[9] Par exemple, pour Aménophis III, cela peut-être l’inverse. Psousennès, lui, a opté pour à chaque fois l’une de chaque solution pour ses deux sarcophages (une façon de ne pas se tromper). Quant à Ramsès II et Hatchepsout, ils ont préféré cumuler les sceptres dans les deux sens dans un certain nombre de colosses osiriaques (c’est plus sûr). En fait, c’est surtout l’effet magique qui est recherché, quelles que soient les solutions. Les premiers sens étant acquis aux initiés.
[10] Voir par exemple la vue 003 et la suivante, vue cm_b_146, page 8 de la tombe de Sennefer dans Osirisnet.net : http://www.osirisnet.net/tombes/nobles/sennefer/sennefer_08.htm.
[12] R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, L’obstétrique en Égypte Ancienne. Traditions médico-religieuses, tome 1, Paris, S.H. Aufrère (éd.), éd. L’Harmattan, coll. Kubaba – Série Antiquité – Université de Paris 1, Panthéon Sorbonne, 2014 (sous presse).
[13] R.-A. Jean, « Le système respiratoire en Égypte ancienne (4) Physiologie humaine théologique et royale (2) Le Sema-Taouy et la mécanique ventilatoire », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 12 février 2014, p. 8.
[14] Ihy est le fils d’Hathor et Horus dans la triade de Dendara.
[15] P. Barguet, Le temple d’Amon-Rê à Karnak, Essai d’exégèse, IFAO 21, Le Caire, 1962, réédition, 2006, p. 237 (Montant Nord de la porte de Ptolémée VIII, 6ème colonne) ; G. Goyon, Rituels funéraires de l’ancienne Égypte, Paris, « Livre des respirations » , p. 210.
[16] Livre premier des Respirations, abrégé ici partout 1.LR. Le Livre second des Respiration sera abrégé 2.LR.
1.LR : P.J. de Horrack, Le Livre des Respirations, d’après les manuscrits du Musée du Louvre. Texte, traduction et analyse, Paris, 1877 ; M. Valloggia, « Le Papyrus de Lausanne n° 3391 », dans J. Vercoutter (Éd.), Hommages à Serge Sauneron, IFAO, Le Caire, 1979, I, p. 285-304 et planches.
2.LR :J. Lieblein, Le Livre Égyptien « Que mon nom fleurisse », Leipzig, 1895 ; W. Golenischeff, Papyrus hiératiques du Musée du Caire, CGC, fasc. I, Le Caire, 1927, p. 23-99 et planches. G. Goyon, Le papyrus du Louvre N. 3279, BdE XLII, IFAO, Le Caire, 1966 ; F.-R. Herbin, « Une nouvelle page du Livre des Respirations », BIFAO, 84, 1984, p. 249-302 avec planches.
1.LR et 2.LR : G. Goyon, Rituels funéraires de l’ancienne Égypte, Paris, « Les Livres des Respirations » , Paris, 1972, p. 183-317.
[17] G. Goyon, op. cit. 1972, p. 219 et note 2.
[18] Un site intéressant en trois dimensions pour ceux qui ne sont pas des anatomistes chevronnés : http://www.ikonet.com/fr/sante/corpshumainvirtuel/corpshumainvirtuel.php?id=46749&z=1&term=0.
[19] H.G. Fischer, L’écriture et l’art de l ‘Égypte ancienne, Paris, 1986, fig. 22, p. 69 ; voir aussi dans MMJ.
[20] G. Goyon, op. cit. 1972, p. 220. Et même plus loin dans le texte nous lisons : p. 221 « Osiris est l’air que tu respires » (§ IX), car nous sommes ici dans un contexte funéraire. « La bouche même d’Amon … te donnant de l’air » (§ III ; § VI).
[21] R.-A. Jean, « Le système digestif en Égypte ancienne (2) Physiologie humaine et divine (1) La digestion », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg 2014 (en préparation).
[22] H. W. Fairman, dans R. Mond, O. H. Myers, The Bucheum, London, 1934, II, p. 11-13, et III, pl. XLIII.
[23] Wb IV, 162, 5-10 ; Alex. 77.3647, 79.2616 « faire respirer » . Snfj : Hannig-Wb II,2 - 28550 « atmen lassen » (faire respirer).
[24] Se reporter également à : Richard-Alain JEAN, « Notes complémentaires sur le cœur en Égypte », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 29 avril 2013 et aux figures, dont le tableau 3.3. des défaillances cardiaques.
[25] R.-A. Jean, op.cit. 2012, p. 11-12 ; R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, op.cit. 2010, p. 240-241, p. 255-265 ; passages cliniques essentiels et auxquels il faut vraiment se reporter pour bien saisir ce présent article.
[26] G. Goyon, op. cit. 1972, p. 275.
[27] J. Lieblein, op.cit. 1895, p. 21 : pGizeh n° 18022, III, 14-16 (pl. XXXIII).
[28] R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, 2005, « À propos des textes médicaux des Papyrus du Ramesseum nos III et IV, I : la gynécologie (1) », dans Encyclopédie religieuse de l’Univers végétal (ERUV - III), Montpellier, S.H. Aufrère (éd.), 2005, Ch. 3.3. « La crème acidulée moyenne (ou crème képhiroïde moyenne) », p. 443-456.
[29] G. Goyon, op. cit. 1972, p. 275, note 5.
[30] G. Goyon, Le papyrus du Louvre N. 3279, BdE XLII, IFAO, Le Caire, 1966, p. 59-62.
[31] J. Zandee, « De Hymnen aan Amon van Pap. Leiden I. 350 », OMRO, 28, 1947, p. 102-103 (V, 22).
[32] S. Sauneron, Le monde du sorcier, Coll. Sources Orientales, 7, Paris, 1966, p. 32-34.
[33] R.-A. Jean, « Le système respiratoire en Égypte ancienne (3) Physiologie humaine théologique et royale (1) La fête sed et le souffle du roi », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, X février 2014.
[34] R.-A. Jean, La chirurgie en Égypte ancienne. À propos des instruments médico-chirurgicaux métalliques égyptiens conservés au musée du Louvre, Éditions Cybele, Paris, 2012, p. 11-12 ; R.-A. Jean, Médecine et chirurgie dans l’ancienne Égypte », dans Pharaon Magazine, n° 11 - novembre 2012, p. 47-48 ; R.-A. Jean, « Autour du cerveau. Clinique médicale. Clinique chirurgicale », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 18 juin 2013, 2.2. « Physiopathologie ».
[35] R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, La mère, l’enfant et le lait en Égypte Ancienne. Traditions médico-religieuses. Une étude de sénologie égyptienne, Paris, S.H. Aufrère (éd.), éd. L’Harmattan, coll. Kubaba – Série Antiquité – Université de Paris 1, Panthéon Sorbonne, 2010, p. 241 et 244.
[36] R.-A. Jean, « La sangsue en Égypte ancienne », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 25 mars 2013, p. 1 ;R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, op. cit. 2010, p. 461.
[37] Wb V, 369, 7-12 ; Alex. 77.4920, 78.4673 « rouge, violet » ; Hannig-Wb I, 37955 « rot sein ; violett ». Cela correspond également au rouge-violacé des fesses des babouins (E. Brunner-Traut, « Farben », LÄ, II, 1977, col. 124).
[38] Mot signalé sfṯw : Wb III, 444, 6 et 7 (Hr der Vulva) / une inflammation (?). Grundriss V, p. 484. Hannig 1995, p. 699 « Krankheitserscheinung ». En effet des sfṯw nw t3w ḥr ḥmt sont déjà mentionné(e)s dans le contexte gynécologique des parties basses (pEbers 834. 97,7). Dans le même papyrus, zfṯ n mt est comparé à un ḥpʿ, probablement un « caillot » dont le toucher est comparable à une pierre (ḥb) sous les doigts (pEbers 866. 106,17 - 107,1). Cette observation est compatible avec le toucher d’un caillot, par exemple hémorroïdaire, ou à une formation calcifiée comme une cytostéatonécrose. Un hématome survient bien après une lésion (sf) vasculaire (mt). Le sang (znf) peut se collecter dans une poche (ʿ3t) perceptible sous la peau, comme nous l’indique ce texte se terminant par l’indication d’une cure chirurgicale. Le mot ḥb est un surnom de la « turquoise » (Alex. 79.1929), c’est-à-dire une pierre possédant des tons bleu-vert.
[39] Wb III, 113, 11 et 12 ; Alex. 78.2720 « se tortiller, palpiter » ; Hannig 1995, p. 539 « kriechen » (ramper) » / correspond à ḥnbb, ḥnb3b3 : « kriechen », « s. zusammenringeln (s’enrouler) », « s. winden (se tortiller) » . Voir aussi le mot ḥnb : Alex. 78.2715 (« un serpent protecteur » ; serait une graphie abrégée de ḥnb3b3 »). Pour ḥnb3b3 : Alex. 78.2719 « un serpent » ; Hannig 1995, p. 539, « Schlange (serpent) » . Il s’agit bien de la notion de serpenter en se hâtant (ḥn), et, de tressauter (b3b3) vivement (ḥn). Pour b3b3 : Alex. 78.1228 « sauter, tressauter », Takacs 2001, p. 65, et, ḥn : Alex. 77.2726, 78.2701 « être vif » ; ḥn : Alex. 77.2726, 78.2702, 79.1988 « se hâter ». Sous la peau, cela se ressent bien comme un phénomène « pulsatile », c’est probablement l’acception à retenir dans au moins deux contextes cliniques (pEbers 876. 109, 16-18 / d ; pEbers 872. 108, 3-9).
[40] G. Goyon, op. cit. 1972, p. 141-146. Rituel de l’ouverture de la bouche, abrégé ici partout LOB.
[41] Traduction contextuelle. J’y reviendrai à propos de la physiopathologie.
[42] Traduction contextuelle. J’y reviendrai à propos de la physiopathologie.
[43] G. Goyon, op. cit. 1972, p. 142, note 2.
[44] La « matière » colorante du sang était connue depuis longtemps, mais c’est Hoppe-Seyler qui en découvrira les caractéristiques spectroscopiques vers 1864 (E.F.I. Hoppe-Seyler, « Ueber die chemischen und optischen Eigenschaften des Blutfarbstoffs », Virchows Arch, 18, 1864, 29, p. 233-235.
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