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Histoire de la médecine en Egypte ancienne (ISSN 2270-2105)

PNEUMOLOGIE - III - Physiologie / souffle

Article complet - jeudi 27 février 2014 :

PNEUMOLOGIE / PHYSIOLOGIE - I

Plusieurs articles à suivre

 

 

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  • Richard-Alain JEAN, « Le système respiratoire en Égypte ancienne (3) Physiologie humaine théologique et royale (1) La fête sed et le souffle du roi », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 27 février 2014.

 

 

 


 

 

 

 

 

 

LE SYSTÈME RESPIRATOIRE

EN ÉGYPTE ANCIENNE (3)

PHYSIOLOGIE HUMAINE

THÉOLOGIQUE ET ROYALE (1)

LA FÊTE SED ET LE SOUFFLE DU ROI

 

Richard-Alain JEAN

 

 

 

 

            Après l’anatomie du système respiratoire, continuons ici à essayer de déceler ce que les médecins des époques pharaoniques avaient pu percevoir de sa physiologie, au travers, dans un premier temps, des considérations théologique et royale, – et auxquelles se mêlent déjà d’emblée quelques répercutions humaines sensibles de biologie médicale.

 

            1. Rappel anatomique et histologique sur la trachée

 

            J’ai déjà indiqué dans l’article précédent [1] que les Égyptiens avaient assez bien représenté les reliefs superficiels de la trachée-artère et du larynx dans l’art et qu’ils ont aussi notamment signalé les anneaux trachéaux du bœuf dans les scènes de boucherie.

 

           La trachée est un conduit tubulaire pouvant être composé d’une vingtaine d’arceaux  en cartilage hyalin (15 à 20 chez l’homme et 45 à 60 chez les bovins) et dont les extrémités postérieures sont reliées par des fibres musculaires lisses formant le muscle trachéal encore appelé muscle trachéo-dorsal. Ce dernier ferme l’arcade en arrière en formant un long plan droit postérieur qui donne à une coupe transversale son aspect en « D » majuscule.

 

 


 

 

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           2. La fête Sed

 

            La très ancienne fête Sed (Heb-sed) devait sans doute vouloir prouver et signifier la continuité dans le temps de la puissance royale renouvelée en s’assurant que celle-ci restait efficace durant toute la durée du règne d’un roi donné en raison du maintien de sa propre force vitale mesurée à cette occasion, par des manifestations officielles importantes, dont initialement une ou plusieurs courses mettant en jeu un certain nombre de ses capacités, dont son souffle naturel.

            Je renvoie à la nombreuse littérature publiée à ce sujet [2], bien qu’encore beaucoup d’éléments décisifs nous échappent de façon à en conclure toute certitude, sauf à dire que ces prestigieux anniversaires avaient comme but final et les uns après les autres, de conforter le pouvoir effectif du souverain [3]. Cependant, les modalités pratiques ont dû varier dans le temps jusqu’à devenir plus symboliques quant à leurs applications, puisqu’elles devaient davantage arriver à renforcer le prestige pharaonique qu’à asseoir et à aider à maintenir une royauté désormais bien établie dans le Double-Pays. Seules très probablement les attributions théologales et leur philosophie politique devaient être soutenues. La constatation clinique servant alors de prétexte dans la propagande royale n’a plus rien à voir avec la publication d’un « bulletin de santé ». Toutefois, un bon nombre de réflexions suscitées par ces événements ont « forcé » l’évolution de la pensée médicale. Encore à nous aujourd’hui de la décrypter.

            Des plus anciennes représentations, comme une plaquette en ivoire prédynastique du roi Den (British Museum, EA 32650 ) (fig. 4), ou encore la tête de massue du roi Narmer (Ashmolean Museum d'Oxford, E. 3631) (fig. 5), nous montrent ces hommes effectuant ce fameux parcours, en courant à pleines jambes et avec handicaps (couronne, sceptre, rame, manchon), dans un espace limité par deux fois trois formes particulières en « D » qui pourraient bien évoquer chacune une « coupe transversale de la trachée », ce qui ne serait pas illogique dans ce contexte sportif et de résistance cardio-respiratoire. Voir encore la course de Sésostris Ier (Petrie Museum, UC 14786) (fig. 6). Il doit parfois également s’agir, à certains moments, d’une compétition avec un taureau (Chapelle rose de Karnak) (fig. 7). Nous ne savons pas de quelle façon le parcours était organisé, mais il était délimité par ces fameuses petites constructions qui pouvaient signifier toute l’étendue de la Double Terre. Peut-être que le coureur devait les contourner, mais dans la mesure où la partie plane de chaque arc est toujours disposée à l’intérieur, et donc la partie courbe  – celle qui est anatomiquement antérieure – toujours dirigée vers l’extérieur, cela indiquerait que dans tous les cas le roi fait face à ses ennemis et qu’il jouit pour cela sans cesse du souffle nécessaire à les combattre.

 

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           3. Les monuments en « D »

 

           Ces petites constructions, appelées nb [4] par les Égyptiens, expression pouvant probablement signifier « tourner autour » [5], ont été assez justement appelées « bornes » [6], ou encore « cairns » [7], par les égyptologues.

            Quelques-unes de ces figures en maçonneries basses, d’environ 5 mètres sur 5 et de maintenant 1 mètre de hauteur, et représentant chacune un double muret creux en son centre et en arc ont été préservées sur le site de Saqqarah sur les indications de Monsieur Jean-Philippe Lauer [8] à qui j’avais suggéré la possibilité qu’elles puissent éventuellement représenter une coupe de cet organe dans les années quatre-vingt, eu égard à la brillante description qu’il venait de me faire sur l’environnement archéologique de ces curieuses pièces architecturales. Il me dit alors simplement avec bienveillance que « c’était sûrement une idée à creuser ». Je voudrais aujourd’hui reprendre cette hypothèse dans le cadre de cette étude physiologique.

           Il ne reste à voir actuellement que deux de ces représentations évocatrices dans la grande cour (Fig. 8), mais il devait bien y en avoir originellement deux fois trois dans l’endroit réel de ces manifestations durant la vie du roi (nous sommes ici dans un site mortuaire), comme le confirment les exemples de pièces muséologiques que j’ai déjà indiquées (fig. 4-7), et localement encore bien précisément, le bas-relief de la chapelle montrant Djoser effectuant sa course rituelle [9] – ces détails se trouvent situés en bas à droite de la scène, derrière le talon gauche du souverain (fig. 10).

 

 


 

 

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Ces mêmes éléments sont bien entendu placés devant le pied droit avancé du roi [10]. Celles qui sont encore visibles sont placées en ligne et ont pu annoncer la forme globale d’un « B » de taille relativement modeste (11 mètres pour le grand côté plan), jusqu’à faire pratiquement oublier leur forme individuelle et détachées en « D » (comme celle restant dans la cour de la maison du Sud). Elles étaient particulièrement bien finies et recouvertes de parements en calcaire fin à l’intérieur comme à l’extérieur [11]. Leur section horizontale était biseautée (fig. 187 de Lauer 1936 reproduite ici même : fig. 3a p. 2 = fig. inversée 17 p. 7), un peu comme le serait une trachée de bœuf rapidement sectionnée par un boucher [12], c’est-à-dire, cuir ouvert, et abordée par la face antérieure de la gorge du bovin, tête en hyperextension avec une légère rotation latérale gauche pour compenser le geste d’un opérateur droitier, comme peuvent le montrer plusieurs scènes de dépeçage représentées dans les tombeaux. Parfois, on peut voir un assistant provoquer cette rotation à partir des cornes pour la maintenir le temps qu’il faut (Mérérouka).

 

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           On peut aussi se demander pourquoi il subsiste une autre de ces petites constructions dans la cour est du sanctuaire qui est beaucoup plus réduite. Selon le principe habituel, il devait y en avoir deux, disposées aux extrémités (une pour le sud et l’autre pour le nord). Le parcours de la course devait donc être raccourci, modifié, et consacré à un autre rituel, peut-être encore bien plus ancien. Il faudra donc aller chercher la solution plus loin dans le temps. Ainsi, la théorie de la « mise à mort du souverain » argumentée à partir de plusieurs plaquettes pourrait trouver ici son écho modifié. Si cette coutume barbare était en usage il y a extrêmement longtemps, je ne le sais pas, elle a aussi sans doute pu être remplacée par : soit une simulation magique votive simple, soit par un geste effectif lui-même possible de deux façons, l’une historiquement salvatrice et documentée, et l’autre, purement rituelle. Dans tous les cas, le règne trouvant ici sa fin. Personnellement, je pencherai plutôt pour la deuxième possibilité avec l’option historique entraînant à sa suite un autre rituel sanglant mais non létal. Ce geste pourra par la suite être simulé sur un personnage, une statue ou un mémorial. C’est ce que doivent représenter les plaquettes de Aha (Musée du Caire JE 34907-8) [13] et de Djer (Musée du Caire, JE 70114) [14]. Ces objets ont été assez bien vus et commentés par Vikentiev [15]. Voir notamment l’utilisation du verbe srq [16] « faire respirer », causatif du verbe rqj [17] « écarter ». L’auteur fait également remarquer que les déterminatifs utilisés avec des synonymes de « respirer », comme nfj, tpj, ou ssn, sont la voile (P5) ou le nez (D19-20), alors que pour le verbe srq, « le signe idéographique est dans ce cas immanquablement un instrument perforant ou tranchant, de forme arrondie ou pointue, avec ou sans manche » (une lancette comme T22 et var.). Cet acte aurait sans aucun doute son utilité en chirurgie de guerre après un fracas osseux maxillo-facial, mais nous n’avons pas de texte. Cependant, l’intervention figurée ici par deux fois doit plus sûrement selon moi montrer un acte proche de l’inter-crico-thyroïdectomie d’urgence [18] plutôt que d’une trachéotomie, plus difficile à réaliser, donnée par Vikentiev. Aussi, il doit être possible de rapprocher cette « opération » d’un acte « sed » (sd/s « briser … ouvrir… » ; sdq « couper »). Ce pourrait être d’une certaine façon l’ancêtre de l’un des rituels au moins du Heb-sed « Fête jubilaire ». Il est tout à fait possible en effet que parfois ces épreuves initiales d’endurance aient provoqué, d’une manière directe ou indirecte, chez l’un (ou plusieurs) de ces très importants personnages les plus âgés ou physiquement affaiblis par des guerres, quelques accidents respiratoires aigus nécessitant à chaque fois une ouverture inter-crico-thyroïdienne empirique mais salvatrice et ô combien spectaculaire. L’air pénètre en sifflant dans les voies aériennes et le sujet cyanosé reprend rapidement de bonnes couleurs. De quoi marquer les esprits pour longtemps. Ce fut peut-être le cas d’un Grand Chef nommé Ptah par la suite divinisé et dont Aha était un des admirateurs. Il faut aussi rappeler que Aha « (ʿḥ3) le Combattant » aurait selon Manéthon élu domicile à Memphis puis y aurait pratiqué et enseigné la médecine, dont spécialement l’anatomie. Il doit être cité dans le pEbers (le premier roi Thinite tiendrait-il sa médecine de Neithhotep, sa mère ? ce prince peut-être médecin dans les armées de son père aurait-il été un grand chirurgien et un bon réanimateur – de la troupe et de son géniteur ?). Ainsi nous aurions, dans un endroit réservé plus petit, une maçonnerie représentant cette fois virtuellement une partie haute de l’appareil respiratoire, – et anatomiquement compatible avec la forme générale et l’inclinaison des structures du monument de pierre comme du larynx (ʿšʿšt) avec sa partie supérieure vocale (ḥ3ʿʿ).

 

 


 

 

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           Une ouverture antérieure communiquant avec la lumière interne du mémorial à la manière d’une fenêtre y était-elle pratiquée par un prêtre médecin ou par le souverain lui-même en rappel théo-politique et médico-historique ?

 

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           4. Interprétation physiologique

 

            Je pense qu’il est possible de voir dans ces petites structures soignées en forme de « D », à chaque fois un arc trachéal assez bien représenté et ménageant effectivement une cheminée interne où serait susceptible de passer le fluide royal magiquement suscité et contrôlé lors de cette course d’endurance probablement renouvelée durant la même fête à trente ans de règne, puis plus souvent. Il pourrait bien s’agir en effet de la représentation, répétée deux fois, c’est-à-dire, une à chaque extrémité de l’ancien champ d’épreuve, d’une triple structure potentielle composée d’un arc supérieur où arrive le souffle lors de l’inspiration et d’un arc inférieur situé à la limite de l’embranchement où est distribué le souffle aux deux poumons en situation de « montée active » bilatérale et symétrique. L’arc moyen correspondant à un lieu de passage et de contrôle utile dans les deux sens, voire à un « arc de commandement » dont je reparlerai à propos du séma-taouy. Les trois structures placées à l’autre extrémité du champ pourraient, elles, correspondre à la même configuration, mais, réservées cette fois à l’expiration du souffle provenant des poumons considérés dans ce deuxième temps en situation de « descente active » également bilatérale et symétrique. Il faut remarquer à ce propos que si chaque poumon représente bien par analogie l’un des deux pays, aucun ne subit dans les figurations hiéroglyphiques de partition lobaire, et ceci, pour des raisons politiques faciles à concevoir dans l’esprit égyptien. C’est pour cela que je n’ai évidemment pas mentionné cette anomalie dans mon article précédent consacré à l’anatomie. Bien entendu, les observateurs avaient sans aucun doute relevé ce détail, et les cliniciens s’en accommodaient sans que cela ne gène trop la pratique quotidienne. C’est un peu comme avec le phénomène particulier de la conception du cœur en Égypte ancienne et dont j’ai déjà assez longuement débattu [19]. Ainsi de la même façon, les médecins ont dû composer avec la rigueur et la logique fondatrice de l’unité des « Deux Terres » indivisibles et qui devaient le rester.

           Donc au cours de la très ancienne fête-sed, b-sd [20], que je traduirai ici par « Fête jubilaire », se déroule un test vital spécifique avec handicaps (port de couronnes, sceptre ou rame dans la main droite, et étui dans la main gauche) mettant en œuvre, certes tout l’organisme de la personne royale : son appareil locomoteur avec ses pieds et ses jambes, ses centres nerveux avec son aptitude à l’équilibre et à la coordination motrice, sa vue, mais aussi et de façon radicale, son système cardio-respiratoire très spécialement sollicité afin de fournir l’oxygène nécessaire (le souffle) à cette démonstration sportive. Si l’on essayait de reconstituer une partie de cette épreuve physiologique, quasi spirométrique avant l’heure, et avec le peu de moyens historiques et muséologiques qu’il nous reste à explorer, il nous faudrait aussi essayer de puiser dans la lexicographie et parmi les mots proches (en ḥb/ḥp [21] et sd/sḏ [22]). On obtiendrait alors quelque chose comme ceci : pendant cette partie de la « Fête jubilaire » (b-sd ), l’effort royal (ḥp) est sollicité sous la forme d’une course (ḥpt) rapide (ḥp) à l’aide de ses jambes aux mollets (sḏ3 [23]) musclés et aux os (sḏḥ [24]) solides, avec des couronnes (pw(j)), manche de sceptre (sd/s) ou rame (ḥpt) en main, et tout cela, parfois en compétition amicale avec le taureau Apis (p/Ḥpwj/Ḥpj). La résistance générale et les réactions physiologiques et physiopathologiques du roi seront épiées [25]. Or, le premier signe clinique à guetter correspond bien à la bonne capacité cardio-pulmonaire d’endurance pour perdurer (s[26]) et rester en vie (sḏb [27]).

 

 


 

 

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           Seront entres autres choses observés, l’état de son larynx (ḥ3ʿʿ [28]), son cœur avec le myocarde (ḥ3ty), avec ses accélérations, éventuellement trop fortes (sd3 [29]) ou l’apparition de frissons, de palpitations (sd3w [30]/ sdd/jsdd /sd3d3 [31]), de grimaces ou de pleurs ([32]/ḥ3j [33]), de douleurs normales ou pathologiques. À la suite de cette démonstration, le roi reconduit sera traité avec égard, revêtu (bs [34]) d’une pièce de tissus (drap de bain) ( [35]/ ḥbs [36]/ḥbswt [37]) pour ne pas qu’il se refroidisse, et ses preuves brandies sous la forme de différents sceptres ancestraux (b-jb, b [38]/b-jb [39] *b/w-jb ṯzm [40] - ?) tenus par leur manche (sd/s [41]//sḏwt [42]) reprenant son souffle qui n’a pas failli sans doute bien soutenu dans ses  poumons par le fils d’Horus (pj) responsable d’eux de son vivant même. Il sera amené en triomphe (ḥb) pour se reposer et trôner aux pavillons d’honneurs (b [43]) du Nord et du Sud. Enfin il sera proclamé (ḥww) et toute l’assistance se réjouira (ʿj) en poussant des ha ah ha … (ḥ3 [44]). On boira des boissons (bt [45]) comme de la bière (ḥ3w-jḫt [46]) dont la mousse (b3 [47]) rappellera aux savants le bon processus physiologique respiratoire du souverain (cf. infra). Car l’objectif politique de rajeunissement (sḏḏj [48]) est atteint dans l’univers (ptj). Il représente désormais le Séma-taouy efficace (fig. 20-21-22) avec son organe efficient dont aime à s’occuper le dieu Nil Hâpy (Ḥʿpy).

 

 


 

 

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            Pour conclure cette digression en forme d’épreuve de physiologie clinique respiratoire, – menée sous le prétexte d’une hypothèse architecturale sur l’emploi des structures en « D » qui pourraient représenter chacune la « coupe d’un des anneaux trachéaux », – je dirai que les médecins égyptiens des époques archaïques avaient déjà su prescrire au pouvoir une série de tests physiques permettant de savoir si le « Chef » restait capable ou non de continuer, malgré son âge, et quels que soient ses « états de services » à emmener et protéger son groupe. Cette demande devait sans doute émaner d’un « Conseil des Anciens » qui devait mandater un expert dans l’Art afin de suivre le cours de cette étude. Cette démarche est pour nous intéressante car elle nous permet de nous faire une idée de la progression de « l’idée physiologique », puis physiopathologique, quelle que soit la sentence finale. En effet, durant toutes ces « courses avec handicaps » (peut-être quatre en tout par jubilé pré-pharaonique) le haut personnage se voyait tester bien évidemment ses capacités respiratoires (mécanique ventilatoire, degré de saturation, résistance biologique), que nous explorerions aujourd’hui à l’aide de spirométries et d’examens biochimiques et hématologiques, mais aussi ses capacités cardiaques à l’effort ; ses capacités vasculaires artério-veineuses des membres inférieurs, et même aortique abdominale ; ses capacités neurologiques comme la coordination motrice, l’équilibre et la vue. Avec bien entendu un volet métabolique non négligeable. La dernière épreuve se réservant un aspect psychologique supplémentaire et de stress avec l’intervention d’un animal dont la force globale est de toute façon supérieure à celle de l’homme à qui revient cet exercice. Cet ensemble bien calculé met donc en œuvre à la fois l’intelligence, le psychique et la force de l’individu. Encore un élément pouvait-il céder et montrer que le sujet n’était plus « capable ». Sans préjugé des suites politiques à envisager, il faut aussi souligner qu’en cas de déficit aigu, le nouveau patient pouvait aussi à ces occasions demander des soins. Je ne m’étendrai cependant pas davantage ici sur les complications respiratoires ou cardiaques qui pouvaient êtres rencontrées, mais il est certain que plusieurs pouvaient être mortelles (infarctus du myocarde, rupture d’anévrisme …) ou entraîner une incapacité définitive (paralysies …). Dans les cas où les troubles restaient passagers (angor …), voire bénins (hypoglycémie, tendinites  … ), une discussion pouvait s’engager entre toutes les parties et l’avis de l’expert sollicité. Cela a pu entraîner bien des palabres … et les réactions médicales de « l’auguste cobaye », enrichir aussi les conclusions des cliniciens qui pratiquaient ces observations extrêmes. D’autant plus qu’elles se perpétuaient généralement ensuite après examen déclaré réussi par le comité réuni, tous les deux ans. Cela fait de beaux protocoles de recherche en perspective ( !)

 

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[1] Richard-Alain Jean, « Notes complémentaires sur le système respiratoire en Égypte ancienne (1) Anatomie », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 21 février 2014.

[2] M.-A. Bonhême, A. Forgeau, Pharaon. Les secrets du pouvoir, Paris, 1988, p. 287-306, avec bibliographie.

[3] W. Fr. von Bissing, H. Kees, Das Re-Heiligtum des Königs Ne-Woser-Re (Rathures), II, Die kleine Festdarstellung, Leipzig, 1923, p. 5-11.

[4] Wb V, 576,7 ; Alex. 78.4924, 79.3657 « les bornes » (marquant les limites du Nord et du Sud de la Course royale) ; Hannig-Wb II,2 - 40043 « Wendemarke, Laufstation, Grenzmarkierung ».

[5] Voir aussi les mots dnj « maçonnerie, appareillage » (Wb V, 466,8 ; Alex. 78.4809), qu’il faut contourner afin de « parcourir », dndn (Wb V, 470, 12-13 ; Alex. 78.4817, 79.3576), la section délimitée. Ces termes pouvaient aussi servir à former des expressions concernant des fonctions de tailles (Hannig-Wb II,2 - 39039 « Kubikelle » a. Maß für Abraum , als Arbeitsteistung der Steinbrecher).

[6] J. Vandier, Manuel d’Archéologie égyptienne, I, fascicule 2, Les époques de formation, Les trois premières dynasties, Paris, 1952, p. 911.

[7] B.J. Kemp, Ancient Egypt. Anatomy of a Civilization, Londres - New York, 1989, p. 60.

[8] J.-Ph. Lauer, Fouilles à Saqquarah : la pyramide à degrés ; L’architecture (Service des antiquités d’Égypte), I et II, Le Caire, 1936 (voir aussi la fig. 187).

[9] J.-Ph. Lauer, Saqquarah : La nécropole royale de Memphis, Plymouth, 1976, p. 93-94 et pl. XII, p. 149.

[10] Voir encore par exemple : C.M. Firth, J.E. Quibel, Excavations at Saqqara, The Sept Pyramid , Le Caire, 1936, p. 33 et pl. 16.

[11] J.-Ph. Lauer, op. cit. 1936, p. 179.

[12] Cet aspect particulier ne peut pas correspondre à la reproduction d’un « fer à cheval » pour des raisons évidentes de chronologie, pas plus qu’à la forme d’un sabot d’âne (la base distale serait plus grande que la base proximale), ou d’un autre ongulé comme le taureau (l’arc serait fendu). Il ne peut pas s’agir des « neuf arcs » (}).

[13] A. Scharff, Die Altertümer der Vorund Frühzeit Ägyptens, V, II, Berlin, 1931, p. 171, fig. 92 pl. XXXVI.

[14] J.E. Quibell, Excavation at Saqqara : archaic mastabas, 1912-1914, Le Caire, 1923, pl. XI, 2-3.

[15] V. Vikentiev, « Les monuments archaïques. IV-V, Deux rites du jubilé royal à l’époque protodynastique », BIE, XXXII, 1951, p. 171-200 et pl. I-II ; V. Vikentiev, « Les monuments archaïques. VI, La tablette en ivoire d’un haut fonctionnaire du roi de la Ire dynastie Wenewty-Ouenephes », BIE, XXXVI, 1955, p. 297 et 310.

[16] Wb. IV, 201-203, 10 ; Alex. 77.3724, 78.3684, 79.2672, et srq tjt, « faire respirer la gorge » ; Hannig-Wb I & II,2 - 29065-67 « atmen lassen ».

[17] Wb. II, 456, 9-12 ; Alex. 78.2446, « incliner », « écarter, repousser », copte ⲣⲓⲕⲉ (S) ; voir aussi le copte ⲗⲁϭⲉ (S), « cesser », « guérir » (W. VYCICHL, op. cit., pp. 172 et 102). Noter aussi le démotique rq, « détourner » (W. Erichsen, D.G. 256), et, srq, « dépecer » (Wb. IV, 204, 11-13 ; Alex. 77.3729) ; copte ϣⲱⲗϭ (S), « couper », arabe šalaq, « fendre », šilqa, « couteau » (W. VYCICHL, op. cit.,p. 262).

[18] La ventilation inter-crico-thyroïdienne se pratique aujourd’hui avec un cathéter court (cathlon 14G) ou un cathéter long (leader cath 14G Vigon et introduit sur 10-13 cm pour arriver à 2-3 cm de la carène). Complications possibles : barotraumatisme ; emphysème S/C, médiastinal ; pneumothorax ; ponction veineuse. Mais ce geste est salvateur en cas d’urgence absolue (Fiche du Service de santé des Armées).

[19] R.-A. Jean, « La place du cœur dans les anthropologies égyptienne et comparées. Perspective médicale », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 3 juin 2013.

[20] Wb III, 59,1-60-10 ; Alex. 77.2642 « fête jubilaire », 78.2635, 79.1925 « fête Sed, jubilé » ; Hannig-Wb I & II,2 - 20121 « Hebsed, Sed-Fest » ; PtoLex. p. 635 « Jubilee festival ».

[21] En première h aspiré , et pour la suite en tenant compte d’un très ancien passage possible d’une labiale occlusive sonore ‘b’ à une labiale occlusive sourde ‘p’.

[22] En premières spirantes, et pour la suite en occlusives sonores d et .

[23] Wb IV, 379,16 ; Alex. 78.3995 ; Hannig-Wb II,2 - 31757.

[24] Wb IV, 374,1-4 ; Hannig-Wb II,2 - 31752.

[25] Toutes ces opérations ont très certainement eu lieu à l’aube des temps. Elles se sont ensuite déroulées d’une façon plus théorique au début de l’ère pharaonique, et probablement très peu ensuite. Les scènes ont pu même être théâtralisées, avec prêtres acteurs et statues. utilisées. Seules les réjouissances et les acclamations fermaient le ban. C’était un événement politique.

[26] Wb IV, 395,19 - 396,7 ; Alex. 78.4011, 79.2900 ; Hannig 1995, p. 797 « dauernd lassen » « dauerndherrschen lassen ».

[27] Wb IV, 380,11 - 381,6 ; Alex. 77.4038 ; Hannig-Wb I & II,2 - 31775.

[28] CT VI, Sp 667, 296e. Alex. 78.2572 ; Richard-Alain Jean, « Notes complémentaires sur le système respiratoire en Égypte ancienne (1) Anatomie », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, X février 2014, p.       .

[29] Wb IV, 365,15 - 366,12 ; Alex. 77.4014, 78.3982, 79.2872 ; Hannig-Wb I & II,2 - 31585.

[30] Wb IV, 366, 13-20 ; Hannig-Wb I & II,2 - 31588 « Zittern ».

[31] Wb IV, 366,21 - 367,15 ; Alex. 77.4015 ; Hannig-Wb II,2 - 31594.

[32] Wb III, 61,14 ; Alex. 77.2648 ; Hannig-Wb II,2 - 20151-20152.

[33] Wb III, 7,6 ; Alex. 77.2551, 78.2539.

[34] Wb III, 64,3 - 65,17 ; Alex. 77.2655, 78.2646, 79.1934 ; Hannig-Wb I & II,2 - 20191.

[35] Wb III, 1,2 ; Alex. 77.2539, 78.2520, 79.1849.

[36] Wb III, 65, 18 - 66,12 ; Alex. 77.2656, 78.2647, 79.1935 ; Hannig-Wb I & II,2 - 20217.

[37] Wb III, 66, 13-15 ; Alex. 77.2657.

[38] Dans les textes des Pyramides : Pyr. Sp. 333, 542b (Pierre-Croisiau, 2001, pl. XV (P/C med/W - col. 73). Allen, III, 2013, PT333. Sethe 1908-1922, I, Sp. 333 § 542 p. 277. Spellers 1923, I, p. 40. Faulkner 1969, p. 107. López, Thode 2003, p. 95-96s. Carrier, II, Pépy I er , 2009, p. 896-897 et I, Téti, 2009, p. 208-209).

Il faut aussi noter que pour désigner l’échelle, c’est le mot m3q(.t) et avec les déterminatifs P6 pour Pépy 1er, P6B pour Pépy II et U106 droit pour Téti (Wb II, 33, 6-7 - 66,12 ; Alex. 77.1627, 79.1144 ; Hannig-Wb I & II,2 - 12320 « Leiter ») qui est employé dans la deuxième partie de la phrase.

Dans les Textes des Sarcophages : de Buck 1935-1961, CT II, Sp. 146, 189b (B1C). Faulkner 1973, I, p. 123. Barguet 1986, p. 264 « sceptre-hib ». Carrier 2004, I, p. 344-345 « on enlèvera le sceptre-hib de [la main] de Rê ». Wb III, 62,10 ; Hannig-Wb I, 20160 « Leiter ». En fait, et après analyse, il s’agit d’un sceptre.

Dans le deuxième texte, « le terme est mentionné dans une phrase contenant une menace qui serait concrétisée si les désirs du mort n’étaient pas exaucés : “ le ḥb sera écarté de Rê ” » (Chr. Jacq, Thèse, Paris, 1979, edt. : Le voyage dans l’autre monde selon l’Égypte ancienne. Épreuves et métamorphoses du mort d’après les Textes des Pyramides et les Textes des Sarcophages, Paris, 1987, p. 160 ). Il pourrait correspondre à une forme de bâton à chef canin d’où s’échappe une trachée (un peu comme les signes F12A=>F12), ou à un sceptre annelé puis sinusoïdal rappelant la trachée initiale (≈U108=>F12=>S40=>S41). Il faut se souvenir de la phobie des canidés tueurs en Europe centrale, au Moyen-Orient, – et même encore dans certaines campagnes égyptiennes devant des meutes de chien affamés errants et agressifs. Dans l’est du Soudan, une tête pouvait être promenée au bout d’une pique comme un trophée partout dans le village en liesse et son tueur nommé « héraut » (chibbani).

[39] Alex. 77.2651 « un sceptre. Sûrement identique à w-jb ṯzm », 78.2639 ; Hannig-Wb I & II,2, 20161 (*b). Voir ṯsm « chien ». Le mot ṯzm pourrait aussi provenir de ṯz (nouer), forme verbale qui donnera ṯzt « les vertèbres ». Il pourrait s’agir du cou du chien comprenant la trachée.

[40] Alex. 77.2619 « un sceptre. Sûrement identique à w-jb » ; Hannig-Wb II,2, 19800.

[41] Wb IV, 363,4 - 364,2 ; Alex. 77.4010, 78.3977, 79.2668 ; Hannig-Wb I & II,2 - 31551.

[42] Hannig-Wb I & II,2 - 31774.

[43] Wb III, 57,4 ; Alex. 77.2640 ; Hannig 1995, p. 520 « Zelt » (tente), « Laube » (abri végétal, arcade, porche), « Festzelt ».

[44] Wb III, 6,12 ; Alex. 77.2550 ; Hannig-Wb I, 19249.

[45] Hannig-Wb I, 47163 « Getränk » (boisson). Elle peut être alcoolisée.

[46] Wb III, 18, 7-9 ; Alex. 78.2557.

[47] Wb III, 62,15 ; Alex. 77.2652, 78.2640 ; Hannig 1995, p. 522 « Schaum » (écume, mousse - des bières).

[48] Alex. 77.4055 ; Hannig 1995, p. 797 « verjüngen ».

[49] Jean, Loyrette, 2010, p. 141-144.

[50] Jean, Loyrette, 2005, p. 443-456.

[51] Le signe des Textes des Pyramides ressemble à celui de l’échelle de corde (U108). Le signe utilisé dans les Textes des Sarcophages correspond à un S199 horizontalement inversé (  : de Buck).

[52] Wb IV, 124, 1-7 ; Alex. 77.3575 ; Hannig-Wb I & II,2 - 27871 « Wildstier » (animal sauvage) ; Ptolex, p. 839 « Wild bull ».

[53] Wb IV, 123, 14-17 ; Alex. 78.3516 ; Ptolex, p. 839 « bull as a sacrificial offering ».

 

 


 

 

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