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Histoire de la médecine en Egypte ancienne (ISSN 2270-2105)

INFECTIOLOGIE X - PARASOTOLOGIE XI - Bilharziose (1)

Article complet du lundi 31 mai 2021 :

Parasitologie XI - La Bilharziose

 

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• Richard-Alain JEAN, « Infectiologie X. Parasitologie XI. La bilharziose et autres parasitoses », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 31 mai 2021.  

 

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INFECTIOLOGIE X

PARASITOLOGIE XI

LA BILHARZIOSE

ET AUTRES PARASITOSES

 

 

Richard-Alain JEAN

 

 

          Sans reprendre la chronologie des erreurs d’interprétations relevées par Frans Jonckheere au sujet de l’hématurie parasitaire [1] en accord avec les travaux de Bendix Ebbell [2] et repris par Gustave Lefebvre [3] – augmentés d’autres textes, et auxquels j’apporterai quelques précisions et approfondissements puisés dans les impressions des anciens cliniciens [4], les travaux des auteurs modernes [5], ainsi que dans mon expérience personnelle, – nous aborderons maintenant la bilharziose avec ses différentes formes et causes dont celles relevées par les médecins pharaoniques.

         Si, comme j’ai pu le constater sur le terrain de nos jours, les praticiens africains de brousse savent parfaitement poser le diagnostic des schistosomoses, après un examen clinique, et une biologie qu’il pratiqueront eux-mêmes, avec une épreuve des trois verres, suivie d’une recherche des œufs de l’agent causal au microscope prélevés dans le dernier dépôt, et ceci, avant de prescrire un médicament moderne – les médecins pharaoniques, eux, ne disposaient cependant que de la partie clinique avant de tenter d’administrer une thérapeutique. Nous allons voir pourtant, bien que privés de la vision optique des plus petits éléments de reproduction du parasite responsable, ils n’en avaient pas moins conclu une théorie intéressante en ce qui concerne l’étiologie, précisé le diagnostic, et abordé le traitement. Il s’agira ici de considérer les textes médicaux égyptiens s’y rapportant, et ceci, dans le cadre d’une nouvelle perspective associant les cliniques locales, et générales dont les complications.

 

 


  

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         1. La bilharziose égyptienne

 

         Il faut tout d’abord rappeler que la schistosomiase, ou bilharziose, constitue la deuxième endémie parasitaire mondiale après le paludisme, et que cette maladie touche encore environ 230 millions de personnes dans 78 pays différents, avec au moins 90 % de personnes atteintes vivant en Afrique (OMS, 2020). 

         De ce groupe de formes de maladies aiguës et chroniques parasitaires dû à des variantes géographiques du même agent pathogène, je ne retiendrai que la forme égyptienne déjà connue et assez bien décrite aux époques pharaoniques qui nous intéresse ici. En effet, il se trouve que parasites et vecteurs présents dans le nord-est africain correspondent aux mêmes éléments qui sont communs en Égypte, au Soudan, en Lybie, au Tchad (Fig. 2-3), puis d’autres plus au sud selon les climats (Fig. 4). 

 

         1.1. Épidémiologie

 

         Globalement, ces maladies correspondent à des affections parasitaires dues à des trématodes, vers plats, à sexes séparés, hématophages, vivant au stade adulte dans le système circulatoire des mammifères et évoluant au stade larvaire chez un mollusque d’eau douce servant d’intermédiaire. La transmission est urinaire ou fécale. La symptomatologie reflète les lésions provoquées par les œufs de ces vers. Les enfants y sont particulièrement sensibles.

 

         1.1.1. Géographie 

 

         Les bilharzioses sévissent dans les zones tropicales et intertropicales où la température locale varie généralement de 26 à 30 °C. Les six espèces pathogènes pour l’homme existent à l’état endémique sur trois continents (Afrique, Asie, Amérique). Mais il faut savoir que toutes les zones africaines regroupent ensemble plus de 90 % des cas avec la répartition de différentes espèces de schistosome selon les époques et les lieux. En fonction des variations climatiques, les Égyptiens dont les voyageurs ont pu en connaître plusieurs espèces (Fig. 2-5) [6].

 

 

 

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         1.1.2. Les agents pathogènes

 

         Les agents pathogènes correspondent à des schistosomes encore appelés bilharzies.

         Il en existe trois groupes : 

         - Groupe haematobium : S. haematobium, agent de la bilharziose urogénitale, 

         - Groupe mansoni : Schistosoma mansoni, agent de la bilharziose intestinale, 

            S. intercalatum, puis S. guineensis, agents de la bilharziose rectale et génitale, 

         - Groupe japonicum : S. japonicumS. mekongi, et, S. malayensis [7], bilharziose artério-veineuse. 

 

         Le ver mâle est de teinte blanchâtre et mesure 10 à 20 mm de long sur 0,8 à 1,5 mm d’épaisseur. Son corps est plat, mais il peut paraître cylindrique en raison de l’enroulement de ses deux bords externes qui délimitent ainsi un canal gynécophore semi-circulaire dans lequel la femelle vient se loger au moment de l’accouplement qui est très long. Plus longue que le mâle, le ver femelle est cylindrique et mesure de 7 à 30 mm de long. Filiforme, il est un peu plus large en arrière qu’en avant. Facile à voir par transparence, la couleur noire de son intestin lui donne une teinte plus foncée que le mâle [8]. Dans la mesure où ces parasites sont bien visibles à l’œil nu, ils ont très bien pu être vu dans les viscères prélevés et préparés au cours des procédures de momification, surtout dans les plus importantes lumières vasculaires chez le sujet dont l’atteinte clinique est patente, nous le verrons. De plus c’est un fait certain, puisque les médecins égyptiens eux-mêmes nous indiquent dans les textes que la maladie la plus typique est due à un ver. 

         De fait, le ver, à l’état adulte, a pour habitat normal et pendant un certain temps, la veine porte et ses branches, notamment la veine splénique. C’est à ce niveau que se fait l’accouplement. C’est en effet dans ce vaisseau ou dans ses principaux affluents que les Égyptiens ont pu observer des vers adultes des deux sexes ou unis. Quand la fécondation est terminée, les deux sexes se séparent et la femelle filiforme désormais libre, peut entamer des migrations depuis la veine porte dépourvue de valvules vers le système veineux abdominal, les veines hémorroïdales inférieures qui s’anastomosent avec les hémorroïdales moyennes et les hémorroïdales inférieures, et se localiser par exemple dans le plexus veineux de la vessie. 

         Ainsi de nos jours, pour se procurer les vers adultes à fin d’expériences, au cours d’une autopsie, on lie la veine porte aux deux extrémités et on examine son contenu. Pour cela une petite quantité de sang est versée sur une lame de verre. Quand elle renferme des parasites, la femelle se présente comme un petit filament blanchâtre très ténu. Le mâle seul a l’aspect d’un petit grumeau de même couleur. 

 

 


  

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         Schistosoma hæmatobium. – Ces vers induisent la bilharziose uro-génitale. La femelle pond ses œufs à éperon terminal dans les parois vésicales et rectales. Des œufs sont bien éliminés par les urines, mais un certain nombre se localisent dans les tissus avoisinants en provoquant des granulomes. Ils peuvent aussi parfois s’emboliser à distance. Leur durée de vie est de 10 ans chez l’homme qui est son seul réservoir. 

 

         Schistosoma mansoni. – Ces vers sont les agents de la bilharziose intestinale et parfois hépato-splénique. Les vers adultes vivent dans les plexus veineux mésentériques inférieurs. La femelle pond ses œufs à éperon latéral surtout dans la paroi intestinale, mais souvent ils s’embolisent dans le foie ou la rate. Leur durée de vie est de plus de 10 ans chez l’homme qui est son principal réservoir, les autres sont des animaux comme des rongeurs. 

 

         Schistosoma intercalatum et guineensis. – Ces vers induisent la bilharziose rectale, et génitale (intercalatum). Bien qu’assez mal adaptés à l’homme, les vers adultes vivent essentiellement dans les plexus veineux périrectaux.  

 

 

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         1.1.3. Les réservoirs

 

         Seules S. haematobium et S. intercalatum sont des parasites strictement humains. Les autres espèces de schistosomes sont des zoonoses, par exemple S. mansoni atteignent différents mammifères : des primates comme le babouin, le bétail comme les bovins, et les rongeurs sauvages.

 

 


  

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         1.1.4. Hôtes intermédiaires

 

         Toujours pour nous en Afrique, les hôtes intermédiaires sont des mollusques gastéropodes aquatiques ne mesurant que quelques millimètres et vivant exclusivement en eau douce. Il existe une étroite spécificité d’espèce entre le mollusque et le schistosome, c’est-à-dire :

 

         Bulinus, le plus souvent B. truncatus (et B. globosus), et, Physopsis pour S. haematobium.

         - Planorbidæ, avec les espèces Biomphalaria alexandrina en Égypte,

           et, Biomphalaria pfeifferi et sudanica en Afrique pour S. mansoni.

         - Bulinus, avec Bulinus africanus et B. globosus pour S. intercalatum et S. guineensis

 

         Les bulins vivent dans des étendues d’eau douce bien oxygénée, tiède à pH variable : il n’y a donc pas de bulins dans les eaux saumâtres. On les trouve dans les mares et les marigots naturels ou artificiels, sur le bord peu profond des rivières, dans des lacs et dans les canaux d’irrigation à 20 ou 30 cm de profondeur. 

 

 


 

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         1.1.5. Cycle parasitaire en deux phases successives

 

         a. Phase sexuée chez l’homme.

 

         - Pénétration des larves par voie transcutanée : le furcocercaire se fixe sur l’épiderme grâce à sa ventouse antérieure munie d’épines, puis s’ampute de sa queue. La pénétration à travers la couche cornée fait intervenir une action mécanique et une action chimique (enzymes lytiques). Ceci prend environ 10 minutes. Le jeune schistosome traverse alors la couche de Malpighi suivant un trajet oblique en lysant les cellules épidermiques, atteint le derme conjonctif, et rentre dans la lumière d’un petit vaisseau lymphatique ou bien d’une veinule.

         - Le trajet du derme au cœur droit puis aux artérioles pulmonaires se fait en 4 jours environ. De là, le furcocercaire devenu schistosomule gagne les veines portes intrahépatiques, puis, après maturation, le système circulatoire péri-hépatique où ils achèveront leurs différentiations sexuelles mâle ou femelle. Une fois unis, les couples s’acheminent alors vers les territoires mésentériques inférieurs où ils peuvent survivre 5 à 8 ans. Les femelles pondent ainsi des milliers d’œufs par jour dans les veinules des organes profonds. 

         - Par exemple, le couple de S. haemalobium est transporté à contre-courant, vers les lieux de ponte. Le trajet s’effectue d’abord par la veine porte, puis la veine mésentérique inférieure, et enfin de la veine hémorroïdale supérieure vers le plexus hémorroïdal. S. haemalobium va poursuivre ensuite sa route et s’arrêtera dans les plexus vésicaux, vaginaux et de Santorini. Arrivée dans les veinules des plexus, la femelle quitte alors le mâle pour s’engager dans les fines ramifications veineuses des parois vésicales ou intestinales, et remonter jusqu’à la sous-muqueuse où elle commence sa ponte.

         - Les œufs de Schistosome se dirigent ensuite à travers la paroi d’un organe creux (vessie, intestin) pour finir par être éliminés par les urines ou les selles. Cependant, plusieurs de ces œufs demeurent localisés et ne sont pas expulsés. C’est donc cette migration inachevée qui provoque la schistosomiase urinaire et intestinale. De plus, après cela, certains œufs migrent à contre-courant sanguin, arrivent, et restent dans différents viscères dont le foie pour la bilharziose hépatique. 

 

         b. Phase asexuée chez les mollusques d’eau douce spécifiques à chaque espèce.

 

         - Les œufs rejetés par les urines et par les selles dans ce milieu neutre où ils peuvent survivre 18 heures, libèrent après éclosion des embryons dits miracidiums ciliés et très mobiles d’une durée de vie de 48 heures, qui eux-mêmes, en infestant les mollusques en font des hôtes intermédiaires pour se transformer en leurs seins en furcocercaires en 3 semaines à 2 mois :

 

 


 

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         - Après pénétration dans l’escargot, le miracidium bourgeonne, donnant des sporocystes. La suite du développement s’effectue dans l’hépato-pancréas du mollusque et aboutit à la formation des furcocercaires. Celles-ci s’échapperont du mollusque pour remonter à la surface des eaux douces stagnantes aux heures chaudes de la journée – en général entre 10 h et 16 h en pays tropical, et ceci durant plusieurs semaines – pour enfin y trouver, soit un homme, soit un animal (bœuf, rat), où elles chercheront toujours à rentrer par voie transcutanée. La durée totale du cycle chez le mollusque est d’un mois. 

         - Puis retour à la phase - a.

 

 

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         Les médecins égyptiens ne pouvaient certes pas appréhender ces étapes internes et externes du parasite, mais le fait est, qu’un « infectant », est également dit dans les textes, avec le « ver » (Cf. supra p. 18), être à l’origine de la maladie. Comme il s’agit, nous le reverrons, d’une notion générique non spécifique, cet « infectant » peut très bien représenter chaque élément successif de la chaîne des microorganismes concernés, et qui finalement aboutissent à la formation du ver parasite détectable chez l’homme. Cependant, dans la mesure où l’escargot d’eau n’est pas mentionné dans les écrits que nous possédons à ce jour, il reste plus prudent de penser que les scientifiques de l’époque subodoraient une chaîne interne à l’organisme humain, allant d’un germe au ver, et se finissant dans la région porte. 

 

 


 

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         1.1.6. Les causes favorisantes autrefois en Égypte

 

         - Eaux stagnantes : risque de contamination par contact eaux-mollusques-hommes, chez les femmes, enfants, adolescents, pêcheurs, chasseurs dans les marais, mariniers, foulons, tanneurs .... 

         - Eaux saisonnières à l’étiage du Nil, constitutions de mares stagnantes.

         - Création de points d’eau : ils correspondent à la mise en valeur des terres arables au-delà du Nil avec le développement de l’irrigation.

         - Eaux usées : risque de contamination due aux déversements d’urines et de matières fécales infectées par ces parasites.

 

         1.2. Physiopathologie

 

         Les œufs traversent les épithéliums des parois vasculaires et des organes creux sous-jacents provoquant de cette façon des micro-saignements, ce qui explique les hématuries et la présence de sang dans les selles. Mais un certain nombre d’entre eux reste bloqué dans les tissus et provoquent la formation d’un granulome bilharzien qui correspond à la lésion élémentaire spécifique de la bilharziose. La formation de ce granulome traduit donc en fait une réponse défensive de l’hôte infecté face à l’agression induite par les œufs. Ces œufs y seront détruits à terme, et l’évolution se fera vers une forme de fibrose caractéristique de la bilharziose avant que ne survienne le plus souvent une phase cicatricielle avec calcification définitive de ce granulome formant par la suite une vessie rigidifiée dite « de porcelaine » (Fig. 19), ce qui favorise la stase et les infections.

         Au stade larvaire ou adulte, le parasite induit également des réactions de défense de l’hôte infecté qui aboutissent à la destruction du parasite. Il n’existe pas d’immunité naturelle chez l’homme, mais l’on peut observer avec la prise d’âge une assez lente évolution vers une résistance acquise à la réinfection. 

         Ainsi, il faut aussi noter qu’en zone d’endémie, la bilharziose est asymptomatique dans 40 % des cas (HAS). 

 

 

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         1.3. Clinique

 

         La clinique de la bilharziosese décline en trois phases évolutives. Les deux premières phases sont en gros assez communes aux espèces infectantes.

 

         1.3.1. La phase initiale de contamination : pénétration cutanée

 

         Elle correspond à la pénétration transcutanée des furcocercaires, qui s’effectue le plus souvent au niveau des membres inférieurs et des mains. Cette infection par les furcocercaires (ou primo infection) correspond à une dermatite cercarienne qui se caractérise par une atteinte cutanée avec prurit, des éruptions maculopapuleuses de brève durée et localisées qui se voient lors de la première contamination. Ces phénomènes passent le plus souvent d’une façon inaperçue (S. haematobium) ou d’une manière fugace (pendant 1 à 2 jours pour S. mansoni). En règle générale, cette transmission ne prend que 1 à 5 mn chez l’homme.

 

         1.3.2. Phase d’invasion

 

         Elle correspond à la migration et à la maturation des schistosornules en vers dans le compartiment veineux. Après une période muette de 2 à 12 semaines suivant la contamination par les furcocercaires, surviennent les manifestations immuno-allergiques dues à la dissémination de ces larves : avec de la fièvre (> 38 °C), des sueurs, des signes cutanés (dermatite urticarienne fugace), de la toux, parfois de la dyspnée asthmatiforme, des douleurs (céphalées, myalgies, arthralgies), des douleurs abdominales avec diarrhée, une légère hépatosplénomégalie. Le diagnostic reposera également sur la notion de bain infectant en eau douce (marigot, fleuve). Et pour nous aujourd’hui, une hyperéosinophilie et une immunologie positive. Il faut aussi noter que les éléments cliniques peuvent être pratiquement inapparents chez les sujets vivant en zone d’endémie.

 

         1.3.3. Phase d’état

 

         La focalisation viscérale survient à la fin du cycle, au moment de la ponte des vers femelles, soit environ deux mois après la contamination – mais aussi plusieurs années après le comptage (HAS). Le diagnostic reposera déjà sur un faisceau d’arguments épidémiologiques avec la notion de zones d’endémies, ce qui est le cas en Égypte pharaonique, avec de possibles contaminations des troupes en déplacement au sud, à l’ouest, au nord, sur les pourtours de la mer Rouge, puis pour nous aujourd’hui en cliniques en rapport avec le schistosome en cause, et bien entendu la biologie. 

 

         1.4. Essentiel de la clinique de la bilharziose uro-génitales à S. haematobium

 

         - Il s’agira au premier chef d’une hématurie d’origine vésicale apparaissant 10 à 12 semaines après la contamination : d’abord indolore, elle est terminale, capricieuse, spontanée, répétée, macroscopique, elle peut présenter des caillots.

         - Puis apparaissent des signes d’irritation vésicale : avec une pollakiurie, des douleurs mictionnelles « chaudes » irradiant vers les bourses et le périnée, ténesme vésicale, hémospermie, parfois des surinfections urinaires (hautes ou basses) ou génitales, des crises de colique néphrétique. 

         - Les pertes sanguines dans le tube digestif et l’appareil génito-urinaire entraînent souvent une anémie. La pâleur du sujet était visible en Égypte ancienne (peau, conjonctive).

         - Chez les femmes, les atteintes génitales ne sont pas rares : salpingo-ovarite, cervicite, avec des saignements du vagin, des douleurs au cours des rapports sexuels [9], et des nodules dans la vulve. Il faut aussi absolument noter que la bilharziose génitale féminine (BGF) peut être présente sans bilharziose urinaire patente (OMS) [10].

 

 


 

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         - Chez l’homme, la schistosomiase urogénitale peut provoquer une pathologie des vésicules séminales, et de la prostate. 

         - Une surinfection bactérienne de l’appareil génito-urinaire est toujours possible (dans 30 à 80 % des cas) [11], ainsi que par suite, une septicémie persistante ou récidivante à Salmonella.

         - La maladie peut avoir d’autres conséquences irréversibles à long terme, comme la stérilité, et des lésions rénales dans les cas avancés. 

         - Les atteintes cutanées se sont pas exceptionnelles. Les lésions se présentent comme des papules avec divers aspects ; elles correspondent à des amas de granulomes dûs à la présence de vers adultes visibles dans les veinules du derme (Fig. 26-28 et 30). 

         - Le cancer de la vessie est aussi une complication possible à un stade tardif (OMS). 

         - Tous ces symptômes pouvaient être perçus par les médecins des époques pharaoniques.

         - En revanche, les examens paracliniques modernes leur étaient inaccessibles : recherche d'une hématurie microscopique, recherche d’œufs dans les urines, cystoscopie et urétéroscopie, examens radiologiques avec abdomen sans préparation montrant des calcifications vésicales (aspect en coquille d’œuf, vessie porcelaine) (Fig. 19 a et b), calcifications de l’uretère [12] …

 

         Et puis, le plus classiquement, pour nos anciens confrères qui ne possédaient pas nos médications modernes : « La bilharziose vésicale, sauf le cas exceptionnel où les parasites qui ont envahi l’organisme sont excessivement nombreux, est une affection bénigne. Le plus souvent tout se réduit à une légère hématurie avec une cystite chronique peu intense ; elle procède par poussées successives qui sont séparées les unes des autres par des périodes de rémission. La maladie dure des années sans retentir outre mesure sur l’état général ; mais, quand les complications surviennent, la gravité augmente subitement et le malade peut mourir de rupture de vessie, de pyélonéphrite, d’urémie, d’albuminurie, de cachexie, ou enfin de complications septiques ou autres » [13]. Les médecins des époques pharaoniques par expérience devaient probablement penser de cette façon tout en se méfiant des suites et des autres formes.

         En effet, en Égypte ancienne, tout comme aujourd’hui, la bilharziose uro-génitale à S. haematobium se superpose très souvent chez le même individu à la bilharziose intestinale à S. mansoni (voir à S. intercalatum).

 

 

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         1.5. Essentiel de la clinique de la bilharziose intestinale à S. mansoni (et S. intercalatum)

 

         - Des vers adultes se retrouvent au niveau des différents territoires veineux du tractus intestinal : ainsi, S. mansoni migre préférentiellement dans les veines drainant le côlon, S. intercalatum et S. haematobium dans celles du rectosigmoïde. 

         - La clinique se caractérise par des douleurs coliques abdominales, des ballonnements post prandiaux, et un syndrome diarrhéique ou dysentérique, des constipations alternées, avec le plus souvent des rectorragies : 

         - Aussi, la présence de stries de sang entourant les selles est caractéristique des infestations massives de la bilharziose intestinale.

         - Il y aura des rectorragies importantes pour S. intercalatum (bilharziose rectale).

         - La bilharziose intestinale représente la principale cause de la bilharziose hépatique. En effet, le côlon est l’organe qui, normalement, est ici constamment lésé ; mais par la situation même de la femelle, les œufs peuvent se trouver entraînés par le courant de la veine porte et infiltrer secondairement le tissu hépatique. 

         - Ainsi, l’hépatomégalie est courante dans les cas avancés et est fréquemment associée à une accumulation de liquide dans la cavité péritonéale (ascite) [14], et à une hypertension dans les vaisseaux sanguins de l’abdomen. Dans ce cas, l’on peut observer également une splénomégalie. 

         - L’ictère est tardif.

         - Tous cessymptômes pouvaient être perçus par les médecins des époques pharaoniques.

         - En revanche, les examens paracliniques modernes leurs étaient inaccessibles : recherche d’œufs dans les selles et dans les biopsies de muqueuse rectale, rectosigmoïdoscopie … (Cf. fig. 21).

 

         Cependant, il faut aussi noter que les Égyptiens étaient capables à l’œil nu de relever quelques éléments anatomopathologiques au cours des manipulations :

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disparition de la couche glandulaire. Au fond de l’ulcère, le derme très enflammé, par suite des infections secondaires, se montre comme formé par une sorte de tissu de bourgeons charnus, 2. Les lésions hyperplasiques portent sur le tissu conjonctif et les glandes de Lieberkühn. Les couches profondes du chorion sont épaissies et sclérosées sur toute leur étendue ; mais, certains points, là où les œufs sont surtout nombreux, la prolifération conjonctive devient très active, soulève la couche glandulaire et produit de véritables papillomes, d’un rouge brunâtre vif, très vasculaires, qui font saillie dans la cavité intestinale (Fig. 21). Le tissu sécréteur participe aussi à cette prolifération ; les tubes glandulaires se multiplient au sein de la substance connective, de telle sorte que ces formations polypeuses sont de véritables fibro-adénomes (Letulle). Les œufs sont particulièrement abondants dans la sous-muqueuse dont l’hyperplasie est considérable. La prolifération conjonctive est surtout accentuée au niveau des tumeurs adénomateuses : elle donne lieu à une saillie conique qui tantôt soulève la musculaire muqueuse, tantôt la déchire et forme l’axe des polypes. Par suite de ces processus, la paroi de l’intestin se trouve très épaissie ; elle devient dure et fibroïde. Quand on la sectionne, elle crie sous le couteau, car les œufs qui n’ont pu s’éliminer par une surface ulcérée, dégénèrent rapidement et s’incrustent de sels calcaires ; des dépôts phosphatiques se forment également à la surface interne du rectum et sur les proliférations adénomateuses … » [16].

 

         Pour l’Égypte ancienne, je parle bien entendu des manipulations devant avoir lieu sur les organes en cours de préparation lors des procédures de momifications humaines, mais aussi, animales, puis, des découpages en boucherie pour les animaux porteurs de formes analogues (bovins), et pour lesquels les éléments sont encore plus visibles car plus nombreux – et devaient très probablement faire écarter l’animal de la consommation après examen vétérinaire par les prêtres avant offrandes. Il faut encore noter que des schistosomes animaux ont été retrouvés chez l’homme (S. bovis, et S curassoni[17].

 

 

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         Rappel : Le gros intestin est donc l’organe qui, normalement, est constamment lésé ; mais par la situation même de la femelle, les œufs peuvent être entraînés par le courant de la veine porte et infiltrer secondairement le tissu hépatique (Cf. supra).

 

 


  

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         1.6. Essentiel de la clinique de la bilharziose hépatosplénique à S. mansoni

 

         Les localisations hépatiques de la bilharziose sont communes à toutes les bilharzies, bien qu’elles soient surtout observées avec S. mansoni [18]Elles sont dues à la migration à contre-courant des œufs qui atteignent le foie et constituent par réaction fibreuse un bloc pré-sinusoïdal qui est à l’origine d’une hypertension portale (HTP). La réaction fibrosique est due, elle, aux œufs bloqués dans les espaces portes et créant le granulome bilharzien typique.

         - L’atteinte hépatique entraîne une hépatomégalie et une hypertension portale : splénomégalie (de type 2 de l’OMS, avec pancytopénie), une circulation collatérale, et des varices œsophagiennes (VO) avec hémorragies digestives (hématémèses) qui mettent en jeu le pronostic vital. 

         - Le syndrome œdémato-ascitique, et l’ictère apparaissent plus tardivement.

         - Tout ceci pouvait être remarqué par les médecins égyptiens (Fig. 22-25).

         - En revanche, les examens paracliniques modernes leur étaient inaccessibles : échographie, avec mesure de l’épaisseur des parois des vaisseaux portes, splénomégalie, hépatomégalie gauche, atrophie du foie droit, augmentation du diamètre du tronc porte, présence de circulations collatérales. Endoscopie œsogastroduodénale (VO). Biopsie de muqueuse rectale (BMR). Ponction biopsie du foie (PBF) : montrant un granulome, une fibrose péri-vasculaire …  Biologie de la fonction hépatique.

 

         Cependant, il faut aussi noter que les Égyptiens pouvaient relever quelques éléments anatomopathologiques au cours des toutes premières manipulations avant la momification :

         Ainsi, le foie cirrhotique, et la rate augmentée, ne pouvaient que paraître vraiment anormaux de par leurs aspects macroscopiques (Fig. 22 et 25). Et de plus, des vers pouvaient être visualisés dans les grosses veines, surtout dans la veine porte (Fig. 23), ou de plus petites (Fig. 17b), où ils résistent plus de 24 h avant de mourir (puis ils restent encore visible un temps après sur les parois), ce qui était possible dans les procédures de momifications de qualité, afin d’éviter un début de putréfaction défigurante dans les pays chauds.

 

 

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         1.7. Complications extra-intestinales

 

         Les localisations extra-intestinales sont dues à la migration erratique du parasite, ou, le plus souvent, à l’embolisation massive d’œufs vivants par les anastomoses pathologiques porto cave. Il s’agit de localisations cardio-vasculaires, neurologiques, ou cutanées.

         - Ces localisations extra-intestinales sont relativement rares pour S. haematobiumet S. intercalatum, plus fréquentes pour S. mansoni.

 

         1.7.1. Essentiel de la clinique des localisations cardio-pulmonaires de la bilharziose

 

         - Les localisations cardio-pulmonaires de la bilharziosesont contemporaines de la phase d’invasion ou secondaires à l’embolisation des œufs dans la veine cave inférieure avec formation de granulomes bilharziens. Les lésions dues à S. haematobium seront plus volontiers tissulaires, alors que les lésions dues à S. mansoni (cas les plus fréquents) seront le plus souvent vasculaires par obstruction capillaire, cause d’une hypertension artérielle pulmonaire, rarement clinique (2 à 3 %), plus souvent hémodynamique (20 à 30 %), et tardivement, d’un cœur pulmonaire chronique. 

         - Le tableau clinique montre donc une dyspnée associée à des signes d’insuffisance ventriculaire droite (point de côté thoracique, tachycardie, le gonflement des veines jugulaires, foie douloureux … ), et qui sera à terme inexorable à la suite d’une décompensation.

         - Le diagnostic de bilharziose pulmonaire est pour nous moderne assez souvent porté à l’examen anatomopathologique : granulomes fibreux, apport massif d’œufs, et/ou embolisation d’un couple de schitosomes dans une artériole pulmonaire – les médecins égyptiens en ont peut-être vu à l’œil nu. 

 

         1.7.2. Essentiel de la clinique des localisations neurologiques de la bilharziose

 

         - Bien que rares et surtout observées avec S. mansoni, les localisations neurologiques de la bilharziose correspondent à une atteinte médullaire aiguë (myélopathie bilharzienne) et une atteinte cérébrale aiguë (encéphalite) contemporaines de la phase de migration larvaire (neurobilharzioses invasives). La contamination du cône médullaire et de la moelle dorsolombaire est probablement due à l’existence d’anastomoses entre les veines du pelvis et les plexus vertébraux avalvulaires [19]. Cette forme est à différencier des localisations encéphaliques plus tardives par réaction granulomateuse après migration ovulaire ectopique (bilharziomes). En pratique, l’on peut rencontrer trois types de complications, c’est-à-dire : la myélite transverse, la compression médullaire, et la radiculite se traduisant par une paraplégie d’installation progressive accompagnée de troubles sphinctériens et sensitifs [20].

 

 


  

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         - Les médecins égyptiens réduisant le cerveau par des moyens chimiques n’ont pas pu observer de parasite à ce niveau du fait de sa destruction, mais ils ont dû remarquer des convulsions et les autres signes. Il faut toutefois ajouter que devant de tels symptômes, associés aux autres plus classiques mais spectaculaires dus à S. mansoni, ils ont probablement été tentés de réaliser des autopsies, cerveau y compris, chez des sujets étrangers ne partageant pas la religion égyptienne, ou, des ennemis amenés en captivité et très visiblement atteints, comme je l’ai déjà indiqué ailleurs [21].

 

         1.7.3. Essentiel de la clinique des localisations cutanées de la bilharziose

 

         Les localisations cutanéesde la bilharziose correspondent à une dermite cercarienne de la phase d’invasion (Fig. 26), ou, plus tardivement, et, en dehors des bilhazioses ulcérées des organes génitaux externes, à un prurigo en éclaboussures (lésions papulonodulaires parfois végétantes et ulcérées), ou dit en bouquets de la phase d’état, ce qui n’est pas rare. Les localisations sont le plus fréquemment péri-ombilicales ou thoraciques, généralement indolores et non prurigineuses. Le diagnostic est pour nous modernes apporté par la biopsie cutanée, mais ces éléments étaient faciles à constater pour les médecins égyptiens (Fig. 27-28). 

 

 

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         1.8. Quelques différents traitements historiques

 

         Au tout début du XXsiècle en Europe :

 

         - Extrait éthéré de fougère mâle.

         - Essence de térébenthine.

         - Lavages antiseptiques de la vessie, du rectum, ou du vagin avec des sels métalliques.

         - L’anémie est traitée par du fer.

         - Mais la maladie est considérée comme « incurable » et « chronique ».

         - « Dans les cas heureux, la maladie guérit au bout de plusieurs années, quand tous les vers adultes sont morts » (à condition de s’éloigner de la cause du mal) [22].

 

         Les traitements traditionnels :

 

         - Les traitements traditionnels ne sont peut-être pas à négliger car certains auteurs ont détecté une activité anti-schistosomale dans quelques plantes [23], avec déjà par exemple :

         Ambrosia maritimaL. per os chez l’homme [24].

         - Chez la souris, Nigella sativa et Chroococcus turgidus [25]Pavetta owariensis [26] …

         - En effet encore, par voie orale chez des hamsters, les extraits de Abrus precatorius (Légumineuses), Pterocarpus angolensis (Légumineuses), et Ozoroa insignis (Anacardiaceae) ont bien une action létale sur les schistosomes adultes [27].   

         - En ce qui concerne les plantes chinoises, il faut aussi noter que des dérivés de l’artémisinine [28], tels que l’artéméther et l’artésunate, développés comme drogues antipaludéennes, sont actifs contre les différentes espèces de schistosomes. Dans les zones d’endémie, il a été montré que leur association avec le praziquantel permettait d’augmenter le taux de guérison. Cependant, la menace du développement de résistances de Plasmodium, l’agent du paludisme, aux dérivés de l’artémisinine empêche l’utilisation de ces traitements, notamment dans les zones de co-endémie. 

         Acacia niloticaAmbrosia maritimaBalanite ægyptiacaSwartzia, jetés dans l’eau pour détruire les escargots vecteurs de la maladie.

 

 


 

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         Il est à mon avis pas exclu que certaines plantes ayant quelques propriétés contre les schistosomes comme par exemple Pavetta owariensis P. Beauv. [29], encore non retrouvées en archéobotanique en Égypte antique, mais présente à proximité plus au Sud (Tchad, Cameroun), aient été utilisées à diverses époques anciennes dans la mesure où elles pouvaient bien être présentes en suivant les conditions locales inhérentes aux changements climatiques – la nature faisant alors coïncider dans le même biotope : vecteurs, parasites, et traitements botaniques potentiels comme en Afrique Noire. Ce serait également l’une des raisons qui ferait que les noms des plantes actives soient parfois difficiles à faire correspondre du fait de leurs origines vernaculaires. 

 

         Les traitements modernes [30] :

 

         - Les sels d’antimoine : tartrate double d’antimoine et de potassium (de 1915 à 1953), ou de sodium (jusqu’en 1964) ; pyrocatéchine sulfonate de sodium (de 1929 à 1961) … Stibio-thiomalate de lithium (Anthiomaline ®) (1934-1963).

         - Puis à partir de 1963, le niridazole (Ambilhar ®) fut longtemps l’antibilharzien de référence. On doit encore en parler puisqu’il persiste dans les pharmacies des dispensaires et des hôpitaux de nombreux pays en voie de développement, notamment en Afrique. Attention aux contre-indications. J’ai pu constater que son efficacité était moyenne, et qu’il pouvait provoquer des effets secondaires non négligeables.

         Le métrifonate (Bilarcil ®) est un autre médicament possible, sûr et peu coûteux pour le traitement des infestations à Schistosoma haematobium. Il n’est quasiment plus utilisé pour le traitement de masse, mais reste cependant très intéressant. 

         - Aujourd’hui, le praziquantel (Biltricide ®) [31] est le médicament recommandé contre toutes les formes de schistosomiase. Il est efficace, et peu coûteux. Même si des réinfections sont possibles après le traitement, le risque de développer une forme grave est diminué, voire annulé lorsque le traitement est initié et répété dans l’enfance (OMS, 2020).

         - L’oxamniquine (Vansilt ®) voit sa prescription limitée à S. mansoni, probablementen raison d’une plus grande concentration du produit dans le système mésentérique. 

 

 

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         2. Les textes

 

          2.1. pEbers 49. 16, 7-14 

 

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p« urinate » (uriner) - wsšt « urine » ; Alex. wzšt 78.1104, 79.0762 « urine » ; Hannig-Wb II,1 - 8408 wsš (wzšwšš) « harnen, urinieren » (uriner), 8409 « ausscheiden - im UrinKot » (excrétion - urine, matières fécales) ; KoptHWb p. 53 ⲓϣ, wzš « urine », ⲉⲣⲓϣ « harnen » (uriner) ; Vycichl1983, p. 68, ⲓϣ SBwzš « uriner ». Remarquer le signe déterminatif du phallus en émission  (D 53). Cette expression physiologique provient de wš « vider » (le) « liquide » (contenu) dans le š « contenant » (la vessie). Le premier sens « uriner » doit donc rester prioritaire comme l’indique bien Rainer Hannig.

 

 


 

20

 

pp. 52 « miction sanglantes abondantes ». Bardinet 1995, p. 258 « évacuation sanglante abondante », avec comme titre « 1, F) Nouvelle recette pour la diarrhée » sur les descriptifs précédents « 1, E) Diarrhées ». Strouhal 2021, p. 25 « urination of blood which is excessive » (miction de sang excessive). Dans ce cas, l’émission n’est plus seulement physiologique mais devient aussi pathologique.

         L’hésitation de certains traducteurs provient de la situation de cette prescription qui est placée à la suite d’autres descriptifs dont les formulations sont jugées plus propices à essayer de réguler le transit intestinal (pEbers 24. 8, 3-11 à 43. 14, 7-10), de limiter une diarrhée (pEbers 44. 14, 11-17 à 48. 15,16 - 16,6). Ces derniers problèmes sont dûs aux excréments et à leurs évacuations wš.t (44. 14,11) comme l’ont bien compris Thierry Bardinet (p. 257), et encore par exemple Bernard Lalanne et Gérard Métra (2017 p. 37) qui traduisent dans ces cas « évacuation diarrhéique », et Eugen Strouhal « evacuation » (2021, p. 24). Le verbe wš « vider » est encore très logiquement employé avec le sens de purger, « (faire) évacuer » (pEbers 24. 8, 3-11).

         Le terme technique wšš est encore utilisé dans d’autres passages (comme en pEbers 26. 8, 17-21), cette fois pour régulariser la miction, avec à la suite un autre (pEbers27. 9, 10-15), où il est question de « normaliser l’urine » et de « faire déféquer », (tout comme en pEbers 8. 2b, 12-16), dans le « Début du recueil des médications pour chasser (tous) les maux qui sont dans le ventre », c’est-à-dire, dûs aux liquides ou aux solides excrétés (pEbers 4. 2a, 7-8). Mais le mot sang (znf) n’y figure pas. 

         Pour notre passage, le terme technique médical ici employé est très clair, il s’agit bien de lutter contre une importante « miction » « sanglante » : et donc, contre l’hématurie, mais nous avons vu dans la première partie que les deux émissions n’étaient pas impossibles et tenaient aux parasites. 

 

pje renvoie à : R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, La mère, l’enfant et le lait en Égypte Ancienne. Traditions médico-religieuses. Une étude de sénologie égyptienne (Textes médicaux des Papyrus du Ramesseum n° III et IV ), édité par Sydney H. Aufrère, Collection Kubaba – Série Antiquité – Université de Paris 1, Panthéon Sorbonne, L’Harmattan, Paris, 2010,Cyperus, 73, 90, 384-385 ; Cyperus alopecuroides, Rottb., 76 ; Cyperus articulatus L., 76, 90, 92, 384 ; Cyperus esculentus L., 76, 89, 90-92, 383, 404 ; Cyperus longus L., 76, 90, 91, 92, 383 ; Cyperus papyrus L., 75, 76 ; Cyperus rotundus L., 90- 92.

         Cyperus esculentus L. est encore employé dans la pharmacopée traditionnelle égyptienne pour ses qualités nutritives et pectorales [32]Cyperus papyrus L. avec de la vaseline permet de réduire les prolapsus rectaux en Ouganda [33]Cyperus rotundus L. est employé pour soigner les hématuries, les calculs rénaux, comme anthelminthique dans le Kordofan Sud (Soudan) [34]. Également contre les calculs, comme diurétique, comme anthelminthique, contre la diarrhée, et contre les autres problèmes intestinaux, comme analgésique et calmant, comme stimulant [35]. Cette plante est utilisée contre la diarrhée et les dysenteries bacillaires au Bénin [36]. Comme anthelminthique au Gana [37], comme au Soudan [38]. Elle est encore employée contre les coliques, la toux, et les problèmes cardiaques au Kenia et en Ouganda [39], tout comme en Lybie [40]Cyperus articulatus L., est utilisé contre la toux [41]Cyperus longus L., est bien utilisé comme reconstituant au Maroc [42].

         On peut tout à fait penser qu’à l’image de nos anciennes prescriptions, telle ou telle plante puisse être remplacée ou renforcée, au cas par cas par le médecin propharmacien, par une autre de même nature ou famille en fonction des actions recherchées, car nous pouvons déjà constater ici que nous tournons dans la même sphère, celles des symptômes de certaines parasitoses et de leurs complications.

         Cette préparation à base de pâte à pain, de rhizome de souchet, d’huile alimentaire, et de miel, peut être considérée comme reconstituante chez un sujet affaibli par des pertes sanguines continues provoquant une anémie. Ce phénomène est bien connu, il peut s’accompagner de signes cardiaques que nous étudierons une autre fois. Ce traitement est donc utile, comme dans la « chlorose d’Égypte » avec l’ankylostome, les multi-parasitoses, ou d’autres pathologies privatives. 

 

 


 

21

 

         Donnée ici sur quatre jours, bien entendu cette formulation pourra être renouvelée autant de fois que le praticien le jugera nécessaire.

 

         Commentaire. – Les hématuries en Égypte ancienne ont toutes les chances d’être « parasitaires » si l’on tient compte des données statistiques par rapport aux autres pathologies capables d’entraîner ce symptôme : dans ces conditions, ce signe maître doit par conséquent être prioritairement rapporté aux bilharzioses dont nous venons de parcourir dans les pages précédentes quelques notions biologiques et cliniques, en se souvenant que l’hématurie parasitaire survenant au cours d’une bilharziose uro-génitale est due à S. haematobium, tandis qu’un saignement anal peut signaler une bilharziose intestinale qui sera, elle, due à S. mansoni (ou à S. intercalatum). Les deux saignements ne sont donc pas antinomiques, et nous verrons plus bas que les praticiens pharaoniques avaient l’habitude de réaliser des diagnostics différentiels. 

         Il faut également remarquer que cette unité littéraire est placée en tête d’autres ordonnances à visées nommément anthelminthiques (pEbers 50. 16, 15-18 à 85. 23, 1-2), et que les principales causes des problèmes intestinaux en Afrique sont dues à des parasitoses, qu’elles soient provoquées par des unicellulaires, ou des vers et leurs œufs. Aussi les pluriparasitoses sont-elles fréquentes. À la suite de cette section, ont été placé quatre textes où les médications sont prévues pour tuer et chasser les oukhedou (pEbers 86. 23, 2-4 à 89. 23, 7-9), qui nous le verrons plus bas ici-même, peuvent être responsables de certaines parasitoses, dont très probablement ici la bilharziose (pEbers 99. 24, 14-18a). 

 

         2.2. pBerlin 3038 165. 17, 5c-6b

 

p8409 « ausscheiden - im Urin, Kot » (excrétion - urine, matières fécales). Il s’agit bien ici de « d’évacuer des selles » eu égard à l’endroit par lequel est administré le traitement : ici, l’anus. 

paccompagnée de caillots, ni de sang cuit (pEbers 198. 39, 12-21), comme pour un melæna que le médecin saura reconnaître avec ou sans toucher rectal, et qui serait alors le signe d’une hémorragie du tube digestif, comme au cours d’une ankylostomiase, puis séro-sanglante en phase terminale [43]. Il reste donc en pratique comme cause de ce symptôme objectif, et principalement : une bilharziose, des hémorroïdes ou des fissures anales visibles à l’examen, une diarrhée aigüe infectieuse, de la dysenterie amibienne, ou plus rarement une tumeur (pEbers 153. 32, 15-17 à 164. 33,19 - 34,2 …).

 

 


  

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pḎḥwtj b3q « Thot du moringa », 79.0545 et noter une divinité ; Hannig-Wb I & II, « Ben-Baum, Moringa-Baum (Moringa peregrina Fiori) » ; Erichsen 1954, p. 123, dém. bq ; PtoLex. p. 303 « moringa tree » (arbre moringa). Takács, II, 2001, p. 93-94. Charpentier 1981, n° 379-380 p. 234-236 « moringa ». Baum 1988, p. 364. Maniche 1989, p. 122-123. Koemoth 1994, p. 254-256. Nicholson, Schaw 2000, p. 394-396. Germer 2008 p. 56-58 et 302-304 « Moringa peregrina Fiori ». Aufrère, Biblio. Flore, p. 29, 44, 81, 88, 123. De fait, le moringa qui est un petit arbuste est bien attesté dans l’ancienne Égypte : de Vartavan, Asensi Amorós 1997, p. 177. 

         Wb I, 424, 2-9 ; Alex.77.1185 « une huile », b3q w3šḏ « huile fraîche », 78.1249, 79.0846 ; Hannig-Wb I & II, 9343, « henöl, Benöl, Moringaöl » ; PtoLex. p. 303 « moringa tree oil » (huile de l’arbre moringa).

         L’huile de moringa fraîche est encore utilisée en lavement contre les fécalomes (pBerlin 167. 17, 9-10), et dans les lésions douloureuses de l’anus comme les hémorroïdes (pBerlin 172. 18, 4-6).

         D’après Duke (1978 et 1983) [44], les gousses de Moringa peregrina (Forssk.) Fiori agissent comme un vermifuge et traitent les problèmes de foie et de rate. En raison de la teneur élevée en protéines et en fibres, elles peuvent aussi aider à traiter la malnutrition et la diarrhée. La racine est utilisée pour les ascites. Les racines sont toniques pour les poumons, et expectorantes. Le jus de fleur est utile pour les problèmes urinaires. L’huile de graines agit comme régulateur intestinal.

 

 


 

23

 

         Les feuilles de moringa sont aussi par exemple utilisées en décoction comme vermifuge au Bénin [45]. Le moringa est utilisé en décoction contre la toux et l’hypertension à Madagascar [46]. Contre les problèmes hépatiques aux Commores [47]. On utilise encore l’huile pour traiter les douleurs abdominales au Yémen et à Oman.

 

         (d) Cette préparation doit être utilisée comme lavement (6b) après la découverte de sang (znf ) dans les selles.

 

         Commentaire. – L’intitulé clinique (5c) de cette prescription, représente exactement le pendant entérique de la formulation précédente consacrées aux hématuries, et peut donc également être rapportée aux mêmes causes, dont les bilharzioses intestinales dues à S. mansoni et S. intercalatum. Les hémorroïdes et autres causes de saignements intestinaux étant également fréquentes mais déjà décrites dans d’autres passages des papyrus médicaux pharaoniques (Cf. supra, note b). De ce fait, il n’y a aucune opposition à ce que l’on ait très probablement ici à faire à une pluri-indication avec celle des tumeurs qui étaient alors nettement moins courantes, avec en priorité statistique une schistosomose. 

 

         2.3. pBerlin 3038 187. 20, 6c-7b

 

ppEbers 62. 19, 11-19a note (c) ; pEbers 138. 31, 6b-8c. Dans ces textes, nous allons découvrir plus loin, que, parmi les wḫdw non spécifiques, certains sont capables de provoquer le âaâ, et donc susceptibles d’engendrerle vers-herrou comme les œufs de ce parasite le font.

 

p(Cf. supra, pEbers 49. 16, 7-14, note a). Et ceci, dans la mesure où ces deux symptômes sont possibles quand il s’agit d’une « évacuation sanglante » (wšš m znf ) provoquée par des « infectants » (wḫdw) susceptibles de développer une symptomatologie âaâ (ʿ3ʿ). Il s’agit donc probablement ici de l’une des bilharzioses potentiellement présente en Égypte pharaonique.

 

 


  

24

 

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p« inflorescence mâle du palmier » ; Germer 2008, p. 62 « Pollen oder männliche Blüten der Dattel » (Pollen ou fleurs mâles de la datte). Voir pour bnr « Palmier dattier » Phœnix dactylifera L. : Wb. I, 461, 12-16 ; Germer 1979, p. 153 sq. ; Alex. 77.1257, 78.1328, 79.0902 « datte ». Fruit du palmier dattier bnrt Wb. I, 462, 1-3 ; Alex. 77.1258 « Phœnix dactylifera L. », 79.0903 ; Hannig-Wb I & II, 9847, bnrbnj, « Dattel » (date), et, 9870 « Phœnix dactylifera » ; PtoLex. p. 319 « date palm » ; Takács, bnj, II, 2001, p. 200-205. Charpentier 1981, n° 406-407 ; Koemoth 1994, p. 18-20 et 284. De Vartavan, Asensi Amorós 1997, p. 193-199 ; Perrot, 1944, I, p. 580-589. 

         Les dattes sont classiquement bonnes pour la toux [48]. À l’Île Maurice, Phoenix dactylifera L. est considéré comme diurétique, il est utilisé dans la dysurie, et la dysenterie [49]. Les indications diurétiques et son utilisation dans les troubles génitaux-urinaires se retrouvent au Niger où il est en plus bon pour les pathologies hépatiques [50]. Les dates sont données au Tchad en décoction 3 fois par jour contre l’hypertension artérielle [51]. Les bourgeons terminaux de cet arbre sont prescrits en Égypte contre les hémorragies intestinales, la diarrhée, et la jaunisse, et les fruits sont utilisés comme régulateur urinaire [52].

         Nous savons que Phœnix dactylifera L. est un Palmæ, tout comme Hyphaene thebaica (L.) Mart. ou palmier doum, dont les racines sont utilisées en Égypte contre la bilharziose, et sa résine comme diurétique [53]. Toujours en Égypte, et en Afrique du Nord, il est donné contre les problèmes cardiaques et l’hypertension artérielle [54]. C’est également contre la bilharziose qu’il est encore prescrit au Sénégal [55]. Aussi, il n’est pas impossible qu’il y eut chez les copistes des vade-mecum médicaux une certaine confusion à la longue entre les deux arbres de cette même famille, non pas que les savants égyptiens purent confondre les deux végétaux, mais seulement dans la mesure où ils auraient pu être remplacés l’un par l’autre comme cela était bien de coutume chez nos anciens apothicaires. De toute manière l’on doit s’attendre à retrouver cette prescription dans un papyrus médical qui ne nous est pas encore parvenu, car curieusement, le palmier doum et ses nombreux fruits, ne semblent figurer qu’une seule fois dans la pharmacopée pharaonique (pRam V. VIII), alors que les composants du palmier dattier le sont plus de 140 fois (!) Pour l’arbre m3m3, aux époques pharaoniques, voir encore : R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, La mère, l’enfant et le lait en Égypte Ancienne. Traditions médico-religieuses. Une étude de sénologie égyptienne (Textes médicaux des Papyrus du Ramesseum n° III et IV ), édité par Sydney H. Aufrère, Collection Kubaba – Série Antiquité – Université de Paris 1, Panthéon Sorbonne, L’Harmattan, Paris, 2010, p. 87-89, et notes 63 à 77. 

 

 


 

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         Commentaire. – Le lien entre les « infectants » provoquant des hématuries localisées et la symptomatologie générale âaâ commence dans ce texte à se dessiner. Même prise per os, cette médication n’est pas inintéressante pour une « évacuation sanglante » dans le cadre des parasitoses et de leurs complications, qui, si ces « évacuations » concernent l’urine peuvent être dues à Schistosoma hæmatobium, ou bien, si elles concernent les selles peuvent être dues à S. mansoni ou à S. intercalatum. La prescription immédiatement placée après, et donnée pour la même pathologie, contient une partie de l’arbre-ʿrw (pBerlin 3038 188. 20, 7-9), comme dans une autre que nous découvrirons plus loin, et où il est question de « tuer les infectants et chasser le âaâ dans le ventre d’un homme (ou) d’une femme » (pEbers 99. 24, 14-18a). 

 

         2.4. pMédicalLouvre E 32847 - V9,5c-9,8a

 

p

 

         Commentaire. – Dans ce passage incomplet, où, en lisant entre les lignes le phallus est dit sanglant par le patient, alors que son anus est atteint, le médecin au cours d’une consultation demande au malade d’uriner accroupi devant lui, et ceci, d’afin observer les deux sites possibles de saignement pour s’assurer du véritable lieu d’émission anormale, car il s’agit pour lui d’effectuer un diagnostic différentiel. Il commencera par examiner le jet urinaire pour déceler en premier lieu pour des raisons statistiques une hématurie parasitaire (Cf. supra, p. 10-11), ou encore des calculs ... Puis en poursuivant la même observation mais en regardant cette fois les selles, qui pourraient ressortir striées de sang dans le cas d’une bilharziose intestinale (Cf. supra, p. 12-13), ou, mêlées de sang d’une manière particulière dans une ankylostomiase en phase terminale ou une dysenterie amibienne (diarrhée glairo-sanglante), ou bien encore une dysenterie bacillaire (pour nous : salmonelloses, shigelloses, yersinioses, ou due à Escherichia coli …),  visualiser un sang rouge de fissures, d’hémorroïdes, d’une tumeur, ou, macroscopiquement vierge de sang de ce côté. Dans tous les cas, le médecin interrogera ensuite son malade sur les douleurs qu’il ressent pour approfondir le diagnostic (brûlures, coliques néphrétiques … / épreintes, ténesmes …), mais, la dernière partie du texte a hélas disparu et nous n’avons pas le traitement.

 

 


  

26

 

          2.5. pEbers 62. 19, 11-19a

 

          Comparer avec : pEbers 49. 16, 7-14 // sang

         Comparer avec : pBerlin 3038 165. 17, 5c-6b // sang

         Comparer avec : pBerlin 3038 187. 20, 6c-7b // sang

         Comparer avec : pMédicalLouvre E 32847 - V9,5c-9,8a // sang

         Comparer avec : pEbers 63. 19b-23 // même étiologie, autre traitement anthelminthique 

         Comparer avec : pEbers 99. 24, 14-18a // âaâ + 2 étiologies différentes

plittérale « pour » le « corps » [56], non pas par opposition à « ventre » qui en fait partie (région abdominale) et comme deuxième niveau de traduction littérale, mais pour retenir le fait que le désordre âaâ dont il est question plus loin (17), nous le verrons (note f ), se manifeste également dans le thorax, le cou, et le reste du « corps ». D’autres traducteurs ont préféré reprendre l’expression m ẖ.t (Bardinet1995, p. 259 ; Lalanne, Métra2017, p. 47) utilisée plus loin par le scribe (17), mais qui écrit bien cette fois « dans » le « ventre » pour indiquer le lieu principal d’élection du ver incriminé dans cette affection. Cependant, cela se fait au détriment du texte hiéroglyphique du papyrus (par remplacement du signe N 35 = n, par le signe G 17 = m), qui, si l’on n’en prend pas garde, peut amener à mal définir le contexte clinique. Je ne traduis pas non plus par le mot trop locatif « ventre » (Ghalioungui1987, p. 25 ; Bardinet1992, p. 73 ; Nunn1996, p. 63 ; Westendorf1999, p. 557), pour les mêmes raisons. Nous aurons donc à ce premier niveau du texte une médication indiquée « pour le corps ».

 

pde roseaux » ; Hannig-Wb II, 3822 « Schilfrohr » (roseau, Phragmites communis) ; KoptHWb 502.

         Germer 1979, 122 et 2002, p. 112, 128, 131. Charpentier 1981, n° 186 p. 184 « roseaux = Phragmites communis L » . Baum 1988, p. 224, 226, 241 n. 26, 337. Nicholson, Schaw 2000, p. 254 f. Aufrère, Biblio. Flore, 2005, p. 17 et 119. Germer 2008, p. 34, 316-317 et 381 « Gemeines Schilfrohr » (Roseau commun) = « Phragmites australis(Can.) Trin. Ex Steud ».

 

 


  

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          De Vartavan, Asensi Amorós 1997, p. 199-201 : attestée depuis le Paléolithique en Égypte. Boulos 2005, IV, Phargmites, p. 221-224. Boulos1983, p. 96 et 199. 

         La dose est donnée 1 pour 1, à renouveler. 

         Il s’agit donc du roseau le plus commun en Afrique. Dans les régions tropicales et subtropicales, Phragmites australis est utilisé en médecine comme remède contre l’arthrose, la bronchite, le cancer, le choléra, la toux, le diabète, la diarrhée, l’hydropisie, la fièvre, la goutte, le hoquet, la jaunisse, la leucémie, les nausées, la pneumonie, les rhumatismes, les douleurs d’estomac et la fièvre typhoïde, et sur les plaies. Les graines en poudre sont utilisées comme ingrédient dans un onguent contre les brûlures. La graine est un composant d’un aphrodisiaque chez les Vendas d’Afrique du Sud. Le rhizome sert de diaphorétique, de diurétique et d’émétique, en décoction dans la bronchite, la grippe, le rhume et la toux. Noter qu’il est encore utilisé au Guatemala contre les infections urinaires [57]

 

pJean, « Clinique obstétricale égyptienne – XLVIII. Les accouchements divins, royaux et humains (14). Infectiologie (2). Le tétanos (1). Le tétanos maternel », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 janvier 2021, p. 21-23. Dans ce dernier texte, le pyrèthre déjà connu pour éloigner les insectes, les tout-petits parasites, est utilisé contre des wḫdw « infectants » invisibles à l’œil nu. Or, nous allons voir plus bas que les wḫdw non spécifiques, et qui sont donc à redéfinir pour chaque pathologie en fonction de la symptomatologie qu’ils entraînent, sont capables de provoquer le âaâ (pEbers 99. 24, 14-18a), et ici, le ver-herrou, un peu comme des œufs sont capables de l’engendrer. 

         La dose est donnée 1 pour 1, puis à renouveler. 

p58][59]

 

 


 

28

 

et le texte nous indique plus loin, après qu’il eut dissimulé (ḥbs) la maladie (ḫ3[jt]) et de ce qui s’y trouve (396 s), c’est-à-dire, ce qui en est la cause : le ver. Certes les anciens ne pouvaient pas connaître toutes les origines du mal et son cycle complexe sexué et asexué si l’on parle d’une bilharziose (Cf. supra, p. 3-9), bien que le dieu soit, nous dit le texte, censé s’en débarrasser en « jetant à terre » l’intrus … et probablement aussi, lors de l’évacuation visible et rouge des urines ou des selles (396 n) durant la maladie vécue avant la mort (396 s). Puis, après la mort, dans un cycle naturaliste bien connu par eux cette fois, et figurant la transformation de l’asticot, rejeté en pupe aux pourtours de la dépouille « paquet putréfié » (ḥw3) (396 b) dont il provient, avant que la mouche ne s’en envole une fois formée, ici comparée à une noble abeille. Il est donc tout à fait probable que les médecins de l’époque aient assimilé ce processus, à celui, épidémiologique et physiopathologique, de la maladie provoquée par un schistosome. Cette imbrication des événements près et post mortem n’est pas nouvelle, elle procède du besoin de retrouver une « vraie vie » sur le modèle assidu de l’ancienne vie terrestre, après la renaissance, tout en souhaitant être débarrassé des contraintes antérieures comme les malformations physiques, les maladies … mais par le fait, en en conservant malgré tout, l’on pourrait dire une cicatrice virtuelle, la mémoire, l’empreinte, et qui témoigne de la véracité de la personnalité même (N) qui est en voie de résurrection – et pas d’une autre, quelconque, même idéale, dépersonnalisée [60].

         Tout scientifique conviendra, que pour le moment, l’identité du parasite n’est pas certaine : mais de quel ver parasite s’agit-il ? Comment diable le rattacher aux déclencheurs des schistosomiases ? Pourquoi pas alors d’autres vers, comme le ténia, les ascaris, les ankylostomes, les filaires de Médine, des trichines, des anguillules, des oxyures … ou encore, ce qui est très souvent le cas en Afrique : proposer une poly-infection helminthique. Comme je l’ai déjà indiqué ici même (p. 14), tous ces parasites, même les plus petits visibles à l’œil nu, pouvaient être découverts aux premières heures avant une momification de grande qualité, ou, chez des sujets connus atteints, ennemis ou étrangers (p. 16), chez lesquels les médecins voulaient – comme pour nous aujourd’hui – effectuer une recherche au cours d’une autopsie, afin de faire bénéficier aux autres malades les fruits de nouvelles connaissances. Ce mot serait donc un collectif désignant des vers intrus, et donc non spécifique d’une pathologie particulière, ce qui est probable, et donc, correspondant à des « vers (génériques) -herrou ». De la même manière, nous l’avons déjà vu, pour les wḫdw accusés de provoquer par exemple le tétanos (pBerlin 75. 7,2+3) [61], et que nous retrouverons ici comme agents « infectants » provoquant une symptomatologie âaâ (p. 23).

 

ptraduction littérale non pas par opposition à « corps », puisqu’il en fait partie, mais pour retenir le fait que le désordre âaâ dont il est question plus loin (17), provient de problèmes provoqués par une localisation du parasite au niveau abdominal, avant de s’y fixer définitivement, puis de se propager sous d’autres formes, et de provoquer des désordres concomitants âaâ dans le reste du corps (12).

 

pinfluence causant la maladie) de la part de démons ; Hannig1995, p. 129 2. « Krankheitserscheinung (*Bilharzia) » (Symptôme de maladie - *bilhartziose). Hannig-Wb II,1 - 4824 ne note que les termes se rapportant à « erzeugen, ergiessen, ejakulieren » (générer, verser, éjaculer), en accord avec la racine verbale. En effet, ce qui doit être rejeté (ʿ3ʿ) peut correspondre, en pathologie médicale, à des « principes morbides » (ʿ3ʿ) : ʿ3ʿWb I, 166,18 et 169,2 ; Alex.77.0573, 78.0627, 79.0423, et dans ce cas être également assimilé à un « venin ».

         Lefebvre 1956, « hématurie parasitaire » ; Ghalioungui 1987, p. 25 « ʿ3ʿ-poison-matter » ; Bardinet 1995, p. 259 « liquide-âaâ » ; Nunn 1996, p. 63 « aaa » ; Westendorf 1999, p. 557 « ʿ3ʿ-Giftsamen » (poison semence) ; Lalanne, Métra, 2017, p. 47 « (liquide-) âaâ ».

 

 


  

29

 

p8-11 ; Alex. 77.0575 « interprète », « le médecin spécialiste qui est l’interprète des urines », 78.0634 ; Hannig-Wb I - 4812 ʿ3w , 3ʿʿ, ʿw, ʿ« Dolmetscher, Übersetzer, Dragoman » (Interprète, traducteur, dragoman), » mw « Urinbetrachter » (interprètedes urines ), ʿ3w ḥmwt št3t « Interpret der geheimen (ärztekunst) » (Interprète du secret - art médical), &, II,1 - 4812 « Dolmetscher, Übersetzer, Dragoman » (Interprète, traducteur, dragoman).

         L’expression technique ʿ3ʿ peut avoir plusieurs traductions.

pl’époque que le déterminatif initial était plus proche de la physiopathologie organique entraînée par la maladie, et que de plus, il restait beaucoup mieux compatible avec la plus courante des manifestations objectivables quand il s’agit d’une bilharziose – l’émission d’urines sanglantes – qui reste le maître symptôme en ces cas précis. Et ceci, tout en tenant compte que ce phénomène est bien mieux visible chez l’homme que chez la femme pour des raisons que tout le monde comprend. Nous verrons que cette notion âaâ s’apparente en fait à terme aux symptômes d’un cœur pulmonaire dont la cause se situe dans l’abdomen, avec des effets secondaires dans l’abdomen et dans le thorax, et qui se répercutent dans « tout le corps », d’où ma traduction (notes a et e). 

         C’est l’une des raisons pour lesquelles on retrouvera ce vocable ailleurs et avec d’autres sens selon les contextes, et que je n’aborderai pas maintenant, mais bien plus tard, après que nous ayons étudié d’autres facteurs déterminants. 

         Dans tous les cas, nous verrons encore que, quelque soit le parasite ou la pluri-infestation parasitaire incriminée, ou l’agent « infectant » animalcule ou œuf (Cf. supra), ou une malédiction responsable, le phénomène âaâ correspond bien à une symptomatologie pratiquement ressentie à l’époque par la communauté médicale, comme commune à plusieurs pathologies – ce qui finalement est très logique et préfigure déjà un terrain physiopathologique et anatomopathologique moderne.

 

p« produire » le ver – mais, sans la « mort » duquel, la guérison ne parviendra pas à l’aide de la médication à engager, car le ver en est le contemporain. Les savants égyptiens ont inversé la physiopathologie, en faisant des signes de la maladie la cause du mal, alors qu’en réalité nous savons bien aujourd’hui que c’est un ver qui le produit (Cf. infra, p. 2-9 pour la bilharziose). L’explication en est simple puisque les étiologies majeures autrefois aux époques pharaoniques dépendaient principalement des dieux, démons, ou même des morts. C’est la raison pour laquelle l’on a souvent tendance à confondre les causes entres elles, voir à oublier qu’elles ne sont assez souvent en réalité que le reflet clinique d’une maladie, ou d’un groupe de maladies données. Ceci implique qu’en ne conservant que l’aspect maléfique causal, on est naturellement enclin à considérer l’erreur manifeste des anciens théoriciens de la pensée médicale. En l’occurrence dans ce texte, le ver est « fabriqué » par l’évolution du mal à qui il doit son existence.

 

 


  

30

  

Cependant, il faudra encore dans ce texte nuancer ce propos, en remarquant que c’est pourtant bien la disparation du ver qui provoquera la disparation de son origine même, un peu comme si la médication avait le pouvoir d’agir sur les deux entités, l’une animale, l’autre démoniaque. C’est en tous les cas l’effet souhaité. Par exemple, le pyrèthre - Tanacetum cinerariifolium (Trevir.) Sch.Bip. est bien un anthelminthique, de même que le grenadier - Punica granatum L. - employé dans la prescription suivante (pEbers 63. 19b-23) contre le même ver et le même groupe de symptômes. Les médecins égyptiens l’avaient constaté. Et le roseau commun a bien pour certains des effets symptomatiques sur des éléments déjà décrits en infra pour la bilharziose (p. 10-16), notamment sur les intestins, le foie, ou encore de nature cardio-pulmonaire. On peut donc finalement considérer que les praticiens avaient quelque part conscience que les choses n’étaient pas si simples, notamment en définissant dans d’autres textes, d’autres causes, avec des agents encore plus petits, les wḫdw, que nous allons rencontrer dans le prochain libellé, et qui pourraient dans le cas d’une bilharziose être considérés comme des œufs de schistosomes engendrant le mal âaâ

 

         Commentaire. – Dans cette partie, la maladie se confond avec son étiologie qui ne tardera pourtant pas à se préciser davantage dans la partie suivante que nous allons étudier. Mais le décor est planté, avec le corps qui subira les atteintes provoquées à partir du lieu d’élection du ver, l’abdomen. La médication employée est bien susceptible d’avoir une action antiparasitaire, ainsi que pour les anciens une action sur les problèmes secondaires entraînés par le parasite issu de la symptomatologie âaâ, qui, nous nous en apercevrons, en fait, et sans forcer les textes, « récapitule » en définitive cet ensemble pathologique. Ce dernier point minimisera de facto l’impression de conception physiopathologique erronée due aux priorités religieuses, et au besoin de se réserver par la même occasion un moyen d’intervention magique en ayant recours aux divinités ayant le pouvoir de dénouer les choses. Il était également important de donner aux patients l’espoir d’une guérison quelle qu’en soit les implications médicales vraies, ou, psycho-magico-religieuses, surtout quand le pronostic n’était pas toujours très bon. 

 

         2.6. pEbers 99. 24, 14-18a

 

p

 

  


  

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pobstétricale égyptienne – XLVIII. Les accouchements divins, royaux et humains (14). Infectiologie (2). Le tétanos (1). Le tétanos maternel », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 janvier 2021, p. 13-14, 22, et note 28 p. 53 (pBerlin 3038. 75. 7, 3a). Voir aussi : pEbers 138. 31, 6b-8c.

         Bien entendu, et comme je l’ai déjà indiqué plusieurs fois, ces « infectants » correspondent à des agents infectieux génériques non spécifiques d’une pathologie particulière, mais à chaque fois attaché à une infestation dont la résultante symptomatologique est donnée par le contexte médical énoncé dans le libellé d’une unité textuelle donnée.

         Ce collectif englobe des acteurs que nous savons aujourd’hui diviser en virus, bactéries, et de très petits parasites ou leurs œufs, ce qui n’était pas le cas des savants égyptiens, qui ont dû se contenter, ainsi que très longtemps après eux leurs successeurs, de notions plus vagues, à l’aveugle, en ne pouvant considérer que des intervenants de plus en plus petits pour les parasites visibles à l’œil nu comme les vers, les minuscules insectes, et pour le reste, en subodorer d’autres, cette fois invisibles, et ceci indirectement pour la biologie, c’est-à-dire en fonction de la clinique seule.

         Il est aussi un point important qui différenciera la conception la plus ancienne, de la nôtre, et qui est représentée par la « volonté propre » de ces « infectants » à intervenir en créant des pathologies, puis parfois, leur « pilotage malin » par ceux qui sont supposés être des auxiliaires de transmission, avec des divinités, des démons, ou encore pour notre texte, même des morts ou des mortes (14).

         Le lien entre « infectants » et la symptomatologie âaâ est ici patent (14). Ce qui est logique, si l’on pense à des œufs de vers dont il était question dans le texte précédent (pEbers 63. 16-17). Ce fait est confirmé par le traitement préconisé qui inclut des ingrédients déjà connus pour éloigner de tout petits animaux comme par exemple les puces et les moucherons pour ne citer que la menthe, la conyze [63] qui se trouvent être également actives contre Schistosoma mansoni, puis encore d’autres plantes utiles à combattre ce mal comme nous le verrons. 

 

prapport direct avec les wḫdw « infectants » qu’il faut éliminer en « tuant » ces derniers. Nous apprendrons que ce groupe de symptômes est évolutif, c’est-à-dire variable selon les contextes pathologiques et allant du chronique à l’aigüe. Cette fois encore, c’est bien dans l’abdomen que se situe le problème (note d). Et si l’on en croit le traitement, il engendre bien des symptômes d’origine parasitaire. Je reviendrai ailleurs sur les détails de la pharmacologie, car les associations des anthelminthiques avec des éléments susceptibles d’avoir une action sur les effets pathologiques en découlant directement est intéressante, puisqu’elle caractérise finalement les principaux symptômes âaâ qui aboutissent finalement à un cœur pulmonaire chronique avec différents stades d’approche. 

 

 


 

32

 

 

pdifférentiation entre maladie organique et maladie infectieuse n’était pas encore possible. En effet dans la pensée médicale égyptienne, les agents infectieux quels qu’ils soient, ici des wḫdw, en véritables suppôts de Seth, et en plus de leur volonté propre, sont capables d’obéir au pilotage de toute entité capable de s’insinuer dans le corps humain afin d’y effectuer quelques ravages. Il s’agira ici, dans notre texte, de défunts intermédiaires devenus « fluides airrant » après la mort car non justifiés, et qui, de par leur expérience corporelle antérieure humaine, connaissent particulièrement bien les méandres des organismes qu’ils ont dû quitter faute d’une réintégration à la manière théologale osirienne. Ils sont donc en recherche de supports. Aussi, ils ne maîtrisent plus de ce fait que des actions menées au travers des corps des autres personnes qu’ils sont venus envahir, « posséder », accompagnés d’autres mauvais éléments « infectants » qui peuvent pourtant agir seuls dans d’autres cas. Nous aurons de cette façon une association-transmission. Ainsi apparaît une partie de l’épidémiologie pharaonique à la recherche de liens de causes à effets, mais qui, nous le verrons, s’affinera peu à peu. Ces entités fantomatiques comblent en fait un vide naturaliste que les savants de l’époque avaient bien du mal à combler ne disposant pas encore d’outils comme par exemple le microscope. Cependant, ils touchaient pratiquement du doigt nombre de détails qu’ils ne pouvaient pas encore expliquer autrement qu’en accusant la partie sombre de l’évolution naturelle, comme par exemple la mort des uns entraîne la mort des autres, la cause de la mort entraîne la mort, car cette cause peut se « transmettre » dans une dynamique alors ressentie comme maléfique. Tous les intervenants, visibles comme des vers, et individuellement invisibles comme par exemple leurs œufs générateurs de maladies, elles-mêmes parfois introduites et guidées dans les entrailles des humains par ces vecteurs intermédiaires, prendront donc nécessairement les habits tissés par les pronostics médicaux, qui eux, pourtant, ne sont construits que sur des arguments objectifs basés sur l’observation clinique, et contenus dans l’expérience que le praticien diffusera à ses pairs. C’est ainsi par ces enseignements successifs que les médecins trouveront petit à petit le moyen de s’émanciper des étiologies purement démoniaques, justement en faisant intervenir des « créatures infectantes » disposant d’une volonté propre productrice de maladies avec leurs symptômes, et ne répondant finalement pour nous de nos jours dans le cadre des « maladies infectieuses », qu’au « besoin de reproduction » de la vie : c’est le but de tout gamète, œuf, et ensuite, des virus, bactéries, parasites unicellulaires ou plus importants comme des vers. Il s’agira là du rapport cause / maladie = wḫdw / ʿ3ʿ. La transmission étant assurée, et la symptomatologie conduite en partie, dans notre texte, et dans bien d’autres, par « un mort » ou « une morte », qui ont déjà subi sans pouvoir s’en défendre l’attaque des vers (p.Ebers 102. 25,5-6, et 296. 52, 4-6). Vers qui peuvent être parfois assimilés aux génériques qui peuvent donner des asticots se transformant en mouche (pEbers 62. 19,16 : cf. supranote d p. 21), et ainsi les mauvais défunts ravissent pour nous aux mollusques Bulinus, leur rôle d’hôtes intermédiaires (Cf. suprap. 5-8). Il faut toutefois souligner que le trématode « Distomum haematobium » ne sera découvert et approché dans son cycle que vraiment bien plus tard par Theodor Maximilian Bilharz en 1851 à l’hôpital Kasr el Aini au Caire [64].

 

p

 

 


 

33

 

         De plus, les Égyptiens ne le savaient très probablement pas, mais il se trouve que les parties d’Acacia nilotica (L.) Willd, comme ses sous-espèces, ont des propriétés molluscicides (Bulinus truncatusBiomphalaria pfeifferi) en raison du tanin et des esters galliques qu’ils contiennent [65], tanin qui a également des effets contre les parasites. En médecine traditionnelle, par exemple au Soudan, la plante est également considérée comme hémostatique. Nous savons aussi en pharmacognosie que le T.A.N. (extrait sec) peut être utilisé contre les hémorroïdes en externe, et contre les diarrhées parasitaires en usage interne [66].

 

pen forme de boules ou de marrons (avec une croûte extérieure), c’est-à-dire la partie exsudative naturelle en protubérances visibles sur les branches d’un acacia gommifère. La force utile en acide lactique contenu semble pouvoir être atteinte à partir de cette fraction végétale (Jean, A.-M. Loyrette, 2010, p.278). L’acide lactique en interne in anima vili peut être considéré comme un agent antiparasitaire dans la mesure où il perturbe par exemple le métabolique du tænia jusqu’à provoquer sa mort (voir par exemple la pharmacodynamie de la niclosamide) [67]. En effet, la niclosamide inhibe la chaîne respiratoire des cellules parasites, entraînant un arrêt de l’absorption du glucose, ce qui perturbe le métabolisme énergétique. Elle agit aussi par découplage de la phosphorylation oxydative et donc par blocage du cycle de Krebs. Tout cela conduit à une accumulation d’acide lactique dans le sein du ver, puis à la mort du cestode [68]. Cette action pourrait être localement utile à limiter une bilharziose intestinale dans la mesure où les parasites sont affleurants sur la muqueuse (Fig. 31-32). On peut également se demander si de ces produits qui constituent les q33, les ẖrw, et « les cheveux de q33 », ne proviennent pas des lactones macrocyliques naturels anthelminthiques qui se comporteraient peut-être à la façon des avermectines : elles agissent sur les arthropodes et sur beaucoup d’helminthes en paralysant leurs muscles et en empêchant leur alimentation (mais sauf sur le ténia et les douves) [69].

 

pWb II, 5561, « Baum - a. heiliger Baum » (Arbre - a. arbre sacré), avec une notice très limitée ; Erichsen1954, p. 65, dém. ʿrw « arbre » ; Edfou (Chassinat), Dendara (Daumas) ; Charpentier 1981, n° 258, p. 170 « arbre sacré du 1nome de Haute Égypte, et du 3nome de Basse Égypte » - voir aussi peut-être le n° 255 p. 166 et 167, ʿrwy « une plante en relation avec Osiris et fournissant une gomme ». Baum 1988, p. 305-310, 321-329. Koemoth 1994, p. 179-193. Germer 2008 p. 45-446 ; Aufrère, Biblio. Flore, p. 80.

         Pour Pierre Koemoth [70], cet arbre pourrait être identifié à l’Acacia Seyal Del. Ainsi, les q33, et les ẖrw, proviendraient tous d’acacias (Jean, A.-M. Loyrette,2010, p. 274-275, et tableau 5 p. 275-276).

         Par exemple, les produits de l’acacia sont employés contre le tænia et les acariens chez les Peuls, et contre d’autres parasites intestinaux chez les Afars d’Éthiopie [71]. Il continue à être employé en Égypte par exemple contre les inflammations du système respiratoire [72], comme d’autres acacias, qui sont aussi utilisés contre les diarrhées, comme antispasmodique, hypotenseur, et contre les amibes, (Acacia Nilotica L. Willd. Ex Del) (Fig. 38), contre les diarrhées, contre la jaunisse, les maladies pulmonaires (Acacia raddiana Savi) [73].

 

 


  

34

 

pidentifiée : Charpentier (1981 n° 227 p. 144), Germer (2008, p. 38-39). Donc rien ne s’oppose pour le moment à un végétal ayant quelques propriétés antiparasitaires (contre les vers et/ou contre les œufs). Voir par exemple une Leguminosae avec Alhagi graecorum Boiss. / Alhagi maurorum Medic., présente autrefois (Vartavan Asensi Amoros, 1997, p. 35), et encore utilisée en médecine traditionnelle comme vermifuge et comme remède contre la bilharziose [74] (Fig. 39), l’inflammation du foie et des voies urinaires, ainsi que pour divers types d’inconforts gastro-intestinaux [75]. Elle est de plus diurétique [76]. Or, les diurétiques, seuls, ou en association avec d’autres molécules, sont utiles entre autres dans le traitement de l’hypertension, de l’insuffisance cardiaque congestive, de la cirrhose du foie, de l’ascite, de l’œdème pulmonaire. Nous aurions ici une pluri-indication intéressante.

 

pde cette façon par plusieurs traducteurs dont : Jonckheere (1944, p. 12), Ghalioungui (1987, p. 33), Bardinet (1995 p. 264), Meeks (1998, Alex 79.2436) « le gattilier (Vitex agnus-castus L.) », Westendorf (1999, p. 563) « Keuschlamm ? » (Keuschlamm-strauch = Vitex agnus-castus L.), Germer (2008, p. 109), Lalanne, Métra, (2017, p. 57). Charpentier (1981 n° 912 p. 566) donne gattilier : Vitex agnus-castus L. ; Hannig (2006 II, 26.353) reprend les deux identifications. 

         Voir aussi : S.H. Aufrère 1987 [77], « Ambrosia maritimaL. ».

         Ambrosia maritimaL., est utilisée en médecine traditionnelle contre la bilharziose et comme diurétique [78](Fig. 33. p.18).

         En ce qui concerne la pharmacognosie :

         - Ambrosia maritima L. est anti-schistosomale [79] et molluscicide (Bulinus[80].

         - Vitex agnus-castus L. montre des effets bénéfiques sur les symptômes du syndrome prémenstruel, les douleurs des seins au cours du cycle menstruel et les règles irrégulières dues à une sécrétion insuffisante de progestérone. Cet usage pourrait-il indiquer cette fois un lien sanguin régulateur et calmant avec le versant féminin des bilharzioses ? Ce n’est pas du tout impossible. Mais pour la plante senou et ses graines ânkh-imy, voir : Th. Bardinet, « Osiris et le gattilier », ENIM, 6, 2013, p. 33-78.

         Personnellement, j’inclinerais pour la première solution (ʿ3mw) identifiant une légumineuse pour des raisons cliniques et thérapeutiques : Alhagi graecorum Boiss. / Alhagi maurorum Medic. Je placerais ensuite Ambrosia maritima L. en deuxième place possible pour les mêmes raisons (sʿ3m).

 

 

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pplante » ; Hannig-Wb I & II ne se prononce pas. Charpentier(1981 n° 1451 p. 844) donne le pastel Isatis Tinctoria L. (Goyon, Centenaire IFAO, 1980, p. 33-34). Germer (2008, p. 162-163) donne « Schadenbeseitiger »-Pflanze. Pour moi, la traduction « chasse-lésion » pourrait s’appliquer aux localisations cutanées de la bilharziose (Cf. suprap. 16 et fig. 26-28 et 30), car les colorants comme le pastel sont d’assez bons assainisseurs locaux. Ce produit a été utilisé contre des problèmes hépatiques [81].

 

p[82], [83]

pour des conifères, nous savons que le genre Pinus qui est bien représenté autrefois en Égypte (de Vartavan, Asensi Amorós 1997, p. 203-206), et pour une utilisation médicale, que l’essence brute de térébenthine a été utilisée comme anthelminthique (voir par exemple l’ancienne huile anthelminthique de Chabert) [84], et, de plus, nous avons déjà vu aussi que l’essence de térébenthine était utilisée pour lutter contre la bilharziose (Cf. supra, p. 17), puis encore, l’huile essentielle est historiquement prescrite pour favoriser le dégagement et l’assainissement des voies respiratoires, et urinaires. 

         L’huile volatile de genévrier commun (Juniperus communisL.) a également été employée en thérapeutique comme anthelminthique [85]Juniperus sabina. L. (de Vartavan, Asensi Amorós 1997, p. 145) a été employée per os et en lavement « contre les affections vermineuses et surtout contre le tænia. Elle a plutôt réussi contre les ascarides lombricoïdes que contre le ver solitaire » [86]Juniperus phoenicea L. ou « genévrier rouge » (Fig. 39-40) bien présent autrefois en Égypte (de Vartavan, Asensi Amorós 1997, p. 144-145) a des propriétés diurétiques [87] et a été utilisée pour les problèmes urinaires (antiseptique) [88] et pulmonaires (toux, bronchites, pneumonie) [89]. Il aura ma préférence.

 

 

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p- 2845 « Konyza-Art ; *Echter Thymian Thymus vulgaris » (Type Konyza ; * Véritable thym Thymus vulgaris) (et ceci très probablement sur Jequieret Ebbell).

         Charpentier(1981 n° 149 p. 88) donne Conyse Erigeron aegyptiacus L. / Conyza aegyptiaca (L.) Aiton (Fig. 42).

         Voir S.H. Aufrère, « Étude de lexicologie », XV (8) « Une variété de conyze », et XVI (9), BIFAO, 86, 1986, p. 24-29.

         La conyze éloigne les parasites comme les mouches, les moustiques, les punaises, – et, les puces (l’herbe aux puces de Dioscoride III,126) : la plante était donc considérée comme éloignant la peste, dont la forme pulmonaire se manifeste par une broncho-pneumopathie avec des crachats sanglants.

         Conyza dioscoridisest une plantes herbacée vivace commune encore cultivée dans la région du Nil (Delta, vallée et Fayoum) et dans les oasis du désert. Cette Compositæ correspond à un arbuste richement ramifié couramment cultivé dans les régions méditerranéennes et les zones tropicales. Ibn Al Baytar utilisait Conyza discoridis par exemple dans le traitement des affections hépatiques, la gale, le prurit, l’œdème et les fièvres rebelles (413 ; 1301 ; 1448 ; 1859). 

         En ce qui concerne la pharmacognosie :

         Nous savons que cette plante induit une relaxation du muscle lisse et procède à une action antinociceptive. 

         Et surtout, la conyze se trouve être active contre Schistosoma mansoni – du moins pour le moment chez la souris [90] – des études cliniques prometteuses sont en cours. Inula viscosa et Conyza bonariensis sont des Compositæ. Elles sont encore utilisées en Égypte [91]

 

 

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pgénéral chez un sujet affaibli par une multiparasitose. Par le fer, le cuivre, et les vitamines du groupe B, ces fruits secs sont très utiles contre les anémies provoquées par une déperdition vésicale et/ou intestinale due aux bilharzioses. Le raisin sec devait également et secondairement correspondre à un adjuvant améliorant le goût de la préparation, ainsi que son acceptabilité.

 

 


 

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p« L’avortement en Égypte ancienne. Quatre hypothèses papyrologiques. Deuxième partie (pEbers 797). La menthe », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 15 mai 2014, note (c) p. 2-7 et fig. 1-3.

         Cette plante était chargée par exemple de « tuer » ou « d’écarter » les vers (pEbers 67. 20,23 - 21,7 ; 82. 22, 16-17 ; pRamesseum III. B3), d’« éloigner » la toux (pEbers 321. 54, 10-12) ... Dans le pBerlin (65. 6,5), le produit obtenu est clairement requis pour chasser les miasmes et prévenir des épidémies « provenant d’un dieu, d’une déesse … d’un mort, d’une morte ». 

         Suite de la pharmacognosie :

         Bien qu’encore actuellement vantée anthelminthique, l’huile essentielle de menthe ne semble pourtant devoir son action véritable qu’en supposant assainir un organe par la seule force de sa senteur, exquise au demeurant, c’est-à-dire exactement à l’inverse de la putréfaction contemporaine des vers agissant pour les anciens Égyptiens dans les morts, les mortes … Pour le reste, nous savons que le menthol et le menthone contenus dans la plante ont une action antispasmodique sur les fibres musculaires de l’appareil digestif et respiratoire. Lorsque l’huile essentielle est appliquée sur la peau, elle provoque une sensation de froid qui semble diminuer la sensibilité des récepteurs de la douleur. L’Agence Européenne du Médicament (EMA) [92] considère comme « médicalement bien établi » l’usage de l’huile essentielle de menthe poivrée pour « soulager les flatulences et les douleurs abdominales notamment lors d’intestin irritable ». Elle recommande d’en réserver l’usage aux adultes et aux enfants de plus de huit ans. Puis elle cite également, son utilisation par application pour « soulager les maux de tête » chez les adultes, ainsi qu’en inhalation « contre les toux et les rhumes, et par voie cutanée contre les douleurs musculaires et les petites démangeaisons cutanées ». L’utilisation locale est contre-indiquée chez les enfants de moins de deux ans et déconseillée jusqu’à l’âge de quatre ans. Concernant les feuilles séchées de menthe poivrée, l’EMA considère comme « traditionnellement établi » leur usage pour soulager les symptômes des troubles digestifs, par exemple les digestions difficiles et les flatulences.

         La menthe, devait comme le raisin sec, et secondairement correspondre à un adjuvant améliorant le goût de la préparation, ainsi que son acceptabilité. Elle peut aussi être utile localement contre le prurit bilharzien. 

 

         Commentaire. – Cette préparation magistrale à prendre en interne regroupant dix produits émanant de sept végétaux différents, mais parfois assez proches, semble bien correspondre à une pluri-indication thérapeutique à visée anthelminthique provoquée par des « infectants » (des œufs ?) à point de départ abdominal et se répercutant à distance pour provoquer une symptomatologie âaâ provenant d’un mort (ou) d’une morte, et donc suffisamment importante pour provoquer des désordres abdominaux viscéraux, et, généraux de nature cardiopulmonaire comme nous le savons par d’autres textes médicaux égyptiens. Les défunts, nous l’avons vu, sont crus capables, en effet, de guider sur leur modèle malheureux la reproduction de la vermine interne non nommée dans ce texte, mais bien présente en germe. Or, c’est bien de cette capacité de reproduction que provient l’aggravation de la situation pathologique, menant à l’envahissement progressif, et assombrissant un pronostic non prononcé ici mais planant cependant comme une menace sur le patient qui n’absorberait pas ce lourd traitement. 

         Ce descriptif clinique est tout à fait compatible avec une pluri-infection parasitaire et/ou/dont une bilharziose, et ceci, après études paléo-physiopathologiques, thérapeutiques traditionnelles, et assez souvent admissibles en suivant la pharmacognosie. Tout semble se passer finalement comme si les spécialistes de l’époque avaient déjà conscience du multiparasitisme développé dans les organismes de la plupart de leurs patients, et que le seul moyen de lutter contre ces agents était de tenter de les éliminer pour la plus grande partie, avec si possible, les complications secondaires dont ils étaient responsables.

 

 


 

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         3. Paléopathologie

 

         En ce qui concerne la paléopathologie, l’étude des momies nous apprend par exemple avec pour la première fois M. Arm. Ruffer en 1910 [93], la découverte d’œufs calcifiés de Schistosoma dans les voies urinaires de deux momies datant de la XXdyn. Certaines momies coptes et romaines présentaient des splénomégalies [94]. Puis en 1977, les membres d’une équipe du Royal Ontario Museum retrouvent encore des œufs de Schistosoma dans les reins, le foie et les intestins de la momie de Nakht (ROM I). Ce tisserand présentait en même temps des œufs de vers solitaires (Tænia solium) dans ses intestins, et, des kystes de trichines (Trichinella spiralis) fichés dans les muscles intercostaux. Dans les intestins d’un prêtre (PUM), Cockburn trouvera des œufs d'ascaris (Ascaris lumbricoïde), puis chez d’autres sujets, on trouvera des anguillules (Strongyloïdes stercoralis), ou encore des filaires de Médine (Dracunculus medinensis), des kystes hydatiques (Echinococcus granulosus[95] … Il est de plus impossible que les anciens Égyptiens n’aient pas remarqué les oxyures (Enterobius vermicularis) étant données les sensations externes anales si caractéristiques qu’ils produisent !  

         La méthode immunologique Elisa a depuis permis de confirmer en 1992, la présence d’antigènes bilharziens circulant chez 45 % de momies testées, dont certaines témoignaient d’une infestation massive. Voir cela : Helmut Kloos, Rosalie David, « The Paleoepidemiology of Schistosomiasis in Ancient Egypt », Human Ecology Review, 9,1,‎ 2002,p.14-25 (avec les références).

 

 

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         4. Représentations

 

         Pour des ascites sur des sujets représentés dans les reliefs, voir déjà : R.-A. Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - I, Surface, myologie, et signes superficiels », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 25 juillet 2016, fig. 62-66, auxquelles on peut peut-être, si c’était bien le cas, ajouter la fig. 59 représentant Aménophis IV . Et cf infra, fig. 45-50.

         Il n’est pas impossible à mon sens, que le « shenep » (Fig. 52-54), qui est une importante robe à bretelles portée par les vizirs, et serrée sous les bras à la façon des robes des femmes enceintes d’aujourd’hui, ait été taillée de cette manière, initialement au moins pour quelques-uns quand cette tenue a été adoptée. Et ceci, afin de tenter de cacher un ventre trop volumineux jugé par trop disgracieux et peu représentatif de cette très haute fonction – puis, l’habitude en serait gardée, car encore parfois utile à dissimuler une hépatosplénomégalie, un abdomen ascitique, chez un haut fonctionnaire méritant issu des campagnes et non automatiquement un prince. En effet, ces élites pouvaient être choisies par le roi parmi des personnes qui ont passé une partie de leur jeunesse dans des situations locales où ils risquaient d’être contaminés. Les vizirs ne sont pas toujours représentés vêtus de ce grand pagne très ample. 

 

 


 

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         5. Première conclusion

 

         Dans ces quelques passages choisis parmi d’autres en raison des renseignements qu’ils nous apportent au sujet de l’étiologiede la symptomatologie âaâ, d’aucuns seront surpris ne n’en voir étudier avec le même soin plusieurs autres où seraient concomitamment cités avec ce terme technique : le sang, la vessie, l’urine, et/ou, le sang, l’intestin et les selles, de façon à finir de colliger les éléments se rapportant au moins aux bilharzioses vésicales et intestinales. Eh bien je pense que c’est tout simplement parce qu’ils ne nous sont pas encore parvenus, sauf sans donner le terme technique médical âaâ, mais en l’exprimant d’une certaine façon clinique exclusivement locale dans le pEbers 49. 16, 7-14 (si l’on suit Lefebvre 1956, p. 144 et 152 ; Leca 1971, p. 214 ; Bardinet 1995, p. 258, 1,F - Nouvelle recette pour la diarrhée ; Ziskind 2009 [96], p. 660), le pBerlin 3038 165. 17, 5-6 , et le pBerlin 3038 187. 20, 6c-7b (+ 188. 20, 7-9) (si l’on suit Lefebvre 1956 ; p. 152, Leca 1971 ; p. 214, Bardinet 1995, p. 451 et 433-434, Ziskind 2009, p. 660), où pour ces deux derniers textes des « infectants » wḫdw provoquent un saignement anal ou urinaire – c’est-à-dire pour ces trois passages où le sang est bien nommément cité (znf ), et en tenant compte dans le contexte du déterminatif phallique urinant (D 53) du verbe wsš (wzšwšš), avec aussi l’une des médications contenant une partie de l’arbre-ʿrw (pBerlin 3038 188. 20, 7-9). Puis pareillement, un passage incomplet du pMédicalLouvre E 32847 (V9,5c-9,8a), où le phallus est dit sanglant alors que l’anus est atteint, afin d’effectuer un diagnostic différentiel qui dévoilera le plus probablement pour des raisons statistiques une hématurie parasitaire (Cf. supra, p. 10-11), ou bien, une bilharziose intestinale si les selles ressortent striées de sang (Cf. supra, p. 12-13). C’est tout au moins ma position actuelle pour cette question. Les descriptifs cliniques analysés ensuite (pEbers 62. 19, 11-19a et pEbers 99. 24, 14-18a) assureront la clinique au niveau général, et les complications à attendre.

 

 


 

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         En ce qui concerne la pharmacodynamie, il se trouve nous l’avons vu, que la plupart des éléments examinés dans les notes afférentes à tous ces textes, militent pour des parasitoses et des complications issues d’une pluri-infestation helminthique aboutissant à un processus symptomatologique âaâ, dont immanquablement en Égypte ancienne, des signes de schistosomoses. Puis, l’on s’aperçoit également que beaucoup de produits utilisés dans ces passages, ainsi que parallèlement après étude dans les différentes indications traditionnelles, coïncident aussi avec la lutte contre les parasites, puis, contre des problèmes hépatiques et spléniques (hépatomégalie, cirrhose, ascite, splénomégalie), et, cardio-pulmonaires, ce qui tend à confirmer les atteintes bilharziennes dans la mesure, les atteintes pulmonaires des schistosomoses concernent tout de même encore de nos jours 20 à 40 % des patients infectés par S. mansoni [97]

         Nous savons encore que, par exemple, l’ankylostomiase, ou « chlorose d’Égypte », qui engendre en gros les mêmes signes cliniques que la bilharziose, sauf l’hématurie, peut être associée, mais sans exclusive – c’est-à-dire au bénéfice des multi-parasitoses que nous tenterons d’éclaircir à travers d’autres textes, une autre fois.

 

         De tout ceci, l’on peut considérer que les spécialistes pharaoniques étaient plus proches du principe étiopathologénique de la bilharziose, et donc de l’origine helminthique de la maladie, que tous les chercheurs qui se sont succédés pendant plusieurs millénaires avant que Theodor Maximilian Bilharz en 1851, au Caire, en comprenne enfin des détails (Cf. supra, note C, p. 25 et ref.).

 

  


 

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[1] Fr. Jonckheere, Une maladie égyptienne, l’hématurie parasitaire, Fond. Égypt. Reine Élisabeth, Bruxelles, 1944. 

[2] B. Ebbell, « Die ägyptischen Krankheitsnamen », ZÄS, 62, 1927, p. 16 :

  (https://doi.org/10.1524/zaes.1927.62.12.13). 

[3] G. Lefebvre, Essai sur la Médecine égyptienne, PUF, Paris, 1956, p. 152-155. 

[4] R. Moniez,Traité de parasitologie animale et végétale, appliquée à la médecine, Baillière, Paris, 1896, p. 154-173. Dr Petit, G. Borne, Manuel pratique de bactériologie, parasitologie, urologie, anatomie pathologique, C. Naud - Éditeur, Paris, 1902, p. 83-84. Maurice Neveu-Lemaire, Précis de parasitologie humaine, F.R. de Rudeval - Éditeur, Paris, 1906, p. 248-253. J. Guiart, Précis de parasitologie, Baillière, Paris, 1910, p. 284-298. P. Verdun, Précis de parasitologie humaine : parasites animaux et végétaux (les bactéries exceptées), Doin, Paris, 1913, p. 312-342. J. Guiart, Précis de parasitologie (révisé), Baillière, Paris, 1922, p. 249-262.

[5] E. Brumpt, Précis de parasitologie, I, Masson, Paris, 1949, p. 650-716. J. Callot, J. Helluy, « Schistosomes et Bilharzioses », EMC – Parasitologie médicale, Flammarion, Paris, 1958-1968 (Mises à jour), p. 305-320. R. Deschiens, « Les Bilharzioses », EMC – Médecine Tropicale, I, Flammarion, Paris, 1954-1970 (Mises à jour), p. 23-108. M. Gentilini, Médecine tropicale, Flammarion, Paris, 1993, p. 221-236. B. Chevalier, G. Martet, X. Nicolas, F. Klotz, « Schistosomoses », EMC – Maladies infectieuses, 2002 (8-513-A-10). P. Bourée, « Parasitoses urinaires », EMC – Urologie, 2005 [18-231-A-10]. Thai Kien, « Schistosoma mansoni, agent de la schistosomiase », EMC – Biologie Médicale, 2007 [90-40-0175]. S. Jauréguiberry, « Bilharziose aiguë ou invasive », La Lettre de l'infectiologue, 2008, 13, p. 108-112. OMS, Schistosomose (bilharziose), Aide-mémoire n° 115, mars 2013. P. Rey, M.-P.Massoure-Sockeel, G. Cinquetti, et al. « Colon parasitaire », EMC – Gastro- entérologie, 2014 (9-062-A-4). M. Develoux, « Bilharzioses », EMC – Maladies infectieuses, 2015 (8-513-A- 10). P. Aubry, « Schistosomoses ou bilharzioses », Médecine Tropicale, Bordeaux, 2019. OMS, Schistosomiases, 2 mars 2020. 

[6] Ce tableau ne tient pas compte des espèces asiatiques (S. mekongi, et, S. japonicum).

[7] Schistosome parasite de l’homme voisin de Schistoma mekongi dont il diffère par sa spécificité d’hôte intermédiaire (Robertsiella kaporensis) et qui a été récemment décrit. B.L. Webster, V.R. Southgate, D.T.J. Littlewood, « A revision of the interrelationships of Schistosoma including the recently described Schistosoma guineensis », Int J Parasitol, jul. 2006, 36(8), p. 947-955. 

[8] L. De Gentile, B. Cimon, B. Chabasse, « Schistosomoses », EMC – Maladies infectieuses, 1996 [8-513-A-10].

[9] Pour les douleurs au cours des rapports sexuels chez la femme, soit, la dyspareunie en Égypte ancienne, voir : Jean, Loyrette, « À propos des textes médicaux des Papyrus du Ramesseum nos III et IV, I, la contraception », dans S.H. Aufrère (éd.), Encyclopédie religieuse de l’Univers végétal (ERUV II), OrMonsp XI, Montpellier, 2001, p. 556-558 – Accès gratuit sur ACADEMIA, ou sur YouScribe :

http://medecineegypte.canalblog.com/pages/la-contraception/26002686.html

[10] OMS, La bilharziose génitale chez la femme : atlas de poche pour les professionnels de la santé [Female genital schistosomiasis: a pocket atlas for clinical health-care professionals], Organisation Mondiale de la Santé, Genève, 2017, p. 2.A. Coulibaly, M. Sima, I. Kanté, M.S Traore, S.Z. Dao, K. Koné, A. Bocoum, A. Sissoko, S. Fané, T. Théra, I. Tégueté, Y. Traore, « Bilharziose génitale chez la femme en milieu hospitalier. A propos de 78 cas colligés sur 20 ans », Médecine d’Afrique Noire, 6706, 2020, p. 351-357. 

[11] O.F. Bamgbola, « Urinary schistosomiasis », Pediatr Nephrol, nov. 2014, 29(11), p. 2113-2120. 

[12] D. Raoult, Médecine d’Afrique Noire, 52, 1956. 

[13] P. Verdun, op.cit. 1913, p. 326.

[14] Pour l’ascite en Égypte pharaonique, voir : R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, La mère, l’enfant et le lait en Égypte Ancienne. Traditions médico-religieuses. Une étude de sénologie égyptienne (Textes médicaux des Papyrus du Ramesseum n° III et IV), édité par Sydney H. Aufrère, Collection Kubaba – Série Antiquité – Université de Paris 1, Panthéon Sorbonne, L’Harmattan, Paris, 2010, tableau 33 p. 434 ; : R.-A. Jean,« Anatomie humaine. L’abdomen - II, Splanchnologie - I, et Atlas », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 25 octobre 2016, p. 2, 6-7, note 5 p. 20 ; — « Anatomie humaine. L’abdomen - IV, Splanchnologie - III, Le foie et le pancréas », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 29 décembre 2016, p. 12 et fig. 20 et 21 p. 13. 

[15] P. Verdun, op.cit. 1913, p. 330-331.

[16] P. Verdun, op.cit. 1913, p. 332-333.

[17] M. Gentilini, op.cit. 1993, p. 221.

 

 


  

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[18] T.O. Soko, P.S. Ba, M. Ndiaye, T. Carmoi, F. Klotz, « Bilharziose (schistosomose) hépatique », EMC – Hépatologie, 2017 [7-030-A-10]. 

[19] B. Chevalier, G. Martet, X. Nicolas, F. Klotz, « Schistosomoses », EMC – Maladies infectieuses, 2002 (8-513-A-10), p. 12.

[20] P. Aubry, « Schistosomoses ou bilharzioses », Médecine Tropicale, Bordeaux, 2019. OMS, Schistosomiases, 2 mars 2020.

[21] Voir par exemple : R.-A. Jean, La chirurgie en Égypte ancienne. À propos des instruments médico-chirurgicaux métalliques égyptiens conservés au Musée du Louvre, Éditions Cybèle, Paris, 2012, p. 11-16. 

[22] Neveu-Lemaire, op.cit. 1906, p. 253.

[23] J’ai recensé à ce jour plus de 113 articles scientifiques en ce sens. Je n’en donnerai ici qu’un bref aperçu, avec par exemple :

[24] F. Abadome, S. Geerts, V. Kumar, « Evaluation of the activity of Ambrosia maritima L. against Schistosoma mansoni infection in mice », J Ethnopharmacol., 44(3), dec 1994, p. 195-198 (Doi: 10.1016/0378-8741(94)01186-9).

[25] A. Medhat, M.A. Eldahab, H. A. Mansour, A. Nigm, « Schistosoma mansoni: Antiparasitic effects of orally administered Nigella sativa oil and/or Chroococcus turgidus extract », Acta Biol Hung, 67(3), sep 2016, p. 247-260 (Doi: 10.1556/018.67.2016.3.3).

[26]« A.M. Baldé, E.A. Van Marck, L. Kestens, P.L. Gigase, A.J. Vlietinck, « Schistosomicidal effects of Pavetta owariensis and Harrisonia abyssinica in mice infected with Schistosoma mansoni », Planta Med, fev. 1989, 55(1), p. 41-43.

[27] J. Ndamba, N. Ny Azema, N. Makaza, C. Anderson, K.C. Kaondera, « Traditional herbal remedies used for the traitement of urinary schistosomiasis in Zimbabwe », J Ethnopharmacol, 42, 2, 1994, p. 125-132. 

[28] S.N. El-Beshbishi, A. Taman, M. El-Malky, M.S. Azab, A.K. El-Hawary, D.A. El-Tantawy, « In vivo effect of single oral dose of artemether against early juvenile stages of Schistosoma mansoni Egyptian strain », Exp Parasitol, 135(2), oct. 2013, p. 240-245 (Doi: 10.1016/j.exppara.2013.07.006).

[29] A.M. Balde, E. Van Marck, M. Vanhaelen, « In vivo activity of an extract of Pavetta owariensis bark on experimental Schistosoma mansoni infection in mice », Journal of ethno-pharmacology, 18 (2), Nov 1986, p. 187-192 ; M. Balde,E. Van Marck, L. van. Kestens, P.L. Gigase, A.J. Vlietinck, « Schistosomicidal effects of Pavetta owariensis and Harrisonia abyssinica in mice infected with Schistosoma mansoni », Planta medica, Feb 1989. p. 41-43. 

[30] R. Deschiens, op.cit. 1954, p. 49-56. 

[32] L. Boulos, Medicinal Plants of North Africa, Algonac, Michigan, 1983, p. 80.

[33] E.J. Adjanohoun et al.Contribution to ethnobotanical and floristic studies in Uganda, O.U.A./C.S.T.R., Lagos, 1993.

[34] T.O. Issa, Y.S. Mohamed, S. Yagi, R.H. Ahmed, T.M. Najeeb, A.M. Makhawi, T.O. Khider, « Ethnobotanical investigation on medicinal plants in Algoz area (South Kordofan), Sudan », Journal of Ethnobiology and Ethnomedicine, 14, 31, 2018 (Doi :org/10.1186/s13002-018-0230-y).

[35] Boulos op. cit. 1983, p. 82.

[36] P.F. Verger, Ewé : The use of plants in Yoruba society, Editoria Schwarcz, Sao Paulo, 1995, p. 744.

[37] R. Blench, Dagomba plant names, Published on WWW, Cambridge, 2006, p. 12. 

[38] H.H. El-Kamali, K.F. El-Kalifa, « Folk medicinal plants of riverside forest of the Southern Blue Nile district,Sudan », Fitoterapia, 70, 1999, p.493-497. 

[39] J.O. Kokwaro, Medicinal plants of East Africa, East african literature bureau, Kampala, Nairobi - Dar Es Salaam, 1976, p. 368.

[40] A. De Natale, A. Pollio, « A forgotten Collection : the Libyan Ethnobotanical exhibits (1912-14) by A. Trotter at the Museum O. Comes at the University Federico II of Naples, Italy », Journal of Ethnobiology and Ethnomedicine, 8, 4, 2012 (Doi :10.1186/1746-4269-8-4). 

[41] R. Blench, op. cit. 2006, p. 2.

[42] J. Bellakhdar, R. Claisse, J. Fleurentin, C. Younos, Repertory of standard herbal drugs in the Moroccan pharmacopoeia, Journal of Ethnopharmacology, 35, 1991, p. 123 - 143.

[43] Voir par exemple : R. Deschiens, « Akylostomiase », EMC – Médecine Tropicale, I, 1952, p. 212.

[44] J.A. Duke, « The quest for tolerant germplasm », ASA Special Symposium 32, Crop tolerance to suboptimal land conditions. Am. Soc. Agron. Madison WI, 1978, p. 1-61 ; — Hand book Of Energy Crops, 1983 (web site: www.hort.purdue.edu/newcrop/duke_energy/).

 

 


 

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[45] E.V. Adjanohoun, Adjakidje, M.R.A. Ahyi, L. Ake Assi, A. Akoegninou, J. d'Almeida, F. Apovo, K. Boukef, M. Chadare, G. Gusset, K. Dramane, J. Eyme, J.-N. Gassita, N. Gbaguidi, E. Goudote, S. Guinko, P. Houngnon, Issa Lo, A. Keita, H.V. Kiniffo, D. Kone - Bamba, A. Musampa Nseyya, M. Saadou, Th. Sodogandji, S. de Souza, A. Tchabi, C. Zinsou Dossa, TH. Zohoun, Contribution aux études ethnobotaniques et floristiques en République populaire du Bénin, Agence de coopération culturelle et technique, (A.C.C.T.), Paris, réf. HP 10.

[46] C. Rivière, J.-P. Nicolas, M.L. Caradec, O. Désiré, A. Schmitt et al., « Les plantes médicinales de la région nord de Madagascar : une approche ethnopharmacologique », Ethnopharmacologia, 36, novembre 2005, p. 48.

[47] E. Adjanohoun, M.R.A. Ahyi, A. Ahmed, J. Eymê, S. Guinko, A. Kayonga, A. Keita, M. Lebras, Contribution aux études ethnobotaniques et floristiques aux Comores, Agence de coopération culturelle et technique, (A.C.C.T.), Paris, 1982, p.216.

[48] M. Idu, G.O. Obaruyi, J.O. Erhabor, « Ethnobotanical Uses of Plants Among the Binis in the Treatment of Ophthalmic and ENT (Ear, Nose and Throat) », Ailments Ethnobotanical Leaflets, 13, 2009, p. 480-96. 

[49] C. Daruty,Plantes Médicinales de l'Ile Maurice et des Pays Intertropicaux, General Steam Printing Company, Maurice, 1886, p. 215.

[50] L.S. Gill, Ethnomedicinal Uses of Plants in Nigeria, Uniben Press, Benin City, Nigeria, 1992, p. 276.

[51] J.-P. Ngene C.C Ngoule, C-M. Pouka Kidik, P.B. Mvogo Ottou, R.C. Ndjib, S.D. DIbong, E. Mpondo Mpondo, « Importance dans la pharmacopée traditionnelle des plantes à flavonoïdes vendues dans les marchés de Douala est (Cameroun) », Journal of Applied Biosciences, 88, 2015, p. 8194-8210 (Doi : org/10.4314/jab.v88i1.6). 

[52] L. Boulos, Medicinal Plants of North Africa, Algonac, Michigan, 1983, p. 140.

[53] L. Boulos, op. cit. 1983, p. 139.

[54] D.J. Osborn, « Notes on medicinal and other uses of plants in Egypt », Economic Botany, 22, 2, 1968, p.165 - 177 ; F.A. Sameh, A.M. Abdelhalim, « Survey on medicinal plants and spices used in Beni-Sueif, Upper Egypt », Journal of Ethnobiology and Ethnomedicine, 7, 2011, p. 18.

[55] J. Kerharo, J.G. Adam, La pharmacopée sénégalaise traditionnelle. Plantes médicinales et toxiques, Éditions Vigot Frères, Paris, 1974, p. 1011.

[56] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - I, Surface, myologie, et signes superficiels », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 25 juillet 2016, note p. 20. 

[57] B. Boullard, Plantes médicinales du monde, Paris, 2001, n° 409 p. 179. 

[58] de Buck 1935-1961, VI, Sp. 766, 396 o. Faulkner1973, II, p. 295-296. Barguet1986, p. 296. Carrier2004, II, p. 1714-1715. 

[59] R.-A. Jean, « Infectiologie (1). Épidémiologie. La notion parasitaire en Égypte ancienne (1), les insectes », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 28 mai 2014 ; — « Infectiologie (2). La notion parasitaire en Égypte ancienne (2), les mouches et leurs larves (1), épidémiologie, prophylaxie. », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 3 juin 2014 ; — « Infectiologie (3). La notion parasitaire en Égypte ancienne (3), les mouches et leurs larves (2), génération », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 10 juin 2014. 

[60] Je renvoie pour toutes ces notions au dossier de la « Néo-biologie osirienne », avec : R.-A. Jean, « La déesse Séchât, le bois silicifié, et la “ résurrection de la chair ” », dans Hommages à Madame Christiane Desroches Noblecourt - Memnonia, XXII, Christian Leblanc (éd.), Le Caire - Paris, 2011, p. 199-214 ; — , « Le pharaon pétrifié du Louvre, ou une médecine théologique politique et royale », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 04 décembre 2013. Richard-Alain Jean, « Néo-embryologie osirienne - I , La chair du dieu », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 3 septembre 2014 ; — , « Néo-embryologie osirienne – II , La naissance du scarabée », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 15 septembre 2014 ; — , « Néo-embryologie osirienne – III , La splanchnologie canopique », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 26 septembre 2016 ; — , « Naissance et renaissance en Égypte ancienne et dans les religions monothéistes » – En hommage à Madame Anne-Marie LOYRETTE, dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 31 mars 2017. 

[61] R.-A. Jean, « Clinique obstétricale égyptienne – XLVIII. Les accouchements divins, royaux et humains (14). Infectiologie (2). Le tétanos (1). Le tétanos maternel », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 janvier 2021, p. 22, note (c) et commentaire. 

[62] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - I, Surface, myologie, et signes superficiels », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 25 juillet 2016, note p. 20. 

 

 


  

45

 

[63] Inula viscosa et Conyza bonariensissont des Compositæ. Ils sont encore utilisés en Égypte (Boulos, 1983, p. 198). 

[64] J.H. Meckel von Hemsbach, « Biology of Schistosome complexes », Mikrogeologie, Berlin, 1856, p. 27-31 ; A.A. El-Halawani. « Theodor Bilharz, the history of bilharsiasis research with peculiar reference to Egypt », Proceedings of International Symposium on Bilharsisis, Memorial and Biography Lectures, Cairo, March, 1962, p. 69-71 ; N.A. El-Dib,« Theodor Bilharz and a life trip to Egypt », Parasitologists United Journal, April 2019 (DOI: 10.21608/puj.2019.10929.1036).

[65] C. Taurisson, Plantes molluscicides et Bilharziose, Thèse de Pharmacie, Université de Limoges, Limoges, 1991, p. 187-190. 

[66] S.M. Hussein Ayoub, « Tan – a new molluscicide and algicide from the fruit of Acacia nilotica », J Chem Technol Biotechnol, 32, 1982, p. 728-734. 

[67] Vidal-Pro, loginpass, « Niclosamide ».

[68] X. Bohand, B. Edouard, J. Maslin« Médicaments antihelminthiques », EMC  – Maladies infectieuses, 01, 01, 2005 ([8-006-G-10] – Doi : 10.1016/S1166-8598(05)39259-3). 

[69] S. Ōmura, K. Shiomi, « Discovery, chemistry, and chemical biology of microbial products », Pure and Applied Chemistry, 79, 4,‎ 2007, p. 581-591 ; Th. Pitterna, J. Cassayre, Ot. Fr. Hüter, P.M.J. Jung, P. Maienfisch, F. Murphy Kessabi, L. Quaranta, H. Tobler, « New ventures in the chemistry of avermectins », Bioorganic & Medicinal Chemistry, 17, 12,‎ 15 juin 2009, p. 4085-4095.

[70] P. Koemoth, Osiris et les arbres, Contribution à l’étude des arbres sacrés de l’Égypte ancienne, (Aegyptiaca Leodiensia 3), Liège, 1994, p. 179-193.

[71] T. Teklehaymanot, « An ethnobotanical survey of medicinal and edible plants of Yalo Woreda in Afar regional state, Ethiopia », Journal of Ethnobiology and Ethnomedicine, 13, 40, 2017, p. 11 (Doi : 10.1186/s13002-017-0166-7). 

[72] Boulos, op.cit. 1983, p. 119.

[73] Boulos, op.cit. 1983, p. 118.

[74] Boulosop.cit. 1983, p. 119.

[75] K.H. Batanouny, E. Aboutabl, M. Shabana, Wild medicinal plants in Egypt, An Inventory to Support Conservation and Sustainable Use, The Palm Press, Zamalek, Cairo, Egypt, 1999.

[76] A.H. Atta et al.,« Evaluation of the diuretic effect of Conyza Dioscorides and Alhagi maurorum », International Journal of Pharmacy and Pharmaceutical Sciences, 2, sup. 3, 2010, p. 162-165. 

[77] S.H. Aufrère, « Étude de lexicologie », XX (3) Ambrosia maritima L., et XXI (4), BIFAO, 87, 1987, p. 26-30.

[78] Boulos,op.cit. 1983, p. 52.

[79] F. Abadome, S. Geerts, V. Kumar, « Evaluation of the activity of Ambrosia maritima L. against Schistosoma mansoni infection in mice », J Ethnopharmacol., 44(3), dec 1994, p. 195-198 (Doi: 10.1016/0378-8741(94)01186-9).

[80] G. Vassiliades, O.D. Talla, G. Roberge, « Note sur la comparaison des propriétés molluscicides d’Ambrosia maritima (Égypte) et d’Ambrosia senegalensis (Sénégal) », Revue d'Élevage et de Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux, 39 (3-4), 1986, p. 341-343.

[81] F.-J. Cazin, op. cit. 1868, p. 741. Et notamment dans le Sud de la France contre la « gratouille » des ictériques, et du ventre ascitique des cirrhotiques où ce produit agirait au niveau de la circulation collatérale (Dr. Batista). 

[82] P. Posener-Kriéger, Les archives du temple funéraire de Néferirkarê-Kakaï. (Les Papyrus d’Abousir). Traduction et commentaire, IFAO 502 A et B = I-II, Le Caire, 1976, n° A 16, p. 169. 

[83] De Putter, Karlshausen, Les pierres utilisées dans la sculpture et l’architecture de l’Égypte pharaonique, Bruxelles, 1992, p. 57-58, et, 119-121. 

[84] Voir par exemple : M. Bouchardat, Nouveau formulaire magistral, Germer Baillière, Paris, 1845, p. 392-393.

[85] Voir par exemple : E.H. Desportes, Conspectus des pharmacopées de Dublin, d’Édimbourg, de Londres et de Paris, 1820, p. 220-221. 

[86] F.-J. Cazin,Traité pratique et raisonné desPlantes Médicinales indigènes, Paris, 1868, p. 940.

[87] Ar. Bouzabata, « Traditional treatment of high blood pressure and diabetes in Souk Ahras District », Journal of Pharmacognosy and Phytotherapy, 5(1), January 2013, p. 12-20.

[88] J. Bellakhdar, R. Claisse, J. Fleurentin, C. Younos, op. cit. 1991, p. 123-143.

 

 


  

46

 

[89] L. El-Rhaffari, A. Zaid, « Pratique de la phytothérapie dans le sud-est du Maroc (Tafilalet). Un savoir empirique pour une pharmacopée rénovée », Des sources du savoir aux médicaments du futur, Actes du 4ème Congrès européen d'ethnopharmacologie, 11 - 13 mai 2000, Edition IRD, Metz, 2002, p.293-317.

[90] E.G. Kamel, M.A. El-Emam, S.S. Mahmoud, F.M. Fouda, F.E. Bayaumy, « Parasitological and biochemical parameters in Schistosoma mansoni-infected mice treated with methanol extract from the plants Chenopodium ambrosioidesConyza dioscorides and Sesbania sesban », Parasitology International, 60, 2011, p. 388-392. 

[91] Boulos, op.cit. 1983, p. 198.

[92] Col., « Menthe », Herbal medicines for human use, EMA, 01/2017. Voir aussi : Col., « Menthe », The Complete German Commission E Monographs - Therapeutic Guide to Herbal Medicines, American Botanical Council, US 1998 ; Col., « Menthe », European Scientific Cooperative On Phytotherapy Monographs, The Scientific Foundation for Herbal Medicinal Products, 2nd edition, ESCOP, UK 2003. 

[93] M.Arm. Ruffer, « Note on the presence of Bilharzia hæmatobia in Egyptian Mummies of the XXth Dynasty », British Medical Jounal, 1, 1910, p. 16.

[94] M.Arm. Ruffer, Studies in the paleopathology of Egypt, The University of Chicago Press, Chicago, 1921, p. 150-151, et pour un autre sujet : pl. XLI, figure 6.

[95] Pour tout cela, la bibliographie et l’iconographie, voir par exemple : A.T. Sandison, Ed. Tapp, « Disease in ancient Egypt », puis, A. Cockburn, R.A. Barraco, W.H. Peck, Th.A. Reyman, « A classic mummy : PUM II », et encore, « N.B. Millet, G.D. Hart, Th.A. Reyman, M.R. Zimmerman, P.K. Lewin, « ROM I : mummification for the common people », dans A. Cockburn, E. Cockburn, Th.A. Reyman, Mummies, Disease & Ancient Cultures, University Press, Cambridge, 1998, p. 38-58, et fig. 2.1, 2.2, 2.3, puis, p. 69-90 et fig. 4.10, et encore, p. 91-105 et fig. 5.6, 5.7, 5.8, ainsi que la fig. 56 p. 80 de l’édition de 1980.  

[96] B. Ziskind, « La bilharziose urinaire en ancienne Égypte », EMC  – Néphrologie & Thérapeutique, EMC, 1erdécembre 2009, p. 661 (Doi : 10.1016/j.nephro.2009.06.001). 

[97] F. Klotz, P. Hovette, P.S. Mbaye, F. Fall, M. Thiam, G. Cloatre, « Les manifestations pulmonaires des schistosomiases », Rev Pneumol Clin, 54,1998, p. 353-358.

 

 

 


 

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