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Histoire de la médecine en Egypte ancienne (ISSN 2270-2105)

CARDIOLOGIE - B

Article complet du mercredi 14 juin 2023 :

CARDIOLOGIE - B - Anatomie, Physiologie, Sémiologie

 

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• Richard-Alain JEAN, « Le cœur, les poumons, et les vaisseaux, 1 - Anatomie, Physiologie, Sémiologie », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 14 juin 2023.

 

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LE CŒUR, LES POUMONS, ET LES VAISSEAUX - 1

ANATOMIE, PHYSIOLOGIE, SÉMIOLOGIE

 

 

Richard-Alain JEAN

 

 

 

          Avant d’intervenir d’une façon plus importante à propos de la « Pathologie cardiovasculaire en Égypte ancienne », il convenait d’introduire ce prochain titre en rassemblant ici quelques éléments préliminaires fondamentaux ayant trait à l’anatomie, la physiologie, et la sémiologie de ce système, avec déjà quelques premiers repères historiques. Complétés, les prochains éléments historiques seront réunis à partir de plusieurs travaux et articles épars déjà édités sous diverses formes et supports, comme par exemple : R.-A. JEAN, A.-M. LOYRETTE, La mère, l’enfant et le lait en Égypte Ancienne. Traditions médico-religieuses. Une étude de sénologie égyptienne (Textes médicaux des Papyrus du Ramesseum n° III et IV), édité par S. H. AUFRÈRE (Textes et Documents de la Méditerranée Antique et Médiévale), Collection Kubaba – Série Antiquité – Université de Paris 1, Panthéon Sorbonne, L’Harmattan, Paris, 2010, p. 30-41 ; R.-A. JEAN, La chirurgie en Égypte ancienne. À propos des instruments médico- chirurgicaux métalliques égyptiens conservés au musée du Louvre, Éditions Cybele, Paris, 2012, p. 11-21 ; — « Pour une introduction à la médecine égyptienne », Clystère, n° 50, 2016, p. 38-70 ; — « La médecine égyptienne, médecine cardiaque », Pharaon Magazine, n°13, juin 2013, p. 42-46 ; — « La médecine Égyptienne (3) : Le système respiratoire », dans Pharaon Magazine, 16, Janvier 2014, p. 47- 50 (= « Pneumologie égyptienne » I) ; — « Notes complémentaires sur le cœur en Égypte », 29 avril 2013 ; — « Notes complémentaires sur le cœur en place, embaumé ou perdu en Égypte », 20 mai 2013 ; — « La place du cœur dans les anthropologies égyptienne et comparées. Perspective médicale », 3 juin 2013 ; — « Pneumologie égyptienne », 2014 : II à VII (Anatomie, Physiologie, Physiopathologie).

 

 


 

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          1. Anatomie du cœur 

 

          1.1. Préambule

 

          Comme à l’accoutumée, j’envisagerai d’abord dans cette présente première partie, et d’une façon simplifiée [1], de décrire l’anatomie moderne du cœur dans son environnement immédiat thoracique, en indiquant à la suite les principaux vaisseaux s’établissant jusqu’aux organes internes et aux parties les plus importantes du corps. 

          Je continuerai ensuite dans une deuxième partie à venir, à situer l’anatomie égyptienne du cœur et des vaisseaux dans son contexte représentatif hiéroglyphique, iconographique, lexicographique, et aussi scripturaire, tout en réservant ce dernier aspect particulier à d’autres espaces rédactionnels afin de rester concentré sur la question médicale. 

          L’anatomie égyptienne du cœur et des conduits vasculaires sera enfin explorée à la lumière des textes et de plusieurs objets antiques conservés dans nos musées, puis, elle sera comparée à la nôtre, moderne.

          Tout ceci avant d’aborder la physiologie cardiaque, puis, la physiopathologie et la sémiologie à propos de différents troubles afférents dont parlent les écrits médicaux égyptiens et que nous retrouvons dans la paléopathologie à partir des analyses mumiologiques.

          Suivant mon habitude, je me fondrai sur des sources anatomiques [2] et cliniques [3] modernes, ou cardiologiques plus anciennes [4] pour me souvenir des anciennes cliniques afférentes, en faisant en sorte de rendre ces quelques notions choisies accessibles à tous, tout en tenant compte des nouvelles appellations internationales, et le tout en restant compatibles avec ce que le praticien pharaonique pouvait en comprendre à la suite de sa formation et de son expérience, comme nous le verrons point par point, et la plupart du temps guidé par le bon sens et la simple observation naturaliste.

          Je rappellerai déjà à cet endroit que l’observation anatomique en usage à cette très lointaine époque n’est réalisable qu’avec les seuls moyens visuels dont disposaient les étudiants égyptiens, par exemple au cours des manœuvres d’éviscérations réalisées à partir d’un incision abdominale latérale basse et réduite, lors de l’enseignement de la momification. Et encore, pendant l’exercice pratique, où l’on constatait sur le terrain quantité de plaies béantes découvrant les organes internes (chantiers, théâtres d’opérations militaires …). Ainsi, nous possédons de fait plusieurs listes anatomiques très anciennes. Et encore, bien que plus tardivement, nombre de connaissances ont pu être accumulées au cours de dissections réalisées par la voie d’une laparotomie exploratrice : nous savons en effet que des dissections humaines à visées anatomiques ont été autorisées à titre transitoire par le roi Ptolémée Ier Sôter. Ainsi, plusieurs traités ont été rédigés en langue grecque en Égypte. Cependant, après Ptolémée II Philadelphe (265-247 av. J.-C.), et l’extinction de l’École d’Alexandrie, cette pratique demeurera interdite pour des raisons religieuses jusqu’au XVe siècle [5] sur tout le pourtour méditerranéen et au-delà. 

          En somme, les notions anatomiques du temps en Égypte étaient le résultat des bilans effectués dans plusieurs situations différentes. À savoir : sur le sujet humain mort (autopsies post-traumatiques, embaumements), sur le sujet humain vivant (accidents, éventrations …), sur le sujet humain honni (ennemi) au cours d’investigations corporelles internes poussées à ciel ouvert, puis, pendant les dissections académiques ptolémaïques. De tout temps, les pièces anatomiques détachées ont pu jouer le rôle de portions d’écorchés pédagogiques et servir de lieux d’études. Une fois prélevée, chaque partie étudiée pouvait être ouverte et examinée durant le temps nécessaire et les résultats de l’examen consignés. Par exemple, nous savons que certains ennemis étrangers jugés trop dangereux étaient décapités (Ex. Palette de Narmer. Musée du Caire, J.E. 14716, C.G. 32169 ; Livre des Cavernes, Deuxième section, Registre Cinq), ce qui rend la recherche anatomique de la tête possible et en détail jusqu’au cerveau.

 

 


 

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          En ce qui concerne le cœur, nous savons indirectement que parfois, l’organe était extrait du corps de certains ennemis tués et à qui on voulait absolument interdire la survie (Ex. Livre des Cavernes, Deuxième section, Registre Cinq) [6] – tout en notant au passage que les Égyptiens avaient déjà remarqué l’autonomie cardiaque comme nous le reverrons ici plus loin, ainsi que la prochaine fois. Les têtes et les cœurs finiront enfin dans un grand chaudron (Ex. Livre des Cavernes, Cinquième section, Centre du Registre inférieur) – tout en remarquant plus loin à droite un autre chaudron où figurent les rapports têtes/ombres d’âmes et cœurs/bas de chair, puis un rapport cœur/tête (Livre des Cavernes, Sixième section, Première Scène), et indiquant une notion physiologique dont je reparlerai.

 

 

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          Il faut ajouter que tous ces éléments morphologiques pouvaient être comparés à ceux rencontrés sur des modèles animaux découpés de chasse et de boucherie : nous en avons des scènes intéressantes et des objets parlants, pourvu que l’on y prête une attention naturaliste. Je renvoie pour tout cela et principalement à : R.-A. Jean, op.cit. 2012, p. 12-17.

          Nous remarquerons aussi ensemble prochainement que plusieurs notions physiologiques anciennes pouvaient également être déduites à partir d’examens humains et animaux comparables dans leurs conduites. 

          Il est enfin très hautement probable que la vivisection ait été utilisée pour des recherches anatomiques et physiologiques par Hérophile et Érasistrate sur des sujets condamnés à mort.

 

 


 

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          1.2. Le thorax

 

          Situé dans la partie supérieure du tronc, entre le cou et l’abdomen, le thorax, ensemble unitaire anatomique bien vu par les égyptiens pharaoniques, correspond à une enceinte osseuse et cartilagineuse formant la « cage thoracique ». Ce réceptacle est constitué : en arrière par les douze vertèbres formant la partie dorsale de la colonne vertébrale, en avant par les éléments du sternum, et bilatéralement par les douze côtes. Les sept  premières « vraies côtes » (ou côtes sternales) rejoignent en avant le sternum par l’intermédiaire de leurs cartilages propres (cartilages costaux), puis, les huitième, neuvième, et dixième côtes suivantes (ou fausses côtes) s’unissent par leur extrémité antérieure avec le bord inférieur du cartilage situé au-dessus, et enfin, les onzième et douzième côtes (ou côtes flottantes), chacune terminées par un cartilage libre, se perdent dans l’épaisseur des parois abdominales latéro-postérieures.

 

 

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          De cette manière, la cage thoracique est de forme cylindro-conique ouverte à ses deux extrémités, c’est-à-dire cylindrique dans sa partie inférieure, et tronc de cône dans son tiers supérieur.

          L’orifice supérieur (ou sommet du thorax), également bien compris par les Égyptiens, est constitué en arrière le plus souvent par le corps de la première vertèbre dorsale, de chaque côté par le bord interne de la première côte, et, en avant par la fourchette sternale. Les deux échancrures latérales du manubrium s’articulent avec les clavicules aux niveaux des articulations sterno-costo-claviculaires. 

          L’orifice inférieur (ou base), est limité en arrière par le corps de la douzième vertèbre dorsale, sur les côtés par la douzième côte, la pointe de la onzième et par la bordure cartilagineuse que forment en se réunissant les cartilages des dixième, neuvième, huitième et septième côtes, et, en avant par l’appendice xiphoïde. Cet orifice inférieur est fermé par la cloison musculo-aponévrotique à concavité inférieure que forme le diaphragme. C’est ce dernier ensemble qui devait être effondré manuellement lors de la momification. Les spécialistes pharaoniques connaissaient donc bien cette cloison interne. 

 

 


  

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          Vu de l’intérieur, le squelette osseux du thorax, qui accueille le cœur, les poumons, et le système circulatoire artériel, veineux, et lymphatique attenant, montre sa musculature interne, ses insertions, les tissus aponévrotiques, le dedans de la musculature externe, ainsi que la coupole diaphragmatique en bas. Notons que le diaphragme, par sa disposition qui remonte en forme de voûte dans la cage thoracique, réduit ainsi le volume thoracique en haut, et agrandit d’autant la cavité abdominale. 

          Nous allons en voir la dissection, sachant que les Égyptiens possédaient toute l’instrumentation nécessaire pour la réaliser [7].

 

 

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          1.3. Le cœur 

 

          Lorsqu’on examine un cœur en place, ou mieux encore, un cœur injecté et isolé, on peut facilement voir que cet organe a la forme d’une pyramide triangulaire à sommet regardant en avant et à gauche ; à base présentant une orientation diamétralement opposée, c’est-à-dire regardant en arrière et à droite, et à grand axe presque horizontal. Le sommet de la pyramide est représenté par la pointe du cœur (apex), la base par la face postérieure des oreillettes.

          Orientation. — L’axe du cœur est la ligne qui réunit le sommet de l’organe au centre de sa base. Cet axe se dirige obliquement en avant, à gauche et-en bas. Mais son obliquité dans le sens vertical est peu marquée et sa direction se rapproche beaucoup de l’horizontale (Fig. 10-12, et fond de la fig. 11 ; fig. 15-16).

          Coloration. — Le cœur a une coloration générale rougeâtre sur laquelle se détachent des amas graisseux jaunes plus ou moins clairs et d’abondance variable suivant les sujets.

          Volume. — Laennec comparait le volume du cœur à approximativement le volume d’un poing, mais ses dimensions augmentent graduellement avec l’âge, le volume est aussi fonction du sexe et de la condition physique du sujet. Son poids est proportionnel. Sa capacité est variable.

          Enveloppes. — Viscère médiastinal, le cœur est inclus dans la cavité péricardique. Le péricarde est composé d’une partie interne séreuse profonde qui est elle-même formée d’un feuillet viscéral (épicarde) adhérent au cœur, et d’un feuillet pariétal, le tout ménageant ainsi une cavité virtuelle entre les deux, et contenant 30 à 50 ml de liquide agissant comme lubrifiant, puis, formé d’une autre partie externe fibreuse épaisse d’un blanc nacré non attaché à l’organe. 

          Insertions. — Le péricarde fibreux est relié caudalement au centre tendineux du diaphragme par les ligaments phréno-péricardiques ventraux et antérieurs droit et gauche. Il est fixé ventralement sur le sternum par les ligaments sterno-péricardiques supérieurs et inférieurs (Fig. 15-16), dorsalement principalement par des fibres destinées au rachis (lig. vertébro-péricardiques : C7, T1, T2, T3), attaches postérieures parfois reproduites par les Égyptiens pour refixer le cœur embaumé par des ligatures. D’autres fibres sont destinées à la trachée et aux bronches. Latéralement, du tissu conjonctif lâche le sépare du feuillet pariétal de la plèvre. Ces éléments assurent la fixité du péricarde et du cœur. 

 

 

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          Ce que l’on voit chez l’homme au premier coup d’œil quand on dégage la cage thoracique au niveau du médiastin antérieur par l’avant en pratiquant l’ablation de deux volets costaux latéraux dont l’un contient le sternum, et en écartant les poumons insufflés ou non, est relativement simple : il suffit ensuite d’ouvrir les feuillets du péricarde pour découvrir le cœur entier vu de face, le ventricule droit couché sur le diaphragme, ventricule gauche en haut, et où s’abouchent les vaisseaux les plus importants. Dans ce médiastin à ciel ouvert, l’oreillette droite est bien visible, tandis que l’on discerne la partie gauche de l’oreillette gauche. Sil l’on souhaite encore affiner cette première dissection, il est possible d’ouvrir les lobes pulmonaires vides afin de constater avec les doigts les différentes textures des plus gros conduits : parties bronchiques résistantes et craquantes, artères fermes et élastiques, veines molles, et parenchyme pulmonaire crépitant à la pression au niveau d’un clivage au couteau (Fig. 17-18).

 

 

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          Il est ensuite très aisé de sectionner les conduits creux supérieurs au niveau de la base du cou, un peu comme lors des manœuvres internes nécessaires à l’ablation du cœur et des poumons pendant le temps thoracique de l’éviscération post-diaphragmatique durant les procédures de la momification, mais cette fois-ci par thoracotomie haute et non par abord latéral abdominal bas. On prélèvera de cette manière la totalité du bloc cardio-vasculo-pulmonaire en le détachant sans problème avec le plat et le tranchant de la main des insertions postérieures encore adhérentes (Cf. supraInsertions, p. 5), en arrachant quelque peu la plèvre au passage, puis en le détachant de ce qui reste de l’accroche péricardique et du reliquat de ses derniers feuillets. Cet ensemble correspond, comme nous le remarquerons dans la deuxième partie à venir de cette étude, à la réunion de classiques formes

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          1.3.1. Le cœur externe

 

          Il reste maintenant à sectionner un à un les plus gros conduits creux, pour tout de suite s’apercevoir que seules les bronches se réunissant en haut à la trachée, ne mènent jamais au cœur, mais en bas, seulement aux lobes pulmonaires. Les autres gros vaisseaux coupés, le cœur lui-même se détache sans encombre et apparaît seul comme un gros poing dans une main (Fig. 20). Sa taille varie selon le sexe, l’âge du sujet, et son état (voir par exemple un gros cœur pathologique). Il peut être en partie recouvert d’amas graisseux blanc-jaunâtres et irréguliers au toucher. On peut enfin en examiner les détails de plus près, et un médecin lira sans peine, à l’image d’un autre membre humain, que l’organe est également parcouru à sa surface par un réseau vasculaire plus foncé bien visible, bordé de graisse rosée, et formé de conduits plus ou moins importants semblant se rejoindre dans sa partie moyenne supérieure : ce sont les artères et les veines coronaires aux cheminements souvent latéraux ou superposés.

 

 


  

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          Les coronaires. — Les deux artères coronaires droite et gauche du cœur correspondent aux premières branches de l’aorte ascendante. Durant son trajet, l’artère coronaire droite va devenir l’artère interventriculaire postérieure et finir par s’anastomoser avec l’artère coronaire gauche après avoir émis plus d’une dizaine de branches collatérales, dont, la branche droite du cône artériel qui finira par s’anastomoser avec son homologue du côté opposé, c’est-à-dire la branche gauche du cône artériel. Pendant son trajet, l’artère coronaire gauche va devenir l’artère interventriculaire antérieure et finir par s’anastomoser avec l’artère coronaire droite après avoir émis un certain nombre de branches collatérales, dont, la branche droite du cône artériel qui finira par s’anastomoser avec son homologue du côté opposé, c’est-à-dire la branche gauche du cône artériel.

          En ce qui concerne les veines visibles en superficie du cœur, et en avant, nous trouverons quatre ou cinq veines antérieures. En arrière, le sinus coronaire draine par exemple la veine postérieure du ventricule gauche, la grande veine coronaire issue de l’apex et qui chemine dans le sillon interventriculaire antérieur et le plus souvent à gauche de l’artère coronaire gauche : j’ai déjà dit plus haut que les voies des vaisseaux propres au cœur étaient souvent latérales ou superposées. Ainsi, il faudrait encore citer la veine moyenne du cœur provenant également de l’apex et qui parcourt le sillon interventriculaire postérieur, et aussi, la petite veine du cœur située au niveau de la face diaphragmatique de l’organe, et qui naît dans le sillon coronaire droit qu’elle emprunte ensuite (ancienne veine coronaire droite).

          Comme toujours en anatomie opératoire, cette description pourtant simplifiée est sujette à variations selon les sujets, ce qui a pu dérouter les anatomistes égyptiens, qui pourtant suspecteront de très graves problèmes que nous savons aujourd’hui dus à une occlusion privant d’irrigation un territoire tissulaire et entraînant un infarctus du myocarde. La physiopathologie du temps s’accommodera alors d’une étiologie magique que je donnerais comme l’introduction d’un démon ou d’un défunt malveillant à l’intérieur d’un conduit de communication et capable d’obstruer le cœur : nous verrons bien à propos, que, bien qu’éloignée de la réalité physique, cette notion habituellement désignée comme « purement magique » par les commentateurs des textes médicaux pharaoniques, dénote quand même une certaine prémonition de la notion biologique occlusive provenant de la réalité clinique (thrombose = valeur fonctionnelle réduite et accident cardiaque).

 

 

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          Les oreillettes en externes. — Plus réduite dans la hauteur, la partie supérieure du cœur est nettement divisée en deux, car l’on remarque dans sa partie surtout antérieure deux parties charnues bien différenciées et découpées en arc de cercle vers le bas : les deux oreillettes, à ce point qu’il est possible de glisser les doigts en dessous de ces formations en décollant un peu les sillons auriculo-ventriculaire de chaque côté, et de saisir de cette façon le cœur pour le soulever des deux mains par cette double prise comme on le ferait d’un pot ou vase pourvu de deux anses latérales. Ainsi vue de dehors, le cœur rappellera aux anciens et aux moins anciens les vases ou de petites jarres pourvues d’oreillons et à fond pointu à piquer dans le sable, ou à fond moins prononcé et datant des époques prédynastiques (Ex. Leipzig, Ägyptisches Museum, inv. 251,7). Ce qui peut aussi expliquer quelques erreurs modernes d’interprétation, comme assimiler le signe  (F34 JSesh) à l’une de ces céramiques, alors qu’il s’agit en réalité de la représentation d’un cœur de mammifère comme l’indiquent des détails intérieurs de beaucoup d’originaux reproduits dans plusieurs fontes hiéroglyphiques (Meeks, Glyph, …). J’en reparlerai dans la deuxième partie à venir. 

 

 

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          Les gros conduits. — En ce qui concerne la vision des gros conduits abouchés au cœur, elle sera dépendante du niveau de section adopté par le dissecteur : soit elles sont pratiquées proche de l’organe (Fig. 20), soit elles sont réalisées un peu plus haut en dégageant ainsi à la vue de plus grandes portions vasculaires (Fig. 25). Cette dernière manœuvre rend l’observation plus facile, et permet à minima de découvrir de face la crosse aortique formée de sa partie ascendante, qui, si l’on regarde bien donne, au niveau de sa base, l’artère coronaire droite, puis en écartant bien l’artère pulmonaire, l’artère coronaire gauche. Formée ensuite de son arc pourvu en haut à gauche du tronc brachio-céphalique se terminant à gauche par l’artère sous-clavière droite, et à droite par l’artère carotide commune droite. Cet ensemble en V est suivi au centre par l’artères carotide primitive gauche, puis à droite par l’artère sous-clavière gauche. Enfin l’aorte thoracique descendante fait immédiatement suite en se dirigeant en bas sur une grande longueur et qu’il faudra scinder au doigt afin de la séparer en bas de la veine cave inférieure si l’on veut les suivre dans leurs parcours inférieurs (Cf. infra, fig. 46-50 p. 26-27, pour l’aorte descendante).

 

 


 

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Toujours de face, on visualisera l’artère pulmonaire donnant deux branches de chaque côté, ensemble que l’on découvrira mieux en sectionnant au bistouri le petit ligament artériel (ductus arteriosus) reliant l’aorte à l’artère pulmonaire (ancien vestige du canal artériel fœtal), puis en retournant la pièce anatomique pour la voir au dos du cœur. La veine cave supérieure, et la veine cave inférieure qui donne en bas les veines sus-hépatiques, seront également de cette façon plus pleinement visibles avec leurs abouchements haut et bas sur l’oreillette droite. Plus en avant, les deux paires droite et gauche des veines pulmonaires sont bien manifestement abouchées sur l’oreillette gauche. Tous ces trajets sont assez facilement perçus en décollant individuellement tous ces éléments avec les doigts, avec une sonde à section progressive circulaire, ou une sonde cannelée. Comme nous le disait jadis le professeur Louis Orcel « Cela prend un peu de temps, mais cela en vaut la peine … ! ». On notera au passage l’aspect blanc au naturel de tous ces conduits (Fig. 25 et 26), ce qui explique en partie l’usage du même mot 

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          1.3.2. Le cœur interne

 

          Les modernes distinguent en externe : une partie atriale, une partie artérielle, et une partie ventriculaire. Le segment artériel correspond à une gouttière qui reçoit l’aorte et le tronc pulmonaire dans sa concavité, alors que son fond en se continuant va constituer une cloison : le septum interauriculaire (ou interatrial) qui sépare les deux oreillettes. Les oreillettes, qui comme nous l’avons vu, ne demandent qu’à être saisies (p. 11), se révèlent creuses à la palpation entre deux doigts mobiles. Il restera à ouvrir ces formations pour confirmer cette impression superficielle et facilement voir où elles débouchent. De la même manière, il suffit de faire rouler la partie ventriculaire du cœur entre les mains pour la suspecter creuse, il est même possible avec attention de percevoir les deux chambres ventriculaires séparées par le septum interventriculaire résistant au centre. Une simple plaie organisée sur cette surface permettra de l’attester, surtout si l’on y pratique une coupe en détachant en bas une première petite tranche de cœur. C’est ce que nous montre, comme nous le reverrons la prochaine fois, nombre de figures hiéroglyphiques originales de valeur jb et ḥ3ty « cœur ».

 

 


 

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          Les ventricules. — Si l’on continue à trancher le cœur de la même façon en remontant vers le haut (Fig. 27), on découvre un ventricule, et l’on remarque d’abord que sa surface interne est très irrégulière en raison de multiples excroissances musculaires la hérissant partout (muscles pectinés, tubercules, crêtes, trabécules en ponts …). Puis on discerne ses piliers (muscles papillaires) et les cordages tendineux correspondant aux attaches des valvules auriculoventriculaires et qui font penser à des branches d’arbres. Le fond de cette chambre constitue la cloison interventriculaire séparant cette unité du ventricule opposé. Si l’on tranche cette fois le cœur en pratiquant une coupe vertico-transversale (Fig. 28), nous trouvons une séparation : la cloison interventriculaire au centre, qui définit un ventricule de chaque côté pourvus des mêmes éléments internes, dont ceux correspondant à la valvule tricuspide à droite (ostium atrio-ventriculaire droit), et à la valvule mitrale à gauche (ostium atrio-ventriculaire gauche). Une exploration attentive au doigt met en évidence les différentes valvules, et en les franchissant avec un petit doigt ou une sonde, on se rend facilement compte de là où elles mènent. Ainsi, il est très aisé de se glisser dans la valvule tricuspide à droite formée de trois valves (105 à 120 mm de diamètre), puis, dans la valvule mitrale à gauche formée de seulement deux valves (90 à 110 mm de diamètre), et de se rendre compte qu’elles communiquent avec les oreillettes correspondantes et respectives vers le haut. Ces deux portions ventriculaires correspondent pour nous aux deux chambres de remplissage droite et gauche. Dans un deuxième temps, toujours au niveau de chaque ventricule, on remarque les parois lisses des deux chambres de chasse, et, avec une sonde olivaire, à droite, il est simple de forcer doucement le centre des trois valvules sigmoïdes « en nid de pigeon » formant de part et d’autre les orifices pulmonaire en avant (ostium du tronc pulmonaire, ≈ 25 mm de diamètre), et, aortique à gauche (ostium de l’aorte, ≈ 25 mm de diamètre), afin d’aboutir à chaque fois visuellement dans le gros conduit correspondant. Plus finement, il faudra noter des dispositions différentes des deux systèmes valvulaires pulmonaire et aortique organisés pour orienter les sens de circulation : ainsi, pour le dispositif pulmonaire, une valve est antérieure, les deux autres, postérieures, sont l’une à droite, l’autre à gauche. Pour le dispositif aortique, une valve est postérieure, et les deux autres sont antérieures, l’une à droite, l’autre à gauche. 

 

 

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          Les oreillettes. — Dans la partie atriale qui surplombe la partie artérielle déjà décrite plus haut (p. 11), figurent ces deux formations qui ont déjà attiré notre attention (Cf. supra). Il s’agit de l’oreillette droite, qui est triangulaire, terminée par l’auricule droite, et qui en externe recouvre la face antérieure de la base de la crosse aortique. Notons ici que les cavités des deux auricules ne sont pas lisses mais pectinées. La paroi lisse en partie de cet atrium droit, qui comprend la fosse ovale (normalement fermée) sur son versant septal, est percée en haut et en bas. En haut, elle est percée par l’ostium avalvulaire de la veine cave supérieure, conduit important qui est élémentaire à suivre en haut avec une sonde (il n’y a pas de valvule, ≈ 20 mm de diamètre). Et en bas, et en arrière, elle est percée par l’ostium valvulaire de la veine cave inférieure (valve unique semi-lunaire d’Eustache, ≈ 30 mm de diamètre), relativement facile à suivre à la sonde en passant sa grande valve, puis, séparé par une crête intervalvulaire, en avant et média, se trouve l’ostium valvulaire du sinus coronaire (valve ronde de Thébésius, ≈ 12 mm de diamètre), et que l’on peut suivre un moment avec une sonde. On retrouvera bien entendu l’importante valvule tricuspide débouchant largement dans le ventricule droit. En y glissant les doigts, on apprécie bien les grandes bases des vélums cuspidiens créant chaque valve et unis comme des voiles d’un parachute, suivis de leurs cordages tendineux s’insérant sur les muscles papillaires formant piliers. On pourra effectuer la même recherche du côté opposé. Il s’agit ensuite de l’oreillette gauche, qui est plus petite, ovoïde, plus sinueuse, et terminée par l’auricule gauche qui communique par un ostium facile à emprunter avec une sonde moyenne (pour comprendre que ce trou ne correspond pas à un abouchement vasculaire). L’oreillette gauche recouvre en externe la base de l’artère pulmonaire. La paroi médiale lisse de cet atrium gauche comprend cette fois le fundus de la fosse ovale opposée (valvula foraminis ovalis) normalement borgne sur son versant septal, tandis que sa paroi postérieure lisse est percée deux par deux par les quatre ostiums des veines pulmonaires (≈ 15 mm de diamètre chacun) : deux à droite, et deux à gauche, ils sont avalvulaires et l’on pousse sans encombre une sonde dans chacun d’entre eux. On retrouvera bien entendu la valvule mitrale débouchant largement dans le ventricule gauche.

          Afin de visualiser les valves du cœur à ce niveau, il est pratique de réaliser une coupe quasi horizontale en suivant les sillons auriculo-ventriculaires avec un bistouri, comprenant au centre la gouttière qu’il faut scinder du septum, et en détacher la partie haute comme un couvercle emportant les gros vaisseaux (Fig. 29). On observera bien les valvules (Fig. 29-30), et en vue supérieure (Fig. 30).

 

 

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          À la suite de cette exploration atriale, il faut fractionner en rondelles la partie ventriculaire du cœur sur deux ou trois autres plans (Fig. 31, a, b, et c) afin d’en réaliser des coupes horizontales pour en observer les éléments déjà cités dans leurs vues inférieures. En suivant une circomduction à l’œil et aux doigts, on appréciera la taille plus importante du ventricule gauche mieux musclé, l’épaisseur du septum interventriculaire, les muscles papillaires en forme de piliers tranchés avec leurs insertions basses, et le fond spongieux. Les sections des différentes artères et veines coronaires sont visibles en périphérie dans une couche conjonctive plus claire bordée à l’extérieure, comme le reste du myocarde, par la séreuse péricardique formée du feuillet viscéral et du feuillet pariétal, suivi en dehors de son sac fibreux comme je l’ai indiqué plus haut (p. 6). L’endocarde par contre, en raison de la finesse de sa couche endothéliale doublée d’une couche conjonctive tenue en interne et moulant toutes les saillies musculaires, est beaucoup plus difficile à isoler.

          Effectuées sans problème de manière macroscopique à l’œil nu, je pense qu’il n’est pas impossible que de telles observations, ou d’autres assez approchantes, soient, un jour, retrouvées consignées dans d’assez anciens textes égyptiens d’époque pharaonique.

 

 

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          Le tissu nodal. — Plus difficile à localiser, mais nœuds et fibres visibles en blanc jaunâtre (Fig. 32-33), et constituant les centres nerveux propres du cœur, le tissu nodal (système cardionecteur), est composé du nœud sinusal (nœud de Keith et Flack), fusiforme, et situé en sous épicardique dans l’oreillette droite près de l’ostium de la veine cave supérieure – il joue le rôle de starter de l’automatisme cardiaque. C’est lui qui génère normalement 60 à 80 excitations par minute qui se propagent à l’ensemble des oreillettes avant de converger vers le nœud auriculo-ventriculaire.

 

 


 

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Il est composé ensuite du nœud auriculo-ventriculaire (nœud d’Aschoff-Tawara), en situation sous endocardique dans la partie inférieure du septum interatrial près de l’ostium du sinus coronaire – il reçoit les excitations provenant donc du nœud sinusal et fait le lien entre les oreillettes et les ventricules. Nous trouverons ensuite le faisceau auriculo-ventriculaire (faisceau de His) qui part du nœud auriculo-ventriculaire et se continue dans les septums auriculo-ventriculaire et inter-ventriculaire, puis, son tronc se divise en une branche ventriculaire droite dont elle parcourt le septum pour se terminer en se ramifiant sous l’endocarde (réseau des fibres de Purkinje), et, en une branche ventriculaire gauche plus importante, et dont elle parcourt également le septum pour aussi se terminer en se ramifiant sous l’endocarde (réseau des fibres de Purkinje) – l’activité électrique est ainsi conduite jusqu’à l’apex pour se transmettre aux cardiomyocytes, qui sont ensemble responsables des différentes phases de contractions de l’organe. 

          Il faudrait encore citer les voies de conduction internodales formées de plusieurs tractus.

          Notons que pour Aristote (De partibus animalium, III,4, 667a - 16) : « Le cœur a encore une multitude de nerfs ; et cela est très sage, puisque c’est du cœur que partent les mouvements, et ils s’exécutent par l’adduction et la détente. »

 

 

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          L’os du cœur de mouton. — Nous allons voir plus bas (p. 22-25) que chez nombre d’animaux bien présents en Égypte autrefois, à l’ouverture du cœur, on ne pouvait pas manquer d’apercevoir ou de sentir au doigt une petite formation dure et osseuse (Ossa cordis). Chez le mouton, cet objet mesure de 10 à 15 mm (Ovis aries[8] à 18 mm (50% des moutons persans Lori-bakhtiari) [9]. Il est localisé au niveau du septum et associé aux anneaux auriculo-ventriculaires gauche, avec parfois une autre formation plus petite à droite (dans environ 45 % des cas) et non connectée avec celui de gauche par aucun cartilage. Or, il se trouve précisément que chez le mouton (sr), petit bétail bien connu des Égyptiens (Ovis aries Linnaeus 1758, ou mouton domestique exploité dans toute la zone saharienne y compris en Égypte [10], dont d’abord le plus ancien Ovis aries longipes palaeoægyptiacus à poil ras, supplanté par Ovis aries palaeoatlanticus de Werth à poil laineux, puis encore Ovis aries platyura à queue grasse provenant d’Asie) [11], dont certains individus ont été momifiés [12], cette petite structure blanche, donc, interrompt systématiquement le trajet normal du faisceau de His, le faisant ainsi dévier sous l’ossa cordis, ce qui a pour effet macroscopique de produire un faisceau His non ramifié à ce niveau, et inhabituellement long chez le mouton. Il est donc bien plus visible chez ce dernier animal ainsi que par conséquent le faisceau de His – ceci est imparable.

 

 


 

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          1.3.3. Le plexus nerveux cardiaque

 

          Le plexus cardiaque antérieur (superficiel), et postérieur (profond) est constitué de neurofibres provenant des nerfs vagues (parasympathiques) et des troncs sympathiques cervicaux et thoraciques. Ainsi, le plexus nerveux cardiaque antérieur correspond à la partie du plexus nerveux cardiaque située sur la face antéro-latérale de la crosse aortique. Ce plexus est constitué par les rameaux cardiaques supérieurs des deux nerfs vagues et par tout ou partie du nerf cardiaque cervical supérieur, branche du ganglion cervical supérieur. Il est uni au plexus cardiaque postérieur par des rameaux situés sous la crosse et au sein desquels se trouvent les ganglions cardiaques. Quant au plexus cardiaque postérieur, il est constitué par les rameaux cardiaques moyens et inférieurs issus des nerfs vagues et par tous les nerfs cardiaques sympathiques, à l’exception du nerf cardiaque supérieur gauche. Il est placé sur la face antérieure de la trachée, à la face postérieure de la crosse aortique. Il est uni au plexus cardiaque antérieur par des anastomoses sous-aortiques où se trouvent les ganglions cardiaques. Je rappelle que les ganglions cardiaques sont des éléments nerveux ganglionnés situés à l’union des plexus cardiaques antérieur et postérieur, dans l’espace limité en haut par le segment horizontal de la crosse aortique, en bas par l’artère pulmonaire et en dedans par le ligament artériel. Ces éléments sont souvent rassemblés en un gros ganglion : le ganglion de Wrisberg.

          Tous ces éléments nerveux devaient se confondre à ces époques lointaines, ou bien, tout au plus peut-être pourraient-ils avoir été définis comme des mtw pleins blancs présents dans ces lieux, et prenant des organes en filets difficiles à démêler. Il faut cependant déjà souligner ici, que les Égyptiens en avaient donné et représenté des effets intéressants comme nous le verrons bientôt dans la partie traitant de la physiologie égyptienne.

 

 

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          2. Physiologie du cœur 

 

          Physiologie expérimentale. — En ce qui concerne l’anatomie fonctionnelle, je proposerai pour nous ici, une suite de petites manœuvres simples à réaliser mais dont la description n’a cependant pas encore été retrouvée dans les papyrus pharaoniques. Elles étaient à la portée des médecins du temps. 

          Cette assez simple expérience consiste à introduire de l’eau dans les cavités cardiaques bien rincées au préalable pour éviter les adhérences, et d’en observer les passages possibles, empêchés, ou impossibles, partie par partie, élément par élément. Il est alors facile de se rendre compte, qu’à l’évidence, l’organe est constitué de deux parties normalement non communicantes : le cœur droit, et, le cœur gauche, nous trouverons des traces de cette notion en Égypte. Au niveau atrial droit, l’eau versée par l’intermédiaire d’un entonnoir débouche sans obstacle depuis la veine cave supérieure, et avec obstacle depuis la veine cave inférieure du fait de la valve qui en empêche le reflux. Cette eau tendra donc à s’évacuer en franchissant la grande valvule tricuspide qui lui offre le plus gros diamètre. Voilà qui indique sans façon le sens de la circulation au travers des grands ostiums interventriculaires, puisqu’en retournant un autre cœur, afin pour nous de reconstituer une pression, l’eau ne passe plus dans les oreillettes, retenue qu’elle est par les valvules qui se gonflent et empêchent le flux de revenir. Ce même phénomène physique est discernable à chaque niveau valvulaire et trahit le sens obligé de la circulation. Dans le cœur droit, il reste au liquide à franchir les trois valves du tronc pulmonaire qui l’empêcheront également de refluer en dehors de lui-même : ceci est très perceptible à l’œil en écartant légèrement la région. Au niveau atrial gauche, on comprend rapidement qu’un liquide ne peut provenir que des quatre veines pulmonaires établies deux à deux dans sa lumière. Il aura également tendance à s’écouler dans l’important diamètre ménagé par la valvule mitrale, et franchira les trois valves de l’aorte si l’on presse un peu l’ensemble, ce qui reproduit manuellement l’éjection, et fait penser au massage cardiaque externe. Il n’est aussi pas très compliqué pour nous d’augmenter la pression en élevant l’entonnoir par l’intermédiaire d’une tubulure plus haute. J’ajouterai qu’en exerçant certaines pressions, aux bons endroits et à des moments adéquats afin de tenter de reproduire artificiellement les phases de remplissage et d’éjection, on arrive à obtenir des semblants de vibrations correspondant pour nous : 1) à la fermeture des valvules auriculo-ventriculaires, marquée sourde (« toum ») au début de la systole (B1), et, 2) à la fermeture des valvules aortiques et pulmonaires, marquée plus haute et sèche (« ta ») au début de la diastole (B2). Si nous savons que les médecins égyptiens étaient attentifs aux « parlés » du cœur, c’est qu’ils en avaient pris conscience d’une manière ou d’une autre : clinique, et peut-être aussi d’une façon expérimentale à l’aide de ces simples manœuvres. 

 

 

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          De cette manière :

 

          1) – Pendant la diastole (durée = 0,4 s), qui constitue un temps de relâchement aussi bien des atriums (oreillettes) que des ventricules, se produit au moment de la phase de remplissage : à droite, le sang vicié provenant des veines caves supérieure et inférieure arrive de tout le corps, il rentre dans l’oreillette droite, pendant que dans le même temps, à gauche, le sang oxygéné qui arrive des poumons rentre dans l’oreillette gauche. Les valvules pulmonaires (à droite) et aortiques (à gauche) se ferment avec un bruit sec (Auscultation = B2). Les valvules tricuspides (à droite) et mitrales (à gauche) s’ouvrent et le sang passe indépendamment dans les deux ventricules droit et gauche. 

 

          2) – Pendant la systole, a – En premier, le nœud sinusal (nœud de Keith et Flack) déclenche la contraction simultanée des deux oreillettes (pour nous modernes, ECG = P), ce qui a pour effet de les vider, en achevant de chaque côté le remplissage des deux ventricules : il s’agit de la systole auriculaire (durée = 0,1 s) ; b – En second, lorsque l’impulsion électrique atteint le nœud auriculo-ventriculaire (nœud d’Aschoff-Tawara), et après un court laps de temps régulateur, ce nœud auriculo-ventriculaire émet sa propre impulsion électrique qui se propage en suivant le faisceau auriculo-ventriculaire (faisceau de His), qui nous l’avons vu se divise en deux branches ventriculaires droite et gauche, pour se terminer en se ramifiant sous l’endocarde (réseau des fibres de Purkinje). L’excitation électrique est ainsi conduite jusqu’à l’apex pour se transmettre aux cardiomyocytes (pour nous, ECG = temps de conduction), ce qui entraîne une vague de contraction qui diffuse donc vers le haut pour s’étendre simultanément aux parois ventriculaires droite et gauche (pour nous, ECG = QRS) : il s’agit de la systole ventriculaire (0,3 s) (pour nous, ECG = T, qui survient juste avant la fin de la contraction ventriculaire). Les valvules tricuspides (à droite) et mitrales (à gauche) se ferment bruyamment en gonflant leurs voiles (Auscultation = B1, contemporain du pouls radial) sous les pressions indépendantes des deux ventricules, pendant que, les valvules pulmonaires (à droite) et aortiques (à gauche) s’ouvrent sous les pressions qui s’accumulent séparément dans les deux ventricules. De cette façon, au moment de la phase d’éjection, à droite, le sang est propulsé dans le tronc pulmonaire vers les poumons où il va s’enrichit en oxygène, tandis qu’à gauche, le sang est propulsé avec encore plus de force vers l’aorte pour être distribué dans tout l’organisme. 

          À la suite de ces deux révolutions successives constituant le cycle cardiaque (durée = 0,8 s), une diastole se réinstalle afin que le myocarde récupère, et les oreillettes commencent à se remplir pour préparer un nouveau cycle. 

 

 

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          Les bruits du cœur :

 

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précordiale à chaque niveau important des foyers d’auscultation [14] – Position 1 : localisée au 2e espace intercostal droit (foyer aortique : FAo), Position 2 : 2e espace intercostal gauche (foyer pulmonaire : FP), Position 3 : 3-4e espace intercostal gauche au bord gauche du sternum (BGS) ou endapex, Position 4 : pointe (Pt) ou apex (ou foyer mitral), Position 5 : foyer tricuspidien (FT). Ausculter également le cou au niveau carotidien (propagation des souffles aortiques), la région axillaire gauche (propagation des souffles mitraux), le creux sus sternal ou le creux épigastrique, la région sous-claviculaire gauche (canal artériel), la région parasternale droite, la région dorsale en inter-scapulo-vertébrale gauche (coarctation de l’aorte) ... Plus finement, il faut aussi connaître le troisième bruit (B3) : sourd et intense, il correspond à la phase de remplissage rapide initiale d’un ventricule gauche souple. Il existe physiologiquement chez 1/3 des sujets sains de moins de 16 ans, et exceptionnellement entendu après 30 ans. Il disparaît en position debout. Un quatrième bruit (B4) est pathologique.

 

 

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          Quelques anomalies

 

          Modification de l’intensité :

          • Assourdissement des deux bruits (air, graisse, liquide).

          • Accentuation des deux bruits : contexte d’hyperdébit, fièvre, hyperthyroïdie.

          • Éclat de B1 : rétrécissement mitral, de façon variable dans les blocs auriculo-ventriculaires.

          • Éclat de B2 : HTA au foyer aortique, hypertension artérielle pulmonaire au foyer pulmonaire.

          • Assourdissement de B1 : Insuffisance Mitrale.

          • Assourdissement de B2 : Rétrécissement Aortique (disparition quand il est très serré).

 

          Dédoublements des bruits :

          • Dédoublement physiologique de B2 à l’inspiration chez le sujet sain (disparaît à l’expiration).

          • Asynchronismes cavitaires droits et gauches : bloc de branche, surcharge volumétrique ...

          • Dédoublement non modifié par l’inspiration de B2 : pathognomonique de la communication inter-auriculaire. 

 

          Bruits surajoutés anormaux :

          • Bruits systoliques : Click éjectionnel (claquement proto-systolique au timbre sec), Pistol shot (bruit méso-systolique éclatant), Click mitral (claquement méso-télé-systolique = en milieu ou en fin de systole).

          • Bruits diastoliques : claquement d’ouverture de la valvule mitrale, B3 normal ou pathologique (contexte), B4 toujours pathologique, galops (bruit sourd qui est dû à l’association aux deux bruits du cœur (soit B3 protodiastolique ; soit B4 présystolique) – son rythme est à trois temps (bruit d’un cheval au galop), un galop de sommation résulte de la fusion de B3 et de B4 – le galop est l’un des signes d’insuffisance cardiaque – ainsi, le galop gauche (pointe) traduit une insuffisance ventriculaire gauche, et le galop droit (xiphoïde) traduit généralement une insuffisance ventriculaire droite. 

 

          Il faut aussi savoir que plusieurs éléments peuvent être perçus par l’intermédiaire des pouls pris à plusieurs endroits différents. Ainsi nous avons déjà vu que B1 correspond au pouls radial pris en parallèle d’une auscultation. Il est assez facile d’en mesurer la fréquence (normale, basse, rapide), l’intensité (marqué, faible, petit, filant), et d’en apprécier la régularité (extrasystoles, arythmies). 

          B1 correspond également au choc de la pointe du cœur perçu à la palpation (5e IEC gauche).

          Ainsi nous voyons qu’un certain nombre d’informations cliniques utiles peuvent être obtenus par la palpation des pouls, par la palpation de la poitrine et d’autres endroits, par la percussion, et par l’écoute du thorax, antérieure directe, antérieure, latérale, et postérieure, à l’oreille, avec ou sans amplificateur (auscultation immédiate) comme autrefois on la pratiquait avant René Laennec, réputé inventeur du stéthoscope (1819) [15]. Son instrument était assez basique et pouvait être remplacé en son absence par l’utilisation d’un simple rouleau de papier qui lui en donna la première fois l’idée [16]. Cependant, je n’ai pas encore formellement trouvé de trace de l’utilisation d’un papyrus roulé ou d’un tel tube par les médecins égyptiens anciens, ni dans les écrits, ni dans les représentations iconographiques. Mais cela n’est pas impossible.

          Je ne décrirai pas plus en détail ici les bruits normaux et pathologiques du cœur qui sont parfois simplement perceptibles en plaçant l’oreille sur la poitrine, ou dans le dos, pas plus qu’en utilisant un stéthoscope moderne, cela demande en pratique une certaine habitude (Cf. infra : Sémiologie, p. 30). Les tracés électrocardiographiques et les autres examens complémentaires dont ne disposaient pas les médecins exerçant durant ces temps éloignés ne seront pas non plus étudiés cette fois à ce niveau (Cf. infra p. 33 : L’exploration instrumentale moderne).  

 

 


 

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          3. Cœurs des modèles animaux

 

          Nous observerons prochainement que les Égyptiens disposaient de nombreux modèles animaux de chasse ou de boucherie qu’il fallait débiter avant de les consommer. Parmi les viscères, ils ne pouvaient certes pas manquer le cœur. Aussi nous constaterons la prochaine fois que cet organe a été reproduit aussi bien en deux dimensions qu’en trois dimensions, et que certaines de ces représentations nous apporteront un certain nombre d’éléments intéressants à commenter.

 

 

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          L’os du cœur animal. — Les parties atriales et ventriculaires sont séparées par un squelette fibreux (Trigona fibrosa) principalement formé par la réunion des anneaux qui entourent les quatre orifices du cœur. Ce squelette contient des îlots de fibro-cartilage dans lequel des noyaux osseux peuvent se développer (ossa cordis, ou ossa de cordis). Ces noyaux osseux apparaissent très tôt nous le savons chez le bovin (Bos Taurus = 100 % des cas), y compris le buffle introduit en Égypte moderne [17], mais ils peuvent également se retrouver chez d’autres espèces mammifères Artiodactyles : comme les ovins (Cf. supra, p. 16-17), les porcins, les caprins dont la chèvre et l’antilope, les cervidés [18], les girafes, les dromadaires ; pour un mammifère Perissodactyla : le cheval ; au sein de l’ordre des Proboscidea : l’éléphant ; puis, pour des mammifères carnivores : le chien, le chat, la loutre, l’otarie. Et pour tous, cette structure osseuse se manifeste surtout parfois si leur âge est avancé, mais ce n’est pas une règle absolue. Il faut aussi compter sur la pathologie [19]

          Une étude menée par Marie Thérèse Zwettler [20] sur près de 500 cœurs répartis entre les espèces de gibier à sabots chevreuil, cerf élaphe, cerf sika, daim, et mouflon, a montré que la « croix du cœur » était présente dans 73 % de ces animaux de chasse. La plus petite structure avait une longueur de 4,29 mm chez un cerf d’environ quatre ans, et l’os cardiaque le plus long mesurait 47,18 mm chez un cerf rouge de plus de neuf ans.

          Il faut également noter que de telles formations osseuses ont commencé à être décrites chez le Chimpanzé, mais probablement corrélées à une maladie cardiovasculaire dégénérative chronique. [21].

pParasitologie XII. L’ankylostomiase et autres parasitoses », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 1er septembre 2021, p. 26) dans un tableau des composants administrés per os avec déjà comme définitions des actions probables prises dans le contexte : Produit apportant du calcium (constituant d’os-qs) ? Amélioration des troubles de la conduction liés à l’hyperkaliémie ; la correction de l’hypocalcémie augmente l’inotropisme (en cas de choc cardio-génique ...). Ce produit correspond possiblement à une plus ancienne préparation près-galénique empruntant une locution qs n(y) ḥ3ty « os de cœur » (ossa de cordis), abrégée qsnty (avec élision de ḥ3), et coïncidant avec l’emploi d’une médication en remplacement, plus facile à trouver et à réaliser du fait de son origine végétale. L’indication cardiaque s’ajoutant alors aux autres indications plus courantes, mais débarrassée d’une certaine notion sympathique qui reprendra cours, et de plus, chrétiennement enjolivée bien plus tard en occident (Cf. infra). Cette hypothèse présenterait un exemple intéressant, surtout si l’on se reporte aux dernières recherches en cours donnant quelques utilités à cette petite formation à l’endroit où elle est précisément située : par exemple, il a été suggéré que l’ossa cordis protègerait le cœur de certains dommages dans les zones de stress mécanique élevé pendant la systole [22], et ceci, surtout chez les bovins, les moutons et les loutres. Et tout cela, sans oublier les répercussions positives dues à son contournement génétiquement programmé par le faisceau de His chez le mouton comme nous l’avons vu plus haut. Pour la médication d’origine végétale et sa justification, voir : R.-A. Jean, « Clinique obstétricale égyptienne – XXXIX. Les accouchements divins, royaux et humains (5) Les textes (3) les Textes médicaux (1) », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 31 janvier 2020, note (d) p. 6-7, puis p. 1 à 13, et 16 à 20 pour la pharmacodynamie ; R.-A. Jean, « Infectiologie XIV. Parasitologie XV. Tæniasis, cysticercose, et associations parasitaires - 2 », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 décembre 2022, note b, p. 15 (avec dans cette prescription un rôle héroïque en cas de déséquilibre acido-basique engendré par un problème cardiopulmonaire s’aggravant au cours d’une symptomatologie âaâ). J’en reparlerai.

 

 


 

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          L’os du cœur (Ossa cordis[23], était connu d’Aristote chez le cheval et le bœuf (De partibus animalium, III,4, 667a - 16) [24], de Marinus d’Alexandrie, et de Galien (dont chez l’éléphant : Administrations anatomiques, VII, Ch X) [25]. Pour Marinus d’Alexandrie donc, qui fut en Égypte l’un des maîtres de Claude Galien au IIe siècle ap. J.-Ch. [26] : « Enlever le cœur, découvrir le ventricule gauche ; ouvrir dans sa longueur le prolongement de l’aorte, descendre ainsi jusqu’aux valvules, et de cette façon on arrivera sûrement à l’os. » [27].

 

 

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          L’os du cœur fit partie des anciennes pharmacopées (Fig. 44-45). En Occident, l’os du cœur du Cerf (Ossa cordiscervini[28] était principalement utilisé contre les maladies du cœur [29]. On la donnait sous différentes appellations, comme : os du cœur, boule du cœur, patte du cœur, patte de cerf, et enfin, cette partie du cerf symbolisant Jésus-Christ (La Bible, Psaume 42, 2-3) : croix de cerf, croix du cœur, croix de Saint Hubert (Fig. 44-45) [30].

          Par exemple, le médecin allemand Johann Georg Agricola [31] dans ses deux livres, « Cervi excoriati et dissecti in medicina usus » de (1603), et, « Cervi cum integri et vivi natura et proprietas tum excoriati et dissecti in medicina usus » (1617), parle d’os du cœur bouilli dans du vin qui agit contre l’évanouissement. « Porté sur soi-même, il agit contre toutes sortes de maladies cardiaques. Chauffé avec du sang jusqu’à ce qu’il devienne noir et se transforme en poudre, puis mélangé avec diverses herbes, il renforce le sang, le cœur et la mémoire. Il agit contre les morsures d’animaux venimeux. Mélangé dans des onguents il est appliqué sur les plaies. Il est conseillé comme vermifuge. Mélangé avec du vin, la croix de jeune cerf est considérée comme particulièrement bénéfique pour augmenter la fertilité, et, réduire les douleurs de l’accouchement, ainsi que pour résoudre les complications de la naissance. Il est donné sous forme de pommade ou de poudre pour les saignements de nez ». Il est considéré comme une panacée pour toutes les maladies infantiles. Près d’un siècle plus tard, le médecin et naturaliste allemand Michael Bernhard Valentini [32] indique dans un souci de lutter contre les fraudes, que « seules les petites croix, c’est-à-dire celles des jeunes cerfs, doivent être utilisées comme médicaments, car les plus gros os ne peuvent être distingués des os du cœur de bœuf, or, ces derniers sont inefficaces ».

 

 


 

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          En France pour Nicolas Lemery en 1699 [33] : long comme la moitié du petit doigt, « l’os de corde cervi » est estimé cordial, résiste au venin, et arrête le crachement de sang. Moyse Charas en 1676 [34] préfère une substitution avec du bois de cerf de renouveau, plutôt qu’avec de l’os de cœur de bœuf, et donne son emploi dans « l’Opiata Salomis » :

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          Voir encore Moyse Charas en 1753 [35], qui rapporte l’usage de l’os de cœur de cerf, ou l’os de cœur de bœuf, mais sans donner d’indication. Enfin, N.-J.-B.-G. Guibourt en 1836 [36] signale encore « l’os de cœur de cerf », mais en indiquant cette fois-ci que cette médication est tout-à-fait oubliée. 

          Cependant, l’os de cœur de cerf, et, l’os de cœur de bœuf avec lequel on peut le substituer, sont encore répertoriés par Jean-Baptiste Roussel en 1859 [37], avec la mention : « cordial et propre à arrêter les crachements de sang ». 

 

          4. Les principaux vaisseaux 

 

          Les artères, les veines, et les canaux lymphatiques ont été individualisés et nommés dans les nomenclatures anatomiques modernes. Les médecins pharaoniques qui avaient bien remarqué ces formations tubulaires internes les donnaient toutes comme des  (mtw) « métou », ici des formations creuses, des « canaux », en indiquant à quelles parties corporelles ils étaient destinés. Je rappellerai encore à cette occasion, que les gros vaisseaux apparaissent blancs à l’observation à ciel ouvert, et non rouges pour les artères et bleus pour les veines comme ces éléments sont représentés colorés dans nos actuels livres d’anatomie : il s’agit de couleurs conventionnelles qui aident le lecteur à suivre les trajets vasculaires. Il faut savoir également que les gros canaux sont tout de même assez faciles à individualiser à l’œil et à la sonde, et ainsi d’en suivre les différents trajets. Cela était à la portée des médecins égyptiens pharaoniques comme nous l’indiquent les textes de cette époque. Je renvoie pour cela aux articles concernés, et aux Atlas dédiés, membre par membre, partie par partie, organe par organe, et accessibles dans le menu déroulant de mon site : Histoire de la médecine en Égypte antique ( http://medecineegypte.canalblog.com ) [38]. J’en reparlerai également la prochaine fois. 

 

          4.1. Les vaisseaux du tronc

 

          Très aisée à distinguer, l’artère aorte part du ventricule gauche (cœur gauche) sous la forme d’une importante crosse, pour se diriger très loin vers le bas en traversant le diaphragme bien connu des anatomistes égyptiens, pour se diviser de chaque côté au niveau de la partie supérieure du bassin. Cette grosse formation artérielle de consistance élastique au toucher donnera entre temps plusieurs autres divisions de calibres respectables et donc pas trop difficiles à suivre. Elle sera accompagnée dans son trajet, en haut et à gauche pour l’observateur, par la veine cave supérieure issue de la partie supérieure de l’oreillette droite (cœur droit), et, en bas et toujours à gauche pour l’observateur par la veine cave inférieure issue de la partie inférieure de l’oreillette droite (cœur droit). Cette grosse formation un peu plus grosse mais plus molle au toucher donnera aussi entre-temps plusieurs autres divisions de calibres respectables et donc pas trop difficiles à suivre non plus. Les destinations de ces importantes formations sont ensuite faciles à relever à la dissection au doigt, à la compresse, et à la sonde sans trop de risque de se tromper avec un peu d’expérience opératoire, et en utilisant le couteau avec discernement et uniquement quand cela et nécessaire, par exemple pour découvrir un pont canaliculaire, ligamentaire, ou musculaire … qui masquerait une destination plus profonde. Tout est une question de méthode.

 

 


 

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          5. Sémiologie

 

          L’examen cardiologique repose sur une double observation qui résulte 1) de l’écoute du patient, de ses plaintes, à partir desquelles on évaluera les premiers signes fonctionnels subjectifs, 2) de l’examen physique proprement dit, où se signaleront les signes physiques objectifs réellement retrouvés.

          Ainsi, après avoir entendu les raisons de la consultation (douleur, malaises …), doit débuter l’interrogatoire, en commençant par recueillir autant d’antécédents médicaux personnels et familiaux que possible, tout en recherchant les facteurs de risque (âge, sexe, corpulence (obésité ?), fonctions, prédispositions, alimentation (graisses, calories), alcoolisme ?, sédentarité, maladies …) qui affecteraient le patient et ses parents proches : père, mère, frère, sœur. Une fois les antécédents et le mode de vie réunis, et en tenant compte de l’entourage plus lointain, l’on pourra commencer à établir l’histoire de la maladie.

 

          5.1. L’examen du patient

 

          Écoute des douleurs. — Cruciales à écouter, ce sont souvent les douleurs qui motivent la consultation. Elles correspondent à des douleurs thoraciques avec ordinairement une description gestuelle du siège par le patient lui-même (cœur, poitrine, intercostales), avec de possibles irradiations (épaules, menton, dos …). Impressions de striction, de torsion, de brûlure, de poids, d’oppression. Notions d’intensité, de durée, provoquées par l’effort (Cf. infra, p. 31). Ou au contraire on notera des sensations de vides entre plusieurs battements … Description de douleurs vasculaires (Cf. infra, p. 30-31). Ces données étaient très importantes autrefois en l’absence d’examens électrocardiographiques et biologiques d’urgence.

 

 


 

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pagitation, d’un affolement, d’une « sensation de mort imminent » (?) ; son état de fatigue, un état confusionnel (?), ébriété (?) ... État des téguments, dos de la main prenant le pli (déshydratation ?), signes de fragilité capillaire (hématomes ?). On cherchera la présence de cicatrices. Apparition de pulsations visibles (médio-claviculaire gauche pour une dilatation du cœur gauche, bord gauche du sternum pour une dilatation du cœur droit) ; soulèvement sus-mammaire gauche synchrone du pouls (anévrisme ventriculaire pariétal gauche) ; observation d’une circulation veineuse collatérale latéro-thoracique (thrombose de la veine cave supérieure) ; d’un « œdème en pèlerine » … Observation rapide d’une turgescence jugulaire spontanée associée à un œdème des membres inférieurs qui sont blancs, mous, bilatéraux, indolores, et prenant le godet (insuffisance cardiaque droite). On regardera également par la même occasion la morphologie du patient, avec par exemple la visualisation d’un « thorax en tonneau » (insuffisants respiratoires), d’un « thorax en entonnoir » (pectus excavatum), l’état de la colonne vertébrale (cyphoscoliose). 

          • La palpation. L’inspection visuelle de survol sera complétée par la palpation : la main droite prenant un large contact avec le thorax, puis le pouce, et l’index localisés. Par exemple au cours d’une consultation spécialisée, nous préconisons aujourd’hui d’approfondir la palpation de la paroi thoracique antérieure avec la main à la recherche de soulèvements et de frémissements avec la paume et / ou la pulpe des doigts posés à plat ou disposés obliquement sur la poitrine. Les soulèvements perçus correspondent à des impulsions prolongées le plus souvent générées par un ventricule ou une oreillette augmenté de volume, ou aussi parfois, par un anévrisme ventriculaire : les doigts sont rythmiquement soulevés par l’impulsion produite par l’un de ces phénomènes. En ce qui concerne les frémissements, il s’agit d’appuyer fermement le talon de la main sur le thorax du malade penché en avant à la recherche d’une sorte de ronronnement ou d’une sensation vibratoire induite par une turbulence sanguine sous-jacente en même temps qu’un souffle (détection d’une insuffisance aortique). B1 et B2 sont palpables avec la main droite appliquée fermement sur la poitrine. En même temps, l’index et le médius gauche palpent l’artère carotide droite au niveau du tiers inférieur du cou. B1 est perceptible juste avant le pouls carotidien, puis ensuite, B2 se manifeste après ce pouls carotidien. B3 et B4 sont palpables en exerçant une légère pression à la pointe du cœur afin de déceler des mouvements anormaux. Recherche du choc de pointe du cœur au niveau du 5e EICG sur la ligne médioclaviculaire ( ↘︎ : insuffisance cardiaque, épanchement péricardique, emphysème, obésité, ↗︎ : fièvre, hyperthyroïdie). Palpation sous-xiphoïdienne positive (signe de Harzer dans l’hypertrophie ventriculaire droite, et parfois dans l’insuffisance cardiaque droite). Palpation abdominale en position demi-assise (hépatomégalie, reflux 

 

 


  

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          • Prise du pouls radial. Appréciation du pouls radial (normal 60-80 bpm chez l’adulte, 120-140 chez le nourrisson) ; symétrie ; tachycardie, bradycardie ; extrasystoles, arythmie, tachyarythmie ; petit, filant, rapide, bondissant, absent. Les médecins égyptiens la pratiquaient.

          • L’auscultation. Bien entendu, l’auscultation cardiaque (Cf. supra, p. 20-22). Recherche de modifications des bruits normaux : par exemple, B1 et B2 assourdis par interposition d’air (emphysème), ou de liquide (épanchement péricardique), ou par diminution de la contractilité cardiaque. Recherche de bruits surajoutés diastoliques (B3, B4, galop, claquement d’ouverture mitral, claquement péricardique), et systoliques (click mitral, click éjectionnel, pistol schot). Recherche de souffles et de roulements : souffles et roulements mitraux, à la pointe, irradiés vers l’endapex ou l’aisselle gauche, souffles tricuspidiens au niveau de l’appendice xiphoïde, souffles systoliques aortiques (rétrécissement aortique) au 2e EICD, irradiés vers le cou, souffles diastoliques aortiques (insuffisance aortique) au bord gauche du sternum ... Par exemple encore : recherche de frottements péricardiques : il s’agit d’un bruit superficiel, de siège mésocardiaque, très localisé, sans irradiation et rythmé par les bruits du cœur, il persiste en apnée (à la différence d’un frottement pleural). Il est qualifié de superficiel, râpeux, il est comparé au « crissement d’une botte de cuir neuf », ou au papier froissé, ou encore en Occident à de la « neige écrasée par le pas ». Il traduit l’inflammation des deux feuillets du péricarde : péricardite sèche ou avec épanchement. 

          Et aussi, l’auscultation pleuro pulmonaire des deux hémithorax où l’on attend un « murmure vésiculaire » normal et symétrique. Ou bien pour la cardiologie : une abolition du murmure vésiculaire (épanchement pleural) ; des râles « crépitants », fins secs inspiratoires (insuffisance cardiaque gauche, OAP …) ; des râles bronchiques ; des souffles pulmonaires ; des frottements pleuraux …

          Nous savons par les textes que les médecins égyptiens prêtaient attention aux bruits du cœur. Un certain nombre d’indices, nous le verrons, laissent à penser que les praticiens disposaient déjà en effet, aux époques pharaoniques, de quelques éléments objectifs dans ce domaine. Cependant, nous n’avons pas encore retrouvé les papyrus qui indiquaient tous les détails des moyens mis en œuvre pour cette exploration spécialisée.

          • Température. La palpation au moment de la prise du pouls permet également d’apprécier la température du sujet (+ main sur le front, rougeur du faciès ?). L’hyperthermie commence avec une T° > à 38°C. Dans les pays chauds, comme l’Égypte, on exercera un diagnostic différentiel avec un « coup de chaleur » : fatigue, céphalées, vertiges, crampes, sueurs, obnubilation, délire, agitation, agressivité, convulsions, baisse de la TA (ou augmentée), augmentation de la fréquence cardiaque, polypnée, nausées, vomissements, élévation de la température à 40° ou plus, coma. Aggravations rapides chez les cardiaques. Température létale > 41,5°C. Les médecins égyptiens y étaient attentifs.

 

 


 

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          • Prise de la tension. Et enfin, la mesure de la pression artérielle (TA), aux deux bras en position allongée après dix minutes de repos, puis debout. La pression systolique : pic de pression de la systole cardiaque ; éjection des ventricules. La pression diastolique : pression artérielle minimale ; remplissage des ventricules. La pression moyenne : force motrice de perfusion des organes. Valeurs normales pour les adultes : PAS (TA max.) 100 à 140 mm HG, PAD (TA min.) 50 à 85 mm Hg ; pour les enfants : PAS ≤ 90 mm HG, PAD ≤ 50 mm HG. Hypotension artérielle : PAS ≤ 90 mm HG, PAD ≤ 50 mm Hg. Hypertension artérielle PAS ≤ 140 mm HG, PAD ≤ 90 mm Hg.

          Nous avons déjà vu que les médecins égyptiens percevaient les battements cardiaques, et aussi, qu’ils avaient une notion de la pression vasculaire que j’ai traduit par les termes techniques « tonique », « tonicité », avec une augmentation de la pression veineuse : R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, La mère, l’enfant et le lait en Égypte Ancienne. Traditions médico-religieuses. Une étude de sénologie égyptienne (Textes médicaux des Papyrus du Ramesseum n° III et IV ), édité par Sydney H. Aufrère, Collection Kubaba – Série Antiquité – Université de Paris 1, Panthéon Sorbonne, L’Harmattan, Paris, 2010, p. 261, note (i), p. 258 ; p. 240, 264-265 ; et, « atonicité » générale, avec une diminution de la tension artérielle : R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, op.cit. 2010, p. 289 (26c, 30b), 294-295 note (n) ; tonicités générales normales et pathologiques : R.-A. Jean, « Notes complémentaires sur le cœur en Égypte », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, 29 avril 2013, 3.3 et fig. 8.

          • Examen des artères. Prise des pouls périphériques : carotidiens, brachiaux, apexien (enfant au 4e EIC, adulte au 5e EIC), fémoraux, poplités, tibiaux postérieurs, pédieux. Cela était à la portée des médecins égyptiens. Auscultation artérielle des artères carotides, sous-clavières, axillaires, aorte abdominale et fémorales. L’examen des membres inférieurs doit être systématiquement bilatéral et comparatif, en comparant la chaleur cutanée, la régularité, l’amplitude : recherche d’un souffle systolique (sténose), d’un souffle systolodiastolique (fistule artérioveineuse), irradiation au niveau inférieur d’un souffle cardiaque. Recherche d’une obstruction chronique des membres inférieurs (dépôt

pdroite) avec recherche d’une turgescence des veines jugulaires externes spontanée visible (↗︎ de la pression veineuse, ex : insuffisance ventriculaire droite, péricardite constrictive, tamponnade). Recherche d’un reflux hépato-jugulaire par pression ferme et suffisamment prolongée (30 secondes au moins), exercée par la main droite niveau de l’hypochondre droit du patient en position demi assise (gonflement durable des jugulaires lors de la pression sur le foie en cas d’insuffisance cardiaque droite). Les veines jugulaires peuvent être animées de battements synchrones de celui des oreillettes lors de troubles du rythme cardiaque.  

 

 


 

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          5.2. Les principaux signes fonctionnels cardiovasculaires

 

          Les douleurs. — Les douleurs thoraciques d’origine cardio‐vasculaire : insuffisance coronaire : angor, syndrome coronarien aigu - infarctus myocardique aigu. Autres étiologies : péricardite aiguë, embolie pulmonaire, dissection aortique aiguë, arythmies douloureuses. Les douleurs thoraciques d’origine non cardio‐vasculaire : algies précordiales d’origine « nerveuse » (précordialgies : Une localisation intercostale peut espérer éliminer un problème grave), douleurs cervico‐brachiales et pariétales, douleurs pleuro‐pulmonaires, douleurs d’origine digestive et hépatique (par exemple : une hépatomégalie douloureuse à la pression douce de l’hypochondre droit associée à une turgescence spontanée des jugulaires se rattache à un foie cardiaque). Les douleurs des membres inférieurs d’origine artérielle, ainsi que les douleurs des membres inférieurs d’origine veineuse « jambes lourdes » (Cf. supra, p. 30-31). Les douleurs seront étudiées en pathologies.

          Les dyspnées  Au cours des cardiopathies, elle correspond le plus souvent à une polypnée et à une sensation de soif d’air. La dyspnée d’effort et de repos. Le pseudo‐asthme cardiaque. L’œdème pulmonaire : détresse respiratoire typique et brutale, souvent nocturne. Il se caractérise par une polypnée superficielle, très rapide, angoissante, parfois douloureuse avec sensation de chape de plomb sur les épaules. Grésillement laryngé, toux avec des expectorations mousseuses, blanchâtres ou rosées, saumonées. Patient agité, en sueurs, en position demi-assise, ou assis jambes pendantes sur le bord du lit. À l’auscultation pulmonaire : marée montante de râles crépitants bilatéraux remontant des bases vers les sommets. Tachycardie. HTA, puis hypotension artérielle avec ou sans signes périphériques de choc, cyanose aggravante. Parfois, épanchement pleural uni ou bilatéral associé. 

          Les palpitations — Palpitations avec rythme cardiaque régulier : tachycardie sinusale, tachycardie de Bouveret (le cœur est dit « s’emballer », avec parfois un malaise lipothymique), flutter atrial, tachycardie ventriculaire (120 à 200 / mn - risque de syncope). Palpitations avec rythme cardiaque irrégulier : extrasystoles (perçues comme des à-coups thoraciques et/ou cervicaux, ou, de sensation d’arrêt transitoire du cœur), fibrillation atriale (« emballement » plus ou moins intermittent du cœur). La rythmologie est aujourd’hui considérée comme une spécialité dans la cardiologie.

          Lipothymies. Syncopes, pertes de connaissance, — Les lipothymies correspondent à des malaises sans perte de conscience vraie (le patient ouvre et ferme les yeux à la demande). Syncope vaso‐vagale (avec inconscience totale ou partielle), avec en prodrome : malaise général, nausées, bourdonnement, sueurs, et souvent en relation une atmosphère confinée, surchauffée, en post-prandiale, après une vive émotion, ou un coup douloureux – courant sur les anciens champs de batailles égyptiens. Syncope de Stokes‐Adams : « syncope à l’emporte pièce » brève et brutale sans prodrome ni raison apparente. Elle provoque une chute, d’où parfois un traumatisme. Elles sont potentiellement graves, et peuvent conduire à une mort subite. Autres syncopes : comme les syncopes d’effort (rétrécissement aortique, cardiomyopathie obstructive, trouble du rythme ventriculaire), les syncopes positionnelles après un passage du décubitus à la position debout une (hypotension orthostatique), ou déclenchée par le seul décubitus dorsal (peut signaler une tumeur intracardiaque). Ou encore par la rotation ou la compression du cou (hypersensibilité sino-carotidienne).

 

 


 

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          5.3. L’exploration instrumentale moderne

 

          Principales techniques utilisées de nos jours : 

 

          Biologie. — Examens de laboratoire (sanguins, urinaires). Tableau douloureux thoracique : CK‐MB, myosine, troponines, D‐Dimères. Dyspnée : pro‐BNP ou BNP. 

          ECG. — Électrocardiogramme.

          Holter. — Enregistrement continu de l’électrocardiogramme sur 24 heures.

          Stress test. — Épreuve d’effort (électrocardiogramme, capacité d’effort, analyse rythmique), scintigraphie, échographie et IRM de stress.

          Imagerie non invasive. — Échocardiographie-Doppler transthoracique et transoesophagienne, radiographies du cœur, CT scanner, et résonance magnétique nucléaire (RMN).

          Exploration invasive. — Cathétérisme hémodynamique, coronarographie (analyse quantitative et fonctionnelle des sténoses coronaires, imagerie intracoronaire), étude électrophysiologique.

          Radiologie nucléaire. — Injection de traceurs radioactifs.

 

          6. Les poumons

 

          Si l’on suit le parcours de l’air, l’appareil respiratoire débute dès le début des cavités nasales en haut, comme au niveau de la cavité orale située juste en dessous. Il se continue par le pharynx, puis, il poursuit par le larynx situé dans le cou, qui est lui-même prolongé par la partie supérieure de la trachée. La suite de la trachée plonge alors obliquement et en arrière dans le thorax, elle se trouve légèrement déviée vers la droite par la crosse de l’aorte, et donne deux bronches bifurquant à la hauteur de l’anneau carina en formant un angle d’environ 70°, l’une à droite, et l’autre à gauche. Enfin, accompagnées d’importants vaisseaux, et de nerfs, les bronches se portent chacune vers le hile du poumon correspondant pour former les pédicules pulmonaires (racines du poumon). Chaque bronche est destinée à traverser son poumon jusqu’à sa base en se divisant en de nombreuses ramifications qui s’affinent en bronchioles, en conduits alvéolaires, et en alvéoles qui sont le lieux des échanges gazeux entre l’air et le sang provenant des vaisseaux capillaires au sein du parenchyme pulmonaire. 

          Je résumerai ici rapidement la dissection de la partie proprement pulmonaire de l’appareil respiratoire, c’est-à-dire ce que l’on voit à l’ouverture du thorax et lié intimement au cœur, pour montrer que la compréhension de l’ensemble était tout à fait accessible aux anatomistes pharaoniques qui ne pouvaient pas manquer de remarquer, qu’à aucun moment, aucun conduit aérien ne débouche jamais à aucun endroit du cœur : en effet, ces gros conduits bien visibles à l’œil nu sont simples à discerner, à isoler, et à suivre manuellement en les dissociant des tissus voisins avec un doigt pourvu d’une étoffe, en s’aidant de sondes, et en plaçant des lacs d’écarts et de repérages. De plus, nous savons bien qu’à la campagne, les enfants ont tous joué à gonfler à la bouche, à partir du haut de la trachée sectionnée, des poumons ou des blocs cœurs-poumons de divers gibiers ou autres animaux de ferme (poules, canards, lapins …). Conduits fermés, il suffit également de presser les poumons d’un bloc pour remarquer que le cœur ne se gonfle à aucun moment de cette petite expérience, pas plus que les poumons ne s’amplifient si on presse le cœur. Les organes des petits bétails (moutons, porcs …) pouvaient également servir de terrains de recherche.

 

 


 

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          La physiologie, la sémiologie, et la pathologie pulmonaire, liées au cœur, resteront ici abordées avec celles cardiologiques énoncées plus haut ici même. Et l’on se reportera pour le moment pour le reste aux parties que j’ai déjà publiées de la « Pneumologie » : R.-A. Jean, « La médecine Égyptienne (3) : Le système respiratoire », dans Pharaon Magazine, 16, Janvier 2014, p. 47-50 ; — « Notes complémentaires sur le système respiratoire en Égypte ancienne (1) Anatomie », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 21 février 2014 ; — « Le système respiratoire en Égypte ancienne (3) Physiologie humaine théologique et royale (1) La fête sed et le souffle du roi », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 27 février 2014 ; — « Le système respiratoire en Égypte ancienne (4) Physiologie humaine théologique et royale (2) Le Sema-Taouy et la mécanique ventilatoire », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 12 mars 2014 ; — « Le système respiratoire en Égypte ancienne (6) Physiologie humaine théologique et royale (4) Conclusion cardio-pulmonaire », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 10 avril 2014 ; — « Le système respiratoire en Égypte ancienne (7) Physiopathologie (1) Associations pneumo-hépato-spléniques et cardio-circulatoires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 20 avril 2014.

 

          6.1. Les poumons

 

 

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          Placés de part et d’autre du médiastin, les deux poumons sont situés l’un à droite, et l’autre à gauche. Le poumon droit est plus gros que le poumon gauche. Chez un homme adulte, le poumon droit pèse environ 1300 g, contre 700 g pour le poumon gauche. Chez une femme adulte, le poumon droit pèse environ 550 g, contre 450 g pour le poumon gauche. Leurs capacités dépendent de leurs volumes : soit chez un homme adulte environ 5000 cm3 en inspiration forcée, pour 3500 cm3 en inspiration normale. Il faut savoir qu’un poumon qui a respiré est plus léger que l’eau (médecine légale). La surface extérieure du poumon correspond à l’aspect du feuillet viscéral de la plèvre qui est lisse et brillant. La teinte transparaissant est rosée chez l’enfant, gris rosé à bleuâtre chez l’adulte, en formant de petites figures polygonales plus foncées répondant aux limites des lobules pulmonaires les plus superficiels et dont la pigmentation s’accentue avec l’âge du sujet. Le parenchyme pulmonaire est de consistance molle au toucher, spongieuse, résistante, élastique, et crépite sous la pression des doigts (rupture des vésicules). 

          Chaque poumon est doté d’un sommet étroit qui épouse partiellement les deux hémi-parties supérieures du thorax, et d’une base plus large et concave qui se moule sur la convexité du diaphragme.

          Le poumon droit est divisé en trois lobes séparés par deux fissures interlobaires, l’une oblique et l’autre horizontale. Plus petit, le poumon gauche est divisé en seulement deux lobes séparés par une fissure interlobaire oblique (Fig. 56-57). Le lobe supérieur droit comprend trois segments, le lobe moyen droit deux, le lobe inférieur droit cinq ; le lobe supérieur gauche comprend quatre segments, le lobe inférieur gauche cinq.

 

                    6.2. Les pédicules pulmonaires

 

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          6.3. La trachée et les bronches

 

          La trachée. — D’une longueur totale de 11 à 12 cm, formée de 16 à 20 anneaux cartilagineux incomplets d’un diamètre moyen de 12 mm ouverts en C, et séparés par des dépressions interannulaires, la trachée correspond à un tube cylindrique élastique, résistant en avant, mais qui se montre aplati et membraneux souple en arrière. Sa section est en forme de D (C antérieur inversé + trait postérieur). Sur le cadavre d’un homme adulte le diamètre moyen s’élève de 16 mm à 20 mm. Plans tégumentaires, osseux, aponévrotiques, musculaires, membraneux franchis, son trajet est facile à suivre au doigt en écartant au fur et à mesure tous les éléments anatomiques en rapport : tout d’abord dans la portion cervicale, se trouve l’œsophage placé immédiatement en arrière de la trachée et qui l’accompagne du haut en bas jusqu’à sa bifurcation, en-dessous du larynx en avant nous trouverons les deux lobes latéraux du corps tyroïde réunis au centre par son isthme qui recouvre les 2e, 3e et 4e cartilages trachéaux, les veines thyroïdes plaquées sur la face antérieure de la trachée à ce niveau, puis, de chaque côté se situe un paquet vasculo-nerveux formé de son artère carotide commune, de sa veine jugulaire interne, et du nerf vague. Tous ces éléments sont relativement aisés à séparer à la sonde. Ensuite, dans la portion cervico-thoracique et thoracique, la trachée peut éventuellement chez le sujet jeune être d’abord en rapport en avant avec les deux lobes du thymus semblant s’asseoir sur le péricarde (normalement jusqu’à 25 ans). Après, dans la portion thoracique, nous croisons sous le bas du thymus ou sous un corps adipeux vestige du thymus, le tronc bracchio-céphalique veineux droit à gauche, qui se prolonge en bas par la veine cave supérieure, puis, nous voyons la trachée barrée par le tronc céphalique veineux gauche se dirigeant vers la droite, avec situé juste en dessous à gauche, le tronc bracchio-céphalique artériel droit, un espace libre, l’artère carotide gauche à droite immédiatement suivie de l’artère sub-clavière gauche ces artères débouchant toutes de l’importante crosse de l’aorte bien visible plus bas. Au devant de la bifurcation des deux bronches principales (bronches souches) se trouvent les artères pulmonaires droite et gauche issues du tronc pulmonaire (sang veineux), ainsi de cette manière elles se croisent en deux Y inversés, sachant que l’artère pulmonaire gauche passe sur la bronche gauche, l’aorte descendante passant sous la même bronche gauche, et, que l’artère pulmonaire droite voit passer la partie ascendante de l’aorte sur elle en avant. Cette imbrication se clarifie subitement dès que le plexus cardiaque supérieur avec ses ganglions est écarté comme un filet, et que le ligament artériel unissant la partie inférieure de la crosse de l’aorte à la partie moyenne centrale du tronc pulmonaire est tranché au bistouri (Cf. supra, p. 12, 17 et fig. 34). 

 

 

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          Les bronches. — Constituées de la même manière que la trachée, elles sont faciles à repérer à la suite de la bifurcation qui s’effectue au niveau de la carène. Presque verticale (d’où la fréquence du passage de corps étranger à ce niveau), la bronche principale droite mesure environ 2,5 cm de long, tandis que la bronche principale gauche, d’un diamètre plus étroit, est longue d’environ 5 cm. Ces deux bronches souches, chacune de son côté, se divisent ensuite en bronches lobaires suivant chacune leur lobe en prenant diverses appellations selon leur propre position (supérieure, moyenne, inférieure …) ; bronches lobaires qui se subdivisent à leur tour en bronches segmentaires en suivant chacune leur segment de lobe et en prenant diverses appellations selon leur propre direction (apicale, ventrale, dorsale …) ; bronches segmentaires qui se ramifient enfin toutes en bronchioles. Ainsi sont constitués les arbres bronchiques droits et gauches repérables aujourd’hui en bronchographie en fonction des incidences radiologiques.

          Dans leur partie interne, les poumons sont chacun traversés par leur arbre bronchique (Fig. 59-60) accompagné sur ses trajets et ramifications par les ramifications de l’artère pulmonaire qui vont jusqu’à former en leurs lieux d’épanouissement un réseau péri-alvéolaires autour des dites alvéoles afin d’y apporter du sang veineux issu du ventricule droit du cœur. Une fois l’échange gazeux opéré au niveau des alvéoles pulmonaires, le sang diffuse dans les ramifications naissant du réseau péri-alvéolaire pour former des troncs de plus en plus importants qui se dirigent dans les espaces inter-bronchiques pour enfin donner au niveau du hile deux veines pulmonaires qui apportent ce sang, cette fois oxygéné, dans l’oreillette gauche. Notons que les veines pulmonaires sont avalvulaires.

 

 

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          6.3. Les plèvres

 

          Les deux poumons sont chacun contenus dans leur propre plèvre qui correspond à une séreuse constituée de deux feuillets (ou lames). Ces deux feuillets se réfléchissent au niveau du hile pour donner un feuillet pulmonaire qui s’insinue jusque dans les scissures, puis un autre qui est pariétal plaqué contre la surface interne du thorax où il est maintenue par des ligaments. Entre ces deux feuillets est ménagée une cavité virtuelle à pression négative les faisant adhérer l’un à l’autre. Les mouvements générés au cours des ampliations respiratoires sont facilités par la sécrétion du liquide pleural lubrifiant dont la quantité totale doit rester constante (0,26 ml/kg). 

          Un épanchement pleural liquidien correspondra à une accumulation anormale de liquide entre ces deux membranes. Un épanchement pleural gazeux ou pneumothorax, correspondra à une accumulation anormale d’air entre ces deux membranes. Ce dernier peut être associé à des épanchements liquidien, hématique ou infectieux (hydropneumothorax, hémopneumothorax ou pyopneumothorax).

 

 


 

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          7. Les causes favorisantes autrefois en Égypte

 

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          8. Un peu d’histoire après l’Égypte pharaonique

 

          La circulation sanguine est habituellement attribuée à William Harvey (1578-1657) [40]. Or, nous savons maintenant qu’elle lui est bien antérieure. Les documents actuellement accessibles nous enseignent en effet que le corpus transmis par les grands anciens comme Galien (129-vers 201 av. J.-C) fit foi pendant quatorze siècles, malgré les erreurs, y compris celles transmises par l’Alexandrin Erasistrate. Ainsi par exemple avec Galien pour la petite circulation, pour aller du ventricule droit au ventricule gauche, le sang est censé passer entre les deux ventricules, il est donc pas totalement reçu par les poumons qui en reçoivent cependant un petit peu, mais seulement pour les nourrir. Ensuite en ce qui concerne la grande circulation, ce sont simultanément les artères et les veines qui sont censées envoyer le sang produit par le foie vers la périphérie où il sera absorbé par l’organisme, il s’évaporera. Galien rectifiera pourtant un certain nombre d’erreurs commises par Hippocrate (vers 460-377 av. J.-C) et Aristote (384-322 av. J.-C), par exemple sur la présence d’air dans le cœur gauche, et il indique bien le cours du sang dans les artères. Il faut maintenant souligner, au moyen âge, les travaux du médecin et anatomiste Ibn Al Nafis (1210-1288), natif de Damas et qui exerçait au Caire, quand il écrit : « Une fois que le sang a été raffiné dans cette cavité [le ventricule droit du cœur], il doit nécessairement passer dans la cavité gauche du cœur, là où se forme le souffle vital. Or il n’y a pas de passage entre ces deux cavités, car la substance du cœur en cet endroit est compacte, ne comportant ni de passage comme on le croyait communément, ni de passage inapparent qui permettrait le passage du sang comme l’a imaginé Galien. Les pores du cœur en cet endroit sont fermés et la substance du cœur épaisse. Aussi une fois raffiné, le sang doit nécessairement passer de la veine artérieuse [l’artère pulmonaire] au poumon pour se répandre dans la masse, se mélanger à l’air, purifier la partie la plus fine puis pénétrer dans l’artère veineuse [la veine pulmonaire] qui l’amène à la cavité gauche du cœur. Ce sang mélangé à l’air est devenu apte à générer le souffle vital » [41]. Ce qui est exacte. A-t-il eu connaissance d’écrits locaux égyptiens bien plus anciens ? À la Renaissance, Léonard de Vinci (1452-1519) étudia aussi l’anatomie, et reproduit le cœur et des vaisseaux d’une façon très alerte dans de belles planches (Fig. 57-59), mais il n’en tire pas les leçons observationnelles et ne semble pas remettre en cause le corpus grec et ses erreurs – bien qu’il rectifie à force d’études quelques-unes de ses propres méprises antérieures.

 

 


  

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En étudiant le cœur du bœuf il décrit avec une assez grande précision les ventricules et les oreillettes, et la structure et le fonctionnement des valves. Ainsi, il comprend que le ventricule droit reçoit le sang du système veineux, que le sang sort du ventricule gauche pour irriguer les artères et que chacune des valves peut se fermer hermétiquement. Encore par exemple, il note les trabécules, et surtout, il indique la bande musculaire de tissu cardiaque maintenant appelée bande modératrice ou trabécule septomarginale qui est présente dans le ventricule droit du cœur. Il dépeint les bronches et ses ramifications, bien individualisées des vaisseaux sanguins. Léonard de Vinci ne possédait pas plus de moyens d’investigation que les anatomistes égyptiens, cette perception avancée ne leur était donc pas complétement inaccessible. 

 

 

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          Il faut ensuite citer le médecin et théologien Michel Servet (1511-1553) qui écrit : « Les poumons envoient vers le cœur, à travers l’artère veineuse [la veine pulmonaire], non pas de l’air simple mais de l’air mélangé à du sang ; le mélange s’effectue donc au niveau des poumons ... Par un artifice semblable à celui par lequel s’accomplit, au niveau du foie, le passage du sang depuis la veine porte vers la veine cave, la transfusion de l’esprit se fait dans le poumon depuis la veine artérielle [l’artère pulmonaire] vers l’artère veineuse [la veine pulmonaire]. Celui qui compare ces données à celles énoncées par Galien De usu partium, livres 6 et 7, comprend parfaitement la vérité, alors qu’elle a échappé à Galien » … l’auteur conclut ainsi : « Pour la plus grande partie, l’air inspiré est amené à travers la trachée-artère aux poumons, pour passer dans l’artère veineuse [la veine pulmonaire] après avoir été transformé par eux. Dans l’artère veineuse [la veine pulmonaire], il est mélangé au sang jaune et subtil, et mieux élaboré. Alors la totalité du mélange est attirée par le ventricule gauche du cœur au cours de la diastole ; dans le ventricule gauche par le feu vivifiant qui s’y trouve, le mélange prend sa forme parfaite ; débarrassé durant cette élaboration d’une grande quantité de déchets fuligineux expirés, il devient esprit vital. Le tout est, pour ainsi dire, la substance même de l’âme » [42]. Il s’agit d’une description de la petite circulation, et qui est dite en termes proches de ceux d’Ibn Al Nafis (en a-t-il eu connaissance ?). Toujours à la Renaissance, André Vésale (1514-1564) décrit les valves cardiaques, la veine azygos, et le canal d’Arantius (qui s’insinue chez le fœtus entre la veine ombilicale et la veine cave). Il écrit encore : « je ne vois toujours pas comment la quantité de sang la plus infime pourrait être infusée, à travers la substance du septum, du ventricule droit vers le gauche » [43]. L’auteur ne constate donc pas de communication anatomique, mais il indique plus loin, bien qu’embarrassé, que le sang passe quand même entre les deux ventricules (!), cédant ainsi aux anciens corpus dépassés ...

 

 


 

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Exerçant au sein de l’Université de Padoue, il faut encore citer Matteo Realdo Colombo (1516-1559), et son adjoint Juan de Valverde (1520-1588), qui décrivirent en termes analogues la petite circulation, mais en se trompant sur la grande circulation en disant que les veines viennent du foie [44]. Ensuite, un de leurs élèves passé de l’Université de Padoue à celle de Pise, André Césalpin (1519-1603), reprend la description de la petite circulation qui lui avait été enseignée, et la reprécisera en employant pour se différentier de ses maîtres une autre terminologie qui restera jusqu’à aujourd’hui avec les mots : « circulation », « veine cave », « artère pulmonaire », « veine pulmonaire ». Il indiquera après une série d’expériences, que « les veines se remplissent au-dessous et non au-dessus du garrot. Il en serait tout autrement, si le mouvement du sang dans les veines était dirigé du cœur aux parties », et décrit la fonction des valvules veineuses. Il pense aussi que le sang se distribue dans des « branchiolles » et entre en contact avec l’air dans les poumons. Il donne les sens de la grande circulation : « le sang, conduit au cœur par les veines, y reçoit sa dernière perfection et, cette perfection acquise, il est porté par les artères dans tout le corps ». Il pressent l’existence des vaisseaux capillaires qu’il nomme « vasa capillarimenta resoluta » [45]. Cependant, il répète également l’erreur de la cloison qui serait percée entre les deux ventricules, n’osant ainsi toujours pas rompre avec l’ancienne tradition. Enfin, William Harvey abandonnera définitivement les anciennes erreurs, récapitulera toutes les notions justes après les avoir expérimentées d’une manière approfondie et avec méthode, et il les synthétisera : « le sang passe par les poumons et le cœur, il est chassé par la contraction des ventricules, de là, il est lancé dans tout le corps, il pénètre dans les porosités des tissus et des veines, il s’écoule ensuite par les veines de la circonférence au centre et des petites veines vers les grandes, enfin il arrive à la veine cave et à l’oreillette droite du cœur ... Le sang est animé d’un mouvement circulaire qui l’emporte dans une agitation perpétuelle, c’est là la fonction du cœur qui est la cause unique de tous ces mouvements » [46].

          Il faut cependant rendre hommage à Galien, qui avait compris malgré tout que les artères et les veines, dont les structures ne sont pas pareilles, renferment un sang différent par la quantité de l’air qui est mêlée au sang. Nous verrons que les savants égyptiens avaient une certaine idée de la respiration.

 

 

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          9. Première conclusion

 

          Bien que privés des moyens modernes d’investigations, nous verrons prochainement en analysant les textes et les objets muséologiques qui nous ont été conservés, que les médecins égyptiens des anciennes époques avaient une certaine idée du cœur, des poumons, des vaisseaux, de leurs pathologies, alliée à un certain sens pratique de leurs examens. En ce qui concerne la clinique cardiologique, la perception du praticien sera naturellement limitée à ce qu’il est possible d’examiner avec ses seuls sens, dont les yeux, le toucher avec les mains, et les oreilles à l’écoute du patient. C’est de cette manière que naquit en Égypte cette science difficile. Ainsi, avec de l’expérience, un certain nombre de ces petits gestes enchaînés et ne nécessitant aucune instrumentation particulière, mais de l’attention, ont été pratiqués, au moins pour plusieurs d’entre eux aux époques pharaoniques parmi ceux que je viens de décrire rapidement. Ils durent permettre de donner des informations à usage diagnostique, ainsi qu’à minima dans les cas le plus graves, à usage pronostique.

 

 


 

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          Nous constaterons également ensemble que les écrits et les représentations pharaoniques nous livrent une physiologie qui indiquent une particulière curiosité pour ce système particulier, jusqu’à établir un lien étroit avec le cerveau, partie que nous analysons également plus avant dans ce contexte. Ainsi, nous avons déjà vu que le cœur avait une autonomie (Cf. supra, Le tissu nodal, p. 15-16), ce qui avait été remarqué par les observateurs pharaoniques, phénomène qui pouvait même se vérifier in situ sur le défunt, dans la mesure où des études récentes nous montrent que cet organe pugnace est même capable de redémarrer plusieurs fois après la mort [47] (Fig. 61). Pour les pathologies en rapport, voir les AVC : après un AVC non cardio-embolique, 20 % des patients sont en fibrillation atriale [48] ... Tout ceci ne pouvait pas manquer d’intriguer au plus haut point nos antiques prédécesseurs, et d’influencer la pensée médicale et religieuse du temps – d’où parfois une inévitable imbrication.

          En ce qui concerne les maladies parasitaires, nous avons déjà pu mesurer la juste adéquation anémie/répercussions cardiaques, or, les anémies sont répertoriées en Ancienne Égypte. Nous savons de plus maintenant grâce à des études récentes de paléopathologie [49] que les anémies pouvaient débuter dès l’enfance. Ainsi les chercheurs ont conclu que les principales causes de ces anémies étaient la malnutrition, les parasitoses, et plus rarement certains troubles génétiques. Par exemple, l’un des enfants étudiés était atteint à la fois d’une thalassémie et du syndrome de Beckwith-Wiedemann (SBW). Cette dernière pathologie s’accompagne de malformations cardiaques dans 9 à 34 % des cas : c’est-à-dire d’une cardiomégalie résolutive suivie d’une cardiomyopathie. Il reste remarquable qu’un lien fût déjà conçu en Égypte pharaonique, entre toute une symptomatologie cardio-vasculo-pulmonaire et anémique dans le syndrôme âaâ, avec une partie comprise de sa physiopathologie, accompagnée de la détermination de ses causes réelles d’origines vermineuses naturelles – et non surnaturelles induites. Voir à ce sujet : R-A. JEAN, « Infectiologie X. Parasitologie XI. La bilharziose et autres parasitoses », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 31 mai 2021 ; — « Infectiologie XI. Parasitologie XII. L’ankylostomiase et autres parasitoses », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 1er septembre 2021 ; — « Infectiologie XII. Parasitologie XIII. L’ascaridiose, et associations parasitaires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 mars 2022 ; — « Infectiologie XIII. Parasitologie XIV. Tæniasis, cysticercose, et associations parasitaires - 1 », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 16 août 2022 ; — « Infectiologie XIV. Parasitologie XV. Tæniasis, cysticercose, et associations parasitaires - 2 », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 décembre 2022. 

 

 

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[1] Je rappellerai encore ici qu’il ne s’agit pas d’un « cours de médecine », mais d’une introduction à l’histoire de la médecine égyptienne ancienne dirigée aujourd’hui sur la cardiologie. Les éléments donnés seront donc limités à ce qu’il est utile d’évoquer dans ce domaine avant d’envisager d’explorer ce que les anciens pouvaient en comprendre et être capables d’exprimer dans les textes médicaux et toutes autres représentations du temps. Toutes les pathologies ne seront donc pas envisagées, et la sémiologie sera réduite.

[2] Pour plus de détails anatomiques, on se reportera naturellement à : H. Rouvière, Atlas d’anatomie, Paris 1959, p. 88-105 ; 201-207, 214-223 ; 238-249, 258-171. H. Rouvière, Précis d’anatomie et de dissection, Paris, 1976, p. 465-500, 602-619, 752-756, 768-769, 774-775, 797-803, 811-812, 820-826, 835, 836-838, 845-846. H. Rouvière, Précis d’anatomie et de dissection, Paris, 1978, p. 501-603 ; H. Rouvière, A. Delmas, Anatomie humaine descriptive, topographique et fonctionnelle, II, Tronc, Paris, 2002, p. 129-270 ; P. Kamina, Anatomie clinique, III, Thorax et Abdomen, Paris, 2014, p. 95-172. 

[3] Fr. Boustani, L’essentiel en Cardiologie, Sauramps médical, Montpellier, 2022. Traité EMC Cardiologie, Elsevier Masson SAS, Paris, 2023.

[4] Ch.K. Friedberg, Maladies du cœur, Maloine, Paris, 1959, I et II. G. Mathé, G. Richet, J.-P Benhamou, P. berthaux, J. Chrétien, F. Contamin, J.-P. Hardouin, J. Lissac, A. Ryckewaert, P. Vernant, Sémiologie médicale, Flammarion, Paris, 1965, p. 298-481. J. Lenègre, P. Soulié, Maladies de l’appareil cardio vasculaire, I et II, Collection médico-chirurgicale, Flammarion, Paris, 1968 (à révisions annuelles).

[5] H. Von Staden, Herophilus. The Art of Medicine in Early Alexandrie, Cambridge, 1989.

[6] Pour le Livre des Cavernes, voir : Al. Piankoff, « Le livre des Quererts [1]. Ier tableau », BIFAO, 41, 1942, p. 1-11 ; — « Le livre des Quererts [2] », BIFAO, 42, 1944, p. 1-62 ; — « Le livre des Quererts (fin) », BIFAO, 45,1947, p. 1-42. Er. Hornung, Les Textes de l’au-delà dans l’Égypte ancienne, Paris, 1997, p. 112-123, p. 116.

[7] R.-A. Jean, À propos des objets égyptiens conservés au Musée d’Histoire de la Médecine, Université Paris V, Paris, 1999 ; — La chirurgie en Égypte ancienne. À propos des instruments médico-chirurgicaux métalliques égyptiens conservés au Musée du Louvre, Éditions Cybèle, Paris, 2012 ;— « Médecine et chirurgie dans l’ancienne Égypte », dans Pharaon Magazine, n° 11 - Novembre 2012, p. 46-51 ; — « Forces ancêtres des ciseaux chirurgicaux. À propos de deux modèles égyptiens », Clystère, n° 23, 2013, p. 10-14 ; — « Dioptres ancêtres des grands spéculums. À propos de deux représentations égyptiennes », dans Clystère, n° 29, 2 avril 2014, p. 5-13 ; — « Tefaw ancêtres des scies chirurgicales : À propos d’une représentation égyptienne », dans Clystère, n° 59, avril 2017, p. 3-45 ; — « Trois objets égyptiens antiques du Musée du Val-de-Grâce », Clystère, n° 38, mars 2015, p. 3-14 ; — « Une suite d’instruments antiques du Musée du Val-de-Grâce », dans Clystère, n° 39, avril 2015, p. 9-17 ; — « Autres instruments antiques et anciens du Musée du Val-de-Grâce », dans Clystère n° 40, mai 2015, p. 8-23 ; — , « Pour une introduction à la médecine égyptienne », dans Clystère n° 50, mai 2016, p. 56. — « C’est quoi le relief médical de Kom Ombo ? » - Nous vous proposons de découvrir le relief des instruments médicaux du temple de Kom Ombo - Pharaon Magazine / YouTube - 26 octobre 2021.

R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, La mère, l’enfant et le lait en Égypte Ancienne. Traditions médico-religieuses. Une étude de sénologie égyptienne (Textes médicaux des Papyrus du Ramesseum n° III et IV), édité par Sydney H. Aufrère, Collection Kubaba – Série Antiquité – Université de Paris 1, Panthéon Sorbonne, L’Harmattan, Paris, 2010, p. 431-436, 452-454 et p. 458. 

R.-A. Jean, X. Riaud, « L’odontostomatologie en Égypte antique - II , L’instrumentation disponible », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 1er octobre 2013.

[8] R. J. Frink, B. Merrick, « Sheep heart - coronary and conduction system anatomy with special reference to presence of an os cordis) », Anatomical Record, 179, 2, 1974, p.189-199.

[9] A. A. Mohammadpour, M. Arabi, « Morphological study of the heart and os cordis in sheep and goat », Indian. Veterinary Journal, 84, 3, 2007, p. 284-287.

[10] M. Le Berre, Faune du Sahara, II, Les mammifères, Col. Terres Africaines, Centre National des Lettres, Lechevalier – R. Chabaud, Paris, 1990, p. 224-225.

[11] D.J. Osborn, J. Osbornová, The Mammals of Ancient Egypt, Warminster, 1998, p. 192-194. J. Yoyotte, dans : P. Vernus, J. Yoyotte, Bestiaire des pharaons, 2ème édition révisée et augmentée, Paris, 2005, p. 554-555. 

[12] Voir par exemple : Dr Lortet, M.C. Gaillard, La faune momifiée de l’Ancienne Égypte, III, Lyon, 1907, p. 89-94. Osborn, Osbornová, The Mammals of Ancient Egypt, Warminster, 1998, p. 192-194.

[13] Pour une écoute actuelle des bruits du cœur, voir par exemple : https://webtv.univ-rouen.fr/permalink/v125154ba45d20jaucvj/ . 

[14] Voir par exemple : C. Almange, M.-C. Aumont, et al., Sémiologie cardiologique, CNEC, 2009, p. 28.

 

 


 

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[15] René-Théophile-Hyacinthe Laennec, De l’Auscultation médiate, ou Traité du diagnostic des maladies des poumons et du cœur, fondé principalement sur ce nouveau moyen d'exploration, I et II, Chez J.-A. Brosson et J.-S. Chaudé, Paris, 1819.

[16] René-Théophile-Hyacinthe Laennec, op. cit. 1819, I, p. 8-9-10.

[17] S.M. Daghash, H.A.M. Farghali, « The cardiac skeleton of the Egyptian Water buffalo (Bubalus bubalis) », Int. J. Adv. Res. Biol. Sci., 4, 5, 2017, p. 1-13.

[18] G. Dupuy, « La croix du cerf. L’os de cœur du cerf », Les cahiers cynégétiques du naturaliste, N° 4, Montbel, Paris, 2011.

[19] Voir pour tout cela : A. Best, M. Egerbacher, S. Swaine, W. Pérez, Az. Alibhai, P. Rutland, V. Kubale, S.A.A. El-Gendy, M.A.M. Alsafy, K. Baiker, Cr.J. Sturrock, C. Sian Rutland, « Anatomy, histology, development and functions of Ossa cordis: A review », Anatomia Histologia Embryologia, 51, 6, November 2022, p. 683-695.

[20] M.-Th. Zwettler, Die Herzknochen, Ossa cordis. Eine Untersuchung an ausgewählten Schalenwildarten (Capreolus capreolus, Cervus elaphus, Cervus nippon, Cervus dama, Ovis aries), Abschlussarbeit zur Erlangung der akademischen Bezeichnung « Akademische Jagdwirtin » im Rahmen des Universitätslehrgangs Jagdwirt/in Institut für Wildbiologie und Jagdwirtschaft (IWJ), Department für Integrative Biologie und Biodiversitätsforschung, Wien, Jänner 2019.

[21] S. Moittié, K. Baiker, V. Strong, Em. Cousins, K. White, M. Liptovszky, Sh. Redrobe, Az. Alibhai, Cr.J. Sturrock, C.S. Rutland,« Discovery of os cordis in the cardiac skeleton of chimpanzees (Pan troglodytes) », Scientific Reports, 10, 1,‎ décembre 2020, p. 9417.

[22] R. J. Frink, B. Merrick, op. cit., 1974, p.189-199 ; T.N. James, « Anatomy of sinus node av node and Os Cordis of beef heart », Anatomical Record,153, 1965, 4, p. 361-371 ; M. Egerbacher, H. Weber, S. Hauer, « Bones in the heart skeleton of the otter (Lutra lutra), Journal of Anatomy »,196, 2000, p. 485-491.

[23] Voir par exemple : Gustav von Vaerst, Über Vorkommen, anatomische und histologische Entwickelung sowie physiologische Bedeutung der Herzknochen bei Wiederkäuern, Erlangen, Universität, Dissertation, J. B. Hirschfeld, Leipzig 1886.

[24] Aristote, De partibus animalium, Livre III,4, 667a – 16 ; Aristote, Traités des parties de animaux, et, de la marche des animaux, ed. Jules Barthélemy de Saint-Hilaire, Hachette, Paris, 1883, II, Ch XI, § 5, p. 169 ; Aristote, Histoire des animaux, ed. J. Bertier, Gallimard, Paris, 1994, Livre II, Ch. 15, 10, p. 136.

[25] Claude Galien, Administrations anatomiques, édition M. Jaques Dalechamps, à Lyon chez Benoist Rigaud Libraire imprimeur, 1572, livre VII, Ch X, p. 176a-177. C. Daremberg, Œuvres anatomiques, physiologique et médicales de Galien, Baillière, Paris, vol. I, 1854, Ch. XIX, p. 447-449, et note 3 p. 447-449 pour le « Manuel des dissections, VII,X ».

[26] D. Gourevitch, Histoire de la médecine. Leçons méthodologiques, Paris 1995, p. 104-108. Voir aussi : M.D. Grmek (dir.) et D. Gourevitch,Histoire de la pensée médicale en Occident, vol. 1 : Antiquité et Moyen Age, Seuil, Paris, 1995, « Les voies de la connaissance : la médecine dans le monde romain », p. 95-122.

[27] Marinus d’Alexandrie, cité : C. Daremberg, op. cit. vol. I, 1854, note 3 p. 448 (bas de page).

[28] Dictionnaire Universel François et Latin : contenant la signification et la définition tant des mots de l’une & de l’autre Langue avec leurs différens usages, que des tèrmes propres de chaque Etat & de chaque Profession. La Description de toutes les choses naturelles & artificielles ; leurs figures, leurs especes, leurs usages & leurs propriétez. L'Explication de tout ce que renferment les Sciences & les Arts, soit Libéraux, soit Mécaniques. Le tout tiré des plus excellens Auteurs, des meilleurs Léxicographes, Etymologistes [et] Glossaires, qui ont paru jusqu'ici en différentes Langues, à Nancy, Chez Pierre Antoine, Imprimeur Ordinaire de S.A.R. & Marchand Libraire, IV, Vol. 4, 1734, col. 378. Voir encore par exemple : Jacques Du Fouilloux, La vénerie, Émile Nourry, Paris, 1928, p. 114-115 ; Jean-Baptiste-Jacques Le Verrier de la Conterie, L’école de la chasse aux chiens courants, chez Émile Nourry, Paris, 1932, p. 125-126.

[29] Otto Zekert, Dispensatorium pro pharmacopoeis Viennensibus in Austria 1570, publié par vom österreichischen Apothekerverein und der Gesellschaft für Geschichte der Pharmazie, Deutscher Apotheker-Verlag Hans Hösel, Berlin 1938, S. 138 f : Cartilogo et Chartilago.

[30] Je remercie ici vivement Madame Camille Jolin, conservateur du Musée de l’Ordre des Pharmaciens à Paris, de m’avoir permis de photographier ces exemplaires et de les publier.

[31] Johann Georg Agricola, Cervi excoriati et dissecti in medicina usus, Verlag Forster, Amberg, 1603 ; — Cervi cum integri et vivi natura et proprietas tum excoriati et dissecti in medicina usus, Verlag Forster, Amberg, 1617, p. 151-152-153. 

 

 


 

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[32] Michael Bernhard Valentini, Museum Museorum oder vollständige Schaubühne aller Materialien und Specereyen Nebst deren Natürlichen Beschreibung, Election, Nutzen und Gebrauch, Aus andern Material- Kunst- und Naturalien-Kammern, Oost- und West-Indischen Reiss-Beschreibungen, Curiosen Zeit- und Tag-Registern, Natur- und Artzney-Kündigern, wie auch selbst-eigenen Erfahrung, Zum Vorschub Der Studirenden Jugend, Materialisten, Apothecker, und deren Visitatoren, wie auch anderer Künstler, als Jubelirer, Mahler, Färber, u.s.w… Johann David Zunners, Franckfurt am Mayn, 1704, Ossa cordis, p. 83. 

[33] Nicolas Lemery, Traité Universel des drogues Simples, Chez Laurent d’Houry, Paris, 1699, « Cervus », p. 177. 

[34] Moyse Charas, Pharmacopée Royale Galénique et Chymique, chez l’Auteur, Paris, 1676, p. 318, et p. 321 dans l’opiat de Salomon.

[35] Moyse Charas, Pharmacopée Royale Galénique et Chymique, à Lyon, chez les Frères Bruyset, 1753, I, p. 8 et 16.

[36] N.-J.-B.-G. Guibourt, Histoire abrégée des drogues simples, tomes I-IV, Chez Mequignon-Marvis, Paris, 1836, II, p. 701-702.

[37] J.-B. Roussel, Dictionnaire analytique et raisonné des articles indigènes et exotiques, ou connaissance des marchandises, Librairie Internationale, Paris, 1859, 3-4-5, NAC-ZIT, p. 316.

[38] Ainsi, voir pour les vaisseaux de la tête et du cou : R.-A. Jean, « Anatomie humaine. La tête et le cou – II, Ostéologie et parties molles », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 27 mai 2015, p. 16-17, p. 21-22 ; — , « Anatomie humaine. La tête et le cou – IV, Atlas anatomique égyptien commenté (2) La tête, ostéologie et parties molles », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg,20 juin 2015, p. 25-27 ; — , « Anatomie humaine. La tête et le cou – V, Atlas anatomique égyptien commenté (3) Le cou », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 30 septembre 2015, p. 22-23 ; — , « Clinique obstétricale égyptienne - III . Inspection vasculaire de la face et des membres supérieurs », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers,13 juillet 2017, p. 2-9, et 13. Les vaisseaux du rachis : — , « Anatomie humaine. Le rachis - I », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 25 février 2015, p. 6-7 ; — , « Anatomie humaine. Le rachis - II. Atlas anatomique égyptien commenté », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 16 mars 2015, p. 15, p. 23. Pour les vaisseaux du tronc : — , « Le cœur, les poumons, et les vaisseaux, 1 - Anatomie, Physiologie, Sémiologie », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 14 juin 2023 (ici même), p. 25-28 ; Les vaisseaux du thorax : — , « Anatomie humaine. Le membre supérieur - I , La ceinture thoracique », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 1er octobre 2014, p. 7-8 ; — , « Anatomie humaine. Anatomie de la femme (9), Anatomie du sein et Atlas 3 (1ère partie) », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg - Angers, 20 avril 2016, p. 3-7, puis 15, et 17 ; voir aussi la « Pneumologie » et la « Cardiologie ». Les vaisseaux de l’abdomen : — , « Anatomie humaine. L’abdomen - I, Surface, myologie, et signes superficiels », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 25 juillet 2016, p. 7, 12-13 ; — , « Anatomie humaine. L’abdomen - II, Splanchnologie - I, et Atlas », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 25 octobre 2016, p. 10-12 ; — , « Anatomie humaine. L’abdomen - IV, Splanchnologie - III, Le foie et le pancréas », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 29 décembre 2016, p. 7-10, 19 ; — , « Anatomie humaine. L’abdomen - V, Splanchnologie - IV, Les vaisseaux profonds. Les vaisseaux digestifs. L’assimilation », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 27 janvier 2017, p. 2-20 ; — , « Anatomie humaine. L’abdomen - VI, Splanchnologie - V, La rate. Les reins, l’excrétion », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 25 février 2017, p. 4-9, 13, 15-18, 22-28. Les vaisseaux du bassin : — , « Anatomie humaine. Le bassin - II. Atlas anatomique égyptien commenté. Les bassins masculin et féminin », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 12 janvier 2015, p. 17-18 ; — , « Anatomie humaine. Le bassin – III. Anatomie de la femme (4), Les parties molles », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 1er décembre 2015, p. 13 ; — , « Anatomie humaine. Le bassin – VII. L’appareil génito-urinaire de l’homme - Atlas (1, 2ème partie) », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 6 juin 2016, p. 8 ; — , « Anatomie humaine. Le bassin – VIII. L’appareil génito-urinaire de l’homme - Atlas (2), Atlas chirurgical - La circoncision », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 25 juin 2016, p. 17. Les vaisseaux des membres supérieurs : — , « Anatomie humaine. Le membre supérieur - II, Le bras, l’avant-bras et la main », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 30 juin 2014, p. 11 ; — , « Anatomie humaine. Le membre supérieur - III - Atlas anatomique égyptien commenté (1) La ceinture thoracique », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 18 octobre 2014, p. 15-17 ; — , « Anatomie humaine. Le membre supérieur - IV - Atlas anatomique égyptien commenté (2) Le bras et l’avant-bras », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 29 octobre 2014, p. 16-17 ; — , « Clinique obstétricale égyptienne - III . Inspection vasculaire de la face et des membres supérieurs », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers,13 juillet 2017, p. 10-12. Les vaisseaux des membres inférieurs : — , 

 

 


 

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« Anatomie humaine. Le membre inférieur - I », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 30 juin 2014, p. 5 ; — ,« Anatomie humaine. Le membre inférieur – III, Atlas anatomique égyptien commenté (2) La cuisse et la jambe », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 24 novembre 2014, p. 21-22. R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, Richard-Alain JEAN, Anne-Marie LOYRETTE,« À propos des textes médicaux des Papyrus du Ramesseum nos III et IV, I : la gynécologie (1) », dans Encyclopédie religieuse de l’Univers végétal (ERUV - III), Montpellier, S.H. Aufrère (éd.), 2005, p. 351-487 (ISBN 2-84269-695-6) = ERUV-II, 2005, La gynécologie (1), p. 379-487 ...

[39] Voir pour les schémas : G.-Ed. Laguesse, d’Hardiviller, « Sur la topographie du lobule pulmonaire chez l'homme », Bibliographie anatomique, VI, 1898, p. 125-142 ; G.-Ed. Laguesse, « Schéma du lobule pulmonaire de l’homme », Titres et travaux, Lille, 1912, p. 38-41.

[40] William Harvey, Exercitatio anatomica de motu cordis et sanguinis in animalibus, chez William Fitzer, Francfort, 1628. 

[41] Ibn Al Nafis, Commentaire de l’Anatomie du Canon d’Avicenne, édt. Amor Chadli, Tunis, Simpact, 2006.

[42] Michel Servet, Christianismi Restitutio in integrum, 1553, livre V, traitant du Saint-Esprit. Édition Rolande-Michelle Bénin, Honoré Champion, Paris, 2011, I et II. Chapitre V, pages 169-178 de l’édition de Balthazar Arnoullet.

[43] Andreas Vesalius, De humani corporis fabrica, Bâle, chez Johannes Oporinus, Bâle, 1543, 2e éd. en 1555.

[44] Realdus Columbus, De re anatomica, Chez Nicolai Bevilacquae, Venetiis, 1559.

[45] Andreas Caesalpinus, Quaestionum peripateticarum, Florence, 1569, Venise 1571 ; — Quaestionum peripateticarum Lib. V, Daemonum investigatio peripatetica, Questionum medicarum Libri II, Venise, 1593.

[46] Voir aussi : C. Richet, W. Harvey. La circulation du sang : des mouvements du cœur chez l’homme et chez les animaux. Traduction française, Masson, Paris, 1879 ; F.G. Kilgour, « William Harvey and his contributions », Circulation, 23, 1961, p. 286-296. 

[47] S. Dhanani, L. Hornby, Am. van Beinum, N.B. Scales, M. Hogue, And. Baker, St. Beed, J.G. Boyd, J.A. Chandler, M. Chassé, Fr. D’Aragon, C. Dezfulian, « Resumption of Cardiac Activity after Withdrawal of Life-Sustaining Measures », N Engl J Med , 384, 2021, p. 345-352(DOI: 10.1056/NEJMoa2022713). De cette façon, les chercheurs ont enregistré l’activité cardiaque de 631 patients hospitalisés en soins intensifs au Canada, en République tchèque et aux Pays-Bas : chez 14 % de ces patients, le cœur a redémarré une ou plusieurs fois après s’être arrêté (sans reprise de conscience). La durée la plus longue avant la reprise de l’activité cardiaque était de 4 minutes et 20 secondes. « Cette étude a permis de définir plus précisément ce qu’est la mort corporelle après suppression des mesures de maintien de vie. Ses résultats sont rassurants : ils confirment qu’il est approprié d’attendre 5 minutes après l’arrêt cardiaque, avant de déclarer mort un potentiel donneur d’organes [comme c’est la règle dans plusieurs pays, mais pas en France où les médecins attendent 4 heures après l’arrêt de l’activité cérébrale, NDLR] ». Voir encore les travaux de l’équipe du Professeur Gino Gerosa de l’université de Padoue, qui, le 11 mai 2023 déclare avoir réussi à greffer un cœur qui avait cessé de battre depuis 20 minutes : « Cette opération est spectaculaire dans la mesure où nous avons réussi à relancer un cœur qui avait arrêté de battre depuis 20 minutes ».Voir aussi : G. Gerosa et al., « Uncontrolled Cardiac Arrest of Donor Heart Before Donation Does Not Affect Heart Transplant Recipient Outcomes: Proof of Concept for DCD Long-Term Outcomes », The Journal of Heart and Lung Transplantation, 42, 4, S279, April 2023, (DOI: https://doi.org/10.1016/j.healun.2023.02.637).

[48] L. Schwamm et al, ISC 2023 : Après un AVC non cardio-embolique, 20 % des patients en fibrillation atriale (https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/cardiologie/apres-un-avc-non-cardio-embolique-20-des-patients-en-fibrillation-atriale).

[49] St. Panzer, K.O. Schneider, St. Zesch, W. Rosendahl, R.C. Thompson, Al.R. Zink, « Anemias in ancient Egyptian child mummies: Computed tomography investigations in European museums », Int J Osteoarchaeol., 2023, p. 1-14 (DOI: 10.1002/oa.3227). M. Ferrando‐Bernal, « Ancient DNA suggests anaemia and low bone mineral density as the cause for porotic hyperostosis in ancient individuals », Sci Rep, 13, 6968, 2023 (https://doi.org/10.1038/s41598-023-33405-7).

 

 


CARDIOLOGIE



 

 

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Histoire de la médecine en Egypte ancienne (ISSN 2270-2105)
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