ANATOMIE - BASSIN - V - BASSIN DE LA FEMME (6)
Article complet du vendredi 26 février 2016 :
Le bassin – V. Anatomie de la femme (6), Atlas (1)
• Richard-Alain JEAN, « Anatomie humaine. Le bassin – V. Anatomie de la femme (6), Atlas (1) », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 26 février 2016.
ANATOMIE HUMAINE
LE BASSIN – V
ANATOMIE DE LA FEMME (6)
ATLAS (1)
Richard-Alain JEAN
Après quelques données épigraphiques égyptiennes et moyen-orientales – abordées à propos cette fois du signe externe de la vulve féminine – nous en observerons les rendus naturalistes, et principalement, sur les rondes-bosses. Nous nous intéresserons ensuite à l’hymen, à l’anatomie externe, puis interne, dans ce que les spécialistes du temps pouvaient en entrevoir facilement. La symbolique du collier ménat est illustrée. J’ajouterai encore des éléments complémentaires et comparatifs concernant l’utérus féminin bifide et l’utérus bovin bicorne. Enfin, je terminerai par un début de réflexion sur la perception l’excision des étrangères en Égypte pharaonique.
1. Épigraphie
Nous verrons prochainement [1] que les formes féminines générales avaient une valeur particulière dans le schéma de pensée humain, et donc dans la symbolique dès le début la préhistoire. Puis, les religions s’empareront et fusionneront tous ces éléments afin de consacrer le « pouvoir féminin de gestation », et la « femme-principe » qui en est l’unique réceptacle sera élevée au rang de « déesse-mère ». Il reviendra par la suite aux écritures figuratives de reprendre chacun de ses composants anatomiques particuliers, en les dissociant afin de les nommer, et ceci, sans artifice aucun. Ainsi, les formes seront reprises à l’état brut et stylisées. Dans le même temps en Égypte, où l’aspect naturel primordial sera au départ respecté, des variantes seront proposées, des signes secondaires adoptés, et des assimilations utilisées.
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De la même façon que pour les attributs masculins [2], le sexe féminin est montré sans façon dans l’art égyptien en général, dans l’écriture figurative akkadienne la plus ancienne avec ses rapports postérieurs (Fig. 2 a [3] et b [4] ), ainsi que dans l’écriture égyptienne pharaonique elle-même (Fig. 3-5).
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[10], [11], [12], [13], [14], [15]
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2. Les représentations dans l’art
Pour les représentations des pubis féminins figurés sur les statuettes égyptiennes des époques les plus anciennes, voir celles datées des époques prédynastiques (Fig. 6-9). Pour ces premières périodes et les suivantes, l’on remarquera que la fente vulvaire est presque toujours marquée sous une toison triangulaire classique foncée ou piquetée. Comparer avec les figurines les plus anciennes du Moyen-Orient (Fig. 28-31).
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On observera les mêmes détails durant les époques suivantes (Fig. 10-32). Ou bien, parfois le sexe est marqué d’une manière juste esquissée en triangle et sans aucun élément apparent alors que la femme est montrée nue (Fig. 1, 14, 17, 19, 23, 24), ou encore que ses parties intimes soient visibles sous sa robe (Fig. 10, 11, 13, 15, 20, 21, 32). Voir encore le triangle pubien souligné de l’épouse dans un groupe de la Ve dyn. (Berlin, ÄMP 12547), et des grandes lèvres apparentes dans un profil d’Isis peint sur une toile de lin conservée au Musée historique des tissus de Lyon (55276 LA).
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3. L’hymen
Dès avant que le travail complet ne soit reproduit dans Academia et dans YouScribe, je livrerai ici un bref extrait de la première partie de notre article : Richard-Alain Jean, Anne-Marie Loyrette, « À propos des textes médicaux des Papyrus du Ramesseum nos III et IV, I : la reproduction », dans Encyclopédie religieuse de l’Univers végétal (ERUV - II), Montpellier, S.H. Aufrère (éd.), 2001, p. 550-551 (ISBN 2-84269-502-6). Ce paragraphe est à intégrer dans la première partie de l’anatomie des parties molles de la femme.
[16], [17], [18], [19], [20], [21], [22], [23], [24], [25]
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4. Schémas anatomiques externes et moyens
Voici ce que les médecins et les matrones pouvaient voir :
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4. Schémas anatomiques internes
4.1. Le col et le museau de tanche
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4.2. Les couches musculaires utérines
Les structures longitudinales et transversales de la couche musculaire lisse externe du corps de l’utérus (Fig. 42 et 43) semblent avoir été repérées par les Étrusques et reproduites sur des ex-voto qui sont parfois rester en usage sous l’époque romaine (Fig. 44 et 45). Voir par exemple l’exemplaire trouvé dans les termes de Dioclétien (Museo Nazionale Romano). Le Musée d’Alexandrie en possède dans ses réserves, mais en l’absence de fiche nous ne savons pas d’où ils proviennent.
4.3. Situations anatomiques perceptibles
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Voici encore ce que l’on peut voir sans aucune difficulté, et à l’œil nu, lors des interventions chirurgicales actuelles, et des dissections rapides à la portée des médecins de l’époque :
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5. Le collier et la ménat
J’ai déjà longuement évoqué le collier-ménat et sa symbolique de « sein maternel transfixiant ». En voici encore deux illustrations. La première montre le Pharaon Ramsès II figuré dans le « giron » même de la déesse Hathor sous sa forme de vache sortant du fourré de papyrus. La deuxième présente, sur l’une des faces d’un contrepoids ménat votif en faïence égyptienne, Isis allaitant Horus dans les marais de Chemmis. Poitrine et utérus divins participent à la renaissance.
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6. Les utérus doubles
Voici pour comparaison, un utérus féminin avec la particularité bifide, et un utérus de vache normalement bicornatus. L’on remarquera que dans ces cas des utérus féminins (Fig. 53, 55-56), l’angle séparant les deux cornes est plus ouvert que sur le modèle bovin clivé pour la photo (Fig. 54).
Pour d’autres clichés comparables, voir par exemple le site du professeur Patel [26], et bien d’autres encore, surtout celui du docteur Saad Ramzi Ismail (Fig. 55 et 56). Comme je l’avais déjà indiqué, les cas féminins ne sont pas si rares (Fig. 57).
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7. L’excision
7.1. Les excisions vues en Égypte
Je traiterai plus complétement de l’excision dans un article dédié et publié dans la série « Mise au point ». Aussi, je n’en indiquerai ici que très rapidement les lésions et les risques [27] imposées aux cours des siècles à l’occasion de cet acte qui n’a pourtant rien de « pharaonique ». En effet, si les matrones et les médecins égyptiens ont constaté les séquelles de ce geste malheureux, c’est très probablement en examinant des jeune femmes avant couches d’origine nubienne au sens large, c’est-à-dire provenant du centre de l’Afrique (Fig. 58-59) [28].
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De plus, quand l’opération se passait mal pour leurs filles, et que les suites étaient difficiles, les femmes des ennemis en servitude ont certainement eu recours aux soins d’urgence du praticien local par l’intermédiaire de leur maîtresse. Cette dernière devait concéder cette consultation par compassion, sûrement étonnée, tant cela ne rentrait pas dans l’esprit des habitants des bords du Nil. Les dames de qualité, entre elles, et en relatant ces faits, parlaient peut-être alors de « femmes coupées », comme l’on dirait « femme crépues », ou « femme noire », pour singulariser les populations féminines qui souffraient en ces temps là de cette curieuse pour elles, et néfaste habitude.
7.2. Les lésions constatées
Il en existe encore plusieurs formes principales définies par l’OMS :
- Type I - Excision du prépuce souvent associée à une clitoridectomie partielle ou totale.
- Type II - Ablation du prépuce et du clitoris avec ablation partielle ou totale des petites lèvres.
- Type III - Infibulation ou « incision pharaonique ». Il s’agit de l’excision de tout ou partie des organes génitaux externes et suture des bords de la plaie, ne laissant qu’une ouverture vaginale de faible diamètre. Cette pratique est souvent associée à une immobilisation, jambes attachées qui peut durer plusieurs jours ou semaines.
- Type IV - Piqûre, percement, incision, étirement, incisions du clitoris ; élongation des petites lèvres ; cautérisation du clitoris et/ou des tissus avoisinants ; ablation de l’anneau hyménal ; introduction de substances corrosives ou d’herbes dans le vagin ; cumuls divers.
Actuellement, la majorité (85%) des MGF correspond à des types I, II ou IV. Les infibulations représentent 15% des cas.
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7.3. Les complications
Je rappellerai simplement déjà ici les principales complications immédiates des MGF.
Infections :
- Infection locale, infection généralisée, choc septique, tétanos , gangrène.
- Infections sexuellement transmissibles.
Problèmes urinaires :
- Rétention urinaire, œdème de l’urètre, dysurie.
Blessures :
- Lésions des organes adjacents, fractures.
Traumatisme psychique.
Saignements :
- Hémorragie, choc hémorragique, anémie ,
Décès.
N.B. : MGF = Mutilations génitales féminines.
[1] R.-A. Jean, Anne-Marie Loyrette, « Anatomie humaine. Anatomie de la femme – VIII, Anatomie préhistorique et mythologique », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers,30 mars 2016 ; — « Anatomie humaine. Anatomie de la femme – IX, Atlas (2) », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 24 avril 2016.
[2] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. Anatomie de l’homme – II, Les parties molles », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers,2016 (à paraître) ; — « Anatomie humaine. Anatomie de l’homme – IV, Atlas », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers,2016 (à paraître).
[3] Selon K.I. Wright, « Women and Emergence of Urban Society in Mesopotamia », dans Sue Hamilton, Ruth D Whitehouse, Katherine I Wright, Archaeology and Women : Ancient and Modern issues, Publications of the Institute of Archaeology, University College London, UCL Institute of Archaeology Publications Series, 15 mai 2007, tab. 10.3 p. 207 :
(https://www.academia.edu/5852112/Wright_K._I._2007._Women_and_the_emergence_of_urban_society_in_Mesopotamia._In_S._Hamilton_R._Whitehouse_and_K._I._Wright_Eds._Archaeology_and_Women_Ancient_and_Modern_Issues._199-245._Walnut_Creek_California_Left_Coast_Press).
[4] Labat 1976, p. 229-230.
[5] Labat 1976, signe n° 1, p. 228 Þ n° 554, p. 229.
[6] Voir par exemple : Mauvais-Jarvis, Schaison, Touraine 1997, p. 165, et fig. 11-7 au stade PP5 et PP6 ; p. 166 et tableau 11-I au stade PP5 et PP6.
[7] Lacau 1970, p. 83, n. 1 ; InvHierInf., 152, N42. Voir aussi les variantes par confusion : ibid., 152, N41, [id], N104 ; Cat. IFAO 1983, 279, 9 et var. chez Meeks 1994, p. 21, valeur : ḥm.
[11] P-M III, 454-455.
[12] P-M III, 70.
[13] P-M III, 85-87.
[14] Kh. El-Enany, Le tombeau de Mérérouka, PaléoHiéo, 4, 2010, § 123, p. 60 et 143.
[15] Wb. III, 76, 3. A. Gardiner, Onom., II, p. 258* sq.
[16] Lefebvre 1952, § 48, p. 42 (« orifice de l’utérus ») ; Walker 1996, p. 271 (« cavity of the uterus »).
[17] Wb. II, 389, 1-390, 9 ; AnLex. 77.2310, 78.2341, 79.1702 (« bouche ») ; KoptHWb., 161 ; Vycichl 1983, p. 171 : ⲣⲟ (SB), 1. « bouche ».
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[26] Pages « Double utérus » féminin : http://hopeforfibroids.org/research/double-uterus-fetus-fibroids.htm ; http://www.digitalpathology.uct.ac.za/topics/congenital_anomalies/uterus.html ; et surtout : http://www.obgyn.net/articles/frequency-uterine-malformations-restricted-gene-pool-community , d’où sont tirées les figures 51-53 (Saad Ramzi Ismail, « Frequency of Uterine Malformations in a Restricted Gene Pool Community », dans Obgyn.net, 14 juin 2011).
[27] C. Amman , A. Cotting, V. Hanselmann , P. Held , et coll., Guideline - Mutilations génitales féminines : recommandations suisses à l’intention des professionnels de la santé, OMS / AMANEH Suisse, Bâle, 2005.
[28] R.W. Smith, D.B. Redford, The Akhenaten Temple Project, I, Waminster, 1976, pl. 27 ; University of Chicago, Oriental Institute, Epigraphic and Architectural Survey - The Tomb ofKheruef, Theban Tomb 192. Chicago, 1980, pl. 47.
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