Article complet du vendredi 30 décembre 2022 :

PARASITOLOGIE XV - Tæniasis, cysticercose ... (2)

 

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• Richard-Alain JEAN, « Infectiologie XIV. Parasitologie XV. Tæniasis, cysticercose, et associations parasitaires - 2 », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 décembre 2022. 

 

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INFECTIOLOGIE XIV

PARASITOLOGIE XV

TÆNIASIS, CYSTICERCOSE

ET ASSOCIATIONS PARASITAIRES - 2

 

 

Richard-Alain JEAN

 

 

          J’ai évoqué la symptomatologie-âaâ dans les études précédentes : R.-A. Jean, « Infectiologie X. Parasitologie XI. La bilharziose et autres parasitoses », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 31 mai 2021 ; — « Infectiologie XI. Parasitologie XII. L’ankylostomiase et autres parasitoses », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 1er septembre 2021 ; — « Infectiologie XII. Parasitologie XIII. L’ascaridiose, et associations parasitaires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 mars 2022. 

         Je vais maintenant continuer à aborder une autre parasitose avec le tæniasis, la cysticercose, ainsi que différentes multiparasitoses et leurs conséquences, comme suite directe à ma dernière publication : R.-A. Jean, « Infectiologie XIII. Parasitologie XIV. Tæniasis, cysticercose, et associations parasitaires - 1 », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 16 août 2022.

         Comme d’habitude, les traitements seront analysés à la lumière des anciens cliniciens [1], des travaux des auteurs modernes [2], ainsi qu’à partir de mes propres souvenirs, surtout à propos des thérapeutiques proposées, et qui semblent bien, nous le verrons, communes en certains points fondamentaux, et continuant à créer de ce fait un trait d’union constant entre la médecine égyptienne pharaonique et le monde moderne. Nous noterons cette fois-ci une certaine progression dans la nature des causalités naturelles, ainsi qu’un rapport écrit et constaté avec la symptomatologie âaâ.

 

 


  

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         1. Les textes

 

         1.1. pEbers 69. 21, 14b-20

         Comparer avec : pEbers 72. 22, 2c-3c // ver-pened     ( per os)

         Comparer avec : pEbers 73. 22, 3d-5d // ver-pened        (")

         Comparer avec : pEbers 74. 22, 5b-6a // ver-pened        (")

         Comparer avec : pEbers 75. 22, 6b-7b// ver-pened         (")

         Comparer avec : pEbers 76. 22, 7c-9a // ver-pened        (")

         Comparer avec : pEbers 77. 22, 9b-10a // ver-pened      (")

         Comparer avec : pEbers 78. 22, 10b-11a // ver-pened    (")

         Comparer avec : pEbers 79. 22, 11-12 // ver-pened        (")

         Comparer avec : pEbers 80. 22, 13-14 // ver-pened        (")

         Comparer avec : pEbers 81. 22, 14-15 // ver-pened        (")

         Comparer avec : pEbers 82. 22, 16-17 // ver-pened        (")

         Comparer avec : pEbers 83. 22, 17-19 // ver-pened        (")

         Comparer avec : pEbers 84. 22,19 - 23,1 // ver-pened    (")

         Comparer avec : pEbers 85. 23, 1-2 // ver-pened            (")

         Comparer avec : pEbers 67. 20,23 - 21,7 // ver-pened (en local)

         Comparer avec : pEbers 461. 66, 1-2 // ver solitaire   (traitement)

         Comparer avec : pEbers 66. 20, 16-22 // ver-hefat + ver-pened                           ( per os)

         Comparer avec : pEbers 61. 18,21 - 19,10 // (ver-pened ) - ver-hery-khetef         per os)

         Comparer avec : pEbers 62. 19, 11-19a // (ver-pened ) - ver-hereret // Σ-âaâ      per os)

         Comparer avec : pEbers 63. 19, 19-23 // (ver-pened ) + autres vermines             ( per os)

 

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p         H. Joachim donne « pend-Wurm = Tænia mediocanellata » (Tænia saginata Küch.) (1890, Einleitung, p. XVII, puis, note 8, p. 13, note 1 p. 14, note 1 p. 15, note 2, p. 16, note 4, p. 17) [3].

         B. Ebbell donne « pnd = tape-worm, tænia » (1937 p. 35 et 130) [4].

         Puis ensuite, G. Lefebvre donne « peut-être un ténia, le ténia solium » (1956, p. 136) ; A.-P. Leca donne « ver-pened - qui serait le ténia » (1971, p. 213) ; P. Ghaliougui donne « pnd-worm » (1987, p. 27) ; Th. Bardinet donne « ver-pened » (1995, p. 260) ; J. F. Nunn donne « pened-worm » (1996, p. 73 / pEbers 72. 22,2) ; Westendorf donne « pnd-Wurms » (II, 1999, II, p. 558) ; B. Lalanne et G. Métra donnent « (ver)-pened » (1971, p. 51) ; E. Strouhal donne « worm pened » (ténia) (2021, p. 29).

         Nous voyons encore que – sauf pour les plus anciens sans aucun doute bien familiarisés avec les textes décrivant les traitements couramment usités de leur temps – les traducteurs plus tardifs hésitent entre les deux formes de grands vers intestinaux que sont l’ascaris et le ténia. Il faut aussi remarquer que cette dénomination rejoint bien la physiologie du « ver solitaire » (wʿty.t gmmw.t) décrite en pEbers 461. 66, 1-2 (Cf. infra, p. 22), et dont la section est toujours plate, nous aurons donc à faire à un « ver plat » (embranchement des Plathelminthes, classe des Cestodes). Des anneaux détachés sont dits retrouvés (pEbers 61. 18,21 - 19,10). Ce sont les raisons, avec les localisations anatomiques d’élections constatées de ce parasite, pour lesquelles j’opterai ici pour un « cestode », car en effet, il me parait plus judicieux d’employer ce terme que le plus limitatif « tænia » ou même « Taeniidae », qui dans la nomenclature actuelle ne tient pas compte des autres membres de la classe des Cestodes. Le ver (plat) est destiné à être « chassé » (dr) par cette médication destinée à « chasser » les maux (mrw.t) qu’il provoque.

         Voir pour les espèces, les détails anatomiques, physiologiques, et pathologiques des Cestodes : R.-A. Jean, « Infectiologie XIII. Parasitologie XIV. Tæniasis, cysticercose, et associations parasitaires - 1 », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 16 août 2022.

pbilharziose et autres parasitoses », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 31 mai 2021, note (l), p. 36, avec Conyza dioscoridis L., ou, Conyza aegyptiaca L. J’en rappellerai simplement ici que cette « Herbe aux puces » connue pour chasser des parasites, est active contre Schistosoma mansoni, agent de la bilharziose intestinale, qui a un rôle dans la symptomatologie-âaâ

         Conyza bonariensis (L.) Cronquist, est utilisé contre la teigne en Afrique du Sud [5].

         Conyza aegyptiaca (L.) Ait. est utilisé comme antiparasitaire en République Centrafricaine [6].

         Cette plante était utilisée autrefois en Europe pour soigner « l’hydropisie » ou œdème généralisé (Anasarque). Cela pouvait être utile dans le syndrome âaâ.

p« une plante, peut-être identique à jnb3 (Alex. 790253) » (Hannig-Wb I, 2824). Hannig-Wb I, 2814, « Heckenpflanze ; *Hecke, Hag (als Füllpflanze bei Medikamten) » (plante de haie ; haie, on en fait des médicaments). Ce terme botanique est proche du mot jnb « mur, muraille, fortification » (Alex. 77.0328, Alex. 77.0327).

 

 


  

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         Charpentier 1981 : n° 147 p. 147 « plante des champs et des jardins portant des fruits » ; Germer 2008, p. 28 indique que cette plante pouvait être utilisée contre les mouches (N. Flessa, d’après un manuel de magie conservé à Vienne, Spruch « Contre la mouche »).

         P. Ghaliougui donne « inb-plant » (1987, p. 27) ; Th. Bardinet donne « plante-ineb » (1995, p. 260 ; 2018, p. 297) ; W. Westendorf donne « jnb-Pflanze » (1999, II, p. 558) ; B. Lalanne et G. Métra donnent « (plante-) ineb » (1971, p. 51) ; E. Strouhal donne « ineb plant » (2021, p. 29).

         En somme, nous savons que cette plante à haie pouvait servir à délimiter des parcs à bestiaux-jnbt (Hannig-Wb I, 2818). La plante, formant une suite de buissons épais, un arbuste ? produit des fleurs et des fruits. Pour entourer les parcs à bestiaux les indigènes utilisent souvent des végétaux épineux. Une fois « sec » ce végétal est susceptible de s’enflammer (Kom Ombo 167 B5 ; Edfou I 442,13). Il serait utile pour chasser les mouches, et donc d’autres parasites ?

         En ce qui concerne la plante-ineb, je proposerai une peinture à la détrempe (Fig. 2), montrant une suite d’arbustes rapprochés (Fig. 2 b) formant des haies délimitant les champs cultivés et les zones de pâturage, et située dans la tombe de Menna « Scribe des champs du Maître du Double Pays » (géomètre-archiviste chargé du cadastre). En tant que « superviseur des travaux des champs » et de « superviseur des labours », il avait pour missions le bornage des champs et l’estimation de la récolte. À gauche de l’une des représentations étalées sur la même longue scène champêtre, il est facile de distinguer un premier arbuste en gros plan situé dans une suite perpendiculaire d’arbustes formant haie. Visiblement non taillé, il porte des grappes de fruits mûrs (Fig. 2 a), et accueille plusieurs nids d’oiseaux qui volettent à proximité. À la suite dans la même composition picturale, se trouve la rangée végétale d’unités rapprochées du fond formant un angle droit avec la précédente (Fig. 2 b), avec un peu plus loin une femme figurée assise collectant de petits fruits ronds (Fig. 2 c). L’on retrouvera des oiseaux plus loin dans d’autres arbustes clôturants, mais leurs fruits semblent correspondre cette fois à des gousses d’acacia (Fig. 2 e). On peut alors déduire que ces haies limitantes sont faites d’épineux alternés avec des fruitiers à grappes, tel que le sureau (Sambucus L.), végétal attesté à l’Ancien Empire (Chr. de Vartavan, V. Asensi Amorós, op. cit. 1997, p. 231 ; Aufrère, Biblio. Flore = ERUV IV, p. 56 et 161 ; Nicholson, Shaw, 2000, p. 431 et 681), encore utilisé de nos jours en Égypte comme purgatif (Sambucus ebulus L.), purgatif et laxatif (Sambucus nigra L.) (L. Boulos, op. cit. 1983, p. 42). 

 

 

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         Petits et grands sureaux, venus par la Palestine, le Liban, et, l’Afrique du Nord-Ouest d’où ils sont natifs (IPNI) [7] sont présents en Afrique du Nord, en Asie Occidentale (Coste, II, 1937, p. 230 ; Bonnier, 1990, p. 478-479 ; Wichtl, Anton, 2003, p. 547 et 549), et en Éthiopie. Au Maroc, en Algérie, en Tunisie, les sureaux sont également utilisés dans la pharmacopée locale, et appréciés comme répulsifs contre les punaises, pucerons, chenilles et cochenilles, ce qui vaut à l’un d’eux le nom « D’herbe-à-punaises » (Sambucus ebulus L.). Les anthocyanosides qu’ils contiennent les font employer comme teintures (Bruneton, 1999, p. 355-367). Creux, et contenant une moelle, les bois sont peu utilisés en menuiserie et en ébénisterie, mais ils ont été employés pour réaliser des flûtes et des pailles (Pipe-tree). Ces plantes sont connues des anciens et prescrites comme diurétique et laxatif par les hippocratiques. Voir aussi : Théophraste (I 5,8), Dioscoride (IV 173), Pline l’Ancien (XXIV, 15), Gallien, Ibn al-Baytar (n° 124), Maïmonide (Meyerhof, 1940, n° 57), et repris par les classiques : Matthiole, (1572, p. 664-667), Lemery (1723, p. 751-752), Ducros (1930, n° 120, p. 68-69) … Pour Pline l’Ancien (XXIV, 15), « L’eau de sureau tue les puces. Si on asperge un lieu avec la décoction des feuilles cela fait mourir les mouches ». Pour l’École de Salerne : « SambucusLumbros, ascarides Sambuci sunt perimentes » (Lombric, et Ascaris périssent par le Sureau) (Maux Saint-Marc, 1880, p. 155). L’extrait de la seconde écorce a été employée comme succédané de la caféine et de la digitale ces produits ayant échoué (Leclerc / Lecoq, 1976, p. 65). Cela pouvait être utile dans le syndrome âaâ.

pM. Loyrette, La mère, l’enfant et le lait en Égypte Ancienne. Traditions médico-religieuses. Une étude de sénologie égyptienne (Textes médicaux des Papyrus du Ramesseum n° III et IV), édité par Sydney H. Aufrère, Collection Kubaba – Série Antiquité – Université de Paris 1, Panthéon Sorbonne, L’Harmattan, Paris, 2010, p. 385. Il s’agit ici de la partie forte et noueuse composant le point d’attache d’un rameau de jonc : la densité vasculaire y est plus importante (Fig. 5 et 6), la sève active également.

         De nombreuses classes de composés métaboliques naturels ont été signalées chez les espèces du genre Juncus. Les phénanthrènes sont très caractéristiques de ce genre, en particulier les diphénanthrènes et les phénanthrènes à substitution 2-méthyl-5-vinyle. Biologiquement, la plupart des espèces de Juncus étaient utilisées en médecine traditionnelle, comme par exemple, les graines de Juncus qui sont employées au Moyen-Orient comme remède contre la diarrhée (Tackholm, Drar, 1950) [8]. Ainsi, plusieurs activités biologiques positives ont été rapportées pour ces espèces telles que la cytotoxicité (vermifuge ?), l’activité anti-tumorale, anti-eczémateuse, anti-inflammatoire, anti-algue, antioxydante, et hépatoprotectrice [9], puis tout dernièrement, diurétique, calmant, anti-inflammatoire et œstrogénique (Junfusol B plus dix-sept autres molécules composantes du Juncus effusus L.) [10]

 

 


  

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         Commentaire. – Si la conyse et les nœuds de joncs ont une action quelconque contre les vers-cestodes-pened, ce qui serait le sureau (?)-ineb serait de toutes les façons utile à faciliter leur évacuation intestinale. Il est à noter que les colorants forts ne sont pas toujours appréciés par les organismes animaux inférieurs comme les vers, or, le sureau contient des anthocyanosides, ce qui pourrait expliquer son ancienne utilisation comme vermifuge. La conyse est par ailleurs utile contre la bilharziose intestinale. La conyse, le sureau, et le jonc en raison de phénanthrènes qu’ils contiennent, pourraient également jouer un rôle dans la symptomatologie-âaâ

 

ppened, et ceci, jusqu’à pEbers 81. 22, 14d-15, avec une reprise à partir de pEbers 23,1a-c jusqu’à pEbers 85. 23,1d-2a, c’est-à-dire, pour deux prescriptions rajoutées par le copiste à partir d’une ou de deux autres sources. Je rappelle que nous avons à faire ici à un vade-mecum reprenant des formulations plus anciennes.

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preporter à, R.-A. Jean, « Infectiologie XII. Parasitologie XIII. L’ascaridiose, et associations parasitaires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 mars 2022, p. 35, et 36-38.

         Soit : Acacia tortilis (Forssk.) Hayne subsp. raddiana (Savi) Brenan.

         Acacia tortilis (Forssk.) Hayne / Acacia raddiana Saviest attesté en Égypte ancienne : Chr. de Vartavan, V. Asensi Amorós, op. cit. 1997, p. 27-28.

         P. Ghaliougui donne « ẖr-part of the ksb.t-tree » (partie-ẖr de l’arbre-ksb.t ) (1987, p. 27) ; Th. Bardinet donne « partie-sher de l’arbre-kesebet » (1995, p. 260) ; J. F. Nunn donne « khet-part of kesbet-tree » (partie-ẖr de l’arbre-ksb.t ) (1996, p. 73) ; Westendorf Westendorf donne « ẖr-Teil des ksb.t-Baums » (partie-ẖr de l’arbre-ksb.t ) (1999, II, p. 559) ; B. Lalanne et G. Métra donnent « (partie-) kher de l’(arbre) kesebet » (1971, p. 51) ; E. Strouhal donne « the kher of Avicennia » (palétuvier)(2021, p. 30).

         Après avoir revu l’hypothèse d’Eugène Strouhal, je resterai sur Acacia tortilis (Forssk.) Hayne subsp. raddiana (Savi) Brenan, en raison de ses indications thérapeutiques qui se confirment encore ici. Un autre exemple en ce sens : Acacia tortilis(Forssk.) Hayne est donnée contre les parasites intestinaux de la chèvre en Éthiopie [11], or, comme pour les Peuls, j’ai eu l’occasion de constater que les bergers éthiopiens soignaient leurs animaux comme eux-mêmes, avec les mêmes médications végétales.

pforte, se reporter à, R.-A. Jean, « Infectiologie XII. Parasitologie XIII. L’ascaridiose, et associations parasitaires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 mars 2022, p. 41, et note (e) p. 42. Mêmes remarques pharmacochimiques.

 

         Commentaire. – La même médication est prescrite en pBerlin 3038 - 5. 1, 3-4, pour tuer le ver-ascaris-hefat. Différentes espèces d’acacias entraient dans des médications non spécifiques dirigées contre les parasites en Égypte, dont les vers intestinaux. Peut-être considérées comme plus fortes, des espèces telles que celles-ci sont encore employées de nos jours préférentiellement pour soigner des animaux. Les médecins pharaoniques devaient en user pour les humains en surveillant bien les dosages.

 

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p12-13 ; Alex. 79.0589 « une plante » ; Hannig 1995, p. 173, « Pflanze » (plante), « essbare Frucht (der wam-Pflanze) » (fruit comestible (de la plante wam)) ; Hannig-Wb I seulement, 6498, « Pflanze » (plante), « essbare Frucht (der wam-Pflanze) » (fruit comestible (de la plante wam)).

         Wb äg. Drog. p. 123-124. Charpentier 1981, n° 298 p. 194 « une plante et son fruit ». Germer 2008, p. 49-50.

         P. Ghaliougui donne « w3m-plant » (plante-w3m) (1987, p. 27) ; Th. Bardinet donne « plante-ouam » (1995, p. 260) ; Westendorf Westendorf donne « w3m-Pflanze/Frucht » (plante-w3m/ fruit ) (1999, II, p. 559) ; B. Lalanne et G. Métra donnent « (plante-)ouam » (1971, p. 53) ; E. Strouhal donne « w3m-fruits » (fruits-w3m) (2021, p. 30).

         Entre autres choses, cette plante était utilisée comme anthelminthique : contre le ver-ascaris-hefat (pEbers 59. 18, 7-15, 60. 18, 16-20, 70. 21, 21-23 ; pBerlin 4. 1, 2-3, 8. 1,6, 9. 1, 6-7), et contre le ver-cestode-pened (pEbers 73. 22, 3d-5d, 74. 22, 5-6). Rôle thérapeutique dans le traitement du Σ-âaâ (pBerlin 59. 5,11-12). Action antispasmodique (20. 13a - 21.3b). Traitement contre un problème abdominal (pEbers 16. 4,22 - 5,7).

         Ce végétal était conservé dans des greniers à l’Ancien Empire. Il était aussi considéré comme assez précieux et compétant pour être utile à participer à remplir l’œil d’Horus à Philæ : s’agit-il d’une plante nubienne (?), ou du nom local africain [12] de la courge (Lagenaria siceraria (Molina) Standl.) anthelminthique, très utilisé contre les Cestodes (cucurbitine) [13] et les ascaris en Afrique [14]. Pour les courges, voir également J. Bruneton (1999, p. 758-759).

 

pHannig-Wb I & II,2 - 33264, « Frucht od. Kornfrucht » (fruit conservé au grenier, peut-être aussi le jus du fruit (avec le det. nw)).

         H. Joachim donne « Gehört zu den als Opfer dargebrachten Körnern. » (Fait partie des grains offerts en offrande.) (1890, note 3, p. 15) [15]. Voir aussi G. Ebers, 1875, II, p. 46. 

         Wb äg. Drog. p. 498-499. Charpentier 1981, n° 1125 p. 684 « une plante et son fruit ». Germer 2008, p. 134-135.

         P. Ghaliougui donne « šnf.t » (1987, p. 27) ; Th. Bardinet donne « chenefet » (1995, p. 260) ; Westendorf Westendorf donne « šnf.t-Frucht » (šnf.t-fruit ) (1999, II, p. 559) ; B. Lalanne et G. Métra donnent « chenefet » (1971, p. 53) ; E. Strouhal donne « chenefet fruits » (2021, p. 30).

         Entre autres choses, cette plante était utilisée comme anthelminthique : contre le ver-ascaris-hefat (pEbers 59. 18, 7-15, 70. 21, 21-23, 83. 22, 17-19 ; pBerlin 4. 1, 2-3), et contre le ver-cestode-pened (pEbers 73. 22, 3d-5d, 74. 22, 5-6). Traitement contre un problème abdominal (pEbers 16. 4,22 - 5,7). Il s’agit probablement d’un fruit conservé au grenier, et qui a été jugé assez noble pour être proposé en offrande : un fruit exotique venu du sud comme un poivrier vermifuge des Pygmées [16]. Ou, Piper nigrum L. [17], ou bien, Piper Capense L.f. utilisé en Afrique pour les hommes [18] et les petits ruminants [19]. Voir aussi des cônes de résineux dont un genévrier proche d’un genévrier-wʿn ?

 

pL’ascaridiose, et associations parasitaires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 31 mars 2022, notes (d) et (e) p. 47-48. Mêmes éléments adaptés. La bière ordinaire ajoutée en fin de texte sert seulement à « faire avaler la pilule ».

 

         Commentaire. – Deux ingrédients semblent bien posséder, pour les médecins égyptiens, des vertus contre le ver-ascaris-hefat, et contre le ver-cestode-pened. Il s’agit peut-être de produits d’importation : courges (?) ou cônes de résineux (?), et du poivre (?).

         Il s’agit probablement d’une forme adulte à renouveler.

 

 


  

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         Commentaire. – Cette prescription est plus forte en graines du fruit de la courge (?)-ouam, en proportion égale en poivre (?)-chenefet, mais sans sel, sans miel, et donnée avec une quantité double d’une bière supérieure forte. Noter que cette fois-ci, les deux ingrédients principaux sont « à broyer finement ». Cette prescription devait constituer un traitement d’attaque, qui était ensuite suivi de plusieurs autres formulations à renouveler données en pEbers 73. 22, 3d-5d. La suite thérapeutique ainsi envisagée semble être active contre le ver-ascaris-hefat, et contre le ver-cestode-pened.

 

 

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pCyperus-cheny-ta » : lit. « fruit des cheveux de la terre », Wb IV, 501, 6-11 ; Alex. 77.4221 « la végétation, les plantes », 79.3027 ; Hannig-Wb I & II,2 - 33146, « Vegetation, ‘Pflanzenkleid der Erde’ » (végétation, ‘habillage végétal de la terre’), « Erdhaar (Bez. für Pflanzen) » (« cheveux de terre » (pour les plantes)), 33148, « Same e. Pflanze » (graine de plante) ; PtoLex. p. 1017 « hair of the earth », (cheveux de la terre), « a plant » (une plante).

         Charpentier 1981, n° 1121 p. 682 « comme désignation générale pour les plantes », « à l’époque grecque, aussi comme expression pour les céréales ; n° 1122 p. 682 « tubérosités du rhizome du Cyperus esculentus L. ». Germer 2008, p. 133-134. 

         P. Ghaliougui donne « šny-t3-fruit » (1987, p. 28) ; Th. Bardinet donne « fruit-cheny-ta » (1995, p. 261) ; Westendorf Westendorf donne « šnf.t-Frucht » (šny-t3-Frucht/Samen) (1999, II, p. 559) ; B. Lalanne et G. Métra donnent « (fruit-)cheny-ta » (1971, p. 53) ; E. Strouhal donne « sheny-ta seeds » (graines de sheny-ta) (2021, p. 30).

         Pour ma part, plutôt que le fenugrec proposé par Dawson (JEA, 12, 1926, p. 240f ), ou encore la coloquinte donnée par Ebbel (p. 132), je retiendrai ici un Cyperus (Loret, Mel. Maspero, 1, p. 866-668), accepté par Gardiner (AEO, 1, p. 21) – et commenté par Lefebvre (Essai sur la Médecine Égyptienne, 1956, p. 122) en reprenant la formule du pEbers 28. 9,19-20 : pr.t mnwḥ ḫr=tw r=s šny-t3 « graine de la plante menouh, dite (encore) cheny-ta ». Or la plante menouh doit correspondre à un Cyperus, mais pas cependant à Cyperus esculentus L. dont le rhizome a bien été identifié par Edel (QH II, I,2, 1970, p. 22) en tant que wʿ – de plus, je n’ai pas trouvé d’indication anthelminthique pour cette espèce précise. Pour notre affaire, il s’agit d’un Cyperus dont les graines, qui sont en fait de petits tubercules de reproduction, apparaissent sur les minces et longs rhizomes, aussi déliés que des cheveux, et que la plante développe sous la terre (Fig. 7). Dans ce cas, il s’agit en réalité d’une partie de ces « cheveux de la terre », issus d’un prélèvement opéré sur ce végétal, organes initialement avant la cueillette, situés sous la terre : des « radicelles », portant, et donc comprenant les éléments reproducteurs les « tubercules secondaires ». Donc, plutôt que des « herbes folles » prises au hasard à la surface de la terre, et qui n’auraient aucun sens pharmaceutique, nous aurons ici des « tubercules-(secondaires)-de-radicelles-de-Cyperus-cheny-ta ».

 

 

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         Pour la détermination taxonomique, il faudra compter sur la reconnaissance d’une opportunité thérapeutique, soit en rapport avec une élimination parasitaire, ou bien, en accord avec une action positive se rapportant à la symptomatologie âaâ. De fait, les « radicelles de cheny-ta » sont utilisées per os en pHearst 83. 6,16-7,2 dans le syndrome âaâ, comme anthelminthiques contre le ver-cestodes-pnd en (pEbers 75. 22, 6b-7b ; 77. 22, 9-10 ; 80. 22, 13-14 ; 81. 22, 14-15), ainsi que dans nombre de préconisations abdominales. 

         Par exemple, Cyperus rotundus L. est qualifié d’une bonne activité anthelminthique contre les tænias chez les petits ruminants [20], il sert comme vermifuge animal au Ghana [21]. Chez l’homme, il est connu pour expulser les vers au Soudan [22], il est encore également utilisé comme anthelminthique chez l’homme en Égypte [23].

         Cyperus articulatus L. est utilisé par les indigènes comme antiparasitaire interne au Gabon [24], comme antiparasitaire interne dont les helminthiases (per os et en lavements), et externe, au Congo [25], encore au Congo comme vermifuge chez l’enfant [26], comme anthelminthique (per os) en Angola [27], en Tanzanie [28]. Notons qu’ils sont aussi évoqués à propos de troubles abdominaux, et de certains problèmes cardiaques. 

         Présents en Égypte aux époques pharaoniques (de Vartavan, Asensi Amorós 1997, p. 10-101 et 94), ces deux Cyperuspeuvent représenter notre végétal qui ne sont pas si différents au premier abord, surtout en ce qui concerne les petits tubercules secondaires de reproduction prélevés une fois la plante arrachée de la terre. À cette époque ces deux espèces ont pu être confondues, mais être recherchées indistinctement l’une de l’autre pour leurs vertus thérapeutiques sous une même dénomination : šny-t3 « radicelles de Cyperus-cheny-ta », sous entendues porteuses de petites tubercules et portant le même déterminatif pluriel adjoint  (N 33) que le rhizome plus important du souchet comestible Cyperus esculentus LUne autre partie de Cyperus rotundus devait être appelée  gjw et être employée contre les vers-cestodes-pened (pEbers 83, 22, 17-19), contre les vers-hefat (pEbers 58. 18, 3-6), dans des troubles abdominaux, dans la symptomatologie âaâ

 

 


 

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         Ainsi, les naturalistes égyptiens devaient distinguer au moins cinq espèces de Cyperus selon leurs utilisations (Fig. 11), plus d’autres employées autrement :

 

 

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p- XLI . Les accouchements divins, royaux et humains (7) Les textes (5) les Textes médicaux (3) », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 31 mars 2020, note (c) p. 16. Dans notre cas, il s’agit d’une « résine (térébenthiné) de pin parasol », produit très courant en Égypte pharaonique. Or, la térébenthine qu’elle contient assurément a bien été employée avec succès comme antihelminthique, notamment contre le tænia : cf. R.-A. Jean, « Infectiologie XIII. Parasitologie XIV. Tæniasis, cysticercose, et associations parasitaires - 1 », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 16 août 2022. p. 29, et notes 85, 86, 87, p. 50.

  

pencore R.-A. Jean, « Clinique obstétricale égyptienne – XXXIX. Les accouchements divins, royaux et humains (5) Les textes (3) les Textes médicaux (1) », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 31 janvier 2020, p. 11-12, et tableaux p. 16-20 pour les natrons végétaux. Pour les natrons minéraux (S. Aufrère, 1991), ils pouvaient par exemple être recueillis au Ouadi Natroun (Salinité = 5 %, pH = 9,5). En effet, quand les pluies cessent d’alimenter un lac et que les températures augmentent jusqu’à 50 °C, la forte évaporation qui se produit concentre les éléments chimiques qu’il possède jusqu’au point de saturation qui provoque leur précipitation. Ces sels forment alors des croûtes et des plateformes blanchâtres parfois colorées en rose-rouge par des efflorescences d’algues. Ce natron rouge peut alors être prélevé. Pour ce natron minéral rougi, nous savons maintenant qu’il tient sa couleur de micro-organismes aquatiques halophiles qu’il referme : les cyanobactéries qui contiennent un pigment rouge, la phycoérythrine qui est une phycobiliprotéine. Plusieurs cyanobactéries sont toxiques, mais je ne sais pas si celles présentes en ce milieu sont anthelminthiques. Le natron rouge contient aussi des spirulines (Arthrospira platensis) qui ne sont pas rouges mais riches en protéines. 

         En pLouvre E 4864 Rs 2,4, du natron accompagné d’une partie indéterminée du porc, de tubercules (secondaires)-peret-cheny cultivées, de la graisse (de taureau) et de la cire, est donné localement contre le ver-ascaris-ḥf3.t (f3w[29].

 

 


  

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         Le natron ordinaire est employé contre les vers intestinaux du nouveau-né chez les Peuls [30]. Il est également considéré comme limitant le nombre de parasites intestinaux chez des animaux comme l’antilope en Afrique [31].

         Pour la partie religieuse, on se reportera à : S. H. Aufrère, L’Univers minéral dans la pensée égyptienne (BdE 105/1-2), Le Caire, 1991, II, p. 606-636.

         Dans cette prescription, ce minéral très alcalin pourrait avoir un rôle héroïque en cas de déséquilibre acido-basique engendré par un problème cardiopulmonaire s’aggravant au cours d’une symptomatologie âaâ.

  

pfréquemment rencontré sur les peintures à la détrempe des tombes ou sur des bas-reliefs des temples [32].

         Pour les produits biliaires, Cf., R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, La mère, l’enfant et le lait en Égypte Ancienne. Traditions médico-religieuses. Une étude de sénologie égyptienne (Textes médicaux des Papyrus du Ramesseum n° III et IV), édité par Sydney H. Aufrère, Collection Kubaba – Série Antiquité – Université de Paris 1, Panthéon Sorbonne, L’Harmattan, Paris, 2010, p. 350-365, et notes afférentes. 

         Si les vers intestinaux ne sont pas incommodés par cet excès de bile et de ses pigments, une charge en ammonium quaternaire, dans un milieu basique (natron rouge) – un rat est tué par l’injection sous-cutanée de 3 à 4 cm3 de bile de bœuf [33] – le patient s’en verra quitte pour une bonne digestion de cet ensemble gras bien homogénéisé, puis d’une bonne évacuation. Cette opothérapie a été utilisée dans le traitement des constipations opiniâtres, per os sous forme de pilules, ou rectales sous formes de suppositoires, ou de lavements [34]. Partant de la constatation que la bile ralentit le cœur, elle a été utilisée dans certaines tachycardies [35], or la tachycardie est un des éléments de la symptomatologie âaâ.

         Pour un médicament contenant encore de la bile, voir RECTOPANBILINE ® gel ou suppositoires des laboratoires Meda Pharma et à l’extrait de bile de bœuf en traitement symptomatique de la constipation basse, notamment par dyschésie rectale (VIDAL 2001, p. 1729 ; 2009, CIS 6 029 504 6). Les formulations RECTOPANBILINE ® gel rectal (97,5 mg d’extrait de bile de bœuf par dose), et RECTOPANBILINE ® suppositoires adulte (97,5 mg d’extrait de bile de bœuf par dose), sont toujours commercialisées par les laboratoires Mylan Medical SAS, comme laxatifs, et pour des préparations aux investigations coliques (VIDALPRO, eVIDAL, 18 octobre 2022) [36].

 

         Commentaire. – Cette médication pouvait être efficace, y compris dans des pluri-infestations parasitaires, voir avec complications cardiaques à symptomatologie âaâ.

         Comparer avec pEbers 77. 22, 9b-10a avec la même formulation, moins la graisse et la bile de bovidé. Il s’agit peut-être d’une forme plutôt destinée aux femmes et aux enfants, plus facile à absorber que la préparation du pEbers 77. 22, 9b-10a.

 

 


  

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         (c) Il n’y a pas de cuisson. Le mode d’administration est identique. 

 

         Commentaire. – Cette médication pouvait être efficace, y compris dans des pluri-infestations parasitaires, voir avec complications cardiaques à symptomatologie âaâ.

         Il s’agit peut-être d’une forme adulte, moins facile à absorber que la préparation du pEbers 75. 22, 6b-7b.

 

         1.7. pEbers 76. 22, 7c-9a

 

pd’oxyde de fer (Fe2O3). Aussi, il est intéressant de souligner ici que les médecins égyptiens pharaoniques avaient déjà eu l’intuition – très probablement en comparant la couleur de ce composé minéral à celui du sang émis en jets pulsatiles lors de blessures artérielles [37] – que donner de cette matière terreuse rouge aiderait à compenser des signes évidents, comme la pâleur, les troubles cardiaques, respiratoires, et le pica, rencontrés dans la symptomatologie-âaâ, engendrée par une anémie férriprive comme nous l’avons déjà vu [38], et dans notre cas, provoquée par le détournement du fer opéré par des vers lors de leurs prélèvements – surtout quand il s’agit de multi-parasitoses. En effet, le fer est l’oligoélément le plus abondant du corps humain qui en contient, dans des conditions normales, entre 2,5 et 4 g (chez l’homme comme chez la femme). La carence en fer limite la fabrication de l’hémoglobine au niveau de la moelle osseuse et diminue ainsi le taux de globules rouges dans le sang. Je rappellerai simplement qu’aujourd’hui, le traitement de l’anémie fait appel au sulfate ou au fumarate ferreux per os, et, à l’acide folique. On corrige aussi les désordres hydroélectrolytiques rencontrés (eau, sel, glucose …). Notons aussi qu’une fois l’arrêt des ponctions sanguines par les parasites obtenu, l’anémie régresse spontanément. Ceci correspond à des notions importantes de physiopathologie, et qui se trouvent donc dans ce texte, connues des médecins égyptiens.

 

 


 

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16-17), très probablement du malt de blé. Il faut ici remarquer que de nos jours (Cf. supra, note (a)), l’anémie sévère est soignée avec des sels de fer, et de l’acide folique (vitamine B 9). Cette dernière vitamine hydrosoluble est indispensable puisque non synthétisée par notre organisme. Elle intervient notamment dans le métabolisme des acides aminés, et la production d’ADN. Elle est donc particulièrement importante pour les cellules à renouvellement rapide comme les globules rouges (érythropoïèse). Or, le germe de blé est une source d’acide folique puisqu’il en contient 350 µg pour 100 gr. contre 16 µg pour 100 gr. pour l’orge. L’acide folique est sensible à la chaleur qui en détruit une bonne partie, et cette préparation le respecte puisqu’elle ne réclame pas de cuisson : cette vitamine reste donc ici totalement biodisponible.

 

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latin médiéval petroleum (pétrole) signifie huile (oleum) de pierre/roche (petra) (Lefebvre 1956, p. 82-83). Il s’agit donc ici « d’huile du désert », de « pétrole (des plateaux) désertiques », c’est-à-dire d’un pétrole brut, du « naphte » au premier sens du terme, dans la mesure où initialement le naphte désigne seulement les affleurements de pétrole que l’on trouve fréquemment dans les déserts du Moyen-Orient et en Asie centrale. Ces affleurements proviennent d’un gisement souterrain dont une partie migre vers la surface par le biais d’une faille ou d’un sous-sol poreux. Il se présente sous la forme d’un liquide souvent visqueux, de couleur noire, à odeur forte, et inflammable. Pour Pline l’Ancien par exemple (HN, II, 108-109), « Similis est natura naphthae. ita appellatur circa Babylonem et in Austacenis Parthiae profluens bituminis liquidi modo. huic magna cognatio ignium, transiliuntque in eam protinus undecumque uisam … » (La nature du naphte est semblable : On appelle ainsi une substance qui coule comme du bitume liquide, dans les environs de Babylone et dans l’Astacène, province de la Parthie. Le feu a une grande affinité pour elle, et il s’y jette dès qu'il est à portée ... ». Ce pétrole brut est semblable, nous indique-t-il juste avant (II, 108) « In urbe Commagenes Samosata stagnum est emittens limum — maltham uocant — flagrantem. cum quid attigit solidi, adhaeret ; praeterea tactu et sequitur fugientes. sic defendere muros oppugnante Lucullo ; flagrabat miles armis suis. aquis et accenditur ; terra tantum restingui docuere experimenta. » (A Samosate en Commagène est un étang qui jette un limon enf lammé qu’on appelle malthe (XXXVI, 58). Ce limon adhère aux corps solides, et vainement on fuirait pour s'en débarrasser. C’est avec cette substance que les habitants défendirent leur ville contre Lucullus : le soldat brûlait avec ses armes. L’eau en active la combustion ; l’expérience a appris qu’on ne pouvait l’éteindre qu’avec de la terre). Dioscoride (I, 85) [41] connaît également le pétrole.

 

 


  

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         Le pétrole était utilisé contre les ascaris et les tænias au début du XIXe - tout début du XXe siècle, en Europe, en Égypte [42], et au Moyen-Orient.

 

pneutre dans cette composition dans la mesure où la levure de bière est une source exceptionnelle d’acide folique (2500 µg pour 100 grammes) dont nous avons vu l’importance (Cf. supra, note (c)).

 

         Commentaire. – Pour être efficace, ce traitement curatif lourd, actif contre les vers, les diarrhées, et très utile contre l’anémie sévère, devait être renouvelé au cours d’une symptomatologie âaâ. Il faut absolument ici en souligner la bonne prémonition physiopathologique et thérapeutique.

         L’on peut aussi ajouter que chez la femme, les besoins en acide folique sont accrus au cours de la grossesse (avec un besoin journalier de 400 µg par jour) du fait de l’expansion des tissus maternels (sang, utérus…). Durant la 4e semaine de la vie fœtale, elle est indispensable à la fermeture du tube neural, c’est-à-dire à la bonne formation du système nerveux du fœtus. Ainsi, son déficit entraîne de très graves conséquences sur le développement du cerveau (anencéphalie), et de la moelle épinière (spina bifida). Ainsi, il est hautement probable que la mère du fœtus antique momifié atteint d’anencéphalie examinée en Égypte par Geoffroy Saint-Hilaire [43], ait été concernée par cette carence provoquée par une multi-parasitose compliquée par la symptomatologie âaâ.

 

 

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          1.8. pEbers 78. 22, 10b-11a

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pplante-b3gsw - Buisson épineux/chardon) (1999, II, p. 560) ; B. Lalanne et G. Métra donnent « graines de (plante)-bagsou » (1971, p. 53) ; E. Strouhal donne « thorny bages bush seeds » (graines de buisson épineux) (2021, p. 30).

pprogression dans la campagne, et les Textes des Sarcophages (CT 1005) donne le nom d’un facilitateur capable de « guider » entre les obstacles au passage à pied et qui est dit « échanson des dieux ». Pour ma part, je reprendrai bien volontiers ici la proposition de W. Westendorf, avec un « chardon ».

 

 


  

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         En ce qui concerne les « chardons », nous aurions déjà par exemple autrefois en Égypte : le complexe Cynara cardunculus, avec le Cynara scolymus L. (artichaut) cultivé à l’époque romaine (Chr. de Vartavan, V. Asensi Amorós, op. cit. 1997, p. 91 ; Boulos, 1983, p. 64), et peut-être, le cardon sauvage, et donc épineux, avec Cynara cardunculus L. considéré comme purgatif bénin, et diurétique (Boulos, 1983, p. 61), Cynara cardunculus var. sylvestris, qui peut atteindre 2 m de haut, et dont les grandes feuilles sont armées d’épine mesurant de 1 à 3 cm. Plus petites que celles de l’artichaut, ses fleurs d’un bleu violacé, sont réunies en capitules terminées par une épine très robuste. La plante est considérée comme plante envahissante dans plusieurs pays. Voir Cynara cornigera Lindl. (Boulos, 2002, III, p. 158). Voir encore la Composite fréquente en Afrique du Nord, Silybum marianum (L.) Gaertn., ou « Chardon-Marie » (Germer 2008, p. 339-340 ; Boulos, 2002, III, p. 158 ; Boulos, 1983, p. 68). Les grandes feuilles de cette plante dépassant parfois 1,5 m de haut, sont bordées de dents épineuses dures à pointe jaune très acérée. Une légende médiévale raconte que Marie, mère de Jésus, voyagea de Judée en Égypte pour échapper au roi Hérode, aurait caché son Enfant sous un bosquet de chardons où elle lui aurait donné le sein. Voir peut-être encore (?), Echinops spinosissimus (Echinops spinosus L.) (Boulos, 1983, p. 64). Ce sont des possibilités.

 

 

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         Mais surtout pour moi, un autre végétal doit attirer notre attention, il s’agit de Carthamus tinctorius L. (Chr. de Vartavan, V. Asensi Amorós, 1997, p. 63-64 ; Nicholson, Shaw, 2000, p. 279, 393-394 ; Boulos, 2002, III, p. 177-181 ; Aufrère, Biblio. FloreERUV IV, 2005, p. 20, 21, 31, 32 ; Germer 2008, p. 219-220). Cette plante herbacée annuelle très ramifiée de 50 cm à 1m 50 de haut, ressemblant au chardon avec des feuilles lancéolées à bord denté épineux. Ses capitules portent des phyllaires ovales-lancéolées épineuses. Les fleurs donnent deux colorants : un jaune, et un rouge. Le jaune, avec la carthamidine, hydrosoluble, est utilisée comme colorant alimentaire. Cette carthamine de couleur jaune, vire au rouge-orange par oxydation et apparition d’une fonction quinone pour donner la carthamone. Le rouge, avec la carthamine sert de colorant pour les textiles. Carthamus tinctorius L., var. tinctorius produit plus d’huile. Cette plante pouvait être nommée kṯ/k3ṯ (Charpentier 1981, n° 1276, p. 758), provenant de l’araméen קרטמא qurṭĕmā (Meyerhof, 1940, n° 300, p. 147 ; Vycichl 1983, p. 350), mais il n’apparaît pas dans les formulations médicinales égyptiennes sous cette appellation – serait-ce alors sous le vocable b3gsw (?). En effet, ce végétal réputé épineux, et dont la graphie se termine par un déterminatif floral, est dit facilement écarté du chemin du bienheureux dans les Textes des Sarcophages (CT 1005) par « Celui de la plante-bages » dont le titre est « Échanson des dieux ». Peut-on y voir un lien avec une couleur rouge du vin (?) donnée aux textiles que l’on teinte avec les fleurs – par ailleurs très appréciées des abeilles – de cette plante (?) J’ai déjà indiqué que les colorants étaient assez souvent employés en thérapeutique pour tuer des nuisibles. Le substrat rouge est insoluble dans l’eau, mais soluble dans l’alcool, et cette préparation égyptienne prévoit du vin. Deux sortes de ces plantes sont connues de Théophraste (VI, 3 ; 4,3) [45], et de Pline (HN, XXI, 53) [46]. La semence du carthame est purgative (Hippocrate, Scribonius Largus, Galien, Dioscoride IV, 187 [47], κνῆκος ). D’après Fr.-J. Cazin (1868, p. 257), « l’extrait alcoolique de carthame purge assez fortement … Schrœder la regarde comme émétique. Mésué la conseille contre la pituite, l’anasarque, les maladies du poumon, etc … Wauters, propose de la substituer au séné … Cette huile, suivant la remarque de Candolle, n’est pas alimentaire, à cause de ses qualités purgatives ». Carthamus tinctorius L. est utilisé comme purgatif au Maroc [48], au Sahara Occidental [49]. Quant à Carthamus lanatus L., présent en Égypte (Boulos, 2002, III, p. 178), Origin. Egypt, temperate Asia, Turkey, Europe (Florabase[50], « réellement active, cette plante a été employée comme diaphorétique, fébrifuge et anthelminthique » (Cazin 1868, p. 257 ; Dorvaut, 1987, p. 306), tout comme le Chardon béni (Cnicus benedictus L.), cette plante amère et rouge en interne est également présente en Égypte (Boulos, 2002, III, p. 182), sudorifique, fébrifuge, « elle tue les vers » (Lemery, 1699, p. 154), fébrifuge, sudorifique, diurétique, vermifuge, elle est prescrite en : « Infusion vineuse, 30 à 50 gr. par kg de vin » (Cazin 1868, p. 272-273), avec du vin (Alibert, 1814, p. 137-138), comme dans notre texte pharaonique.

         Aussi peut-on se demander si un principe actif commun à ces végétaux ci-dessus cités n’existe pas (une quinone ?), dans une sève rouge comme le dit Théophraste, mieux soluble dans l’alcool, et qui n’aurait pas encore fait l’objet d’une étude spécifique, et donc non discriminé comme tel, et ceci, dans la mesure où ses effets délétères sur les vers ont été abandonnés au XIXe. Les dires de Nicolas Lemery au XVIIe et de François-Joseph Cazin en France correspondant alors aux dernières résonances de très anciennes prescriptions égyptiennes. Pourtant par exemple Carthamus tinctorius L. est donné comme nématicide dans certains ouvrages modernes [51]. C’est aussi sur ce type d’argument que se fondent les chercheurs modernes afin d’enrichir la pharmacognosie. Les médecins égyptiens ont très bien pu employer deux ou trois chardons-couleurs différents (Carthamus tinctorius L., Carthamus lanatus L., Cnicus benedictus L.) régis par le « carthame (?)-b(3)gsw ».

 

 

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pParasitologie XIII. L’ascaridiose, et associations parasitaires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 mars 2022. p. 52-58, note (b) et aux fig. 53-55-56, avec le thymol qui en est le principe actif antiseptique et anthelminthique. 

 

         Commentaire. – Peut-être à base de carthame chauffé dans du vin pour en dégager les principes actifs, et d’ammi, cette préparation pouvait être efficace si ces deux hypothèses venaient à être confirmées comme nous l’avons vu en détail dans les notes attenantes. Cette formulation nous montre les difficultés à rendre une lecture acceptable des termes de matières médicales, ici d’ordre botaniques. Les choix faits dans cet essai de traduction sont réalisés au plus proche des possibilités curatives, et des indications données par les textes religieux plus anciens (Pyr., CT ).

 

         1.8. pEbers 67. 20,23 - 21,7

 

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p« L’avortement en Égypte ancienne. Quatre hypothèses papyrologiques. Deuxième partie (pEbers 797). La menthe », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 15 mai 2014, note (c) p. 2-7 et fig. 1-3. Puis, à R.-A. Jean, « Infectiologie X. Parasitologie XI. La bilharziose et autres parasitoses », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 31 mai 2021, p. 37 note (n) pour la suite de la pharmacognosie. Bien qu’encore actuellement vantée anthelminthique, la menthe devait ici être utile localement contre le prurit.

 

pguerriers invalides. 2 - Les arguments thérapeutiques : 2.2. Pharmacologie », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 16 octobre 2013, p. 1-11, dont la note 22 ; R.-A. Jean, « Infectiologie XII. Parasitologie XIII. L’ascaridiose, et associations parasitaires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 mars 2022, p. 18, 19-20 ; R.-A. Jean, « Les préconisations antidouleurs ou anesthésiques dans l’histoire de la médecine égyptienne - 1 », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 18 novembre 2022, 47ème réunion scientifique du Club d’Histoire de l’Anesthésie et de la Réanimation - Paris - Société Française d’Anesthésie-Réanimation, p. 99-107.

 

         Commentaire. – Il est clair que cet emplâtre végétal destiné à être appliqué sur l’abdomen de la patiente, ou du patient, correspond à un geste secondaire et renouvelable pratiqué au cours d’un traitement per os. Dans cette formulation, ce n’est pas le ver-cestode-pened qui est directement visé, mais les « maux » (mr.wt) qu’il engendre : douleurs abdominales, signes cutanés de nature allergique, comme un prurit, ou une urticaire … La nature sédative des composés en témoigne également, ainsi que la chaleur locale calmante qui se dégage à cette occasion. Il s’agit surtout d’un traitement de confort et de soulagement, le temps qu’une autre médication cette fois curative per os fassent son effet. La prescription nous indique aussi qu’elle est applicable à un nombreux public quel que soit le sexe et l’âge du patient. Et puis, si on lit entre les lignes, à n’importe quel ver infestant, puisque cette application est utile dans le cas d’une atteinte par un ver-cestode-pened jugé assez important : sous-entendu, si cette médication est efficace contre ce très grand ver dangereux, elle le sera ô combien, contre d’autres espèces de vermines comparables ou de moindres importances. 

 

 


 

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         2. Les textes particuliers

 

         Les textes particuliers sont remarquables, car ils identifient le tænia, et le situent bien dans un contexte multiparasitaire en relation avec la symptomatologie âaâ.

 

          2.1. pEbers 461. 66, 1-2a

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         Notes. – (a) Cette médication externe se rapporte à la formulation précédente prescrite « pour chasser la destruction des cheveux » (pEbers 460. 65, 20e-22).

 

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         H. Joachim donne « Wurm im Koth gefunden » (Ver-uāuīt trouvé dans les fèces) (1890, p. 105) [52].

         B. Ebbell donne « ein uàyt  oder Einzelwurm den man in den Excrementen gefunden » (un ver  ou un ver solitaire trouvé dans les excréments) (1937 p. 158) [53].

         P. Ghaliougui donne « a black worm found in dung » (un ver noir retrouvé dans les selles) (1987, p. 129) ; Th. Bardinet donne « ver solitaire trouvé dans les selles » (1995, p. 317) ; Westendorf donne « Wurm/Made (wʿwj.t), die im Kot gefunden » (Ver/asticot (wʿwj.t) trouvé dans les fèces) (II, 1999, II, p. 628-629) ; B. Lalanne et G. Métra donnent « ver solitaire trouvé dans les excréments » (1971, p. 137).

 

p77.4640, 78.4445, 79.3286 « trouver » ; Hannig-Wb I & II,2 - 35762 « finden » (trouver) ; PtoLex. p. 1099, « to find » (trouver) ; Erichsen 1954, p. 579, dém. gm « trouver » ; KoptHWb p. 458 et 456 ; Vycichl 1983, p. 342, ϭⲓⲛⲉ S … « trouver ». Ce ver solitaire (ou des parties de son strobile : proglottis ou chaînes) a été retrouvé dans des fèces (ḥs(.w)), et donc, un ver du genre Tænia.

 

         Commentaire. – Je rappelle à cette occasion, que, contrairement au Tænia saginata Goeze 1782, et dont les proglottis matures (anneaux) se trouvent émis activement dans le milieu extérieur, en dehors des selles, isolément ou en chaînes plus ou moins longues formées de plusieurs de ces unités, les proglottis de Tænia solium Linnæus 1758, eux, sont émis passivement dans le milieu extérieur, avec les selles, isolément ou en chaînes plus ou moins longues formées de 5 à 6 de ces unités. Les anneaux Diphyllobothrium latum subissent également un passage passif dans les selles après traitement. 

 

 


 

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         Parmi les Tænidae, il s’agit donc, soit, d’un Tænia solium (parasite du porc), ou bien, d’un bothriocéphale (parasite du poisson), mais plus vraisemblablement dans ce cas, d’un Tænia solium plus gros et immobile, et ainsi plus facilement visible et prélevable dans des excréments.

         Je renvoie pour cela à : R.-A. Jean, « Infectiologie XIII. Parasitologie XIV. Tæniasis, cysticercose, et associations parasitaires - 1 », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 16 août 2022, p. 5-16 et au tableau de la figure 35 p. 27. 

         En ce qui concerne l’action souhaitée de cette recette capillaire locale proposée pour éviter la perte des cheveux (sur pEbers 460. 65d-22 et précédentes), elle est envisagée ici sur le principe analogique/antinomique du retour de la couleur noire sur un cuir chevelu qui deviendrait sans autre intervention aussi lisse et rosé qu’une portion de « ver solitaire ». Ainsi, le noir supposé généré par la couche graisseuse sous-cutanée du serpent noir localisée sous les écailles qu’elle nourrit, et à qui ce revêtement solide doit sa couleur foncée, est sollicité afin de reproduire le même phénomène sympathique, c’est-à-dire participant à maintenir les cheveux existants en les renforçant, et en favorisant une repousse aussi drue et foncée que souhaitée. Sans préjuger de l’efficacité du traitement, il faut rappeler ici à cette occasion de pas si anciennes utilisations animales, comme par exemple celles de crins de cheval dans l’espérance de certaines résolutions de troubles des phanères en cosmétologie … Voir par exemple les préparations à base de « chignon de cheval ». Ainsi, le traitement capillaire ÉCRINAL ® est dit atténuer la chute des cheveux et stimuler la repousse, en raison des principes actifs (tricholipides) contenus dans la masse graisseuse dans laquelle est implantée directement la crinière du cheval (Vidal, 1988, p. 139). Aujourd’hui, si l’on regarde la formulation pour ce même produit, ce même soin des phanères est proposé à base d’ANP ® 2(tricholipides de chignon de cheval), renforcé par du Lipesters ® et des extraits de plantes (ÉCRINAL cheveux antichute ®, des Laboratoires Asepta) [54]. Or, le Lipesters ® correspond à des protéines extraites de la bave émise par le ver à soie (Bombyx mori) : ainsi de nos jours, ce n’est plus le serpent noir, mais le cheval, et, le ver à soie qui sont mis à contribution. Au dessin publicitaire qui représente une superbe crinière de cheval pourrait être ajouté le même déterminatif égyptien représentant indifféremment un serpent ou un ver … !

 

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         Notes. – (a) Texte déjà étudié, se reporter à : R.-A. Jean, « Infectiologie XII. Parasitologie XIII. L’ascaridiose, et associations parasitaires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 mars 2022, p. 51-59 pour le développement. 

 

         Commentaire. – Il faut remarquer dans ce texte le souci de soigner une infestation concomitante de ver-ascaris-hefat, et, d’un ver-tænia-pened (ou d’un autre cestode) : une biparasitose – une double infestation observée comme telle par les cliniciens naturalistes. Il ne s’agissait pas d’un traitement spécifique, mais anthelmintique, général, et bien ciblé (vers, microorganismes, et soutien contre les complications). Nous allons constater ci-dessous que les médecins soupçonnaient encore bien d’autres associations parasitaires possibles, encore plus complexes, et donc encore plus dangereuses, et capables d’engendrer des pathologies importantes accompagnées de la symptomatologie âaâ. Et nous avons déjà vu que les praticiens envisageaient de palier aux effets secondaires graves des parasitoses comme l’anémie (Cf. supra, pEbers 76. 22, 7c-9a, p. 14-16).

 

 


 

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          2.3. pEbers 61. 18,21 - 19,10

 

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         Notes. – (a) Pour les trois textes qui suivent (dont celui-ci), il faut considérer pour leurs datations, qu’ils ont été placés les uns à la suite des autres tels quels par le copiste sur une seule page, ce qui nous montre une colonne de texte assez étroite par rapport à la largeur d’espace prévu pour la majorité des autres textes où ils sont situés « en ligne », et prenant toute la largeur de la feuille-colonne théorique (Fig. 18-19) – place qui se trouve de cette façon bien remplie pour le reste, sans doute pour faire des économies de support papyrus pour ce très long document. Cette reproduction à l’identique en une seule petite colonne des fragments initiaux recueillis, façon photocopie, commence en page-colonne 3, et se termine en page-colonne 11. Ainsi l’on peut voir qu’au moins pour ces premiers textes, ils émanaient tous initialement de notes, ou d’écrits formulés sur des supports assez étroits, ce qui entraîne parfois une certaine concentration des différentes parties sur une même ligne, telle que par exemple en pEbers 61. 18, 3a-3b (Cf. supra). Cela nous prouve que ce papyrus médical correspond bien à un recueil collationnant une quantité d’autres sources éparses datant de différentes époques antérieures, bien que souvent assez proches dans le temps les unes des autres, afin de former un nouveau vade-mecum.

 

pcommun en Afrique, soit Phragmites australis (Can.) Trin. Ex Steud, sans propriété vermifuge, Cf. Richard-Alain Jean, « Infectiologie X. Parasitologie XI. La bilharziose et autres parasitoses », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 31 mai 2021, note (b) p. 26-27.

         Voir peut-être aussi (?) : Acorus calamus L., plante attestée en Égypte à la XIe dyn. (de Vartavan, Asensi Amorós, op. cit,1997. p. 33), et réputée en Asie anthelminthique, insecticide, digestive, stomachique, diurétique, et expectorante, y compris pour les animaux (Duke, 1985) [55]. Plante réputée répulsive en Afrique [56], et utilisée comme émétique, calmant, stomachique [57] à Madagascar et dans l’île Maurice [58]. Un bon candidat (?) Voir cependant J. Bruneton (1999, p. 573-574 ; 2001p. 144).

 

 


  

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psuffixe 3e pers. plur.). En effet, ce sont bien les vers capables de provoquer une multiparasitose contre lesquels il faut adresser cette conjuration. Les choses étaient bien comprises à ce niveau par les cliniciens rédacteurs de cette source historiquement postérieure à celle notifiée en pEbers 62. 19, 11-19a. Cette conjuration est exactement descriptive pour le ver-hery-khetef (Cf. infra, notes d et e).

 

 

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         Il s’agit donc bien pour nous ici d’un « morceau », d’une « fraction », de quelque chose, qui se retrouve « délié », « détaché », « libéré » (wʿ) de sa partie principale, du fait qu’il a été affaibli (b3gy), ici, par le traitement administré, et ainsi se retrouve « détourné » (nwd ) ailleurs, en l’occurrence dans notre cas : du ventre du patient, et en s’évacuant, bouts par bouts, par son anus. Cette chose vivante ne peut correspondre dans cette situation spéciale, qu’à la vermine incriminée ḥr (y)-ẖ.t=f, donc pouvant entrer dans le cadre d’une multiparasitose, avec une association ver-hefat, ver-pened ou autre cestode, (comme en pEbers 66. 20, 16-22). Il sera donc logique de découvrir des « morceaux » (proglottis) de ces vers dans les selles du malade, c’est-à-dire, des « anneaux-paout » de ver-cestode-pened.

         Voir à ce sujet : R.-A. Jean, « Infectiologie XIII. Parasitologie XIV. Tæniasis, cysticercose, et associations parasitaires - 1 », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 16 août 2022, p. 11-12, 25-27 avec les figures pour l’élimination des anneaux (proglottis).

 

pson ventre ». Hannig-Wb I & II,1 - 21443 ḥrj-ẖ.t=f « der auf seinem Bauch » (celui sur le ventre). Ver compromis, et responsable de l’attaque des organismes humains dans ce passage : il s’agit de cette façon d’une appellation à connotation très négative puisqu’elle correspond également à l’action productrice volontaire d’un dieu, ou d’une entité démoniaque à la solde d’un dieu propagateur de maladies : le mal vermineux a d’abord été introduit activement à l’intérieur du corps du patient avant de se développer – nous avons déjà vu que ce type d’étiologie était courante en Égypte ancienne, qu’il s’agisse d’agents pathogènes visibles ou invisibles à l’œil nu. Nous avons également vu que pour les égyptiens, un ver répondait à un très petit serpent, jusqu’à pratiquement être assimilé à une « sorte » de serpent. Or, un « serpent » fait allusion à un ver rond quand il se dresse, ou file rapidement, mais ici décrit « sur son ventre », il fait allusion à un ver plat (le plat du ventre du serpent quand il est statique ou se déplace lentement est vu en D renversé : ⩍ ). Cette classe de ver est « épatée » (dans le sens aplati en élargissant sa base). Dans cette narration médicale, il s’agira d’un ver intestinal pouvant se trouver impliqué dans des multiparasitoses. Ver, nous dit le texte, constitué de proglottis capables de se détacher du corps principal, d’être rejetés, et d’être constatés de visu, pour nous un Cestoda de la classe des Plathelminthes : soit l’un des Taenias, ou, un très dangereux Diphyllobothrium, ou encore à une association de ces vers. 

         En effet, je ne suivrai pas la thèse de Th. Bardinet (1995, p. 52) à cet endroit (pEbers 61. 18,21 - 19,10 sur pBerlin 189. 20,9 - 21,3) qui renvoie aux textes funéraires dans un contexte magique de protection du médecin (1995, p. 454), ou toujours ici et pour ce texte, à une assimilation à Osiris (pLouvre E 32847 rec. x+21,5 ; 21,21-22,1) [59], passages sur lesquels je reviendrai ailleurs.

         Pour W. Westendorf (1999, II, p. 557), il est bien question dans ce texte de « tænias » (« der Bandwürmer » (les tænias)), tout comme pour E. Stroual (« tapeworm » (tænia), 2021, II, p. 27).

         Ainsi, la cause effective est démasquée par la biologie parasitologique. Elle est responsable de la physiopathologie engendrée, et contre laquelle il faut lutter avec la médication suscrite. Elle correspond à un « ver-Cestode (générique) -hery-khetef ».

 

         (f) Seule la puissance maléfique qui a agi (jr~n) de la sorte, ou un autre dieu plus puissant, sera théoriquement et habituellement jugée capable d’en délivrer le malade – d’où le but de la conjuration, qui, si elle devient pour l’observateur égyptien certes moins efficace que le traitement proposé, nous éclaire sur la nouvelle pensée médicale des auteurs comme nous allons le voir à la suite (pEbers 62. 19, 11-19a) : j’ai déjà indiqué ailleurs [60] que les médecins pharaoniques savants avaient appris à utiliser ce subterfuge littéraire pour ménager la théologie (il fallait garder un langage politiquement correct).

 

 


 

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         Commentaire. – Le rédacteur originel de ce petit texte, apparemment sans trop d’importance, et reproduit dans ce grand papyrus collecteur, divise en deux son propos en plaçant une formulation classique et utile à la tête d’une conjuration de style non moins classique dans son architecture, mais en fait constituée d’éléments nouveaux en matière de biologie et de physiopathologie. Seule l’apparence laisse sauves les anciennes habitudes étiologiques d’origines divines, bien qu’elles s’en trouvent balayées dans ce double langage comme les intellectuels égyptiens pharaoniques se trouvaient obligés de le pratiquer en leur temps, et ceci, afin de respecter la pensée théologique et la résultante politique royale dominante. Donc en lisant bien, le traitement à base de pyrèthre, qui correspond à l’un de celui préconisé en France au XIXe siècle, et donc utile, permet de faire passer un message de modernité au travers d’un ajout magique compris comme un adjuvant psychologique religieux, qui nous indique que les Cestodes, laissant leurs anneaux comme traces, dans les selles du malade ou non, étaient bien perçus par les cliniciens comme des responsables primordiaux majeurs de mono, ou de multiparasitoses. En ce qui concerne la cause de l’infestation, elle est bien sujette à une introduction, à une implantation vermineuse, quel qu’en soit le mode par effet miroir : divin, maléfique, ou, naturel pathogène pour le « sachant ». Le médecin a désormais compris que c’est l’agent infectant, ici un ver spécifique, ou une pluri-infestation, qui provoque la maladie et ses complications abordées dans le texte suivant immédiatement.

 

 

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         Notes. – (a) Texte déjà étudié, se reporter à : R.-A. Jean, « Infectiologie X. Parasitologie XI. La bilharziose et autres parasitoses », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 31 mai 2021, p. 26-30, avec les notes afférentes.

 

pdonc non spécifiques d’une pathologie particulière, et responsable d’une poly-infection helminthique chez le patient vivant. Ce collectif s’attaque aussi aux morts dont ils tentent de se nourrir : ce sont des « vers (génériques) -herrou ». Ici, les parasites responsables sont également compris se nourrir des malades atteints. Cependant, le syndrome-âaâ provoqué par l’affaiblissement engendré par cette situation est dit « à l’origine » (qm3) de cet envahissement vermineux. Il s’agit d’une étiologie divine ou démoniaque classique en son temps : le mal provoque le mal, et les choses ne sont pas si claires. Il faudra encore un peu de temps pour que la pensée évolue et se traduise, ce qui se confirmera nous l’avons vu dans le texte précédent que j’ai volontairement laissé en amont d’une façon antichronologique afin de respecter le placement initial voulu par le copiste (pEbers 61. 18,21 - 19,10).

  

ppulmonaires issus d’une anémie grave due aux prélèvements parasitaires, mais qui est dite ici responsable de l’invasion par un collectif vermineux. Cette notion fautive trouvera assez rapidement sa résolution dans un autre texte postérieur et déjà étudié plus haut (pEbers 61. 18,21 - 19,10).

 

 


  

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         Commentaire. – Cette médication est située immédiatement à la suite d’une série d’autres médications indiquées contre le ver-ascaris-hefat débutant en pEbers 50. 16, 15-18, puis, contre les cestodes. Il faut remarquer que la dernière formulation de pEbers 61. 18,21 - 19,10 est identique à celle de pEbers 62. 19, 11-19a déjà examinée à propos de la bilharziose. Le scribe a ainsi prélevé ce dernier texte dans un écrit plus ancien, et l’a ensuite introduit à cet endroit de son travail, non seulement pour compléter les traitements proposés contre les ascaris et les tænias, mais aussi, et bien visiblement, pour situer toutes ces prescriptions dans le concert pressenti et déjà vérifié des multiparasitoses. Maladies dont il faut se prémunir, certes à l’aide d’un traitement accompagné d’une conjuration descriptive juste (pEbers 61. 3b-10) dirigée contre un « ver-Cestode (générique) -hery-khetef » (pEbers 61. 19,7), Cestodes, comprenant des Taenias, le très dangereux Bothriocéphale (Diphyllobothrium latum), et, toutes autres vermines confondues (autres Cestodes, Trématodes, Nématodes …), tous ici symbolisés par de voraces « vers (génériques) -herrou » (pEbers 62. 19,16), mais aussi surtout, en ordonnant des traitements curatifs causaux réputés efficaces, très clairement dans ce texte, dirigés contre la pathologie provoquée par ces parasites vermineux et engendrant explicitement la symptomatologie âaâ. Lu entre les lignes, ces parasites éliminés du corps du malade, la symptomatologie âaâ disparaîtra : ce qui est juste.

         Ainsi, il faut discerner dans ces deux derniers passages importants (pEbers 61. 18,21 -19,10, et pEbers 62. 19, 11-19a), deux niveaux historiques de lectures : dont l’un dit que « C’est le âaâ qui est à l’origine de cela » (pEbers 62. 17-18a) – le plus ancien – puis, une réflexion plus récente engagée par des cliniciens chercheurs et observateurs attentifs. Réflexion faite en constatant les effets de la thérapeutique engagée à la suite d’un acte diagnostique de coprologie positif au ver-tænia-pened dans un contexte où l’on pouvait aussi s’attendre à retrouver un ver-ascaris-hefat entier inerte issus de l’anus, et ceci, dans la reconnaissance, ici tacite mais un peu feinte, de son introduction volontaire, en ce temps, par une entité divine ou démoniaque, ver choisi parmi d’autres vermines possibles – ainsi, ver-hery-khetef, et vers-herrou : « même combat » dans le cadre des multiparasitoses. De cette manière, ce sont donc bien en définitive des vers « induits », au premier chef naturellement, et au deuxième chef de manière surnaturelle, qu’il faut faire éliminer à l’aide bien pragmatique des médications, et à l’aide moins pragmatique, mais démonstrative et pédagogique, des réelles causalités dénoncées par les « conjurations retournées » dont le sens authentique devait être percé par les cliniciens sachants de cette très lointaine époque. Les savants théologiens, souvent eux-mêmes médecins, s’accoutumant au fait – mais en restant prudents dans leurs écrits (!). C’était encore en ce temps, la condition sine qua non d’une forme contrainte de transmission du savoir. À nous aujourd’hui de tenter de la déchiffrer.

 

 

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p« Infectiologie XII. Parasitologie XIII. L’ascaridiose, et associations parasitaires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 mars 2022, p. 31-34. 

 

 

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         Commentaire. – Cette « autre » prescription dirigée contre les « vers (génériques) -herrou » en suit deux autres que nous venons d’étudier, et qui évoquent un petit ensemble particulier consacré aux multiparasitoses. En effet, de par leur expérience clinique, les praticiens pouvaient constater que la racine de grenadier était efficace contre le ver-tænia/cestode-pened – bien que cela n’ait pas été facile à percevoir dans les pluri-infestations : en réalité la cible restait multiple. C’est également ce que nous montre les alternances des médications entrevues pour l’un ou l’autre de ces « familles » de vers.

         Cette plus grande dilution ordonnée dans cette préparation plus douce doit être prévue pour un organisme plus frêle, comme une femme, ou un enfant. Cela nous démontre encore l’attention que portaient les médecins égyptiens pharaoniques aux dosages respectifs.

         De plus, et comme je l’ai déjà indiqué (30 mars 2022, p. 58), il est probable que les spécialistes égyptiens voyaient dans le « ver-ascaris-hefat », non seulement le plus grand des « vers ronds » (Nematoda), mais aussi de plus petits. Et comme, ils devaient voir le « ver-tænia-pened » comme le plus grand des « vers plats » (Cestoda), mais aussi de plus petits – j’en reparlerai bien à propos.

         En effet, le tænia est rarement le seul parasite présent chez un sujet donné. Je citerai simplement ici déjà en exemple les examens de selles menés lors d’une enquête pratiquée auprès de 1240 personnes à l’échelon d’une communauté brésilienne, et qui a révélé que plusieurs espèces d’helminthes intestinales étaient simultanément présentes chez plus de 50% de la population de ce lieu [61]. Je renvoie bien entendu également ici même à la paléopathologie (Cf. infra, p. 40-50).

 

 


 

31

 

         Un tænia, est, en général, unique (ver solitaire), du fait d’une relative immunité spécifique s’opposant à la fixation d’un autre Cestode et cessant avec la destruction ou l’expulsion du parasite. Cependant, on rencontre parfois (dans moins de 1 % des cas en occident moderne) des infestations multiples dont le maximum rapporté de notre temps a été de 150 Tænia saginata chez un même individu. Le parasite est alors plus petit, de 50 à 80 cm chacun. De plus, sont documentés en occident, comme dans les pays en voie de développement, des associations possibles de Tænia saginata avec d’autres parasites comme par exemple Tænia solium ou encore Diphyllobothrium latum [62]. Les chiffres pouvaient être supérieurs autrefois en l’absence de traitements appropriés. Dans l’antiquité également.

         Pour un exemple d’infestations concomitantes de tænias et d’ascaris, je citerai déjà ici une étude faite en milieu scolaire au Niger, et où le pourcentage de co-infection des deux parasites était respectivement de 29,2 % et 24,3 % des garçons et des filles avec un total de 26,5 % de nos jours dans cette école (Fig. 22).

 

 

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         Les situations devaient être supérieures ou au moins comparables en Égypte ancienne : par exemple déjà, une multiparasitose a été retrouvée dans l’une des momies d’époque romaine découverte dans une tombe de l’île de Saïs (S 0041) : cette personne (VSP 0118) était porteuse, à la fois, d’Ankylostoma sp., d’Ascaris lumbricoides, et de Tænia sp. (Cf. infra : texte p. 43 et fig. 30).

 

         2.2. Les autres formulations

 

         Nous trouverons d’autres formulations prévues pour se débarrasser du ver-pened dans la suite des papyrus médicaux égyptiens étudiés dans cette enquête. Ils seront inclus dans trois tableaux : le premier tableau montre les textes concernés par le ver-pened cité dans le même verset, avec des exemples comprenant une autre indication utile dans une infestation parasitaire (Fig. 23). Puis, un deuxième tableau indique d’autres textes concernés par le ver-pened cité dans un verset supérieur, avec des exemples comprenant une autre indication utile dans une infestation parasitaire (Fig. 24). Un dernier tableau fera état d’autres prescriptions formulées dans leurs expressions plus proprement multiparasitaires et correspondant aux textes particuliers donnés dans le chapitre 2 (Fig. 25).

 

 


  

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         3. Paléopathologie

 

         3.1. La littérature égyptienne

 

         Nous avons commencé ensemble à explorer les papyrus médicaux égyptiens relatifs à la parasitologie et aux vers intestinaux. Il était surtout question ici d’un ver-ascaris-hefat (un ver rond), puis d’un ver-cestode-pened (un ver plat), avec des moyens thérapeutiques donnés pour les combattre. Je reviendrai ailleurs sur d’autres helminthiases dont parlent les textes.

 

         3.2. La littérature classique postérieure

 

         Je rappelle qu’en ce qui concerne la littérature classique postérieure à l’Égypte [63], l’École Hippocratique mentionne bien des vers intestinaux parasitant l’homme (ἕλμινθος) [64] pour le lombric, et même pour le cheval (Oxyuris equi ). Théophraste (Plantes, IX, 20,5) [65] parle de vers plats (ἕλμινθες πλατειαι). De même Aristote (τερηδών) [66], Rufus d’Éphèse, Galien et Oribase. Pline l’Ancien (HN, XXVII, 120) [67] nous dit que les Égyptiens, les Arabes, les Syriens, et les Ciliciens, sont sujets aux « vers et (aux) lombrics » (de tineis lumbricisque) … ». À la suite des Égyptiens pharaoniques, donc, ces deux classes de vers étaient connues des Grecs qui différenciaient les vers ronds et les oxyures, et des Romains, qui eux, semblaient pourtant aussi au total ignorer quelques taxons dont je reparlerai :

 

 

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         Je rappelle encore, que parmi les auteurs hippiatriques grecs traitant des vers intestinaux on trouve : Apsyrtos, Anatolios, Eumelos, Theomnestos, Hippocrate, Hiéroclès, Pelagonius, Simon d’Athènes et Xénophon.

         Chez ces auteurs, le terme général ἕλμινθος désigne les vers intestinaux de l’homme et de l’animal. Pour les vers des chevaux, l’École Hippocratique utilise le terme σχωληχες et les hippiatres grecs le terme τερηδών. Nous savons également par Aristote que des vers étaient connus des Grecs chez les chiens et les poissons [68].

 

 


 

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         Pour des auteurs latins vivant entre le 3e siècle av. J.- C. et le 5e siècle ap. J.-C. et parlant des vers intestinaux, nous avons : Caton le censeur, Celse, Pline, Columelle, Claudius Helianus de Preneste, Gargilius Martialis, Chiron, Végèce, Quintus Serenus Sammonicus, Caelius Aurelianus. Ces derniers se sont contentés de traduire en latin certains des termes grecs, mais ont employé plus d’expressions pour désigner les différents helminthes. Ainsi, le terme lumbrici, traduction du terme grec ἕλμινθος, désigne les vers intestinaux dans leur ensemble. Comme chez les Grecs, des adjectifs décrivant la morphologie des vers sont associés à ce terme et permettent de distinguer les vers ronds (lumbrici rotundi ou lumbrici teretes), et les vers plats (lumbrici lati). Claudius Helianus de Preneste, bien que romain, écrivait en grec et employait le terme ελμινθα pour parler des vers de l’homme en général, et θηρίον pour désigner les vers plats. Le terme ascarides est employé comme chez les Grecs pour désigner l’oxyure de l’homme (Enterobius vermicularis). Ainsi, les Romains ont repris la même classification que les Grecs, les oxyures correspondant là encore à des vers ronds particuliers. D’autres expressions sont employées pour désigner les vers comme par exemple Animalia intestinorum animalia interaneorum (litt. « les animaux des intestins »), colubercossi ou vermes. D’autres encore nous le reverrons, désignent les vers plats : taeniateniatineatineola et tiniola. Enfin, le vocable Tineas rotundas désigne les vers ronds. 

 

 

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         3.3. Archéologie

 

         Des traces de plusieurs types de parasites humains, représentés par leurs œufs encore bien reconnaissables, ont été retrouvées sur plusieurs chantiers de fouilles en Europe, au Moyen-Orient, au Soudan, et en Égypte. Parmi eux, des cestodes, des nématodes, des trématodes ... Je commencerai par citer ici quelques études assez récentes, d’autres sont en cours.

 

         3.3.1. En Europe et au Moyen-Orient

 

         Pour ne citer très rapidement ici que les travaux de B. Dufour, de St. Harter, de D. Langgut, et de N. Côte, nous aurons :

         L’île de Chypre, où l’on trouve des traces de tænias et de bothriocéphale (Shillourokambos), puis de tænias (Khirokitia) [69], ils datent de 7600-6500 av. J.-C. (Néolithique précéramique). 

         En Israël, on trouve aussi des traces de tænias et de bothriocéphale (Beit Shean), de tænias (Caesaria), et de bothriocéphale (Qumran) [70], par exemple au 1er siècle ap. J.-C, puis plus tard au XIIIe siècle. 

         Une autre récente étude menée en 2021 par D. Langgut [71] et son équipe dans des toilettes en pierre retrouvées à Jérusalem (dans le quartier d’Armon Hanatziv), a, de la même façon, révélé que leurs utilisateurs étaient infestés de parasites. Ces constructions n’étant pas communes en ce lieu et à cet endroit, les archéologues suggèrent que ces aisances appartenaient à un « ancien domaine royal » qui était en fonction au VIIe siècle avant J.-C. Cette fois-ci, les analyses ont révélé la présence de quatre types différents de vers intestinaux : encore des nématodes appelés Trichuris trichiuraAscaris lumbricoïdesEnterobius vermicularis ou oxyures, plus des cestodes avec Taenia sp. (des ténias du bœuf et du porc) (Fig. 28).

 

 

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         Nous savons aussi que d’autres associations vermineuses de transmission oro-fécale, ont été retrouvées par N. Côte (2015) [72], sur trois sites français étudiés, tant au niveau de la détermination par microscopie optique que par la génétique. Selon les sites étudiés, la concordance entre les taxons observés et les ADN séquencés varie (Fig. 29). 

         Ainsi nous savons d’après cet auteur, que globalement, les populations françaises de l’Antiquité étaient également parasitées par une grande diversité d’helminthes gastro-intestinaux. Les analyses mettent en évidence la présence d’oxyures (Enterobius vermicularis), alors qu’aucun œuf n’avait été observé par l’approche de microscopie. La présence de cette espèce indique des mauvaises conditions d’hygiène au quotidien, avec une absence de lavage des mains par exemple. Les contaminations ont pu se produire en touchant des objets souillés par des œufs, puis en portant les mains à la bouche ou lors de la préparation d’aliments. 

         Malgré la présence de système de gestion des eaux usées via des puits, sorte de latrines, les contaminations par péril fécal devaient être fréquentes. En effet, l’association Trichuris / Ascaris, de transmission oro-fécale, a été retrouvée sur les trois sites étudiés, tant au niveau de la détermination par microscopie optique que par la génétique. 

         L’identification de Diphyllobothrium latum (Bothriocéphale) est positive. 

 

 

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         2.3.2. Dans la vallée du Nil

 

         Dans la vallée du Nil, en 1974, l’examen de la momie de Nakht (ROM I), personnage originaire de Deir el-Bahari (1200 av. J.C.), a montré, dans des préparations histologiques issues de ses tissus intestinaux, des œufs de Tænia sp. et de Schistosoma haematobium (Horne, Lewin, 1977 [73] ; N.B. Millet, G.D. Hart, Th.A. Reyman, M.R. Zimmerman, P.K. Lewin, 1998 [74] ).

         L’examen des « momies de Manchester » a révélé la présence de Tænia sp. avec d’autres parasites (Ascaris sp., Echinococcus sp., Strongyloides sp., Tricuris sp., Dracunculus medinensisSchistosoma sp., Fasciola hepatica, (A.R. David, 1997 [75] ). 

         Des analyses faites sur un paquet canope repositionné et contenant l’estomac d’une momie de la période ptolémaïque tardive (fin du IIe-début du Ier s. av. J.-C.) ont démontré que cette jeune femme était atteinte d’une cysticercose due à Tæniasolium (Fig. 34, p. 45). La découverte a été confirmée par les tests immunohistochimiques (Bruschi et al. 2006 [76] ).

         Tænia sp. à encore été signalé dans une publication de M. Le Bailly et al. (2010) [77], suite à l’analyse d’échantillons fécaux d’une douzaine de momies du site d’El-Deir (oasis de Kharga) et provenant de l’une d’elles découverte dans un ancien cimetière chrétien daté entre la fin du IVe siècle et le début du Ve siècle après J.-C.

         On se reportera également à l’étude de M. Nezamabadi (2014) [78], qui fait aussi le point sur les données disponibles issues des études menées actuellement sur les parasites anciens au Moyen-Orient (Égypte, Soudan, Israël, Chypre, Iran, Syrie), avec des résultats positifs à Cherabad (Iran, périodes Achéménide et Sassanide) [79], ainsi que sur deux zones très anciennes du site d’Hiérakonpolis (Égypte).

 

         Pour les travaux de Stéphanie Harter [80] :

 

         En 2002, des œufs de Tænia et Ascaris ont été détectés à Saqqarah dans une jarre de rejet d’embaumement qui date de la XXVe dyn. (715-656 ans av. J.-C). La spéciation a pu être faite, car la nature anthropique du prélèvement est attestée par la présence simultanée pour le même individu de Tænia saginata et d’Ascaris lumbricoïdes.

 

         Tænia sp., Diphyllobothrium sp. (bothriocéphale), et hymenolepis sp. ont également été identif iés en Haute Nubie (Saïs) [81], avec :

         - Pour le Napatéen (700-300 ans av. J.C), Tænia sp. (SAP-1-C3-T1.1 ; SAP1-C3-T9-1), et Diphyllobothrium sp. (SAP1-C3-T8.1 ; SAP1-C3-T10.1). Le score d’un adulte féminin (SAP1-C3-T8.1) est à noter, puisque cette femme cumule dans sa multiparasitose, une bothriocéphalose, une oxyurose à Syphacia, une autre entérobiose, une trichocéphalose, une ascaridiose, une ankylostomose, et une bilharziose, soit un ensemble de sept parasitoses (!)

         - Pour le Méroïtique (275 av J.C-350 ap. J.C.), Tænia sp. (8B5A-T.331-332.1 ; 8B52B-T.4.VII ; 8B52B-T.31.1 ; 8B52B-T.35 (42,43,44) ; 8B5A-T.315.D ; 8B5A-T.315.E ; 8B5A-T.305.10 ; 8B52B-T.3.1), Hymenolepis sp. (8B52B-T.4.VII ; 8B5A-T.315.D ; 8B5A-T.315.E ; 8B5A-T.315.G ; 8B52B-T.3.1). Les atteintes vont de la biparasitose (ascaridiose + hymenolépiose pour le sujet 8B52B-T.4.VII), à la pluriparasitose (ex : tæniasis, fasciolose, ascaridiose, entérobiose, trichocéphalose, hymenolépiose, soit six parasitoses cumulées pour le sujet 8B5A-T.315.E).

         - Pour le Groupe X (fin IVe-Vsiècle), Tænia sp. (8B17A-T.2.1 ; SAP1-C2-T6.1). Biparasitoses et triparasitose.

         - Pour le groupe Sub-chrétien (300-1500 ap. J.C.), Tænia sp. (SN-T.37 ; SN-T.140.1). Cela va de la biparasitose à la triparasitose.

 

 


  

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         - Pour le groupe Sub-musulman (1500 ap. J.C.), Tænia sp. a également été identif ié à Kerma [82], avec : Hymenolepis sp. (8B5A-T.313.1), le même sujet était atteint en plus, de bilharziose, d’ascaridiose, et de trichocéphalose, soit de quatre parasitoses cumulées.

 

         Tænia sp., a été identif ié à Kerma (2400 - 1750 ans av. J.C.), avec : 

         - Par exemple une quadriparasitose composée de tæniasis, fasciolose, bilharziose, et d’ascaridiose (KCE-T.70).

         Tænia sp. et Hymenolepis sp., ont également été identif iés sur le site de Sédeinga  [83], avec :

         - Pour le groupe Sub-chrétien (300-1500 ap. J.C.), Tænia sp., Hymenolepis sp. (II-T.132), le même sujet était atteint en plus de fasciolose, de bilharziose, d’ascaridiose, de trichocéphalose, d’entérobiose, et enfin de pédiculose, soit huit parasitoses cumulées (!)

 

         Et enfin, encore en Égypte [84] , avec :

         - Deir el-Medineh, intérieur d’une momie (XXVe-XXXe dyn.), Diphyllobothrium sp., le même sujet était atteint en plus, de trichocéphalose, et d’ankylostomose.

         - Saqqara (Mission du Louvre 2001), Sarcophage 2 (XXV- XXXe dyn.), Diphyllobothrium sp., le sujet montrait en plus, une fasciolose et une trichocéphalose ; dans une jarre d’embaumement (XXVe dyn.), ont été trouvés des œufs de Tænia sp., avec en plus des œufs d’Ascaris sp.

 

         Bien entendu, dans une autre étude diligentée en 2015 par Benjamin Dufour [85], on retrouvera des schémas comparables en Égypte à l’époque romaine (Fig. 30) : ainsi, deux exemples de multiparasitoses présentes dans deux des momies retrouvées dans une tombe de l’île de Saïs (S 0041), nous montrent que les restes d’une personne (VSP 0118) étaient porteurs, à la fois, d’Ankylostoma sp., d’Ascaris lumbricoïdes, et de Taenia sp., et les restes de l’autre personne (VSP 0119), étaient porteurs, à la fois, d’Ankylostoma sp., et de Taenia sp. (Fig. 30). Puis, une autre biparasitose à Acanthocephala, et à Enterobius vermicularis(oxyure) est montrée dans une momie (VSP 0019) de l’oasis de Dakhleh. Taenia sp. est par ailleurs encore donné seul pour un sédiment d’Al-Kharga (VSP 0073), tandis que Taenia solium est spécifié dans une momie (VSP 0124) du dernier site égyptien.

 

 

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         L’auteur nous rappelle aussi à cette occasion, que les œufs du groupe Taeniidae (Taenia soliumTaenia saginata ou Taenia soliumTaenia sp., Echinococcus granulosus et Taenia/Echinococcus sp.) ne sont pas retrouvés, car leur membrane est fragile et ne résiste pas aux processus taphonomiques. Seuls les embryophores qui correspondent à la partie de l’œuf qui contient la larve sont observés. Les embryophores (structure ellipsoïdique contenant une larve) des genres Taenia et Echinococcus présentent les mêmes caractéristiques et ne peuvent être différenciés sur les seuls critères observés en microscopie optique. Leur coque est épaisse à striation transversale caractéristique et présentent selon les espèces de ces deux genres un diamètre compris entre 20 et 43 μm environ. 

 

 

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          Nous avons déjà vu que des embryophores d’Echinococcus granulosus, le tænia du chien, peuvent être accidentellement ingérés par l’homme via un contact direct avec des Canidés. Les larves s’enkystent alors le plus souvent dans son foie et forment des « kystes hydatiques » qui se calcifient. Ainsi, deux de ces kystes calcifiés ont été retrouvés dans des squelettes humains de l’un des sites de Jérusalem datant de la période romaine (1er siècle après J.-C.), par J. Zias et K. Y. Mumcuoglu (1991) [86].

 

 

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Pour les travaux de M. Nezamabadi [87] :

 

 

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         D’autres études en Égypte et dans les musées du monde sont en cours en lien avec des universités à vocations médicales et des sciences, en particulier avec des moyens de microscopie électronique et d’immunohistochimie. J’en reparlerai.

  

 


 

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         4. Conclusion

 

         Les textes médicaux égyptiens pharaoniques nous indiquent que les observateurs naturalistes du temps avaient bien constaté des localisations intestinales grêles de différents Cestodes, ainsi que la situation solitaire pour la même espèce de ver plat, dont plus précisément celle de Tænia solium (pEbers 461. 66, 1-2a). Si la découverte d’anneaux ou de chaînes d’anneaux de ce dernier parasite dans les selles pouvait avoir eu lieu du vivant même des malades – et aux moments d’examens directs de coprologie ordonnés par les cliniciens (pEbers 61. 18,21 - 19,10) – seul, par exemple une position pelotonnée de Tænia saginata visible dans le jéjunum de défunts, ne peut avoir été constatée qu’aux moments d’actes d’anatomopathologie réalisés post-mortem, soit à l’occasion d’autopsies, soit en profitant des extractions des viscères avant des embaumements de patients suspects. Par contre, des proglottis de ce dernier ver pouvaient avoir été vus dans les linges sous-vêtements des malades. Des anneaux et des chaînes d’anneaux pouvaient également avoir été vus dans des rejets d’embaumement pendant les manipulations, voir à ce sujet comme je l’ai déjà indiqué : S. Harter-Lailheugue, F. Bouchet (« Étude paléoparasitologique d’éléments atypiques de la Basse et Haute Vallée du Nil », Bull Soc Pathol Exot, 99, 1, 2006, p. 53-57), et ceci, dans la mesure où, si des œufs de parasites ont bien été retrouvés longtemps après les opérations mortuaires par des égyptologues spécialisés aidés par des biologistes parasitologues, et que ces œufs, du fait de leurs trop petites tailles ne pouvaient certes pas avoir été vus par les intervenants des anciennes époques, en revanche, les anneaux avant dessication ou leurs chaînes pouvaient, eux, avoir été remarqués de tous, c’est-à-dire visualisés au cours des toutes premières manipulations du corps par l’entourage, suivies des mises en linges et de la confection des ballots d’organes par les momificateurs (paquets canopes), et ceci, avant d’être recouverts de natron. À ces occasions, des différentiations entre vers ronds et vers plats étaient immanquables aux yeux des observateurs attentifs, ce qui a amené les spécialistes à les nommer différemment les uns des autres dans un concert vermineux complexe, et dont les éléments n’étaient pas si faciles à dissocier et à identifier, organe par organe (foie, intestins …), dans le cas des multiparasitoses.

         Ainsi, nous avons pu examiner ensemble, et en détails, un certain nombre d’éléments confirmant la présence de tænia seuls, de tænia plus d’ascaris, et d’autres vermines associées, à la fois dans les textes pour les citations et les traitements, ainsi que dans la paléopathologie, et ceci, allant du monde égyptien pharaonique pour cette étude, aux mondes gréco-romains et moyen-orientaux anciens, puis occidentaux et africains modernes pris pour comparaisons. Nous avions vu aussi auparavant, que la clinique ne pouvait qu’être, pour les premiers cas approfondis dans ces travaux, que déduite secondairement à partir des thérapeutiques proposées par les médecins égyptiens contre différents vers parfois seulement caractérisés par leur déterminatif particulier (I 14). Et ceci, dans la mesure où certaines données physiopathologiques et anatomopathologiques anciennes pharaoniques demandaient encore à être précisées ou instruites. Ce qui commence à se faire jour avec la deuxième partie des textes que nous venons ici d’étudier, et qui est assez parlante et novatrice à ce propos. Cependant, l’embarras des praticiens mis devant des cas de multiparasitoses auxquelles ils ne pouvaient certes pas encore accéder totalement à ces lointaines époques, n’est pas encore tout à fait levé. Et c’est bien logique : il faudra encore beaucoup, beaucoup de temps – puisque nous devrons attendre quasiment les XVIIIe-XIXe siècle, pour disposer des identifications parasitaires courantes, et plus tardivement pour comprendre d’autres notions vraiment exactes – et puis, d’autres détails qui nous sont toujours obscurs sont aujourd’hui en cours d’investigations dans les laboratoires modernes (!) Saluons au passage les progrès engagés par les médecins militaires modernes français.

 

 


 

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En suite de cela, j’ai jugé pour le moment devoir interpréter le vocable pnd par « ver-cestode-pened », et non pas par « ver-plathelminthe-pened », en raison de la classe intermédiaire des Trématodes qui font également partie de l’embranchement des Plathelminthes, mais sans qu’il ne soit encore possible de dire si les naturalistes égyptiens les considéraient comme des vers-pened dans la mesure où je n’ai pas encore retrouvé de texte situant les grandes douves (Fasciola hepatica) dans le foie des hommes (parenchyme hépatique, voies biliaires) ou des animaux porteurs (voies biliaires), alors que leur vue à l’œil nu, et donc leurs détections, sont immanquables, par exemple lors de la préparation des viscères abdominaux pour les paquets ou les vases canopes, ou en boucherie pour les moutons et le bétail – car nous avons vu que les abattages et les débitages étaient faits dans un bon contexte vétérinaire établi et surveillé par un corps de prêtrise particulier en lien avec la Déesse Dangereuse. Divinité capable de déclencher des épidémies et des endémies auxquelles elle était susceptible de mettre fin par sa propre volonté – à moins que ce ne fût aussi (!) à l’aide des connaissances réellement accumulées au cours de siècles et de siècles de pratiques par ses médecins serviteurs, et exerçant sans interruption sous sa bienveillance en Égypte. De cette manière, et dans leurs facteurs de progression, il est aussi possible, au stade de la différentiation pharaonique entre des « vers-pened » et des « vers-hefat », que les bilharzies (Schistosoma haematobiumSchistosoma mansoniSchistosoma intercalatumSchistosoma guineensis …) – autres Trématodes, aient été compris comme des vers ronds, un peu à l’image des ankylostomes, Nématodes déjà étudiés (Necator americanusAnkylostoma duodenale), ou des filaires vraies (autres Nématodes : Wuchereria, bancroftiOnchocerca volvulus …), ou, de la filaire de Médine (Dracunculus medinensis). Par exemple encore comme nous le verrons, des Trématodes (Fasciola hepatica Linnæus 1758) aperçus dans le foie, ont-ils pu être confondus avec des proglottis de Cestode ? – tous des Plathelminthes (Fig. 40). Sujets intéressants que nous démêlerons ensemble une autre fois, non pas pour accuser les spécialistes de l’époque de ne pas connaître les classements scientifiques modernes, mais pour s’étonner de leur sagacité et de l’avancement de ce qui préf igurait alors nos observations actuelles.

         Il reste également remarquable qu’un lien fût déjà conçu en Égypte pharaonique, entre toute une symptomatologie cardio-vasculo-pulmonaire et anémique âaâ avec une partie comprise de sa physiopathologie, accompagnée de la détermination de ses causes réelles d’origines vermineuses naturelles – et non surnaturelles induites. La pharmacopée disponible localement en ce temps, ou même importée des colonies ou de l’étranger, parfois aussi acclimatée, devait finalement fournir un bon nombre de composés utiles à de vrais traitements, spécifiques, ou non, produits que l’on retrouve souvent dans les nomenclatures thérapeutiques européennes anciennes et modernes comme nous pouvons le constater en parcourant les listes des médications proposées.

         Il sera donc opportun à l’avenir de continuer à explorer les écrits médicaux accessibles dans la même perspective, et de livrer à la suite de cela d’autres problèmes décrits et engendrés par d’autres parasitoses, les unes plus faciles à identifier, ainsi que d’autres moins commodes à cerner.

 

 

p(Ⓒ R.A. JEAN)

 


 

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[1] Fr.-V. Mérat, Du Taenia, ou ver solitaire, et de sa cure radicale par l’écorce de racine de grenadier ; précédé de la description du taenia et du bothriocéphale, avec l’indication des anciens traitemens employés contre ces vers, J.-B. Baillère, Paris, 1832 ; Victor Treille, Étude sur le ver solitaire ou les ténias armés, ténias inermes... le bothriocéphale et différents vers intestinaux de lhomme, 11e édition, J.-B. Baillère, Paris, p. 24-44 ; E. Bouchut, Traité pratique des maladies des nouveau-nés, des enfants à la mamelle, et de la seconde enfance, Baillière et Fils, Paris, 1867, p. 588-591 ; L. Sicard, Notions sur le taenia ou ver solitaire, indications sur le traitement à suivre pour obtenir sa destruction... par le taenifuge vosgien à base dextrait de fougère mâle, Protat frères, Macon, 1891 ; J. Comby, Traité des maladies de l’enfance, Rueff et Cie, Paris,1892, p. 487-491 ; R. Moniez, Traité de parasitologie animale et végétale, appliquée à la médecine, Baillière, Paris, 1896, p. 173-295 ; Dr Petit, G. Borne, Manuel pratique de bactériologie, parasitologie, urologie, anatomie pathologique, C. Naud - Éditeur, Paris, 1902, p. 64-72 ; Maurice Neveu-Lemaire, Précis de parasitologie humaine, F.R. de Rudeval - Éditeur, Paris, 1906, p. 277-362 ; J. Guiart, Précis de parasitologie, Baillière, Paris, 1910, p. 303-353 ; P. Verdun, Précis de parasitologie humaine : parasites animaux et végétaux (les bactéries exceptées), Doin, Paris, 1913, p. 170-280 ; J. Guiart,Précis de parasitologie (révisé), Baillière, Paris, 1922, p. 263-309. 

[2] E. Brumpt, Précis de parasitologie, I, Masson, Paris, 1949, II, p. 718-828 ; M. Vaucel, « Parasitisme par Hymenolépididés », et « Sparganose », EMC – Médecine Tropicale, I, Flammarion, Paris, 1952, p. 13-19 ; J. Callot, J. Helluy, « Cestodes », CMC – Parasitologie médicale, Flammarion, Paris, 1958-1968, p. 321-350 ; M. Gentilini, Médecine tropicale, Flammarion, Paris, 1993, p. 243-255 ; P. Bourée, « Parasitoses intestinales infantiles », « Taeniasis», EMC – Pédiatrie / Maladies infectieuses, 01/01/2000 (4-015-F-10) ; P. Aubry, B-Al. Gaüzère, « Cysticercose », Médecine tropicale, Bordeaux, 12/01/2002 ; J.-A. Bronstein, F. Klotz, « Cestodoses larvaires », EMCMaladies infectieuses, Elsevier, Paris, janvier 2005, [8-511-A-12] - (Doi : 10.1016/S1166-8598(05)38390-6) ; Col. « Taeniasis et cysticercose », ANOFEL, CERIMES, Grenoble, 2014 ; R. Jambou, J. Razafimahefa, A. Rahantamalala, « cysticercose », EMC – Maladies infectieuses, 18/09/2017 ([8-511-A-12]  - Doi : 10.1016/S1166-8598(17)60177-7). Documents de l’ANSES, de l’OMS, et d’Africa Centres for Disease Control and Prevention.

[3] H. Joachim, Papyros Ebers: Das älteste Buch über Heilkunde, Druck und Verlag von George Reimer, Berlin, 1890, Einleitung, p. XVII, puis, note 8, p. 13, note 1 p. 14, note 1 p. 15, note 2, p. 16, note 4, p. 17.

[4] B. Ebbel, The Papyrus Ebers, the greatest Egyptian medical document, Levin & Munksgaard: Copenhagen - Oxford University Press, London, 1937.

[5] A. Moteetee, B.-E. Van Wyk, « The medical ethnobotany of lesotho : a review », Bothalia, 41,1, 2011, p. 216. 

[6] E. Motte, « Les plantes chez les pygmées Aka et les Monzombo de la Lobaye (Centrafrique) », Agence de coopération culturelle et technique, (A.C.C.T.), 1980, p. 574.

[7] The International Plant Names Index and World Checklist of Vascular Plants, Richmont, 2022. 

[8] V. Tackholm, M. Drar, Flora of EgyptBull. Fac. Sci. Cairo Univ., 2, 1950, p. 453.

[9] A.I. El-Shamy, A.F.Abdel-Razek, M.I. Nassar, « Phytochemical review of Juncus L. genus (Fam. Juncaceae) », Arabian Journal of Chemistry, 8, 5, September 2015, p. 614-623.

[10] Hao-Chun Hu, Yi-Hong Tsai, Yu-Che Chuang, Kuei-Hung Lai, Yu-Ming Hsu, Tsong-Long Hwang, Chih-Chan Lin, Ferenc Fülöp, Yang-Chang Wu, Szu-Yin Yu, Yu-Ting Kuo, Fang-Rong Chang, « Estrogenic and anti-neutrophilic inflammatory phenanthrenes from Juncus effusus L. »,Natural Product Research, 36, 12, 2022, p. 3043-3053.

[11] B. Paulos, T.G. Fenta, D. Bisrat, K. Asres, « Health seeking behavior and use of medicinal plants among the Hamer ethnic group, South Omo zone, southwestern Ethiopia », Journal of Ethnobiology and Ethnomedicine, 12, 2016, p. 44, ou Tableau 5, p. 8 (DOI 10.1186/s13002-016-0107-x).

[12] Une expression locale « Ouamm », est dite signifier une grosse rotondité (Religieux Soudanais).

[13] A.E. Gonzales, O.R. Bravo, M.H. Garcia, R. de la Santos, M.L. del Thomas, « Pharmacological (anthelmintic) study of Cucurbita maxima seeds and their active principle, cucurbitin », Ann. Real. Acad. Farmaceut., 40, 3-4, 1974, p. 475-486.

[14] Voir par exemple : V. Bouffard, Médecine populaire tchadienne, Éd. Tagal, Pala, 1982, p. 51 ; P. Saulnier, Plantes médicinales et soins en Afrique, Saint Maur, 1998, p. 46.

[15] H. Joachim, Papyros Ebers: Das älteste Buch über Heilkunde, Druck und Verlag von George Reimer, Berlin, 1890, note 3, p. 15.

[16] R. Brisson, Utilisation des plantes par les Pygmées Baka, L’Harmattan, Paris, 2011, p. 234 : plante-’jíngo, ou plante-’tɔkɔlɔkɔ’ - Piper CapenseL.f. (?).

 

 


 

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[17] Piper nigrum L. est utilisé contre l’ankylostomiase au Congo : A.O. Kibungu Kembelo, « Quelques plantes médicinales du Bas-Congo et leurs usages », Kisantu, 2003, p. 13.

[18] J.O. Kokwaro, « Plantes médicinales d’Afrique de l’Est », Bureau de littérature d’Afrique de l’Est, Kampala, Nairobi, Dar Es Salaam, 1976, p. 368 ; L. Van Puyvelde, D. Geysen, F.X. Ayobangira, E. Hakizamungu, A. Nshimiyimana, A. Kalisa, « Dépistage des plantes médicinales du Rwanda pour l’activité acaricide », Journal of Ethhnopharmacology, 13, 1985, p. 209-215 ; G. Defour, « Plantes médicinales traditionnelles au Kivu (République du Zaïre) », 1994.

[19] I. Balagizi Karhagomba, F. Ntumba Kayembe, « Plantes utilisées dans le traitement des helminthoses gastro-intestinales des petits ruminants dans le groupement d’Irhambi-Katana (Région du Bushi, Province du Sud-Kivu, R.D. Congo) », Recherches africaines, 1, 1998, p. 90-99.

[20] J.B Girgune, N.K Jain, B.D. Garg, « Anthelmintic activity of some essential oils », Indian Perfumer, 1978, 22, p. 296-297 ; J.B Girgune, N.K Jain, B.D. Garg, « Antimicrobial and anthelmintic activity of essential oil from Gardenia lucida Roxb », Indian Perfumer, 23, 3-4, p. 213-215. M. Akthar, Z. Iqbal, M.N. Khan, M. Lateef, « Anthelmintic activity of medicinal plants with particular reference to their use in animals in the Indo-Pakistan subcontinent », Small Ruminant Research, 2000, 38, 2, p. 99-107. 

[21] R. Blench, « Dagomba plant names (Preliminary circulation draft) », 2006, p. 12.

[22] T.O. Issa, Y.S. Mohamed, S Yagi, R.H. Ahmed, T.M. Najeeb, A.M. Makhawi, T.O. Khider, « Ethnobotanical investigation on medicinal plants in Algoz area (South Kordofan) », Sudan Journal of Ethnobiology and Ethnomedicine, 2018, 14, p. 31 (doi.org/10.1186/s13002-018-0230-y).

[23] L. Boulos, « Medicinal plants of North Africa », Algonac, 1983, p. 82.

[24] E. Adjanohoun, M.R.A. Ahyi, P. Chibon, H. de Vecchy, et al., « Contribution aux études ethnobotaniques et floristiques au Gabon », Agence de coopération culturelle et technique, Paris, 1984, p. 294 (HP 10).

[25] A. J. P. Diafouka, « Analyse des usages des plantes médicinales dans 4 régions de Congo-Brazzaville », Thèse de doctorat, Université libre de Bruxelles, Faculté des Sciences, Laboratoire de Botanique Systématique et de Phytosociologie, 1997, p. 431.

[26] M. Nyakabwa, W. Dibaluka, « Plantes médicinales cultivées dans la zone de Kabondo à Kisangani (Zaïre) », African study monographs, 1990, 11, 2, p. 87-99.

[27] E. Bossard, « La médecine traditionnelle au centre et à l’ouest de l’Angola », Ministério da ciênciae da tecnologia. Instituto de investigaçâo cientifica tropical, Lisboa, 1996, p. 531.

[28] C. K. Ruffo, « A Survey of medicinal plants in Tabora region, Tanzania », Traditional Medicinal Plants, Dar Es Salaam University Press - Ministry of Health - Tanzania, Dar Es Salaam, 1991, p. 391.

[29] G. posener, L’enseignement loyaliste. Sagesse égyptienne du moyen Empire, Droz, Genève, 1976, p. 144.

R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, « À propos des textes médicaux des Papyrus du Ramesseum nos III et IV, II : la gynécologie (1) », dans S.H. Aufrère (éd.), Encyclopédie religieuse de l’Univers végétal (ERUV III), OrMonsp XV, Montpellier, 2005, p. 387-388 – Accès gratuit sur ACADEMIA, ou sur YouScribe :

http://medecineegypte.canalblog.com/pages/pharmacopee-generale/26004319.html.

[30] H. Tourneux, Dictionnaire peul du corps et de la santé (Diamaré, Cameroun), Karthala, avec le concours de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), 2e édition, 2020, p. 225.

[31] M. Graber, M. Doutre, P. Finelle, J. Keravec, G. Ducroz, P. el Mokotaingar, « Les helminthes de quelques artiodactyles sauvages appartenant aux familles des bovidés et des suidés. Ces mammifères, en République du Tchad et en R.C.A., sont-ils des réservoirs de parasites pour les animaux domestiques vivant à leur contact ?, Rev. Efev. Méd. Vét, Pays hop., 1964, 17, 3, p. 394.

[32] Voir par exemple : R.-A. Jean, L’Art vétérinaire et la naissance des bovins dans l’Égypte ancienne, Biltine, 1998 et réimpression anastatique en 2011 ; 3e édition revue et augmentée en 2012.

[33] P. Carnot, Médicaments animaux, opothérapie, J.B. Baillière & Fils, Paris, 1911, p. 216.

[34] P. Carnot, op. cit., 1911, p. 233.

[35] P. Carnot, op. cit., 1911, p. 216-217 et 235.

[36] eVIDALVIDAL-Prologinpass, « RECTOPANBILINE ».

[37] R.-A. Jean, « Le système respiratoire en Égypte ancienne (5) Physiologie humaine théologique et royale (3) Les sceptres pectoraux et l’assimilation pneumatique », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 14 mars 2014.

[38] R.-A. Jean, « Infectiologie XI. Parasitologie XII. L’ankylostomiase et autres parasitoses », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 1er septembre 2021.

 

 


 

52

 

[39] R.-A. Jean, « Infectiologie XI. Parasitologie XII. L’ankylostomiase et autres parasitoses », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 1er septembre 2021, p. 13 ; R.-AJean, « Infectiologie XII. Parasitologie XIII. L’ascaridiose, et associations parasitaires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 mars 2022.. 14 ; R.-A. Jean, « Infectiologie XIII. Parasitologie XIV. Tæniasis, cysticercose, et associations parasitaires - 1 », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 16 août 2022. p. 29.

[40] Bl. Poitevin, Intérêt des graines germées en alimentation animale, Thèse vétérinaire, Université Claude Bernard, Lyon I, 2020, tableau III p. 23.

[41]  Dioscoride d’Anazarbe, Dioscoridis Libri Octo Graece et Latine, (Dioscoride d’Anazarbe, De la matière médicinale), éd. Arnold Birckman à Paris, 1549, I, 102, p. 42 ; Dioscoride d’Anazarbe, Pedanii Dioscoridis Ana­zarbei, De materia medica, Greek, éd. Max Wellman, Weidman Verlag, Berlin, Weidman Verlag, Berlin, I, 1907, I, 73 (73, 3), p. 72-73 ; Dioscoride d’Anazarbe, De la matière médicinale, éd. Pierre André Matthiole, trad. Antoine du Pinet. Chez Jean-Baptiste de Ville à Lyon, 1680, p. 61.

[42] J. L. Alibert, Nouveaux éléments de thérapeutique et de matière médicale, tomes I-II, Chez Caille et Ravier, Paris, 1814, p. 389. R.-A. Jean, « Infectiologie XIII. Parasitologie XIV. Tæniasis, cysticercose, et associations parasitaires - 1 », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 16 août 2022, p. 29. R.-A. Jean, « Infectiologie XII. Parasitologie XIII. L’ascaridiose, et associations parasitaires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 30 mars 2022, p. 14.

[43] R.-A. Jean, « Le shedshed et la renaissance - II » – En hommage à Madame Anne-Marie Loyrette, dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Paris, 15 février 2018, p. 16, et fig. 48 p. 17.

[44] Sethe 1908-1922, II, 1083, Sp. 246, 468, 1058, p. 96.

[45] Théophraste, Recherche sur les plantes, Livres V-VI, éd. S. Amigues, tomes III, Belles Lettres, Paris, 1993, p. 31, et 40-41 et note 17-21 p. 172-174.

[46] Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, XXI, éd. J. André, Les Belles Lettres, Paris, 1969, p. 59 et note 90 p. 132.

[47] Dioscoride, Dioscoride d’Anazarbe Pedanii Dioscoridis Ana­zarbei, De materia medica, Greek, éd. Max Wellman, Weidman Verlag, Berlin, II, 1906, n° 188, p. 335. Dioscoride d’Anazarbe, De la matière médicinale, éd. Pierre André Matthiole, Chez Guillaume Rouillé à Lyon, p. 1572, p. 678.

[48] J. Bellakhdar, La pharmacopée marocaine traditionnelle : Médecine arabe ancienne et savoirs populaires, Ibis Press, Paris, 1997 ?.

[49] V. Monteil, Contribution à l'étude de la flore du Sahara occidental, Institut des Hautes Études Marocaines. Notes & Documents n° 6, Éditions Larose, Paris, 1953, p. 147.

[50] https://florabase.dpaw.wa.gov.au/(Accessed 11 Dec 2022).

[51] B. Boullard, Plantes médicinales du monde, Paris, 2001, n° 240, p. 108.

[52] H. Joachim, Papyros Ebers: Das älteste Buch über Heilkunde, Druck und Verlag von George Reimer, Berlin, 1890, p. 105.

[53] B. Ebbel, The Papyrus Ebers, the greatest Egyptian medical document, Levin & Munksgaard: Copenhagen - Oxford University Press, London, 1937, p. 158.

[55] J.A. Duke, CRC Handbook of medicinal herbs, CRC Press, Boca Raton, Floride, 1985, p. 677.

[56] U. Matzigkeit, Médecine vétérinaire naturelle. Ectoparasites sous les tropiques, Josef Margraf Verlag, Weikersheim, 1990, p. 183.

[57] M.-L.Terrac, Contribution à l’étude des plantes médicinales de Madagascar, de la Réunion et de l'île Maurice, Thèse de Pharmacie, Université de Paris, novembre 1947, Imprimerie Vuibert, Paris, 1947, p. 246.

[58] C. Daruty, Plantes Médicinales de l’île Maurice et des Pays Intertropicaux, General Steam Printing Company, Maurice, 1886, p. 215.

[59] Th. Bardinet, Médecins et magiciens à la cour du pharaon. Une étude du papyrus médical Louvre E 32847, Institut Kéops, Paris, 2018, p. 142.

[60] Voir par exemple : R.-A. Jean, La chirurgie en Égypte ancienne. À propos des instruments médico-chirurgicaux métalliques égyptiens conservés au Musée du Louvre, Éditions Cybèle, Paris, 2012, p. 18, sur les connaissances physiologiques à propos du cerveau et du cœur ; — « Pour une introduction à la médecine égyptienne », Clystère (www.clystere.com), 50, 2016 :

https://www.academia.edu/37469387/CLYSTERE_N_50_-_MAI_2016_-_ISSN_2257-7459_

p. 764. P. 42-43 …

[61] S. Brooker, N. Alexander, S. Geiger, et al., « Contrasting patterns in the small-scale heterogeneity of human helminth infections in urban and rural environments in Brazil », Int J Parasitol, 36, 2006, p. 1143–1151. 

 

 


 

53

 

[62] D. Thillement, Contamination parasitaire liée à la consommation de viandes, de poissons et de végétaux dans les pays industrialisés, Thèse de Sciences pharmaceutiques, Université de Lorraine, 2015, p. 57. 

[63] Voir : B. Dufour, Synthèse de données et nouvelle contribution à l’étude des parasites de l’époque romaine, et apports méthodologiques de l’extraction des marqueurs au traitement des résultats, Thèse, Université de Bourgogne Franche-Comté, 2015, p. 20-42. 

[64] Hippocrate, 511,19. Aristote, H.A. 5,19,4.

[65] Théophraste, Recherches sur les plantes, Livre IX, éd. S. Amigues, Les Belles Lettres, Paris, 2006, p. 59 (ἕλμινθα δὲ πλατεῖαν).

[66] Aristote, H.A. 231.

[67] Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, XXVII, éd. M. A. de Grandesagne, C.L.F. Panckoucke, tome XVI, Paris, 1833, p. 286 en latin. Voir aussi : Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, XXVII, éd. A. Ernout, Les Belles Lettres, Paris, 1959, p. 70. 

[68] B. Dufour, Synthèse de données et nouvelle contribution à l’étude des parasites de l’époque romaine, et apports méthodologiques de l’extraction des marqueurs au traitement des résultats, Thèse, Université de Bourgogne Franche-Comté, 2015, I et II. Ici : I, tableau 26, p. 25.

[69] St. Harter, Implication de la Paléoparasitologie dans l’étude des populations anciennes de la vallée du Nil et du Proche-Orient : études de cas, Thèse de Pharmacie, Université de Reims, 2003, p. 161-162. 

[70] St. Harter, op.cit. 2003, p. 161-163 …

[71] D. Langgut, « Mid-7th century BC human parasite remains from Jerusalem », International Journal of Paleopathology, 36, 2022, p. 1-6 (Doi.org/10.1016/j.ijpp.2021.10.005). 

[72] N. Côte, Apports de la paléogénétique à l’étude des helminthes gastro-intestinaux anciens. Écologie, Thèse Environnement, Université de Bourgogne Franche-Comté, 2015, p. 202-205. 

[73] Horne, Lewin, « Autopsy of an Egyptian mummy. 7. Electron microscopy of mummified tissue », Can Med Assoc J, 3, 117(5), Sep1977, p. 472-473.

[74] N.B. Millet, G.D. Hart, Th.A. Reyman, M.r. Zimmerman, P.K. Lewin, dans A. Cockburn, E. Cockburn, A. Reyman, Mummies, Disease & Ancient Cultures, Cambridge, seconde édition, 1998, p. 98-102.

[75] A.R. David, « Disease in Egyptian mummies: the contribution of new technologies », The Lancet, 349, 1997, p. 1760-1763.

[76] F. Bruschi, M. Masetti, M.T. Locci, R. Ciranni, G. Fornaciari, « Short report: Cysticercosis, in an egyptian mummy of the late Ptolemaic period », Am. J. Trop. Med. Hyg., 74(4), 2006, p. 598-599. Abstract. We describe here an ancient case of cysticercosis that was discovered in an Egyptian mummy of a young woman of about 20 years of age who lived in the late Ptolemaic period (second to first centuries B.C.). On removal of the stomach and its rehydration, a cystic lesion in the stomach wall was observed by naked eye. Microscopical exami- nation of sections of this lesion revealed a cystic structure, with a wall, with numerous projecting eversions, a characteristic feature of the larval stage (cysticercus) of the human tapeworm Taenia solium (or “pig tapeworm”). Immunohistochemical testing with serum from a T. solium–infected human confirmed the identity of the cyst. This finding is the oldest on record of the antiquity of this zoonotic parasite. This observation also confirms that, in Hellenistic Egypt, the farming of swine, along with man an intermediate host of this parasite, was present, and supports other archeological evidence. 

[77] M. Le Bailly, S. Mouze, G.C. Da Rocha, J.-L Heim, R. Lichtenberg, F. Dunand, F. Bouchet, « Identification of Taenia sp. in a mummy from a Christian necropolis in El-Deir, Oasis of Kharga, ancient Egypt », Journal of Parasitology, 96, 2010, 213-215.

[78] M. Nezamabadi, New contribution of paleoparasitology in the middle east and first data on the iranian plateau adjacent area, Thèse de Paléoparasitologie, Université de Franche-Comté, Besançon, 2014.

[79] M. Nezamabadi, M. Mashkour, A. Aali, T. Stöllner, M. Le Bailly, « Identification of Taenia sp. in a natural human mummy (third century BC) from the Chehrabad saltmine in Iran », The Journal of Parasitology, 99 (3), jun 2013, p. 570-572 (doi: 10.1645/12-113.1).

[80] St. Harter, op.cit. 2003, p. 181 ; St. Harter, M. Le Bailly, Fr. Janot, Fr. Bouchet, « First Paleoparasitological Study of an Embalming Rejects Jar Found in Saqqara, Egypt », Memorias do Instituto Oswaldo Cruz, 98, 2003 (suppl. I), p. 119-121: Abstract. “For the first time, a jar of embalming rejects was studied in search for helminth parasite eggs. This kind of jar was used to put discarded material by Egyptian embalmers during mummification process. Ascaris lumbricoides and Tænia saginata eggs were found in the linen and strip fragment contents of the jar, dated of 2,715-2,656 years ago”. 

[81] St. Harter, op.cit. 2003, p. 153-156.

[82] St. Harter, op.cit. 2003, p. 156.

 

 


 

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[83] St. Harter, op.cit. 2003, p. 157-158.

[84] St. Harter, op.cit. 2003, p. 158-160.

[85] B. Dufour, op.cit. 2015, I et II. Ici : I, tableau 26, p. 176.

[86] J. Zias, K. Y. Mumcuoglu, « Case Report No. 14: Calcified Hydatid Cysts », Paleopathology Newsletter, 73, 1991, p. 7-8 ; J. Zias, « Death and Disease In Ancient Israel », Biblical Archaeologist, 54, 1991, p. 147-159. 

[87] M. Nezamabadi, op. cit. 2014, p. 205-206.

 

 

 


 

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