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Histoire de la médecine en Egypte ancienne

ABDOMEN - VI

Article complet du samedi 25 février  2017 :

ANATOMIE - L'ABDOMEN - VI - Splanchnologie - V

 

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• Richard-Alain JEAN, « Anatomie humaine. L’abdomen - VI, Splanchnologie - V, La rate. Les reins, l’excrétion », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 25 février 2017.

 

 


 

 

 

 

 

ANATOMIE HUMAINE

L’ABDOMEN - VI

SPLANCHNOLOGIE - V

LA RATE

 LES REINS, L’EXCRÉTION

 

 

Richard-Alain JEAN

 

 

          Nous étudierons, dans cet article, un groupe viscéral profond, formé, par la rate, unique à gauche, puis des deux reins, situés quant à eux de chaque côté des lombes. Nous verrons que si l’on fait grand cas de la rate qui n’a cependant été qu’assez partiellement traitée par les égyptologues, du moins sur son aspect médical, les reins, eux, sont le plus souvent passés sous un certain silence embarrassé par les mêmes auteurs, tant il est vrai que les documents relatifs sont rares. Il nous faudra donc, sans forcer les textes, mais aussi sans trahir l’esprit égyptien, tenter de comprendre ce que les anciens avaient perçu à propos de ces organes. Ils sont pourtant, je ne cesserai de le proclamer ici, et malgré leurs situations anatomiques encaissées, tout à fait accessibles à la vue, et sans autre instrument particulier que le couteau du chasseur ou du boucher, puis celui plus éclairé du dissecteur, et enfin la sonde du chirurgien militaire puis celle du médecin de chantier. La curiosité du naturaliste rejoignant ainsi celle du praticien qui aura à cœur de mettre au jour quelques idées physiologiques – notions qu’il nous faudra reconstituer, en nous aidant, comme d’habitudes, des éléments cliniques disponibles.

         Enfin, l’Atlas qui a été inclus dans ce travail se terminera par plusieurs figures anatomiques viscérales humaines à comparer, soit, cinq terres cuites étrusques assez rares (Fig. 51 a et b - 55), et, une représentation plane des organes internes provenant de Chiraz (Fig. 56).

 

 


  

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1. Situations des organes abdominaux profonds

 

 

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         2. La rate

 

         Pour la rate, je renvoie encore à mes deux études : « Le système respiratoire en Égypte ancienne (6) Physiologie humaine théologique et royale (4) Conclusion cardio-pulmonaire », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 10 mars 2014, p. 8 ; « Le système respiratoire en Égypte ancienne (7) Physiopathologie (1) Associations pneumo-hépato-splénique et cardio-circulatoires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 21 avril 2014, p. 2 et 7-13 + fig. 9. Dans ce présent article normalement princeps, je ne reprendrai cependant pas ici toutes les notions anatomiques déjà indiquées précédemment, y compris pour les détails de la vascularisation décrits dans le pEbers (et résumés ici dans les fig. 6 à 10), ni la physiopathologie et la clinique évoquées dans une problématique spécifique, ni les schémas dans leurs entiers. Je demande donc exceptionnellement au lecteur de s’y reporter afin de recouvrir complètement le sujet.

 

         2.1. Rappel lexicographique

p[1][2][3][4][5]

 

         2.2.1. CT VII, Spell 945, p. 159 t-u [6] 

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         En dehors de tout jeu de mots dont étaient friands les Égyptiens – avec ici une assonance entre nnšm (la rate) et nšmt (la barque Nechemet) – il n’est pas interdit de penser que la notion véhiculaire de l’embarcation menée en rectitude ne fasse également allusion à un « ligne directe » aménagée naturellement entre les deux organes. La direction étant imprimée par le sens voulu par Maât et donc se plaçant en amont. Ce qui serait anatomiquement et physiologiquement juste, quant au sens du flux veineux de la rate se jetant dans la veine porte après avoir été rejoint par les veines mésentériques au niveau du tronc spléno-mésentérique apportant en plus tous les nutriments aux foie. Cette approche correspond de plus à la notion du nourrissage dynamique de Rê « qui prospère grâce (ici au flux engendré par la force de) Maât » (CT III, 6a-7a). Ainsi, le sang splénique aboutissant au foie, en se mêlant à celui, nutritif, issus des intestins, procure bien, dans ce sens défini, son maintien à l’organe solaire, et par suite, à la divinité anthropomorphique toute entière.

 

 


  

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p[7],[8]

 

         2.2.2. Pyr. 132 § 82 c-d, et, 133 § 83 a-b

         = B/Ne B iv 25-27 a [9]

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         Ce texte indique, en réalité, une certaine appartenance commune a l’œil d’Horus vers lequel se dirige positivement le récipiendaire par assimilation de l’offrande en question (ses organes lui seront restitués solarisés). Les deux viscères assimilés aux deux organes sacrés forme une « paire », entre les unités de laquelle est censé évoluer le défunt dans son éternité, et dans un axe juste défini par Maât. Nous avons donc encore ici un indice « véhiculaire » entre les deux offrandes solaires, et où la barque peut naviguer d’amont en aval, c’est-à-dire, dans un flux sanguin régulé allant de la rate vers le foie [10].

         On peut alors en déduire que la rate n’est pas ressentie « inerte » par les penseurs de l’époque, mais qu’elle est bien chargée de fournir une hydrodynamique constante car elle « donnent du liquide (mw) » (pEbers 854 m. 100,10c1) [11]. On peut alors penser à une « dilution » du sang apportée par les veines issues du grêle, mais sans que nous sachions encore, si dans l’esprit égyptien, ce sang comporte dans sa composition d’autres éléments supplémentaires connus. Cette notion d’apport liquidien est cependant déjà très intéressante, car elle indique alors un rôle physiologique de « régulation hémodynamique porte », et qui n’est certes pas incompatible avec la Maât dont j’ai déjà signalé que son manque organique était un facteur de pathologies. En ce qui concerne la composition du sang splénique proprement dit, il faut ici encore se rappeler de la clinique qui laisse parfois entrevoir une insuffisance « essentielle » [12], et donc une perturbation de sa formule, mais sans plus de précision.

 

 

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         2.3. Les données modernes comparées

 

         La rate [13] est de forme oblongue tétraédrique irrégulière. Elle adopte l’aspect général d’un gros grain de café à ouverture interne, et lisse à sa surface externe bombée. Elle mesure environ 12 cm de longueur sur 7 cm de largeur avec une épaisseur de 4 cm, pour un poids moyen de 200 gr chez l’adulte jeune. Sa couleur est rouge foncé sur le vivant, puis lie de vin à rouge brun sur le cadavre. Sa consistance est molle et très friable sous les doigts. Aussi se déchire-t-elle facilement lors des traumatismes importants. L’espace semi-lunaire de Traube correspond à une zone sous-mammaire gauche thoracique qui se caractérise à la percussion par un son tympanique qui contraste avec la matité du foie et du cœur et avec la sonorité du poumon gauche. Je ne pense pas que les médecins égyptiens aient perçu cette matité qui doit être ressentie le long de la 11e côte, dite « côte splénique » pour cette raison. Ou alors, en cas de palpation positive anormale sous-costale gauche occasionnée par une grosse splénomégalie secondaire ou une tumeur.

 

 


 

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         Ce viscère est un organe lympho-réticulaire intrapéritonéal (Fig. 11). Il est situé dans la partie postérieure de la loge sous-phrénique de l’hypochondre gauche, en arrière de l’estomac et au-dessus du rein gauche (Fig. 2-3 et 11-14). Sa base externe repose sur la queue du pancréas en dedans (Fig. 6), sur le côlon transverse (Fig. 3), et le ligament phrénico-colique gauche en dehors. Sa face diaphragmatique répond au-dessus, et en gros sur sa moitié supérieure, au cul-de sac pleural gauche, et donc au poumon gauche en phase inspiratoire (Fig. 3).

         La rate est irriguée par l’artère splénique ou liénale. Comme on le comprend aisément à la lecture du pEbers que nous avons déjà effectuée, cette artère se divise en deux branches terminales (supérieure et inférieure) à proximité du hile. Ces formations vasculaires donneront d’autres rameaux qui s’enfonceront dans ses dépressions hilaires. Quant aux veines qui en émergent, elles sont en nombre et disposition semblables. Elles formeront la veine splénique ou liénale. Il faut aussi remarquer, que si l’artère splénique a un trajet sinueux d’environ 5 mm de diamètre à son origine, la veine splénique, elle, est plus régulière pour un diamètre de 10 mm à sa terminaison. Cette veine importante draine, certes les veines gastriques courtes, des veines pancréatiques, la veine gastro-omentale (épiploïque) gauche, mais surtout, la veine mésentérique inférieure. Cet ensemble formera le tronc spléno-mésentérique, qui rejoindra la veine mésentérique supérieur, pour former à la suite la veine porte se jetant dans le foie. Nous avons déjà vu que cette très visible ligne directe spléno-hépatique devait influencer la philosophie physiopathologique égyptienne (points de côté ...).

         Je ne sais pas si les médecins pharaoniques avaient également compris que l’exclusion du système porte – en cas de cirrhose, ou d’obstruction de ce système en cas de cancer du pancréas – que les varices gastro-œsophagiennes et la splénomégalie s’expliquent par l’hypertension veineuse splénique. Il est toutefois probable, et de façon indirecte, qu’ils aient pressenti un problème sur cet axe à l’occasion d’une ascite sur laquelle ils pouvaient intervenir de manière itérative comme nous l’avons vu, et que cette dernière soit contemporaine d’hématémèses et de melæna, surtout si le spécialiste a pratiqué une autopsie et découvert ces phénomènes anatomopathologiques comme nous le fait comprendre par exemple le pEbers. C’est bien ainsi que progresse la science …

         En ce qui concerne la physiologie, la formation des lymphocytes et des plasmocytes, ou dans certains cas pathologiques ou d’insuffisance de production de la moelle osseuse, la reprise de l’érythropoïèse et de la granulopoïèse, étaient évidemment complètement ignorées des savants égyptiens. Les processus de destruction des vieux érythrocytes captés par les macrophages, et accompagnés de la dégradation de l’hémoglobine en bilirubine qui sera véhiculée dans le courant porte vers le foie et son passage dans la bile, étaient aussi naturellement hors de portée pour l’époque. En revanche, une fonction de « régulatrice du flux porte » a peut-être été envisagée (Cf., supra), concept qui se rapproche un peu par ses conséquences anatomo-physiologiques, de la notion moderne de « cul de sac gauche du système porte », élément mis à profit lors des examens spléno-portographiques.

 

 

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         2.4. Les modèles animaux

 

         La rate animale était bien connue des Égyptiens chez les vertébrés, surtout chez les animaux de chasse et de boucherie. Nous avons vu que cet organe était considéré comme « noble », puisqu’il entrait dans la composition d’offrandes.

         Comme le foie, la rate était utilisée dans la pharmacopée. Ses actions souhaitées sur les conduits mtw étaient régulatrice et calmante (pEbers, pHearst, pRam.V), ce qui est logique avec ce que je viens de dire à plusieurs endroits. Régulatrice, car selon les textes, son effet paléo-pharmacodynamique s’exerce sur les flux internes des vaisseaux et leurs parois (mtw creux). Régulatrice et calmante quand on sait que les muscles (mtw pleins rouges) était envisagés comme des sortes de fagots vasculaires et fibreux – nous le verrons en paléo-histologie macroscopique. Et enfin calmante sur les tendons et les nerfs (mtw pleins blancs), quand les uns sont issus des extrémités des masses musculaires (tendons, ligaments), et que les autres voyagent déjà indépendamment à leurs pourtours (nerfs), pour dans un deuxième temps les pénétrer profondément afin se mêler et se confondre avec les divers éléments charnus (jwf). Ces actions sont donc conjuguées à juste titre dans les indications égyptiennes.

 

 

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         2.4. L’aspect religieux

 

         La rate est, je l’ai déjà indiqué, considérée comme un organe noble, puisque celles des animaux peuvent être utilisées comme offrandes, notamment celle du taureau ou du bœuf. En ce qui concerne l’organe humain, en l’occurrence celui du défunt, nous savons également qu’il bénéficie d’un traitement particulier lors de la momification. Bien qu’il soit placé profondément comme nous l’avons vu, son prélèvement est facilité par sa situation intrapéritonéale. L’extraction de ce viscère ne peut cependant s’effectuer qu’après la section de son pédicule vasculaire, une fois le gros du tube digestif et le foie prélevés [14]. Et cela demande un certain « coup de main ». Les choses se passent un peu de la même manière au cours d’une dissection, mais en progressant plan par plan. Le chasseur et le boucher arracheront sans façon et en bloc la totalité du paquet intrapéritonéal en tranchant çà et là les attaches vasculaires et les replis formant ligaments, ou, pour les plus gros animaux, ils procéderont par groupes d’organes, d’abord au centre (intestins et pancréas), puis à droite avec le foie, et ensuite à gauche pour la rate. Les pièces destinées à constituer des offrandes seront mises à part. Dans tous les cas, une fois cette opération faite, c’est toute la partie arrière de l’abdomen qui est ainsi découverte (Cf. ici même, la fig. 19 pour l’homme, et, la fig. 27 pour l’animal). Et ainsi, sauf pendant les éviscérations pour momification, où l’ouverture tégumentaire pratiquée est trop étroite et basse, l’opérateur a un accès visuel direct sur les loges rénales. Nous verrons plus loin que le panicule adipeux environnant chez l’homme n’est que rarement suffisant pour masquer les reins, et jamais chez l’enfant. Il ne l’est pas non plus chez le petit gibier, et peu souvent chez le petit bétail et la bête maigre. Ce phénomène est très inconstant chez le taureau, et pratiquement nul quand l’animal est jeune, sauvage, ou courant en liberté. En revanche, chez le bœuf gras, les rognons sont généreusement entourés de graisse, et ils sont donc rendus invisibles au premier abord. C’est seulement dans ce cas que le voisinage des reins avec la rate à gauche et le foie à droite ne peut pas être facilement observé. Toutes ces graisses entourant de toutes parts tous les organes des bovins sont susceptibles de constituer des éléments d’offrandes, finement transformées ou non. Sur les hôtels prévus à cet effet dans les temples égyptiens et sémitiques, la viande et les abats comme la rate et le foie sont accompagnés de leurs graisses naturelles afin de mieux dégager leurs arômes de grillades « agréables aux narines des dieux ».

         En ce qui concerne la composition viscérale des vases canopes, l’occupation de chacun d’entre eux dédiée à une divinité propre, il semble que les théologiens y aient privilégié les organes « entourés », soit, « intrapéritonéaux » pour ceux de l’abdomen, et « intrapleuraux » pour ceux du thorax. Les reins et le tractus urinaire y étant donc naturellement exclus. Il ne s’agit donc pas d’un « oubli » causé par une « ignorance », par exemple due à une incapacité des égyptiens à avoir su détecter la présence effective des reins cachés au plus profond du corps par de la graisse (!) Car nous verrons que cet argument ne tient pas. La raison en est donc sûrement et absolument symbolique, et très probablement de nature osirienne. Cela prouve également la juste observation anatomique qui n’a pu être effectuée que lors des premières dissections humaines, il y a très longtemps, c’est-à-dire, avant la prescription de cette technique d’embaumement finalement retenue par les experts et validée par le pouvoir. La rate était normalement placée sous la protection de Douamoutef, ou bien encore, mais plus rarement, elle pouvait aussi se trouver confiée à Hâpy. Pour les notions canopiques, je renvoie déjà naturellement à mes travaux : Richard-Alain Jean, « Néo-embryologie osirienne – III, La splanchnologie canopique », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 26 septembre 2016 ; — « Le système respiratoire en Égypte ancienne (7) Physiopathologie (1) Associations pneumo-hépato-splénique et cardio-circulatoires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 20 avril 2014, p. 4-5 et 10.

 

 


 

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         3. Les reins

 

         Comme la rate, les reins n’ont jamais été très bien étudiés par les égyptologues. Il est vrai que les textes sont très avares au sujet de ces viscères profonds, car nous n’avons pas tous les documents. En réalité, ils sont parfaitement repérables chez l’homme comme chez l’animal, nous allons le voir.

 

         3.1. Lexicographie

p[16][17][18][19][20][21][22][23][24] 

p[25][26][27], [28], [29], [30][31][32]

 

         3.2. Anatomie

 

         Les deux reins [33] sont plaqués sur la paroi abdominale postérieure dans les loges rénales limitées en arrière et de chaque côté par le carré des lombes et le psoas. Et ceci, de chaque côté d’un axe vertébral composé des XIe-XIIe vertèbres thoraciques suivies en bas des Ière-IIe vertèbres lombales. Le rein droit est situé un peu plus bas que le rein gauche, soit au niveau du disque LII-LIII. Les deux reins sont donc protégés dans leurs parties supérieures par la partie inférieure des deux grils costaux. Sur le plan pratique, la XIIe côte, avec l’angle formé par la masse musculaire sacro-lombale en arrière, constitue le point de palpation costo-lombal, très sensible en cas de colique néphrétique.

         Ces organes sont sous-diaphragmatiques et rétro-péritonéaux. Cet espace rétropéritonéal se prolonge directement vers le bas par l’espace sous-péritonéal du petit bassin. Ainsi, il faut savoir en clinique, que les inflammations qui se produisent dans cette région peuvent aussi gagner la cuisse en longeant le psoas que j’ai décrit pour cette raison [34], car les médecins égyptiens ont dû le remarquer.

 

 


 

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          D’une hauteur d’environ 12 cm pour 6 cm de large et 3 cm d’épaisseur, et pour un poids moyen de 150 gr chacun, ces viscères en forme de haricot sont de consistance ferme et de couleur rouge-brun. Ils sont tous les deux surmontés d’une glande d’un ton gris-jaunâtre, également ferme, en forme de croissant ou de virgule. Ces deux glandes ont pu à l’époque être confondues chacune avec de la graisse, d’autant que leurs fixations particulières les empêchent de s’effondrer dans la suite de la loge rénale lors d’une chute du rein par fonte graisseuse, qui expose certes très bien l’organe principal à la vue, mais dérobe ainsi de chaque côté les glandes suprarénales (glandes surrénales). Mais ce détail de méconnaissance de la part des anatomistes égyptiens n’est pas certain [35].

         En ce qui concerne ses rapports internes avec les autres organes abdominaux, il faut surtout noter que le foie s’applique sur la plus grande partie de la surface antérieure du rein droit, qui lui-même imprime sur la face inférieure hépatique sa très perceptible « empreinte rénale ». À ce niveau, les deux organes ne sont séparés que par un récessus péritonéal. À gauche, c’est la rate qui s’appuie sur une partie du rein. J’ai déjà indiqué à cet endroit le rapport avec la face postérieure de la queue du pancréas et d’un secteur graisseux spécial bien vu des égyptiens [36]. Il faut donc rappeler à cette occasion, l’extrême proximité des graisses pancréatiques moyenne, supérieure et inférieure, avec la graisse péri-rénale inférieure et antérieure (Fig. 20 et 21). En effet, il faut bien comprendre maintenant ici, les environnements graisseux rénaux propres, et ceux postérieurs indépendants, avec la graisse péri-rénale qui enveloppe chaque rein dans sa séreuse, puis, situées juste derrière, les deux plaques de graisses para-rénales droite et gauche. Ce qui fait une couche postérieure ajoutée de chaque côté. Chez l’animal, en l’occurrence le bœuf gras, les rognons sont prélevés avec la graisse « zḫn » semblant l’entourer de toutes parts depuis le pancréas jusqu’à la paroi dorsale. À la dissection, cette graisse affermie est également d’autant plus visible chez l’homme qu’il est corpulent et âgé. Elle est aussi plus abondante chez la femme. On peut alors penser à la conception d’une « (zone) zḫn » englobant le pancréas et la graisse proximale péri-rénale qui n’est pas blanche mais rougeâtre.

 

 


 

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         Cependant, cette répartition graisseuse n’est en aucune façon capable de soustraire les reins à la vue. Car chez l’homme, un examen anatomique invasif s’effectue plan par plan, en écartant les séreuses et les différentes couches adipeuses et conjonctives dans lesquelles sont souvent pris tous les organes, pratiquement sans exception. C’est une question de technique. Or, nous savons bien que les Égyptiens étaient assez habiles du scalpel et qu’ils avaient déjà la notion de « clivage ». C’est-à-dire la manière de séparer des tissus proches ou différents, par exemple pour pratiquer une exérèse. Il s’agit de la notion chirurgicale de « dissection ». Les spécialistes avaient, je l’ai assez souvent démontré, tous les instruments nécessaires pour cela. De plus, les textes sont très clairs à ce sujet. Nous verrons également plus loin, que le chasseur, le boucher, ou encore le préparateur en pharmacie, aucun de ces acteurs de la vie courante ne pouvaient ignorer la présence de ces organes pris dans la masse. Il est donc pour moi absolument impossible que les savants naturalistes pharaoniques ne les aient pas pris en considération, et que les médecins de l’époque ne les aient pas rattachés à des pathologies. Il faut savoir également, et ceci clôt toute forme d’interrogation, que la couche spécifique disposée entre les feuillets péri-rénaux, fait presque défaut sur la face antérieur de l’organe, en somme sur sa partie visible au premier abord de la loge rétropéritonéale très accessible après l’enlèvement du paquet viscéral et de son péritoine venant avec (Fig. 19, 27-28). Cette couche atteint ensuite son maximum d’épaisseur sur la face postérieur du rein, et forme une couche abondante sur le bord externe, au niveau du hile, et aux niveaux des deux pôles. Ces trois dernières situations ne gênent aucunement l’observation, car cette substance, fluide chez le vivant, se retrouve compacte et très facile à dissocier sur le cadavre [37]. Cette « atmosphère graisseuse » est presque nulle chez l’enfant. Il est donc tout à fait facile d’isoler un rein et de l’étudier avec les conduits qui s’y abouchent immédiatement (Fig. 22-29).

 

 


 

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         La clinique médicale nous le verrons, mais aussi la clinique chirurgicale, sont capables de révéler ce viscère profond. En effet, la partie adipeuse vascularisée, ou les tissus rénaux sous-jacents, quand ils s’enflamment et suppurent produisent bien sensiblement et visiblement des phlegmons et des abcès périnéphrétiques. Une plaie d’arme blanche (dague, flèche, lance [38] ), un abcès sur hématome musculaire, un ulcère malin, une dermatose grave localisée fistulisante et compliquée, ou même un grattage intempestif sur piqûre d’insecte peuvent en constituer la porte d’entrée [39]. Le pus s’insinue et franchi alors le fascia rénal pour former une saillie qui peut être importante au niveau du bord externe du carré des lombes. C’est à cet endroit que l’on doit ouvrir l’abcès, c’est-à-dire au niveau dpt, dont parle pour une autre cause, mais avec raison quand à la localisation, le pSmith (dpty : C. 43. 15,6), document qui nous est hélas également parvenu incomplet.

 

 

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         3.2.1. Les uretères

 

         À propos des canaux urinaires descendants des reins et aboutissant dans la vessie, je reprendrai ici partiellement un autre texte que j’ai déjà cité :

 

         pEbers 854n (100,11a)

p[40][41][42][43][44][45]

 

         3.2.2. Vascularisation des reins

 

         Àcôté de la proposition du pEbers énoncée ci dessus, et dont nous voyons bien qu’elle est exacte, il manque cependant la référence aux conduits sanguins eux-mêmes. Or, nous les avons déjà aperçus dans de nombreux schémas, dont ici même dans les figures n°s 19, 22 et 24. Ils ne peuvent pas être manqués … Un stique a donc disparu entre temps. Il s’agit des deux artères rénales provenant directement de l’aorte, et, des deux veines rénales aboutissant immédiatement à la veine cave inférieure. Le texte manquant pouvait donc être celui-ci : « Quatre (conduits) mt.(wy) [46] sont (reliés) aux deux reins : ce sont eux qui donnent du sang (et de l’air) ». Peut-être retrouverons-nous plus tard cette description dans un papyrus restant non déchiffré, ou encore non mis au jour. Ces vaisseaux se divisent ensuite pour former les artères et les veines segmentaires dont les ramifications capillaires s’achemineront dans les pyramides de Malpighi séparées par les colonnes de Bertin. C’est de la papilles criblée située à l’extrémité de chaque formation pyramidale que s’écoulera l’urine pour passer dans les calices mineurs, puis dans les grands calices, afin d’être collectée dans le bassinet et être évacuée par l’uretère en aval. Toute cette dernière partie interne est directement accessible à l’œil nu sans aucun moyen particulier (Fig. 24-25 et 30). J’en reparlerai en paléo-histologie macroscopique.

 

 


 

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         3.3. Les modèles animaux

 

         Les rognons des bovins généreux devaient figurer au nombre des pièces de boucherie, même pris dans les graisses qui les entouraient et dont nous savons les termes qui pouvaient la désigner (Cf. supra). Tous les animaux d’élevage, et même les bêtes sauvages, étaient amenés à fournir ce produit. Il faut savoir en suite, que le gras était toujours isolé des organes pour être traité à part et de plusieurs façons différentes. Par exemple, pour fournir une matière médicale très appréciée et différenciée par animal, pour réaliser des fritures, ou encore pour lubrifier des liens ... Il fallait donc permettre son stockage afin de l’utiliser de manière différée. Il est d’usage pour cela de le faire fondre au dessus de trente degrés centigrades et en dehors de toute viande et autres chairs dont les résidus nuiraient à sa conservation après refroidissement. Ainsi, tout ce qui n’est pas blanc est ôté avec soin. Le plus facile reste d’isoler la graisse à la main afin de rejeter toutes choses : muscles, vaisseaux, et organes prisonniers. Les laboratoires pharaoniques avaient ainsi l’habitude de préparer des qualités plus ou moins solides, pures, et surfines. J’en ai déjà parlé à propos de la pharmacopée. De plus, tous les éleveurs et les chasseurs savent que les « rognons » des bêtes abattues sont le plus souvent tout à fait visibles et ceci d’autant que l’animal est « maigre ». Ils apparaissent alors en décalage parallèle, juste soutenus par quelques graisses (Fig. 27), et pratiquement comme chez un homme jeune normal à la dissection. Une fois apparus, il est alors très facile de suivre chacun des deux conduits partant du bassinet et se dirigeant vers la vessie, comme chez le lièvre, le mouton et le porc (Fig. 27, 28-29).

 

 


 

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         3.4. Les modèles techniques

p[47],[48]

 

 

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         Si nous reprenons par exemple les différentes phases nécessaires à la production du vin, nous trouverons plusieurs méthodes de « pressage » dont le « foulage ». Le jus du raisin est ainsi dissocié de la partie solide des grappes. Il est ensuite prélevé. La phase liquide se trouve donc isolée. L’une de ces techniques de séparation consiste à laisser reposer, de profiter de la décantation, puis, de doucement laisser s’écouler le liquide formé à travers un goulot spécialement aménagé dans la partie supérieure d’une poterie particulière, ou avec un bec verseur (Fig. 33 a et b). Il s’agit de l’utilisation d’un nono-tube dur existant, ou ménagé avec les doigts. D’autres tubes, mais cette fois, flexibles, seront utilisés pour aspirer et déverser afin de les mélanger plusieurs qualités de boissons (Fig. 34). Tous ces tubes, durs, ou souples, correspondent à autant d’orifices de tamis solides, ou de plus petits passages comme ceux qui existent dans une toile de lin qui servira avantageusement de filtre à l’occasion d’une autre forme de pressurage manuel cette fois. Le liquide sera exprimé à sont travers par la force de torsion produite par l’action des hommes amplifiée par des bâtons judicieusement introduits dans les différents dispositifs de sac-pressoir (Fig. 36, 39), ou encore mieux, à l’aide d’un mécanisme plus sophistiqué (Fig. 37). Ces manipulations sont, à la demande, plusieurs fois répétées. Les filtrages sont alors de plus en plus précis. Les produits obtenus sont alors de plus en plus purs. Ils peuvent aussi être chauffés pour être concentrés (Fig. 38). Ces procès s’appliquent également aux graisses, aux végétaux médicamenteux, aux onguents, et aux ingrédients parfumés. Ils sont décrits dans les laboratoires des temples. Toutes ces techniques séparatives de la chimie étaient bien connues des Égyptiens, et ils en usaient abondamment. Elles mettent en jeu des pores et des tubes capillaires.

 

 


 

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         Cette forme « d’épuration » liquidienne a pu être rapprochée de la production des urines par un organe situé en amont de son lieu de stockage. De même, la notion de filtrage/pressage (ʿt) et de torsion ((j)ʿ) en clinique (par exemple en cas de fonte graisseuse ou de colites néphrétiques). Ceci correspond à une approche fruste mais parlante. Car en réalité, c’est la matière solide (le marc) qui est retenu, et la phase liquide (le moût) qui deviendra le produit noble. Alors que pour le rein c’est l’inverse. L’urine constitue le rejet. Cependant, nous allons revoir encore une fois plus loin ici même l’importance des couleurs biologiques. Ainsi, le jaune des urines correspond au jaune du sérum sanguin, et la partie foncée au solide rouge dissout (Fig. 42-44). Il pouvait sembler normal que dans ce cas précis, la partie rouge retourne à la chair, et que la partie jaune résulte d’une « épuration » salutaire issue d’une filtration organique. De plus, nous découvrirons que les urines étaient considérées comme porteuses d’informations cliniques, et aussi qu’elles entraient parfois avec raison dans la pharmacopée. Et si l’urine n’est pas consommée en dehors d’une indication médicale, ce liquide particulier est encore capable de sauver la vie d’un voyageur, ou d’un soldat perdu dans le désert, et dès qu’ils l’auront utilisée comme boisson d’une façon transitoire [49]. Il existe donc un certain rapport positif, et une forme d’analogie constructive, dans la mesure où l’urine participe à la stabilité vitale du vivant (Cf. infra).

 

 

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         3.5. Physiologie

 

         Il peut sembler hasardeux de tenter de comprendre la fonction urinaire telle qu’elle était perçue par les savants égyptiens. En effet, si les textes spécifiquement consacrés à cet objet sont rares, il faudra se tourner vers d’autres documents et tenter d’en extraire quelques informations utiles. C’est en l’occurrence « l’esprit » général que l’on doit conserver à partir d’autres conceptions physiologiques, comme par exemple au travers des notions dégagées à partir des fonctions respiratoire et digestive et de leurs cliniques. Nous nous trouverons alors principalement en présence de différentes formes anatomiques de tractus constitués par des conduits mtw parfois assez différentiés. C’est un premier stade. Il restera alors a en définir les diverses utilités premières dans la vie courante. C’est-à-dire de les isoler en tant que besoins biologiques précis et invariants. Le besoin d’élimination des déchets en fait partie. Dans la mesure où nous avons déjà étudié d’autres rejets vitaux dans le besoin de respiration et le besoin de nutrition, nous avons déjà exploré les retours gazeux et solides. Il reste donc à voir les besoins d’élimination des liquides. En somme, à réaliser l’étude des besoins urinaires comme pour nous aujourd’hui. Et ceci, selon la théorie des invariabilités biologique et historique commandées par « l’homéostasie » (ὅμοιος « égal » - στάσις « stabilité ») [50], car c’est un point de la pensée médicale que nous pouvons facilement partager avec nos ancêtres médecins, d’autant plus qu’il correspond absolument avec la notion de stabilité organique bien développée dans la philosophie théologique pharaonique. Je proposerai donc ici une évaluation purement logique. Et nous verrons que si l’idée ancienne dégagée par cette recherche ne correspond certes pas à la réalité – telle que nous pouvons la définir avec tous nos moyens modernes – sa représentation théorique ne constitue pas moins finalement une approche non dénuée d’intérêt, eut égard aux moyens de cette époque lointaine.

 

         3.5.1. Au niveau viscéral

 

         Une fois repéré, le conduit néphro-vésical a bien été compris comme fournissant de l’urine à son lieu de stockage situé en aval ainsi que nous le dit le texte égyptien que nous avons déjà vu. Puisque l’urine provient de ce conduit, elle ne peut elle-même qu’être issue de l’organe attaché en amont, c’est-à-dire du rein. Il n’y a pas d’autre solution.

         Ensuite, si les conduits-mtw « fermés » creux ont tous un rapport « direct » avec le cœur, ces vaisseaux sanguins ne sont, parfois, et que pour des raisons fonctionnelles issus des gros conduits creux blanc, comme te tube digestif que nous avons étudié, qui lui, ne laisse pas normalement passer de sang, sauf en cas de problèmes pathologiques comme nous l’avons vu, car il s’agit, pour ce dernier, d’un système « ouvert ». Il existe encore d’autres mtw creux blanc, intermédiaires, qui eux, ne s’ouvrent que dans un autre système « ouvert ». C’est le cas par exemple des canaux déférents, d’une partie de la bouche, et du cholédoque que nous avons déjà étudiés. C’est encore le cas de l’uretère. L’une des particularités de ces mtw creux blancs « intermédiaires », est qu’ils ne sont en rapport avec le cœur que de façon « indirecte », et en passant tout le temps par un organe déterminé. Les déférents ne sont en contact indirect avec le cœur qu’en passant par les testicules. La salive arrive de la bouche. Le cholédoque en passant par le foie. Et ici, l’uretère en passant par les reins. Il existe aussi un point commun entre ces conduits intermédiaires, et ceux, capillaires, émergeant du système d’assimilation digestif : ils sont perméables, et à chaque fois, dans un sens unique. Sens testicules => canaux déférents pour le sperme. Sens bouche => tube digestif pour la salive. Sens foie => vésicule => duodénum pour la bile. Sens => intestins => vaisseaux ascendants (veineux), puis, vaisseaux descendants (artériels) en passant par le cœur.

 

 


 

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Nous voyons ainsi que seul le dernier processus a en définitive un lien direct avec le cœur, mais seulement après avoir été traité par un dispositif placé en amont et qui assure une « transition ». Or, cette transition est de nature assimilatoire mixte et excrétoire solide pour la partie digestive. Elle est « productive exclusive » pour le sperme, le lait, la salive, la bille, et les larmes, c’est-à-dire en gros : sécrétoire liquide. Elle est enfin excrétoire liquide pour l’urine et la sueur. Le système digestif et le système urinaire ont donc un autre point commun, celui de l’excrétion. La peau a également ce rôle avec la sueur. En effet, les savants de ce temps ont peut-être remarqué, cela est très facilement observable sans matériel grossissant (loupe ou microscope), que les gouttelettes se forment à l’extrémité des pores des téguments avant de rouler sur la surface peu mouillable que constitue l’épiderme d’une personne brune. Cette « production » liquide salée qui se décompose en ajoutant une odeur forte a en effet quelques analogies avec l’urine, et les Égyptiens savaient s’en prémunir. De nombreuses recettes en témoignent. Nous n’avons pas tous les textes, mais il n’est pas interdit de penser que ces trois phénomènes excrétoires aient été compris de cette manière. Et dans la mesure où la doctrine égyptienne supposait que tous les mtw avaient un rapport quelconque avec le cœur, ce qui n’est certes pas faux, car dans le cas contraire nous disent déjà les écrits, eux et les parties du corps dont ils seraient coupés « mourraient ». Donc, il ne peut y avoir de solution de continuité, mais seulement, une certaine « transition ». En somme, à ce niveau, il existe bien un « moyen de passage » : de l’intestin au sang, avec un résidu ; de la peau à la surface, avec un résidu ; du rein à la vessie, avec un résidu. Cette « transition » correspond donc à un filtrage. Il s’agira d’une forme de filtrage de dehors en dedans pour le système digestif « ouvert », avec exclusion et expulsion pour les résidus alimentaires. Puis, du passage du dedans en dehors pour le sperme, la salive, les larmes, la bile, et l’urine, mais, à partir cette fois de systèmes « fermés en amont ». De cette façon, de la relation au cœur doit dépendre, en partie au moins pour les anciens, la qualité de la mise en œuvre de ces filtrations avec sécrétions et de ces filtrations avec excrétions. Ce qui est juste sur bien des points. Cependant, je ne tenterai ici de comprendre que le processus urinaire, car nous avons déjà exploré la respiration [51], la digestion [52], la lactation [53], et même la double filtration placentaire [54].

         Cette perception est passionnante pour nous, car elle présuppose des notions fondamentales, qui, si elles n’étaient pas bien entendu encore formulées de manière synthétique et érigées en règles définies, n’en constituent cependant pas moins le terreau. Ainsi, j’ai déjà souvent parlé de la notion de « tonicité » discernable dans les textes médicaux, et de ses diverses altérations. Ce concept est, nous l’avons vu, d’un certaine façon contenu dans la clinique en générale, et aussi, dans la physiologie et la physiopathologie cardiaque de cette époque (Fig. 41) [55]. On comprend même en ce qui concerne les défaillances, plusieurs niveaux qualitatifs et quantitatifs. Par exemple, si ta tonicité normale fournit un équilibre, le manque de tonicité, lui, se traduit visiblement par des déséquilibres organiques qui se manifestent à la fois au niveau du cœur et du reste du corps. Or, la tonicité est issue de la force, et la force utile peut se manifester de bien des façons. La première image qui peut apparaître spontanément est celle du pressoir, où la force est utilisée pour contraindre une extraction, comme celle du jus de raisin. La seconde correspond à la suite des opérations menées pour séparer le liquide des déchets, c’est-à-dire, la filtration. Dans ces domaines d’applications, qu’ils soient viticoles, de brassage, de parfumerie, ou de pharmacie, les acteurs utilisent différents moyens d’extractions et de filtrations. Les plus gros matériels mis en œuvre vont du tamis agricole aux fines toiles de lin. La pratique au long cours de ces méthodes instruit des techniques différentes, selon la qualité, la quantité, que l’on désire obtenir et à la vitesse et à la température auxquelles il sera obligatoire de recourir. Il n’est donc pas exclu, que dans les laboratoires des temples, les penseurs aient fait le lien entre la puissance de la pression, et le résultat obtenu en aval, puis songé à assimiler cette physique à des organes internes productifs de liquides physiologiques, comme les larmes, la sueur, ou l’urine, pour les produits extériorisés pouvant prendre comme modèles officinaux les solutions de natrons minéraux ou végétaux. J’ai autrefois indiqué que les médecins savaient prescrire de ces formulations hypertoniques afin d’obtenir la réduction des œdèmes. Il s’agira dans ce dernier exemple d’obtenir un équilibre de répartitions de par et d’autre des liquides en jouant sur les concentrations, donc sur la force en constituants salés. Si les détails de ces pressions physiques et chimiques n’étaient certes pas accessibles en ces périodes anciennes, du moins la pratique quotidienne des soignants et des penseurs avaient-elle influencé la perception historique de tous ces phénomènes, un peu à la façon dont les universalistes faisaient progresser les sciences ?

 

 


 

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         3.5.2. Au niveau macroscopique

 

         Les Égyptiens savaient que le sang est composé de deux fractions : c’est-à-dire, d’une fraction liquide jaune, et, d’une fraction solide rouge. Il suffisait d’observer un récipient de sang de bœuf abandonné un temps en boucherie (Fig. 42 a et b). Nous savons par ailleurs que les médecins avaient comparé cette solidification à un ver de sang (pSmith 5,18c-19) [56]. Et comme ils ne disposaient pas de microscope, la matière colorées en rouge pouvait facilement être assimilée à une composante charnelle diluée très molle, en somme une sorte de gélatine corporelle qui finissait par se transformer en caillots et en croûte foncée sur les plaies. Cette croûte elle-même est friable, elle devient pulvérulente à la manière d’une ocre brune qui peut être lavée. Elle est alors comparable avec les terres naturelles composant certaines couleurs utilisées par les scribes et les dessinateurs (Fig. 44). Le sérum surnageant au dessus du niveau solide, lui, restait liquide et jaune, comme l’urine (Fig. 43). Cette couleur résiduelle pouvait être comprise comme une dilution de matière organique jaune, et à l’image également d’une ocre plus claire. Nous retrouvons à cet instant un lien majeur avec les matières minérales précieuses dont sont fait les corps des dieux. Bien entendu, les savants étaient loin de s’imaginer les éléments figurés du sang comme les globules rouges et les globules blancs, mais, l’idée de très fins composés solides délayés dans un liquide comme de l’eau était plausible, et le phénomène physique perceptible à l’œil nu. Même la perception dynamique était observable : une préparation de terre colorée et d’eau abandonnée se concentre également au fond de l’encrier, et elle sèche comme une croûte pulvérulente qu’il faut à nouveau mouiller afin de la réutiliser. Disposée dans un filtre d’étoffes serrées, une partie conséquente solide de la préparation restera bloquée en surface. Une partie seulement restera présente de façon très diluée dans le réceptacle inférieur. C’est ainsi que les savants de l’époque ont pu comprendre le passage rénal et la production en aval de l’urine – pratiquement alors, et justement pourtant, assimilable dans sa composition colorée au sérum du sang ainsi filtré. Cela correspond à raisonner juste sur une figure fausse, ici, un schéma très simplifié du processus biologique réel qui sera découvert que bien plus tard dans l’histoire. Cette conception basique est cependant efficace à plusieurs endroits, notamment je viens de le dire, à propos de la composition chimique réelle du sérum et de l’urine, puis du rôle physiologique de « filtrage » du rein. Et aussi, avec ses problèmes pathologiques comme les concentrations solides qui forment les calculs, la production de pus, le passage anormal de sang dans les urines, ou encore, une forme d’interprétation paléo-physiopathologique de la rétention sanguine et du passage urinaire d’un composé coloré jaunâtre à marron franc entraînant l’apparition d’un l’ictère bien visible (jaunisse) … etc.

 

 


 

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         3.5.3. Conclusion physiologique

 

         Si les médecins pharaoniques avaient de quelque façon appréhendé le phénomène rénal de la « filtration » qui produit l’urine, ils devaient, à mon avis, encore exclusivement réserver le phénomène « d’absorption » au tube digestif, car il ignoraient assurément le processus complexe de la « réabsorption » tubulaire qui demande des examens microscopiques et biochimiques [57] (Fig. 50).

         Ainsi, le schéma théorique résumé de la physiologie abdominale étendue et normale, de cette époque, devait très probablement montrer que le tube digestif absorbe les liquides et les solides, puis qu’il rejette les solides. Que le système urinaire filtre les liquides et en élimine. Et, que le foie reçoit tous les nutriments, veille peut-être sur leurs capacités positives (les scrute ?) [58], avant de transmettre le sang ainsi enrichi et clarifié (?) au cœur qui l’ordonnera ensuite à l’organisme entier après avoir été aéré dans les poumons, et comme nous l’avons vu, probablement tempéré par la rate.

         C’est une proposition [59].

 

         3.6. Rappel clinique augmenté

p[60][61]

         Les douleurs signalées aux médecins par les patients pouvaient parfois se distinguer par leur caractère aigüe et sur un trajet particulier, toujours le même. Par exemple, dans une liste anatomique (Gardiner 1935, p. 64, « kidneys ? ») l’organe est cité entre « intestin » et « rate », c’est-à-dire profondément et haut dans un côté de l’abdomen, ce qui est anatomiquement correct. Ensuite ce viscère est cité entre « poumon » et « cœur », et encore entre « cœur » et « rate » (Westendorf 1999, I, p. 70 « Niere »), ce qui peut sembler déroutant, mais en réalité pas tant que cela pour des raisons de projections anatomiques et cliniques. En effet, le rein occupe généralement trois vertèbres de hauteur. Sa face postérieure est dans son 1/3 supérieur en rapport avec la paroi thoracique et le diaphragme. La loge rénale est adhérente à la coupole diaphragmatique, et comme la capsule et le rein gauche y sont accolés, cela permet une mobilité pendant les mouvements respiratoires. D’ailleurs, la plèvre est en rapport postérieur avec le rein (mais pas le poumon – chose que pouvaient ignorer les Égyptiens). La face antérieure du rein gauche est en rapport en haut avec la rate. Il peut aussi s’agir là d’une localisation clinique, c’est-à-dire de la description – par le patient – d’une douleur rénale perçue à l’occasion d’une néphropathie. En effet, le « mal aux reins » d’origine musculaire est plutôt lombaire, plus étendu et plus ou moins bas. Douleur basse (L4-L5 et L5-S1) en cas de hernie nucléaire (par exemple de siège lombo-sacré dans le lumbago aigu), alors que la douleur organique rénale, elle, peut être assez haute et très localisée au point costo-lombaire, et, en cas d’inflammation de l’espace périrénal, très amplifiée par la respiration (par exemple dans un anthrax, une pyonéphrose lithiasique, tuberculeuse ou autre, un phlegmon périnéphrétique comme nous l’avons déjà vu, ou encore un hématome périrénal). On peut même noter à l’inspection une asymétrie dans la mobilité respiratoire des dernières côtes. Quant aux douleurs provenant du bassinet et des calices, elles peuvent en plus prendre un caractère de type colique et irradier vers l’hypochondre. À gauche, une splénomégalie peut abaisser suffisamment le rein pour le rendre accessible à la palpation. Il est également possible de découvrir un rein intrathoracique. Il s’agit alors soit d’une hernie diaphragmatique, traumatique ou congénitale, soit d’un rein ectopique congénital [62]. J’ai déjà indiqué que les crampes urémiques étaient décrites dans leurs débuts (pEbers 200. 40, 5-10). Nous trouverons d’autres signes néphrologiques indirects.

         Je reviendrai sur tout cela en pathologie.

 

 


 

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4. Anatomie interne à comparer avec :

 

 

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         Ces terres cuites anatomiques pluri-viscérales sont rares, en voici encore d’autres exemplaires étrusques relevés par le docteur Pierre Découflé [63] :

 

 

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                   Iran [64] :

 

 

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[1] Wb II, 276,17-20 ; Lefebvre 1952, § 40 p. 350 « rate » ; FCD, p. 134 « spleen » (rate) ; Alex. 77.2126, 79.1566 « la rate », puis, nšj : 77.2213 « la rate » ; Hannig-Wb I & II,1 15876 « Milz » (rate) ; Cauville 1997, p. 272, « la rate ». Walker 1996, p. 271 « spleen ».

[2] Gardiner, AEO, II, n° 598 p. 245-249, et n°600 p. 249-250.

[3] Erichsen 1954, p. 207.

[4] KoptHWb p. 121 ; Vycichl 1983, p. 141, ⲛⲟⲉⲓϣ S, ⲛⲱⲓϣ B, au masculin.

[5] Crum, p. 236 ; Kircher 1943, p. 78 B ; Boutros 2000, p. 250. Voir aussi Reig 2004, n° 3000 pour l’adjectif splénique.

[6] de Buck 1935-1961, CT VII, S. 945, p. 159 t-u. Faulkner 1973, III, p. 83. Barguet 1986, p. 514. D. Meeks, Le foie, Maât et la nature humaine, Hermes Aegyptiacus. Egyptological Studies for B.H. Stricker, Oxford, 1995, p. 146.  Carrier 2004, III, p. 2034-2035.

[7] N. de Garis Davies, A.H. Gardiner, DAVIES N. de Garis Davies : The tomb of Antefoker, vizier of Sésostris I and of his wife Senet. The Theban Tombs series, second memoir, EES, London, 1920, pl. 32 ; Gardiner, AEO, II, p. 249. Voir par exemple en Osirisnet.net, la liste d’offrandes dans la vue ndgd_XXXII , au 3e registre, n° 9 : le foie et la rate (http://www.osirisnet.net/tombes/nobles/antefoqer/antefoqer_04.htm). Gardiner, AEO, II, p. 249.

[8] Gardiner, AEO, II, p. 249-250 ; Sethe 1908-1922, I, Sp. 133 § 83b p. 47. Allen 2013, II, PT 133, 83b (Ounas).

[9] Sethe 1908-1922, I, Sp. 132 § 82 d, et, 133 § 83 a, p. 47. Allen 2013, II, PT 132 § 82 d, et, 133 § 83 a = B/Ne B iv 25-27 a (en bas dans la marge). Spellers 1923, I, p. 9. Faulkner 1969, p. 27. Carrier, I, 2009, Ounas, p. 36-37 ... D. Meeks, op.cit. 1995, p. 147, et dont j’adopte ici la traduction.

[10] Je rappellerai simplement ici qu’au cours de la dissection d’un sujet frais, l’artère splénique est vide, et que le sang s’écoule à partir d’une section veineuse portale ou splénique de la rate vers le foie. La pression manuelle de la rate peut encore fournir environ 150 ml de sang. Il n’y a pas d’écoulement hépatique (Voir par exemple : Orcel, TP de dissection, Polycop. Paris-St. Antoine, 1967, p. 2).

[11] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - V, Splanchnologie - IV, Les vaisseaux. L’assimilation », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers,31 janvier 2017, p. 6 pour le texte à retrouver pour la rate.

[12] « Essentielle », c’est-à-dire comme pour nous aujourd’hui en médecine : dont nous ne cernons pas encore bien les causes. Ces causes peuvent être d’origines fonctionnelles, biochimiques, ou hématologiques – et donc hors de portée des savants de l’époque, qui y substituèrent alors une perspective divine que l’on peut traduire par un manque de Maât. Et donc, un défaut de nourriture sacrée par assimilation anthropomorphique, et par conséquent, une carence en constituants fondamentaux de la vie véhiculés par le sang des hommes et des animaux. Et ceci, que ces derniers soient liquides, ou solides solubles, ou éléments insolubles, tous utiles, ou, à un certain moment devenus inutiles, voir dangereux – et dans ce cas, nous verrons que les reins sont capables de les filtrer à fin de les éliminer, y compris des composants rouges dans plusieurs pathologies. On peut alors en déduire provisoirement que le rôle destructeur des éléments rouges par la rate était en ce temps réservé aux reins. J’y reviendrai.

[13] Pour plus de détails en anatomie moderne, on se reportera naturellement à : H. Rouvière, Précis d’anatomie et de dissection, Paris, 1978, p. 594-602 ; H. Rouvière, A. Delmas, Anatomie humaine descriptive, topographique et fonctionnelle, II, Tronc, Paris, 2002, p. 500-506 ; P. Kamina, Anatomie clinique, III, Thorax. Abdomen, Paris, 2013, p. 323-330.

[14] Voir par exemple : Fr. Janot, Les instruments d’embaumement de l’Égypte ancienne, IFAO 844, Le Caire, 2000, p. 203.

[15] W. Pleyte, F. Rossi, Le Papyrus de Turin, Leiden, I, 1869, II, 1876 : éd. A. Erman, ZÄS 31, 1893, p. 123, puis n°19.

[16] Wb V, 445, 13-16 ; Lefebvre 1952, § 42 p. 36-37 ; Alex. 77.5033 « les reins » ; Walker 1996, p. 278 « loin » (lombes ?) ; Hannig-Wb I & II,2 - 38827 « Lende, Lendenstück, Seitenstück ; Niere(ngegend) » (lombes, surlonge, pièce latérale ; région des reins) ; PtoLex. p. 1193 « kidneys » (reins) ; KoptHWb p. 239 ; Vycichl 1983, p. 218, ϯⲡⲉ S, ϯⲡⲓ B, « hanche, cuisse ».

[17] Wb V, 208,7 ; Lefebvre 1952, § 42 p. 36-37 ; FCD, p. 292 « kidney ? » (rein) ; Walker 1996, p. 278 « kidney ? » ; Hannig 1995, p. 909 « Niere » (rein).

[18] Gardiner, AEO, II, p. 246, d.

[19] Wb V, 208,9 ; Alex. 77.4705 « abreuvoir ».

[20] Erichsen 1954, p. 594, dém. gt « Zisterne » (citerne).

[21] Crum 1939, p. 833 col. a ; KoptHWb p. 469 ; Vycichl 1983, p. 348.

 

 


 

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[22] Dévaud 1922, dans Crum 1939, p. 833 col. a. Sander, Trenel 1979, p. 112 col a et b.

[23] Labat 1976, n° 106 p. 87, et n° 468 p. 211. Le signe primitif ressemble bien à un cours d’eau, puis, un canal (p. 210). Il est assez proche des signes égyptiens N 23, N 24 et N 36.

[24] Wb V, 190,11 ; Černý, ED, p. 329 « kidney » (rein) ; Alex. 77.4681 « les reins » ; Hannig 1995, p. 905 « Körperteil » (partie du corps) ; Walker 1996, p. 278 « kidneys  » ; Westendorf, 1999, I, p 187 « Nieren » (les reins).

[25] KoptHWb. p. 453 ; Vycichl 1983, p. 339.

[26] Labat 1976, n° 400 p. 187 (ELLAG). Le signe original montre une glande en coupe. Ainsi, le même mot, ELLAG, avec birki = kali birki, signifie « testicules ».

[27] Sander, Trenel 1979, p. 289 col a et b.

[28] Costaz 1963.

[29] Reig 2004, n°. 4643.

[30] I. Rossi, Etymologiæ ægyptiacæ, Roma, 1808, p. 330.

[31] Wb V, 176,8 ; FCD, p. 290 « suet ? » (graisse de rognon ?) ; Hannig 1995, p. 902 « Nierenfett » (graisse de rognon ), « Schmalz » (saindoux) ; PtoLex. p. 1102 « fat » (graisse).

[32] Wb III, 470,14 - 471,2 ; Lefebvre 1952, § 22 p. 23 ; Lacau 1970, § 265-266 p. 102 ; Alex. 77.3813, 78.3764 « enveloppe graisseuse des rognons ? » ; Walker 1996, p. ; Hannig-Wb I & II,2 - 29773 « Nierenfett, Nierentalg, Bauchspeicheldrüse, Pankreas » (graisse de rognons, suif, pancréas, pancréas). Les hypothèses hautes (thymus, thyroïdes) se confondent avec un « amas graisseux » (pEbers 860. 105,2), et d’autres exposent que cette curieuse partie du corps n’est pas digne de constituer une offrande.

[33] Pour plus de détails en anatomie moderne, on se reportera naturellement à : H. Rouvière, Précis d’anatomie et de dissection, Paris, 1978, p. 545-559 ; H. Rouvière, A. Delmas, Anatomie humaine descriptive, topographique et fonctionnelle, II, Tronc, Paris, 2002, p. 531-574-596 ; P. Kamina, Anatomie clinique, IV, Thorax. Abdomen, Paris, 2013, p. 15-43-72.

[34] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. Le membre inférieur – II, Atlas anatomique égyptien commenté (1) La hanche », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg,20 novembre 2014, p. 10-11 ;— , « Anatomie humaine. Le bassin - II. Atlas anatomique égyptien commenté. Les bassins masculin et féminin », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg,15 janvier 2015, p. 16-17.

[35] C’est un peu comme pour les glandes salivaires dont j’ai déjà parlé. En effet, les différences de structures entre un muscle-mtw contenu dans sa gaine, ou des adiposités diffuses, par opposition à un aspect tissulaire ferme, organisé, propre, limité (capsule), et de couleurs variables, comme par exemple nettement plus foncée pour l’intérieur d’une glande surrénale (zone médulosurrénale), sont franchement de nature à interpeller quelques observateurs sagaces. Ainsi, il ne faudrait pas sous-estimer les capacités des anciens naturalistes sous le prétexte que nous ne disposons pas de touts les documents qu’ils ont pu produire à certaines époques. C’est aussi une question d’observation et de bon sens.

[36] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - IV, Splanchnologie III, Le foie et le pancréas », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers,29 décembre 2016, p. 17, fig. 26 p. 15, et fig. 29 p. 19.

[37] Voir par exemple pour tout ces détails de dissection : P. Poirier, A. Charpy, B. Cunéo, Abrégé d’anatomie, Paris, 1908, III, p. 1422.

[38] J’ai moi-même dû intervenir sur une plaie compliquée occasionnée par un coup de lance dans les lombes au Soudan. La douleur était extrême et coupait la respiration. Le patient a été aussitôt soulagé après débridement et évacuation d’un bon litre de pus. Il a ensuite bien récupéré. Une autre fois, c’est une volumineuse adénopathie suppurative au niveau de l’aine qui nous a alerté sur la présence d’une fusée dans le psoas et se manifestant de cette façon au niveau de la cuisse. Un hématome infecté très douloureux localisé dans le carré des lombes en était l’origine.  

[39] Pour un autre cas clinique bien documenté, voir par exemple :

https://www.yumpu.com/fr/document/view/17167671/lm-cc-uro-abces-du-rein-phlegmon-peri-nephretique-abcede/7.

 

 


 

 33

[40][41][42][43] 

p

[44] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. Le bassin – VI. L’appareil génito-urinaire de l’homme et Atlas (1ère partie) », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers,15 mai 2016, p. 6-8.

[45] Voir par exemple à ce sujet : M. Weiss, « Die Methode der Total-Interpretation », Vetus Testamentus, Supplément 22, 1971, p. 92-93. L’auteur met en garde en effet contre les « sorties de textes », la subjectivité de lecture, ou encore, la contrainte imposée par un système quelconque.

[46] Cf. note 36 en supra.

[47] Voir par exemple : D. Meeks, « Oléiculture et viticulture dans l'Égypte ancienne à l'epoque pharaonique », BCH-Suppl. XXVI, 1993, p. 3-38 ; P. Tallet, Le vin en Égypte ancienne à l'époque pharaonique, Thèse Paris IV, 1994 ; M. Peters-Destéract, Pain, bière et toutes bonnes choses, l'alimentation dans l'Égypte ancienne, Paris, 2005, p. 180-198.

[48] R. Lepsius, Denkmäler II, 49b ; K. Weeks, Mastabas of Cemetery G6000, Boston, 1994, p. 37-38.

[49] L’histoire des hommes vivant dans des environnements désertiques fourmille d’anecdotes réelles en ce sens. En effet, les urines, humaines, ou animales, obtenues naturellement, ou même prélevées sur une bête sacrifiées pour l’occasion, sont légions. Et de plus, plusieurs « Guides militaires de survie » en font état.

[50] Ainsi, ce concept sous-entend celui « d’état stable » « dans le milieu intérieur » défini par Claude Bernard, (Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, Paris, 1865), mais le mot lui-même a été forgé par Walter Bradford Cannon (The Wisdom of the Body, London, 1932) pour expliquer « l’équilibre dynamique ».

[51] R.-A. Jean, « La médecine Égyptienne (3) : Le système respiratoire », dans  Pharaon Magazine, 16, Janvier 2014, p. 47-50 ; — « Notes complémentaires sur le système respiratoire en Égypte ancienne (1) Anatomie », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 21 février 2014 ; — « Le système respiratoire en Égypte ancienne (3) Physiologie humaine théologique et royale (1) La fête sed et le souffle du roi », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 27 février 2014 ; — « Le système respiratoire en Égypte ancienne (4) Physiologie humaine théologique et royale (2) Le Sema-Taouy et la mécanique ventilatoire », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 12 mars 2014 ; — « Le système respiratoire en Égypte ancienne (5) Physiologie humaine théologique et royale (3) Les sceptres pectoraux et l’assimilation pneumatique », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 14 mars 2014 ; — « Le système respiratoire en Égypte ancienne (6) Physiologie humaine théologique et royale (4) Conclusion cardio-pulmonaire », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 10 avril 2014 ; — « Le système respiratoire en Égypte ancienne (7) Physiopathologie (1) Associations pneumo-hépato-splénique et cardio-circulatoires », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 20 avril 2014.

[52] R.-A. Jean, « Anatomie humaine. L’abdomen - II, Splanchnologie - I, et Atlas », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 25 octobre 2016 ; — « Anatomie humaine. L’abdomen - III, Splanchnologie - II », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 30 novembre 2016 ; — « Anatomie humaine. L’abdomen - IV, Splanchnologie III, Le foie et le pancréas », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 29 décembre 2016 ; — « Anatomie humaine. L’abdomen - V, Splanchnologie - IV, Les vaisseaux profonds. Les vaisseaux digestifs. L’assimilation », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 27 janvier 2017.

[53] R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, La mère, l’enfant et le lait en Égypte Ancienne. Traditions médico-religieuses. Une étude de sénologie égyptienne, Paris, S.H. Aufrère (éd.), éd. L’Harmattan, coll. Kubaba – Série Antiquité – Université de Paris 1, Panthéon Sorbonne, Paris, 2010, p. 55-146.

[54] R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, op.cit. 2010, p. 181-208.

 

 


 

34

 

[55] R.-A. Jean, « Notes complémentaires sur le cœur en Égypte », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 29 avril 2013, et fig 8 a, b et c. Voir encore par exemple pour le réseau veineux superficiel : R.-A. Jean, A.-M. Loyrette, op.cit. 2010, p. 255-266.

[56] R.-A. Jean, « La sangsue en Égypte ancienne », dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Cherbourg, 25 mars 2013, p. 1.

[57] Très rapidement, les données modernes montrent en effet plusieurs stades :

1) Celui de la filtration glomérulaire de sels minéraux et de produits de dégradations comme l’urée et la créatinine ... Ce processus dépend de la perméabilité membranaire, de la pression de filtration (pressions hydrostatique et oncotique du plasma et de la chambre urinaire) et de la charge électrique des molécules. Le phénomène est passif et l’ultra filtrat a la même composition que le plasma sauf pour les molécules de PM > 60 à 70 KD. Elle représente environ 180 l par jour et sa quasi-totalité est réabsorbée dans les suites tubulaires situées en aval.

2) Celui de la réabsorption et la sécrétion tubulaires : Au niveau du tube proximal, il y a une réabsorption du Na+ par mécanisme de co-transport avec glucose au niveau apical et excrétion dans milieu interstitiel par pompe à sodium située au niveau latéro-basal (transport actif ATPase Na+ K+ dépendante : 85% du Na+ est ainsi réabsorbé). L’espace intercellulaire devient hypertonique et attire l’eau à partir de la lumière du tube proximal. Les protéines sont réabsorbées par pinocytose. Réabsorption des acides aminés. Réabsorption de 100% du glucose circulant par co-transport. Au niveau de l’anse de Henlé par création d’un gradient de pression osmotique cortico-médullaire avec une urine hypo ou hypertonique par différence de perméabilité à l’eau et au sodium au niveau de la branche ascendante large qui est imperméable à l’eau (branche ascendante dépourvue d’aquaporines nécessaires à la réabsorption d’eau). Réabsorption active du Na+ par pompe à sodium. Les urines deviennent de plus en plus hypotoniques et le milieu interstitiel de plus en plus hypertonique en raison du gradient important entre la partie inférieures de l’anse de Henlé et le tube distal. Au niveau du tube distal, il se produit un ajustement du bilan hydro-électrolytique et acido-basique : régulation de la natriurie contrôlée par l’aldostérone (synthèse par surrénale et action sur pompe ATPase Na+ K+ dépendante entraînant la réabsorption du Na+ et l’excrétion du K+ au niveau des cellules de l’épithélium distal), excrétion d’ions H+ et d’ions ammonium (NH4+).

Au niveau des tubes collecteurs on constate une perméabilité́ à l’eau des cellules contrôlée par l’hormone antidiurétique (ADH), donc passage de l’eau du tube vers l’interstitium ce qui produit des urines hyperosmotiques. En l’absence d’ADH, l’eau ne passe plus, les urines deviennent donc hypo-osmotiques. La régulation se fait par la mise en place d'aquaporines au niveau membrane apicale des cellules des tubes collecteurs.

Il faut ensuite au moins signaler le Rôle de l’appareil juxtaglomérulaire. À ce niveau en effet, la rénine  provenant du foie transforme l’angiotensinogène  du plasma en  angiotensine I. Puis, l’angiotensine I devient angiotensine II par action de l’enzyme de conversion (rôle vasoconstricteur). Ainsi, s’il se produit une diminution de la pression dans l’artère afférente, il y aura sécrétion de rénine par stimulation directe des cellules de Ruyter. Si il se produit une diminution de Na+, il y aura une stimulation de la macula densa et synthèse de rénine. La vasoconstriction artériolaire provoque la stimulation de la synthèse d’aldostérone. L’Action sur tubes distaux (augmentation absorption ions Na+ et Cl-) se manifeste par une augmentation du volume sanguin qui provoquera à son tour une augmentation de la pression artérielle.

Pour plus de détails : Fr. Vrtovsnik, G. Friedlander, « Physiologie rénale », EMC, Paris, 1196, [18-004-A-10].

 

 


 

35

 

[58] D’où l’idée que j’ai déjà émise de l’action physiopathologique intervenant sur le physique et l’humeur mentale du sujet en déficience de Maât, son retentissement social, et par suite, l’aboutissement ponctuelle d’une croyance en une certaine « conscience hépatique ». Il s’agit d’un retentissement biochimique traduit de cette façon par les anciens. On peut alors émettre l’hypothèse que le foie solaire « scrute » et « clarifie » selon la Maât, afin de « rectifier » le sang selon les règles divines du bon maintien de la vie. Ensuite, l’organe humain est assimilé à celui de Rê, et sa biologie confiée pour son juste fonctionnement à la déesse. De fait, alors, un quelconque déficience en cette dernière, sera la cause d’une mauvaise défense de l’organisme, qui deviendra donc accessible aux diverses pathologies. La clinique psychiatrique se faisant à ce moment l’écho de la clinique viscérale profonde qui en est la véritable cause initiale.

[59] Cette proposition est issue de longues recherches textuelles, muséologiques et archéologiques, mais naturellement, elle est encore susceptible d’évoluer en fonction de nouvelles découvertes, notamment, après la publication des papyrus en cours de traduction, plus l’étude d’autres monuments pour les époques pharaoniques, puis encore, en fonction des analyses qu’il reste à produire à propos d’un bon nombre de documents s’étalant de la période inter-historique à la fin de l’École d’Alexandrie. J’en reparlerai.

p

[62] Pour plus de détails : EMC, « Néphrologie », Paris, vol. I, 2004 et vol. II, 2005 source 1638-6248.

[63] P. Découflé, Traité d’Anatomie Viscérale Archaïque, — « La notion d’ex-voto anatomique chez les étrusco-romains, analyse et synthèse », Revue d’Études Latines Latomus, 72, Bruxelles, 1964. M. Tabanelli, Gli ex voto poliviscerali etruschi e romani : storia, ritrovamenti interpretazione, Florence, 1962, p. 35-36 et p. 30. J. Tacintoch Turfa, Anatomical votives and italians medical traditions, Madison, 1994, p. 224-240 (en note).

[64] F. Keshavarz, A Descriptive and Analytical Catalogue of Persian Manuscripts in the Library of the Wellcome Institute for the History of Medicine, Wellcome Institute for the History of Medicine, London, 1986, p 123-129 et 340-342. A.J. Newman, « Tashrih-i Mansuri : Human anatomy between the Galenic and Prophetical Medical Traditions », dans  La science dans le monde iranien á l'époque islamique, Z. Vesel, H. Beikbaghban, B. Th. de Crussol des Espesse (Edt.), Institut Française de Recherche en Iran, Tehran, 1998, p. 253-271.

 

 

 

  


 

 

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